Il en a été question ici pour la première fois en août 2010, et La survie de l’espèce paraît le 2 novembre sous la double enseigne Futuropolis et Arte. Deux ans de travail pour Grégory Maklès, et pour moi-même. On a l’habitude de dire pour l’un : « dessinateur », et pour l’autre : « scénariste ». On s’aperçoit bien vite qu’il s’agit d’une simplification abusive et que les deux doivent impérativement maîtriser à la fois la mise en scène et l’adaptation. Prendre des bouts de mes billets ou de mes livres, et les « illustrer » n’aurait rien donné, il fallait faire une vraie BD ou un « récit graphique » comme on dit aujourd’hui quand on veut souligner qu’il ne s’agit « pas seulement d’une histoire pour les gosses ». Pour cela, il fallait l’adaptation. J’ai souvent été scié par le grand talent de Grégory de ce point de vue, je suis certain que ce sera également votre cas.
P.S. : Bien sûr, en deux ans de collaboration étroite, on devient un vieux couple, avec tout ce que cela implique d’affection et d’irritabilité à fleur de peau, c’est inévitable. (Grégory, l’algo de la miniature, c’est 1,3597 sur la base du 606×824 de la planche. Je ne vois pas de « flouté » et si ça ne te convient pas, viens donc le faire toi-même !)
Cliquez sur les pages pour les voir au format de la BD.
55 réponses à “LA SURVIE DE L’ESPÈCE – LE FEUILLETON (I)”
Pour le flouté ça m’a l’air bon !
😀 Trop bon. C’est décidé, il me la faut, même si je n’ai pas lu de BD depuis au moins 5 ans.
Elle est distribué en Suisse ?
Sauf erreur : oui, comme toutes les bédés de Futuropolis. Et puis sinon il y a le lien amazon au début du billet 😉
Mes confrères LIBRAIRES suisses en disposeront sans le moindre doute.
Inutile de passer par les VENDEURS DE LIVRES.
A l’heure de l’epub, il est consternant que vous utilisiez Amazon, le Goldman Sachs de l’édition (DRM/ format propriétaire, flicage du lecteur …). Les grands principes sont souvent contredits par la facilité.
Ca a l’air aussi costaud que la BD de Denis Robert sur Clearstream !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Robert
En parlant de Denis Robert, il continue la peinture et expose toujours à la galerie W dans le 9è à Paris. Voici quelques images dont je vous recommande l’affichage en grand format pour les 2 premières (clicker action / afficher toutes les tailles) afin d’en saisir le détail :
– Le capitalisme est une économie violente et anarchique
– All is under control
– Le secret bancaire est un droit de l’homme riche
PS : désolé pour les flous
Et dans la terre natale de Paul Jorion ?
Probablement.
Futuropolis est le nom commercial d’une société qui se nomme Gallisol et qui appartient en partie à Gallimard.
Un projet ressuscité par Soleil et Gallimard il y a une petite dizaine d’années.
Créé initialement dans les années 80′ . Ils avaient fait un carton avec les textes de Céline illustrés par Tardi.
Ils viennent d’ailleurs de réitérer une expérience du même esprit avec l’Etranger de Camus, illustré par Munoz. Une merveille.
On pourrait y marquer au début ou à la fin « Histoire scrupuleusement vraie »… Bien que le temps soit à la disette et au chômage, je crois que je vais aller m’acheter la bd…
C’est sur la quatrième de couv !
Sinon demandez à votre bibliothèque municipale de l’acheter.
Pour moi la survie de l’espèce passe par la position de la femme dans la société: c’est elle qui perpétue l’espèce (un stock de sperme congelé fait le reste). Nos sociétés occidentales voient plutôt en la femme un objet. Les sociétés plus traditionnelles voient en elles plutôt l’objet le plus précieux (position logique si c’est à elle de perpétuer l’espèce), à enfermer parfois à l’insu de son plein gré. Il faut donc, je crois, d’abord en parler. Pourquoi pas sur ce blog?
Cette planche est vraiment géniale, si tout est du même acabit, c’est le prix Angoulème de la meilleure BD assurée, à moins qu’exceptionnellement le prix annuel du meilleur livre d’économie soit attribué à une BD ! On peut rêver. 🙂
Très fort le parallèle, que dis-je, le télescopage, entre monde catastrophique de la mine et le monde catastrophique de la finance qui transparaît graphiquement sous l’aspect des stigmates charbonniers du trader X en sus de la voix « off » qui nous apprend que la narrateur (ex trader ? 😉 est un certain Jorion.
« c’est le prix Angoulème de la meilleure BD assurée, à moins qu’exceptionnellement le prix annuel du meilleur livre d’économie soit attribué à une BD ! On peut rêver. »
Si Black et Scholes (et tant d’autres) n’avaient pas cassé le coup grave, on pourrait même envisager le Nobel. 🙂
@ Pierre-Yves D.
J’ai beau retourner votre réponse dans tous les sens, je ne vois pas où vous répondez à ma question. 🙂
C’est juste une petite erreur d’aiguillage, d’avance je vous remercie pour votre hospitalité. 😉
Voulez-vous dire par là que ma question était hors de propos?
non, vous n’y êtes pour rien dans cette affaire.
j’avais écrit un commentaire en réponse à votre question puis l’ai effacé. Ensuite j’ai oublié de me repositionner dans la file pour évoquer la BD.
Votre sujet n’est pas inintéressant mais cela me semble être une question trop vaste pour qu’elle puisse offrir une porte de sortie du cadre à court et moyen terme.
Ceci dit, il n’empêche que la sortie du capitalisme implique que l’on abandonne certains attributs du patriarcat comme celui de la soumission à un ordre de type quasi militaire en quoi consiste les relations hiérarchiques au sein de l’entreprise. Ce ne sont pas seulement les femmes qui sont considérées comme des objets, mais tous les salariés. La question que l’on peut se poser alors est : si les femmes étaient effectivement les égales des hommes dans le monde économique cela impliquerait-il nécessairement un changement de nature du système économique ?
Je n’ai repéré qu’une femme certifiée (grosse tignasse bouclée) sur la 4 de couv. Celui ou celle avec la raie au milieu, j’ai un doute. Voulu?
Il s’agit d’une adaptation des écrits de Paul. Certaines scènes ont un angle qui inclue un point de vue féminin – effectivement incontournable. Reste que le plus souvent, ça cause surplus, paris sur les fluctuations de prix, concentration du capital, etc.
« point de vue féminin »
Celui de Paulette ou de Pauline? 🙂
Pour être honnête, j’ai eu recours à un avis tiers : celui d’une femmelle que je vois souvent dans le coin, et avec qui j’ai fait un enfant.
« pour moi , la survie de l’espèce passe par la position de la femme dans la société »: tellement vrai !
Pour avoir le profil de l’emploi, se refaire le portrait par un chirurgien esthétique risque de devenir une étape obligée pour une femme en recherche d’emploi. La Chine montre l’exemple !
http://www.marieclaire.fr/,chirurgie-esthetique-chine,20258,451572.asp#?fullScreen&slide=3
Sans la moindre idée de ce qu’est le flouté, ça m’a l’air bon !
Excellent contrepoint entre action et narration-OFF …
A quand une adaptation sur grand écran ?
Décembre ?
Excellent oui, ça m’a fait penser un peu à Maus…
SI vous aimez les expériences croisées, une excellente BD récente raconte celle d’un vigneron et d’un dessinateur de BD: Les ignorants d’Etienne Davodeau.
C’est une belle histoire artisanale et humaine, avec un beau dessin en noir et blanc.
La survie de l’espèce, quelle espèce ? Est-ce que le lion se soucie de la gazelle ? Le crocodile du gnou ? Le financier du savetier, non, parce que les circuits de récompense sont stimulé chez le financier du fait de sa richesse, donc comment voulez-vous que ces gens résolvent la contradiction qui apparaît (éventuellement) entre ce qu’ils vivent comme un bonheur personnel, et le malheur anonyme d’une foule lointaine ? Il ne s’agit pas de morale, la réalité atteste la réussite de leur stratégie. Comment comprendre, et résoudre ce paradoxe que ce qui vous est le plus cher et atteste de votre réussite, est en même temps le plus nocif pour le bien général ?
@ Lisztfr
Evolution des espèces (version BasicRabbit)
0: la parabole y=x2, je suis chez moi, bien au chaud;
1: le pli, je me déplie, je sors de ma coquille;
2: la fronce, le chat mange la souris, struggle for life;
3: la queue d’aronde, construction du nid;
4: le papillon, j’échange, je commerce avec mes voisins;
5,6,7: les ombilics, le commerce intime, le sexe.
Elève Lisztfr, je vous mets 2. 🙂
on est tous les financiers acharnés de nos certitudes et illusions.
sublimer le moi pour faire naitre le nous etc. etc.
[…] Blog de Paul Jorion » LA SURVIE DE L’ESPÈCE – LE FEUILLETON (I). […]
La survie de l’espéce a fait un grand pas…
http://www.lalibre.be/societe/cyber/article/762593/l-iphone-5-explose-tous-les-records.html#
…dans la mauvaise direction…
Et il y a eu une drôle de révolte à Foxconn (usine en Chine), quelqu’un en sait plus ?
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/09/24/rixe-dans-le-dortoir-d-une-usine-chinoise-de-foxconn_1764371_651865.html
Excellente planche. Même le masque (« hannibal lecterien » ou « vendredi treizien »?) du banquier est excellent.
Vendredi treizien (mais l’autre option était aussi sur la table)
Oui, et à ne pas confondre…
avec le masque de « Rorschach »
(lié à d’autres planches d’encre)…
C’est un absolu non discutable.
ça m’a tout l’air d’être un régal cette bédé…
La dernière fois que je me suis bien marré c’était avec les 2 tomes de Quai d’Orsay.
Je suis passé à la FNAC tout à l’heure, croyant qu’elle était sortie aujourd’hui !… le gars te m’a tiré une de ces tronches: « Jourion, avec un u c’est bien ça?? »
Apparemment d’après lui elle y sera disponible le 4 octobre ?!!??
Ceci étant , « limites les plus extrêmes » , nécessite de définir le champs de ce que l’on limite et l’instrument de mesure.
Il me semble d’ailleurs qu’extrême signifie d’abord » au délà » des limites connues
Si extrême est entendu comme extrêmisme ou extrême onction , il peut y avoir des effets pervers .
Par contre, dire que la survie et la vie sont non seulement la priorité absolue mais notre « raison d’être » , me parait un truisme dont l’évidence a besoin d’être « méchamment » rappelée à ceux qui confonde la vie et leur temps égoïste de vie .
Peut être qu’en leur expliquant que la vie sauvegardée est la seule garantie sérieuse de leur temps de vie propre …..
Il y a eu des suicides à la suite des mesures prises pour sauver les créanciers de la Grèce et de l’Italie. Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de suicides pour la même raison en Espagne et au Portugal.
Est-ce que ces morts sont des effets pervers ? Est-ce que des mesures pour éviter ces morts seraient perverses ? Selon quelle métrique répondre à ces questions ? Quel est l’instrument de mesure à utiliser dans cette situation ?
Qu’est-ce qui est pervers ? Le suicidé ou ce qui le pousse à cet acte ?
La mort est en effet la « dernière extrémité ».
ahahah, morte de rire le centralien (fabuuuuuuloooouuus Fab’) avec le masque d’anthropophage ! ok, je vais l’acheter début octobre dès que j’ai à nouveau des sous ! Petite séance de dédicaces prévues à Bxl ?
Le 04 mars 1948, à 31 ans, mon grand-père, garçon-coiffeur venu de Naples, descendait pour la première fois dans une mine du charbonnage d’Houthalen. Sa famille le rejoindrait en Belgique cinq ans plus tard. Peu de témoignages de leur part à propos de cette période : un silence tendu, une mâchoire serrée sur des années d’efforts, au service d’une industrie alors florissante.
En 1984, John Berger écrit :
Jamais, avant notre époque, autant de gens n’avaient été arraché à leur sol. L’ouverture du commerce d’esclaves au 16e siècle laissait déjà présager que l’industrialisation et le capitalisme exigeraient un transport humain d’une envergure et d’une violence sans précédent. Le front ouest pendant la première guerre mondiale, avec ses armées de conscrits massés, est venu par la suite renforcer cette pratique du déchirement, du réassemblage, du transport et du regroupement à travers un « no man’s land ». Plus tard, les camps de concentration, partout dans le monde, ont suivi la logique de cette même pratique ininterrompue.
(J. Berger, Et nos visages, mon coeur, fugaces comme des photos)
Chris Killip,
Bien vu. Bien dit.
Cela fait tout drôle de découvrir le scandale Abacus relaté en BD alors que sur ce blog on l’a suivi pratiquement en direct.
J’ai retrouvé un extrait d’un mail dans le quel je pointais 2 articles du blog, l’un au sujet du Bancor, l’autre plus savant causait d’entropie et j’avais ajouté une mention concernant Abacus.
C’était au joli mois de mai 2010.
Extrait
« ………selon l’article du Monde de hier (le 4 mai 2010 « Les -conflits d’intérêts- d’Abacus » qui désosse dans le détail un aperçu du commerce « équitable » qu’il vaut mieux quitter.
Des soit disants CDO pourris vendus comme de la qualité supérieure ah, ah, ah; ABACUS, le B à BA du métier, pas cucu. »
Depuis les temps ont changé :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/08/10/subprime-le-ministere-de-la-justice-americain-abandonne-les-poursuites-contre-goldman-sachs_1744907_3234.html?xtmc=abacus&xtcr=1
Ils en ont de la chance les petits nouveaux du blog et surtout tous les futurs lecteurs de la BD, d’être mis au parfum au travers une éducation didactique.
Peut être pourrais je me faire dédicacer la BD par Grégory Maklès, à l’occasion du prochain festival Bédéciné en Alsace.les 17 et 18 novembre.
Paul ce serait inespéré, il a d’autres chats à fouetter.
http://www.festival-bedecine.org/
MAF
Version contemporaine du bon vieux V V (vae victis)
je lis monsieur X et ne peut m’empêcher au mien, Mister X, qui est plutôt de l’autre côté de la barrière..
http://lacomediedelamondialisation.com
J’aime bien le visage creusé des sillons d’une vérole inhumaine du jeune halluciné. Un vrai talent ce dessinateur.
En direct, autour du Palais de Congrès espagnol, ça chauffe, et beaucoup. Ça l’air d’une mèche qui risque de s’enflammer à n’importe quel moment. La police a été très violente avec les manifestants, et cela en Espagne, ça passe pas. Ils étaient bien moins nombreux lors de la frappe. Là, le chiffre a dû quintupler… C’est assez frappant comme image : la police entourée par les citoyens…
oui, oui, la survie de l’espèce …