L’association d’idées étant un moyen d’investigation excellent… un rappel de ce billet daté du 26 mars 2010.
Tout le monde connaît l’histoire d’Al Capone, que l’État américain n’arriva jamais à coincer pour ses activités de racket mais qui tomba pour une affaire de fraude fiscale. Vous savez aussi que les banques américaines donnent du fil à retordre aux autorités depuis que celles-ci tentent de remettre un peu d’ordre dans un secteur qui provoqua une crise inédite du système capitaliste tout entier. Vous lirez du coup avec intérêt une dépêche de l’agence Bloomberg intitulée : JPMorgan, Lehman, UBS Named as Conspirators in Muni Bid-Rigging, autrement dit, et en rendant les choses un peu plus explicites : « JP Morgan, Lehman Brothers, Union de Banques Suisses désignés comme co-conspirateurs dans un cas d’enchères truquées sur le marché des obligations émises par des communautés locales ».
Si vous lisez l’article vous noterez que le titre de la dépêche se contente de nommer les plus gros poissons. D’autres noms sur la liste : Bank of America, Bear Stearns, Société Générale, General Electric et Salomon Smith Barney, qui appartenait autrefois à Citigroup. Wachovia est aussi mentionnée, rachetée depuis par Wells Fargo, ainsi que Financial Security Assurance Holdings Ltd., un rehausseur de crédit qui était à l’époque une filiale de Dexia.
Les co-conspirateurs nommés dans cette action en justice dans le cadre de la loi anti-trust participaient à des enchères truquées organisées par une compagnie nommée CDR Financial Products Inc. Étaient escroquées, des « munis », des communautés locales, communes, États, académies, qui recevaient des intérêts artificiellement bas sur leurs investissements dans le cadre de ce qu’on appelle des « guaranteed investment contracts », un marché dont le volant est de 2 800 milliards de dollars. Les co-conspirateurs versaient des pots-de-vin à CDR en échange de ses bons services.
Des poursuites n’ont pas encore été engagées mais gageons que le passage d’une nouvelle réglementation sur les activités financières aux États-Unis se trouve soudain facilité.
7 réponses à “PIQÛRE DE RAPPEL : COMMENT AL CAPONE EST TOMBÉ”
[…] Blog de Paul Jorion » PIQÛRE DE RAPPEL : COMMENT AL CAPONE EST TOMBÉ. […]
Moi ce qui me navre c’est qu’encore une fois tout vient des anglo-saxons, les montages sophistiqués pour s’enrichir, les actions en justice pour punir les mafieux et les journalistes d’investigations pour faire éclater les scandales !
Décidément par chez nous il n’y a plus rien à sauver.
Lorsqu’ils vont au Culte le dimanche il leur est dit que Dieu les encourage à s’enrichir. Que la richesse est une bénédiction de Dieu. Donc ils obéissent à Dieu par fabriquer de plus en plus de « talents » Et, ils se disent qu’il doit être sacrément content d’eux un peu plus chaque semaine…
Tain ! Juste disons 0,2 % de la baise pour les « commus » ça fait 5,6 milliards par an pour 2 800 milliards, 56 sur 10 ans sans les intérêts. De quoi alimenter Madoff. De quoi plomber du lourd en tous cas. Va y’avoir de la reculade sévère du coté du lobbying anti-régul. JP Morgan, Libor, CDR, plus les soupçons d’entente des big ones sur les Cds en Europe, ça commence à faire.
@Christophe Foulon, c’est juste, sauf que les amendes pour entraves à la concurrence régulièrement infligées par la très ordolibérale commission européenne ou l’Autorité de la concurrence en France de même laitance sont pas piquées des hannetons non plus. Demandez donc à Volkswagen, Microsoft, St Gobain, Orange SFR et Cie, Manpower, Adecco, Adia & co, Nestlé, etc. C’est un puits sans fond ok, mais kamême. C’est bien connu : rien ne mérite plus de régulation, de gendarmes, de juges et d’administration centralisée que le soi-disant « régime de concurrence ».
Tiens, pendant ce temps, une autre mafia, sicilienne celle-là, et donc pas vraiment adepte énamourée du régime de concurrence à la française ou à l’allemande, fait cramer les récoltes de blé dur semé sur les terres un peu trop mal acquises que l’État italien leur a réquisitionnées pour les mettre à dispo de coops locales… Surveillez le cours du blé dur…
Vous etes sur que « des poursuites n’ont pas encore été engagées » là?
10000 excuses d’avance si je me suis gouré de cas, mais ca ressemble quand meme comme 2 gouttes d’eau au cas du mois dernier que decrivait Taibbi dans Rolling Stone
http://www.rollingstone.com/politics/news/the-scam-wall-street-learned-from-the-mafia-20120620
http://www.thecenterlane.com/?p=1740
procès dans l’indifférence médiatique à peu pres totale…
Alors y’a bien quelques lampistes de G.E. qui ont ramassé, mais ça ressemble quand même beaucoup plus à du « circulez y’a plus rien à voir » qu’au debut de la fin de l’impunité, non ?
peux plus editer le billet du dessus, mais le fait que le billet de PJ date à l’origine de 2010 m’était un peu sorti de la tete pendant que je faisais ma bafouille , on ne rit pas ^^
[…] Books REFRESHER COURSE: HOW AL CAPONE FELL July 8th, 2012 by Paul Jorion | Translated from the French by Tim GupwellIdea association being an excellent means of investigation… here is a reminder […]