Billet invité.
Pour considérer les choses telles qu’elles sont, la BCE est en train de se mettre à sa manière au diapason de ses collègues, la Fed, la Banque d’Angleterre et celle du Japon. Comme elle peut, elle contourne cette singularité qui lui interdit d’acheter de la dette souveraine.
Un premier pas avait été franchi lorsque Jean-Claude Trichet avait lancé un programme d’achats de titres souverains sur le second marché, au prétexte inventé de réparer la transmission de la politique monétaire endommagée de la banque centrale. Les prêts massifs aux banques (LTRO) ont pris la suite, n’échappant à la marque de l’infamie de la création monétaire que parce qu’ils sont sensés être remboursés au terme d’une période de trois ans.
Une troisième étape vient d’être atteinte par Mario Draghi avec le projet d’achats en quantité illimitée de la dette souveraine à courte maturité des pays en difficulté, en relais du FESF/MES. Mais si ce nouveau programme devrait être lancé, on aboutirait à une étrange situation : il serait offert à la fois aux banques et aux États la possibilité de se soustraire du marché sur une longue durée afin de pouvoir se refinancer. Par le seul jeu d’un endettement auprès de la BCE qui serait roulé. Si cela ne s’appelle pas de la quasi création monétaire, qu’est ce que c’est ?
Après avoir rejoint le peloton des banques centrales, la BCE n’est pas plus avancée, car celles-ci s’interrogent sur la conduite qu’elles doivent tenir. Les réunions de la Fed, de la BoE et de la BoJ se succèdent, sans qu’aucun nouveau geste définitif n’intervienne. Seuls des ajustements sont entrepris, les banques centrales semblant se réserver pour une grande occasion qui pourrait se présenter si les choses tournaient plus mal.
C’est tout du moins ce qu’expliquent certains, d’autres ne s’embarrassant pas pour en conclure que les instruments de leur politique monétaire ne sont pas adaptés à la crise actuelle. En d’autre terme, que les banques centrales ne peuvent pas faire face à une crise longtemps caractérisée à tort de liquidité, alors qu’elle présente toutes les caractéristiques d’une crise de solvabilité.
Cette dernière n’est pas de leur ressort, alors qu’elles ne parviennent pas davantage à relancer la machine économique. C’était pourtant l’objectif revendiqué de la BCE lorsqu’elle s’est engagée dans ses LTRO, mais on n’en entend plus parler. La Banque d’Angleterre s’est quant à elle engagée dans une expérience attentivement suivie par ses collègues, qui consiste à prêter de l’argent aux banques à condition qu’elles prêtent davantage aux entreprises. Mais fait-on boire un âne qui n’a pas soif ?
Mario Draghi a ouvert sa boîte à outil en déclarant qu’il ferait tout pour sauver l’euro, manière de prouver sa détermination mais de mettre tout autant en évidence son indécision : faire tout, mais quoi en particulier ? Les mérites et les défauts comparés des mesures que la BCE pourrait encore prendre sont déjà analysés, comme sont celles que la Fed pourrait adopter et qui ne viennent pas, si ce n’est la reconduction de ce qui a été déjà entrepris.
Un nouveau round de LTRO a généralement les faveurs des analystes, à moins qu’il ne s’agisse de l’allongement à 5 ans de la maturité des prêts qui ont été déjà été accordés. Il semble en effet peu vraisemblable que les banques puissent rembourser ceux-ci et l’une ou l’autre de ces deux options doit être mise en pratique sans attendre. La seconde aurait l’avantage de ne pas obliger la BCE a assouplir encore une fois les caractéristiques du collatéral qu’elle accepte des banques en garantie, alors que ces dernières tirent la langue pour en fournir, et que cela se fait au détriment des crédits à l’économie.
Cette perspective revient à conforter une observation : le capitalisme financier est désormais sous assistance, le marché porteur d’exigences qui ne peuvent être satisfaites et qui ne font qu’empirer la situation. Il avait toujours raison, il est devenu irrationnel…
Longtemps a prévalu l’idée qu’en dernière instance les digues rompraient et que les banques centrales inonderaient l’économie de liquidités, déclenchant une inflation à la fois dévastatrice et salvatrice; laminant le pouvoir d’achat d’un côté et réduisant la valeur de la dette de l’autre. Mais à considérer la taille des bilans des banques centrales, bien que moins spectaculaire que dans cette vision l’inondation a déjà largement débuté, mais sans résultats notables. Les liquidités circulent en circuit fermé, les banques empruntant d’une main ce qu’elles déposent de l’autre aux guichets de la BCE, par précaution; l’instrument des taux des emprunts et des dépôts n’opère plus.
A quoi sont réduites les banques centrales à l’arrivée ? A jouer les bad banks qui auraient du être mises en place et qui ne l’ont été que marginalement, avant de revenir sur le devant de la scène en Espagne; à contenir au mieux les faillites des banques et des États en espérant voir venir d’hypothétiques jours meilleurs… Les dispositifs d’assistance se multiplient, dont l’entrée est de plus en plus grande ouverte et la sortie toute aussi incertaine.
33 réponses à “L’actualité de la crise : LE CAPITALISME D’ASSISTANCE, par François Leclerc”
Bonjour François Leclerc.
Merci pour votre article.
Si j’ai bien compris, ce dont je doute un peu… la BCE se transforme en une machine à fabriquer des billets (Euros) virtuels, mais sans billets réels ?
Donc les soi-disant-moins-disant banquiers-économistes qui sont aux abonnés absents de la semaine du 15 août, et qui répondent qu’interdire les CDS provoquerait une crise de liquidités se moquent du monde !
Sur le dernier numéro de REVUE & CORRIGEE, un excellent papier du non moins excellent musicien et compositeur Otomo Yoshihide, autour d’un projet de Festival Autogéré qui débute en ce moment à Fukushima
http://www.japanimprov.com/yotomo/fukushima/oneyearlaterf.html
http://www.revue-et-corrigee.net/
Bon été
« Some of the world’s most powerful central bankers – Mario Draghi of
the European Central Bank last Thursday, Eric Rosengren of the Boston
Fed on Monday and Mervyn King of the Bank of England this Wednesday –
are starting to admit that the present approach to creating money,
known as quantitative easing, is failing to generate economic growth.
Previously taboo ideas can suddenly be mentioned.
Rosengren, for example, suggested that the Fed should expand the money
supply without any limit as long it sees unnecessary unemployment.
Draghi has similarly promised to spend whatever it takes to prevent a
euro breakup, although politically his ability to do this remains in
doubt. Most interesting was a speech by Adair Turner, chairman of
Britain’s Financial Services Authority and leading contender to be the
next governor of the Bank of England. This speech strongly challenged
the pervasive complacency of central bankers and called for new ideas
that might combine central-bank money creation with government
decision making on how to bypass banks and inject this money into the
non-financial economy of consumption, investment and jobs. »
http://blogs.reuters.com/anatole-kaletsky/2012/08/09/suddenly-quantitative-easing-for-the-people-seems-possible/
Messieurs les anglais, tirez les premiers… « pour le roi de Prusse », of course.
http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Fontenoy
Je communique mon n° de compte sur simple demande et promesse d’un virement dont le montant serait calculé ainsi : disons le total mondial des gains de productivité confisqués par le système néo-libéral (qui favorise le capital et reporte toutes les charges sur le revenu du travail) sur une durée de 40 ans, plus la somme des bénéfices résultant de la spéculation (processus parasitaire n’ayant engendré aucune richesse, l’ayant simplement détourné aux profit de quelques uns) sur la même période, tout cela divisé par le nombre d’habitants sur terre… Ca ferait combien ??
J’accepte également une revalorisation salariale, une augmentation des allocations sociales ou une aide au développement par tête d’habitant d’un montant équivalent…
Dans les commentaires de l’article
Autres commentaires :
– I promise that if we do this, I will spend the money within 2 months. I have my eye on a lovely sofa.
Hier j’ai remarqué le même genre d’annonce sur la première page du New York Times et ça m’a d’autant plus frappé que je suis en train de lire Essai sur le principe de population de Malthus.
Malthus a très mauvaise réputation. Cette réputation semble justifiée puisqu’il s’est largement trompé en croyant démontrer que la production agricole ne pourrait jamais suffire à nourrir les pauvres (dont selon lui le nombre d’enfants s’accroît beaucoup trop vite dès qu’eux-mêmes ont de quoi se nourrir.) A mon avis il est pourtant stupide de ne pas s’intéresser à ce qu’ont écrit les gens qui comme lui essayaient de trouver des remèdes à la crise que connaissait l’Angleterre juste avant que le capitalisme y connaisse son grand bond en avant.
Entre 1700 et 1800 – la première édition (anonyme) de l’ouvrage date de 1798 – la population de l’Angleterre est passée de 5 à 9 millions, une crise sociale effroyable résultant de la transformation des paysans en ouvriers agricoles misérables et de l’entassement des ouvriers de l’industrie dans les villes dans des conditions insupportables fait que les plus conscients des gens cultivés ne pensent pas que les choses puissent se poursuivre sans qu’on y porte remède, le capitalisme est à la recherche de règles lui permettant de survivre à cette crise.
Le but de son texte est de fournir des arguments pour qu’il soit mis fin à l’aide encore octroyée à cette époque aux ouvriers et chômeurs par les paroisses (Poor Laws.) L’essentiel des arguments qui vont être opposés aux lâchers de dollars par hélicoptère dont il est question s’y trouvent déjà rassemblés … 😉
Une citation:
Il faut analyser et attaquer frontalement les deux institutions majeures de l’ultra-capitalisme financiarisé: l’ultra-finance créée pour enrichir l’hyperclasse.
Selon Attac France , « une majorité simple suffira pour enfermer la France dans une austérité sans fin » selon les voeux de la commission Européenne très à Droite et de la cour des Comptes à majorité de Droite également. La Droite pourrait voter cette austérité sans fin avec l’appui de la Droite de la Gauche?
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article129401
Oups! La décision est celle du Conseil Constitutionnel dont tous les membres ont été nommés par la Droite depuis 10 ans. Et les media de droite qui serinent que tous les pouvoirs sont à gauche à part les pouvoirs susdits, l’hyperclasse qui contrôle la grande majorité des media et l’ultra-finance concoctée par la Droite (Reagan-Thatcher…) et avalisée par la Gauche radi, rose à l’extérieur et blanc à l’intérieur: Mitterrand, Rocard, Delors etc.!
@ Merlmokeur
Je plusse. Me permettrez-vous cependant d’adapter vos propos?
Les ‘ultra’ et autres ‘hyper’ sont tout à fait superflus :
« Il faut analyser et attaquer frontalement les deux institutions majeures du capitalisme financiarisé: la finance créée pour enrichir la classe capitaliste. »
Le problème n’est pas une sorte de maladie du capitalisme, mais le capitalisme an sich, dont le stade actuel de dérégulation financière ne fait que s’inscrire dans sa trajectoire ‘normale’. Nulle aberration, mais les aboutissements de la logique du système.
Il m’a semblé que messieurs Jorion, Leclerc, Lordon etc n’utilisent point ces superlatifs ‘hyper’, ‘ultra’ et autres, et à raison, puisque ces termes brouillent les perspectives. Le degré simple est bien suffisant pour décrire puissamment la brutalité de la situation : « la finance, créée pour enrichir la classe capitaliste ».
http://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/20120809trib000713620/gauss-le-virus-espion-qui-s-attaque-aux-transactions-financieres.html
A quant une attaque sur les robots trader?….
Luc Coene : « Dexia pourrait devoir être recapitalisée, et vite ».
Le groupe Dexia pourrait devoir être recapitalisé à brève échéance, selon le gouverneur de la Banque nationale de Belgique (BNB), Luc Coene.
http://www.lesoir.be/actualite/economie/2012-08-10/luc-coene-dexia-pourrait-devoir-etre-recapitalisee-et-vite-931465.php
Les prévisions de l’ECB pour 2012 et 2013.
http://www.ecb.int/pub/pdf/mobu/mb201208en.pdf
Belgique:
Les entrepreneurs retrouvent le sourire.
La construction a enregistré un recul de 0,1% au premier trimestre 2012. Mais, l’évolution des permis de bâtir est positive, en particulier pour la construction neuve. La plupart des indicateurs prévisionnels montrent en outre des signes d’amélioration. La confiance des entrepreneurs cesse de se dégrader et les carnets de commandes se remplissent à nouveau quelque peu.
La Belgique se défend pour l’emploi des jeunes.
L’Allemagne est une sorte d’eldorado de l’emploi des jeunes. La Belgique se défend bien, affichant de meilleurs résultats que la moyenne.
http://www.lecho.be/home
Alors finalement, l’assistanat, bête noire des (néo) libéraux, ça reste interdit aux particuliers en difficultés mais c’est autorisé aux banques en perdition ?
Curieux monde qui refuse aux petits ce qu’il autorise aux puissants ! Ou en fait non, c’est juste le monde reel et toute ma belle éducation sur la république sociale, le soutien dû aux faibles et tout ça, c’était bullshit…
Je sens que je vais me chercher une massue de primitif et qu’elle va faire de l’usage ; la loi de la jungle, au moins, c’est la même pour tous…
Je te suis, compañero…
Mais d’autres le font déjà… On les appelle « délinquants »…
Exactement, c’est la loi de la jungle et cela ne fait que commencer. En espagne les grandes surfaces en arrivent à cadenasser les conteneurs de poubelle pour interdire aux pauvres de s’alimenter, en d’autre termes: soit vous passer à la caisse soit vous crever de faim et inutile de fouiller dans nos poubelles elles ne sont plus ouvertes aux pauvres.
En France, nombre de supermarchés balancent de l’eau de javel sur les denrées considérées comme non vendables (DLUO ou DLC dépassées), afin que ces dernières ne soient plus du tout consommables. Et tout ceci avec la bénédiction de l’administration, qui préconise ce genre d’usage pour des raisons d’hygiène. En effet, ceci préviendrait les risques d’intoxications alimentaires. Alors, vous savez, ici, ce n’est guère mieux qu’en Espagne !
Ce que je commentais dans un autre article :
Ici, en Espagne, opération commando, mardi dernier, dans 2 supermarchés andalous organisé par le Syndicat Andalou des Travailleurs et le Député Sánchez Gordillo, qui ont rempli des caddies de bouffe, partant sans payer, pour les distribuer aux nécessiteux de la région.
http://www.elmundo.es/elmundo/2012/08/07/andalucia_sevilla/1344335915.html
Un acte pour attirer l’attention des pouvoirs publics et demander que les invendus soient distribués aux restaurants sociaux. 3 syndicalistes ont été détenus puis relâchés. Pour ces militants, « ce serait un honneur d’aller en prison pour avoir prêté assistance à personnes en danger… Si c’est condamnable, qu’ils se préparent à nous mettre perpétuité car nous n’arrêterons pas là… »
Cette action au moment où le gouvernement n’a pas renouvelé le plan « Prepara » qui alloue 400 euros mensuels aux personnes qui ont épuisé leur droit au chômage, conernant 600 000 famille dans toute l’espagne.
A ce jour, il existe 1.733.000 familles dont aucun des membres ne touche un salaire et les 400 euros sont le seul revenu dont elles disposent pour les premières nécessités.
« Cette perspective revient à conforter une observation : le capitalisme financier est désormais sous assistance, le marché porteur d’exigences qui ne peuvent être satisfaites et qui ne font qu’empirer la situation. Il avait toujours raison, il est devenu irrationnel… »
Pour moi le marché n’a pas changé et n’agit pas de façon irrationnelle. Par contre, la conjoncture elle a changé, i.e. pas possible pour les banques occidentales d’avoir les mêmes « croissances » entre 2008-2020 que 1990-2008. Avec cette conjoncture c’est le cadre qui devient irrationnel. Je dirais donc que nos politiques « avaient toujours raison » et sont devenus irrationnels.
Les LTRO (total ~ 1000 Md€) consistaient en fait à fournir à la demande de la liquidité aux banques en difficultés mais il s’agissait de monnaie centrale.
Ces prêts LTRO ont principalement été utilisés pour combler les dettes des banques du sud vers l’Allemagne liées aux déséquilibres des balances commerciales correspondantes.
Seules l’Espagne et l’Italie semblent avoir acheté pour environ 50 Md€ de dette souveraine de leurs pays sans doute sous la pression de leurs gouvernements.
Donc à part pour ces 50 Md€, on ne peut pas à proprement parler de planche à billet car le gros de la masse de cette monnaie centrale est resté dans le circuit interne de la BCE.
D’où l’on retiendra la naissance du célèbre théorème dit théorème de Leclerc :
» Quand on a toujours raison on en devient irrationnel.. »
http://www.zeit.de/2012/32/Frankreich-Wirtschaft-Staat-Hollande
Un article intéressant, à traduire. Ce canard de droite (Die Zeit) a beaucoup de caricature à revendre concernant la « douce france » :
« Die Französische Revolution verstärkte dieses Motiv, denn nun wurde das Volk die Nation, und nach einem Umweg über zwei napoleonische Kaiserreiche stand fest: Nichts geht über die demokratische Legitimation. Sie macht aus dem Staat das Integral der französischen Gesellschaft. Der Demokratie gegenüber ist keine andere Macht autonom, auch nicht die Wirtschaft. Mit anderen Worten: Die Bürger sollen als Citoyens, als Mitglieder des politischen Gemeinwesens, die alleinigen Herren ihres Schicksals sein. »
La révolution française renforça ce motif, car alors le peuple devint nation, et après un détour par deux empires napoléoniens, il était clair : rien ne prime sur la légitimité démocratique. Elle fait de l’Etat l’intégration de la société française. Aucune puissance ne peux s’autonomiser vis-à-vis de la démocratie, même pas l’économie. En d’autres termes, les citoyens comme membres de la communauté politiques, doivent être les seuls maitres de leur destin »
Ce genre d’énoncé a néanmoins le mérite de la clarté !
Castorius?
Hoplà !
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/08/10/subprime-le-ministere-de-la-justice-americain-abandonne-les-poursuites-contre-goldman-sachs_1744907_3234.html
…
et donc le citoyen américain floué?
Egan Jones Downgrades Goldman Sachs From A- To BBB+.
http://www.zerohedge.com/news/egan-jones-downgrades-goldman-sachs-bbb
Referendum: Is Germany Preparing For The Nuclear Option?
http://www.spiegel.de/international/europe/germany-considers-holding-eu-referendum-a-849441.html
http://www.zerohedge.com/news/referendum-germany-preparing-nuclear-option
Vous avez un bel article d’explications sur http://www.les-crises.fr qui est extrait du monde diplo.
L’article de Matt Taibbi dans Rolling Stone, traduit par Courrier International et mis en ligne sur les-crises.fr, a été publié il y a un an (17 août 2011.)
La forme interrogative du titre Is the SEC Covering Up Wall Street Crimes? est en contradiction avec le contenu qui dé-crédibilise totalement la SEC et à côté duquel le scandale du Libor me semble n’être qu’une peccadille propre à détourner l’attention des foules…
Vous pointez là à mon avis LE phénoméne financier et monétaire , nouveau , que revéle la crise actuelle . Il y a création monétaire ( quoique ) , pour autant pas d’inflation , sinon des actifs , en
particulier en ce moment des obligations de certains états . Ce qui est nouveau c’est qu’on ne voit pas poindre , pour le moment , d’inflation des prix à la consommation . Et pour cause comme vous le souligner çà tourne un circuit partiel et fermé : BCE -> banques -> obligations d’états .
Entre parenthéses peu importe que la BCE ne préte pas directement aux états , si prétant aux banques celles-ci prétent aux états . Le pb est plutot que les banques ne se prétent pas entr’elles .
et que certaines ne prétent pas ou pas suffisamment à leurs états , parce qu’il existe un énorme transfert Nord-Sud , comme vous le savez , si bien qu’au final le gain de financement des états du Nord ecxede largement l’ ‘aide’ apportée au Sud , sans compter que cette aide sert en définitive à permettre d’honorer les crédits des banques du Nord ( à celles du Sud) .
L’hyperinflation est -elle pour demain ou non ? Suite à un krach des obligations étatiques ?
D’une certaine maniére contrairement aux apparences c’est encore une hypothése optimiste ,
je crains que cette hypothése appartienne au passé . A moins qu’un autre phénoméne économique ne soit lui largement sous-éstimé (et pour cause puisque qu’il n’apparait pas lui en monnaie ) : le do-it-yourself , et soit celui qui vient combler ce hiatus entre monnaie et valeur .
Carl Levinl (démocrate) dépose une plainte à propos de Golman Sachs, après enquête sénatoriale.
Pour le « Department of Justice » (démocrate, a priori) : « pas de base solide pour entamer des poursuites pénales à l’égard de GS » !!! Et Gs qui « se félicite ». !!!
1 – On attendrait de fortes réactions, ICI, là, et ailleurs. Pfuitt …
2 – Est-ce ce qui nous attend pour le scandale du Libor, qui ne nous « concernerait » pas ?
Un jour, une « commission parlementaire » (socialiste),
et un ministère de la justice (rad-soc) qui dira : « pas de base solide pour entamer des poursuites pénales à l’égard de (choisissez) » !!! Et celui que vous aurez choisi de « se féliciter » !!!
Et après cela, nous n’aurions pas « rdv. en … » ?
Serviteur.
Euh si un peu… mais juste pour les effets collatéraux, menfin les dégâts plutôt A en croire les résultats catastrophiques des fonds monétaires européens qui ferment à tour de bras les nouvelles souscriptions comme de vulgaires fonds spéculatifs – ou comme leurs cousins ricains en… 2008. Tout ça à cause des taux Bce au plancher pour le plus grand bien des obligations à court terme des €zonards…
Près de 400 milliards sur les fonds monétaires d’après la BdF. Évidemment avec des rendements à 0,35% moins 0,10% de frais de gestion…
A voir partout le système gangrené par la corruption (les exemples ne manquent pas, mais peut-être moins au Vietnam) … il me semble que la morale « vice privé – bien public » vantée par les libéraux, est incompatible non pas seulement avec la charité chrétienne, ou la pitié, mais aussi avec la fonction publique, où elle se décline sous forme de corruption. S’il est permis d’être « vicieux », le vice privé engendre le vice public, tout simplement. Bref, l’égoisme libéral assumé, gangrène le fonctionnement même des institutions où son esprit est en contradiction avec l’idée de « mission de service public » (des mots que l’on entend de moins en moins)
A la limite un certains darwinisme social appliqué aux entreprises sous forme de destruction créatrice, pourrait faire émerger une morale de nécessité après passage au tamis par la demande. C’est le modèle en vigueur actuellement, la morale vient aux entreprises par infusion du milieu ambiant, par osmose, du dehors, par la pression de l’opinion publique ou par incitations. Mais tout ceci reste grandement illusoire…