La spéculation contenue : le fixing, par Jean-Pierre

Billet invité.

LA SPECULATION CONTENUE : LE FIXING

La spéculation, cette vilaine qui fausse le fonctionnement des marchés, cette méchante qui attise la volatilité, cette malhonnête qui grossit les déséquilibres, cette satanée qui engendre la misère, aujourd’hui, elle est la cause de tous nos malheurs. Il n’y a pas longtemps pourtant, on n’avait qu’éloge pour sa présence. Elle apportait les liquidités nécessaires aux marchés, facilitait le déroulement des opérations, favorisait l’équilibre et l’obtention de prix justes. Elle figurait et figure toujours en bonne place dans les théories économiques.

Quand on parle de spéculation ou de spéculateurs, on mélange involontairement des acceptions différentes. Dans un cas, le spéculateur est ce malfaisant qui profite des écarts de cotation ou les attise, sans vergogne. Dans l’autre, c’est le bon samaritain qui fournit ses moyens pour résorber les déséquilibres temporaires et dont l’action a un effet de nivellement. Quand un économiste parle de spéculation, il désigne la bienfaitrice bien entendu. Mais comment distinguer l’une de l’autre ?

Ce qui caractérise un spéculateur, c’est qu’il agit pour son propre compte sur n’importe quel marché, visant un profit rapide. Le bien négocié n’importe donc pas. Les opérateurs traditionnels du marché, en revanche, échangent des biens pour des raisons économiques qui leur sont propres. Le vendeur écoule ainsi sa production tandis que l’acheteur l’utilise à d’autres fins. Le bien négocié est donc la base de leur transaction. Le marché, lui, sert à faciliter ce négoce et à en fixer un prix équitable. Si les deux parties économiquement significatives sur le marché ne parviennent pas à trouver cet équilibre, l’intervention du spéculateur prend alors toute son importance et son action devient salvatrice.

Selon cette approche, le spéculateur arrive en deuxième ligne. On attend de lui qu’il apure les déséquilibres, qu’il résorbe les soldes. Qu’il y gagne par exagération, mon Dieu, ne lui en voulons pas, il prend des risques avec ses sous, non ? Eh bien non, justement. Un spéculateur, un vrai, est un forban qui travaille avec l’argent d’autrui et qui manipule sciemment. Il ne se contente pas de résorber des soldes, il les crée, les amplifie, les alimente. Sa spéculation fausse la donne initiale, non seulement au niveau du prix, mais tout autant à celui des volumes négociés.

La facilité avec laquelle il peut agir à sa guise est due au fonctionnement même des marchés. Depuis le big bang financier de 1986, destiné à relancer les économies à l’époque et visant une concurrence plus ouverte sur les places financières, les marchés ont épousé la méthode anglo-saxonne pour la fixation des prix. Selon cette méthode, le marché est réglé par des teneurs de marché. Ces derniers gèrent un stock de biens et proposent un prix auquel ils s’engagent à acheter ou vendre le bien déterminé. Ce prix, ils l’adaptent en fonction du coût de la gestion de leur stock. Ils forment l’unique contrepartie pour chaque échange. Ils disposent par conséquent du monopole du négoce.

L’avantage de ce système est qu’il permet un négoce en continu. Chaque opération est traitée directement avec le teneur de marché, généralement au prix proposé par ce dernier. Quand le volume traité dépasse la quotité habituelle, un marchandage s’installe. Dès l’opération conclue, le prix est officialisé. Chaque opération débouche par conséquent sur un prix. De sorte que deux opérations en tout identiques négociées simultanément peuvent aboutir à deux cotations différentes.

Pour diminuer l’impression d’une fixation de prix au jugé, les teneurs, par le biais des canaux du marché, publient les positions latentes permettant à tout intervenant de déduire la tendance probable de l’évolution des prix. De cette manière, le système donne l’impression qu’il y a effectivement lieu de résorber un solde. Il n’en est rien, bien sûr. Personne ne connaît l’identité des donneurs d’ordre. Un teneur de marché peut lui-même placer des ordres ou adapter des positions en fonction de son stock et manipuler de la sorte l’évolution d’une cotation.

Ce système favorise les ordres individuels. Et le spéculateur y trouve un débouché parfaitement adapté à ses ambitions. D’autant plus que la plupart des teneurs de marché sont banquiers. Le spéculateur obtient aisément des crédits substantiels, jusqu’à trente fois la valeur du gage livré, pour assouvir sa soif spéculative. Pourvu qu’il place ses ordres auprès du banquier-teneur de marché. C’est par ce stratagème qu’un George Soros a réussi à couler la livre sterling en 1991. Les banques britanniques lui concédaient jusqu’à 20 fois le gage qu’il leur fournissait et participaient allègrement à l’effondrement de la devise sans courir de risque.

En effet, ces banques connaissaient en permanence la valeur de la position spéculative et, si d’aventure, elle évoluait à contre-sens, elles la stoppaient dès que la perte avait entamé la totalité du gage initial. Le spéculateur ne pouvait donc jamais perdre davantage que son gage et la banque, outre qu’elle a encaissé des commissions sur les ordres, a également touché des intérêts sur le crédit octroyé et a disposé du gage durant toute la durée de l’opération spéculative. La spéculation a pris un essor incomparable depuis, grâce à la générosité des banques et leur position oligopolistique sur les marchés.

Que les véritables opérateurs, dont l’activité économique dépend en partie de ces marchés, en soient victimes leur importait peu. Quant aux économistes, rares sont ceux qui reconnaissaient les méfaits de cette spéculation effrénée. Même de nos jours, ils en doutent encore alors qu’aucune raison économique ne peut justifier, voire expliquer, les dérives constatées.

Si on souhaite que la spéculation reprenne sa fonction originale, à savoir résorber les soldes temporaires pour équilibrer les marchés, il est grand temps de revenir au système du fixing. Ce système prévalait encore en Europe continentale jusqu’à la fin des années 80 du siècle dernier. Il est sans doute plus contraignant, ne permettant pas de négoce en continu, mais avec un gros avantage : le volume traité s’exécutera à un prix unique, contrairement au système anglo-saxon où chaque opération, qu’elle qu’en soit l’importance, mène à un prix.

En clair, à intervalles réguliers, les teneurs de marché se contentent de récolter les ordres d’opérateurs reconnus et dûment agréés, pour les classer ensuite par ordre tarifaire en vue de déterminer le solde entre l’offre et la demande. A l’heure dite, la récolte est arrêtée et le teneur, faisant ici fonction de commissaire-priseur, établit le solde et le divulgue. A partir de ce moment, les opérateurs ne peuvent qu’intervenir dans une seule direction en vue de résorber ce solde. Ils pourront diminuer l’importance de leurs ordres placés auparavant ou placer des ordres inverses en vue d’épurer ce solde. Dans une seconde phase, si un solde subsiste, les spéculateurs seront conviés, quoique la chose ne soit pas indispensable.

Dans ce système, seule l’épuration du solde détermine l’évolution du cours. Si sa résorption s’effectue facilement et rapidement, la fluctuation de la cotation sera dérisoire. Si le solde est par trop important, l’oscillation pourra s’avérer plus importante. Mais il sera toujours possible de la freiner en instaurant des garde-fous adéquats visant soit à temporiser la fixation du cours, soit à réduire automatiquement l’importance du volume négocié.

On peut même envisager l’introduction de quotas par séance et/ou de quotités maximales négociables par opérateur. Aussi longtemps qu’un quota n’a pas été atteint, aucune transaction ne pourra être dénouée. Par ce biais, on restreint la possibilité d’un marché démarrant sur un déséquilibre, chose particulièrement affectionnée par les spéculateurs. On réduit de cette manière aussi la possibilité de manipuler les volumes à négocier pour pousser le prix dans une direction déterminée, comme c’était le cas avec les « ordres à soigner », sport favori des spéculateurs sur les places boursières de naguère.

En fait, on est en mesure sinon d’éradiquer, à tout le moins de réduire sensiblement les méfaits des spéculateurs de tout poil, tant professionnels qu’occasionnels. Empêcher de surcroît qu’une banque remplisse à la fois le rôle de prêteur, de conseiller, de gérant, de dépositaire, d’exécutant, d’assureur, de liquidateur, de contrepartie, on assainirait d’emblée le fonctionnement non seulement des marchés, mais aussi des banques. En agrémentant ce retour vers le fixing d’une interdiction d’octroi de crédits à des fins spéculatives (donc avec effet de levier), le monde s’en porterait nettement mieux et les banques deviendraient plus solides. A l’ère de l’informatique, toutes ces dispositions ne requerraient qu’une adaptation minime des procédures actuelles. Il faudrait essentiellement élargir la traçabilité de l’activité depuis son initiation jusqu’à son dénouement final. Aujourd’hui, seul le dénouement est parfaitement retraçable.

Une telle modification, bénigne techniquement, impérative éthiquement, rapporterait certes moins aux intermédiaires financiers. On peut raisonnablement douter qu’ils l’adopteraient avec enthousiasme. Aussi faudra-t-il la leur imposer. Jusqu’à présent, rien dans les mesures annoncées ne va dans ce sens. Au contraire !

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57 réponses à “La spéculation contenue : le fixing, par Jean-Pierre”

  1. Avatar de Yaka

    Ca ressemble beaucoup aux idées de Jean François Kahn qui étaient :
    « Instituer une taxe progressive sur les mouvements financiers en fonction de la vitesse de circulation des mouvements de capitaux »

  2. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @ YAKA
    la taxe Tobin: taxer chaque transaction un petit pourcentage
    par contre taxer la vitesse ca me semble space c’est quoi la vitesse d’une transaction!?
    Genre surtaxer les transaction sur les valeurs qui ont une bonne liquidité au dela d’un certain seuil?
    La taxe tobin dont personne ne veut entendre parler sauf la france et l’australie est beaucoup plus simple a mettre en oeuvre
    et ca rend difficile la manip des fonds quantiques, mais a priori l’oligarchie n’a aucune raison de renoncer a ses joujous
    surtout que quand il font des bétises c’est l’état qui paye.

  3. Avatar de Yves BESOMBES
    Yves BESOMBES

    @ P Jorion

    « ’l’intérêt du spéculateur est de créer puis de suivre la tendance : d’acheter quand le prix monte, et de vendre quand il baisse. Du coup, il amplifie les mouvements. »

    celà manque de rigueur!!!!

    car ,par exemple ,la spéculation à la baisse :
    il vends pour « pousser » le cours à la baisse certes….pour au final (après plusieurs phases de vente-achat)
    racheter au moment où il estime la baisse « terminée » et espérer empocher un profit en revendant à la fin d’une phase de hausse…(en fait , il doit y avoir des processus de boucles « baissières » ou « haussières » , selon ce qu’il croit étre son intérét (cf , la récursivité à laquelle je faisais allusion , il y a qqs temps) +un autre facteur qui est qu’il n’est pas seul à agir comme tel)
    bon, je ne suis pas boursicoteur pour un sou…alors , je spécule , je spécule….
    vous avez toujours cette tendance à n’apprécier que le mode synchrone et laissant de coté , un peu trop souvent à mon avis , l’aspect diachronique.
    ce qui rends votre approche théorique d’une rigueur peu « scientifique »,car il évite un point extremment important ,à savoir le moment où l’agent boursier « stoppe » la boucle spéculative….prends ses bénéfices….voire au pire ,déclenche une « crise boursière ».
    celà ressemble un peu au processus « d’interprétation » en analyse…..l’irruption d’un principe de réalité…

    +++ Que vaut vraiment ce sur ce quoi je Spécule +++ …….le vertige du joueur de poker……….

    comment décrire la formation de ce terminateur de récursive?
    là , il y a vraiment une question a creuser pour avancer sur ce que veut dire l’argent , sa monnaie ….
    autre remarque , sur cette histoire de monnaie « créée » ou pas….
    à mon avis c’est un débat idiot au sens éthymologique du mot…
    car , la monnaie n’a pas d’existence….
    on peut toujours répèter le mot « arbre » , on ne crée pas un arbre à chaque fois….
    la monnaie est un mécanisme symbolique….une façon de faire circuler entre les hommes l’idée de la valeur de quelquechose
    il n’y a que ce quelquechose qui puisse exister …..(un objet , un service…)
    la monnaie vaut zéro….on peut créer autant de zéro que l’on veut , il n’y a toujours rien…..
    pourtant :

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    celà me donne « l’impression » de ….de quoi ? , finalement : de Rien.
    à mon avis ,il faudrait sortir de ce débat stérile qui doit exister depuis que l’homme cherche des outils d’échanges
    efficaces….(je ne suis pas anthropologue…)
    et se dire , que ce dispositif (la monnaie) a atteint ses limites de plus en plus incontrôlables et essayer d ‘y substituer
    un autre dispositif rendant mieux compte de la valeur des choses.
    se limiter comme l’idéologie capitaliste le fait depuis cinq siècles , à la fixation de la valeur au critère
    offre/demande , en évacuant l’aspect besoin/qualité me parait indigne de l’évolution de l’homme.
    le seul avantage , c’est que le couple offre/demande peut se quantifier (des chiffres ,les trucs qu’on met devant
    des zéros pour que , oh miracle, que l’on peut inscrire sur du papier,des pièces de métal,des listings d’ordinateurs…)
    c’est d’ailleurs l’utilisation des ordis qui en montre l’ineptie..(en informatique le zéro a une valeur: 0=asc(48) , nos ordis ont horreur du vide)…..
    il va falloir que l’homme accepte de vivre dans un monde plus complexe que la simple arithmétique….
    et intègre de façon systématique dans sa symbolique de l’échange le subjectif.
    au lieu de supprimer la bourse supprimons la monnaie….moment de vertige , certes….

    cordialement dit.

  4. Avatar de Yves BESOMBES
    Yves BESOMBES

    désolé , il y qqs erreurs de typographie….

  5. Avatar de Yves BESOMBES
    Yves BESOMBES

    je voulais écrire :

    (…….les trucs qu’on met devant des zéros pour que , oh miracle, » cà nous parle » ,et que l’on peut inscrire sur du papier,des pièces de métal,des listings d’ordinateurs…)

  6. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Allfeel

    La taxe Tobin est une fausse solution car elle pénalise essentiellement ceux qui sont obligés de recourir au marché pour écouler leurs marchandises ou convertir leurs devises. Les gros spéculateurs ont d’autres moyens pour peser sur un marché sans y toucher. La panoplie des produits dérivés qui sont à leur disposition leur permet de contourner toute taxe Tobin.

    L’idée initiale du mouvement ATTAC était, certes généreuse, mais tout bonnement irréalisable car contre-productive. Mais cela sort du cadre de ce billet qui tourne autour du fixing.

  7. Avatar de Jay
    Jay

    Il est un peu facile de faire le procès de la spéculation aussi rapidement, la spéculation a simplement permis de voir se qui se passe dans l’ensemble de l’économie, c-a-d un vol globalisé, avec ou sans spéculateurs il y aura des excès mais sans il resterons secret.
    Et puis sans spéculations comment voulez-vous que les institutions fassent des profits avec des actions qu’elles détiennent, il faut bien les refiller à quelqu’un et ce quelqu’un c’est qui ? pas les grosses poches, pas les zinzins, pas les investisseurs, eux ont fait leurs devoirs, on les refille donc aux particuliers via divers moyens comme la spéculation.

  8. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @jean pierre
    Pourquoi les produits dérivés devraient échapper a la taxe tobin ils sont cotés et echangés sur le marché non ??
    POurquoi la taxe tobin devrait elle pénaliser ceux qui sont obligés de recourir au marché pour écouler leurs marchandises?
    Rien n’empèche de taxer tout le monde puis de rétrocéder la taxe aux vrais vendeurs et acheteurs , a la livraison comme on récupère la tva.ou
    via l’aide au développement
    je ne pense pas que la taxe tobin soit une fausse bonne idée mais ce qui est sur c’est qu’elle fait peur a l’industrie de la finance.
    d’autre part je ne suis pas d’accord quand vous dites qu’on sort du sujet , le sujet c’est la règlementation et la recherche de solutions pas le fixing ne jamais perdre de vue les super objectifs.
    Le fixing est un remède a la volatilité oui , pourquoi ne pas faire qu’une cotation pas semaine, ca calmerait tout le monde
    et on airait le temps de voir les cracks arriver.Mais on passe notre temps a vouloir ménager la « finance » les « investisseurs »
    tradeurs c’est un métier qui consiste en fait a voler un maximum de liquidité a ceux qui produisent de la valeur, ou a d’autres tradeurs avec l’excuse d’ apporter de la liquidité. On peut bien se demander ce que ca peut bien faire a une entreprise d’avoir un cours liquide, beaucoup d’entreprises fontionnent tres bien sans etre cotées, et l’obligataire remplit tres bien la fonction de refinancement.Donc la cotation des actions en continue n’est pas indispensable , pourquoi ne pas donner une cote tout les 6 mois ?
    Le problème c’est qu’on a créé un monstre: Une industrie financière qui a un pouvoir politique, juridique,commercial, novateur et économique….
    et qui semble n’avoir de compte a rendre a personne, allez leur demander ce qu’ils pensent de votre idée de fixing.
    Les états on gardé le pouvoir commercial et juridique, commercial pour se mettre en valeur et juridique pour se protéger
    vont ils en faire quelque chose de positif pour la communauté?
    Il y a plein de bonnes idées le fixing en est une la taxe tobin aussi (démontrez moi le contraire)
    l’interdiction de spéculer sur les matières premières de plusieurs manière en taxant a la tobin ou en surtaxant les transactions au dela d’un certain volume… Les solutions sont multiples mais les moyens d’imposer quoique ce soit a l’industrie financière sont dérisoires…

  9. Avatar de jeanlouis.bars
    jeanlouis.bars

    !aucune raison ne peut être soutenue pour atteindre ,ou tenter d’atteindre,une quelconque justification des exploitations criminelles effectuées par des voleurs et autres médiocres canailles,tant les maux sociaux engendrés sont dramatiques,contre-productifs et,in fine mortiféres pour l’Espéce Humaine.
    Au delà des politiques sécuritaires,publiques et privées (blackwater i.e chez nos amis américains),des murailles érigées ici ou là,abritant des palaces bunkerisés,il faut savoir que Rien n’arrêtera,malgré quelques remontades bien « faibles »,le tsunami de légitime révolte qui se répand inéluctablement.

  10. Avatar de Yaka

    @Allfeel

    [quote]la taxe Tobin: taxer chaque transaction un petit pourcentage
    par contre taxer la vitesse ca me semble space c’est quoi la vitesse d’une transaction!?
    Genre surtaxer les transaction sur les valeurs qui ont une bonne liquidité au dela d’un certain seuil?[/quote]

    Taxer la vitesse consiste concrètement à taxer de façon importante un investissement intraday (qu’on ne peut d’ailleurs pas vraiment appelé « investissement »), et taxer de moins en moins quand la durée augmente.
    Vous achetez, si vous revendez le jour même vous payer 70 % de la plus value en taxe, si vous revendez 3 mois après vous payer 15 %, et si vous revendez 3 ans après vous payer 5 % de taxe (chiffres au pif).

  11. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @yaka merci pour la précision

    On parlera de taxe fondante 🙂

  12. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Allfeel,

    Ne vous fâchez pas. Une taxe, qu’elle qu’elle soit, et une pénalité prélevée après coup. S’il n’y a pas de transaction, il n’y a pas de taxe. Si on parvient à écouler sans qu’il y ait transaction, il n’y aura pas de taxe à prélever. De là ma réserve quant à l’équité d’une taxe Tobin sensée pénaliser les spéculateurs plutôt que les autres.

    Un spéculateur n’a pas besoin de transaction pour effectuer sa spéculation. Vu qu’aucune taxe Tobin n’est appliquée jusqu’à présent, les spéculateurs agissent encore sur les différentes places financières. Mais ils préfèrent « jouer » avec des produits dérivés qui leur offre un levier. Or, un produit dérivé, telle qu’une option ou un contrat à terme (future) ne représente qu’une fraction de la valeur du sous-jacent. Prélever une taxe sur cette fraction n’aura pas la même incidence que sur la valeur totale.

    Si on impose la taxe sur la valeur notionnelle (celle du sous-jacent), on pénalise les opérateurs réguliers qui utilisent les produits dérivés pour se couvrir des aléas futurs du marché. Les spéculateurs, eux, quitteront la place et utiliseront des « promesses » ou « contrats de différence » qui ne requièrent aucune transaction. Dans ce genre d’opération, deux spéculateurs opérant sur deux places différentes conviennent d’échanger le résultat que deux biens déterminés, l’un détenu par le premier pour le compte du second et vice versa, réaliseront au bout d’un délai convenu. Au bout de ce délai, les deux parties calculent leur plus-value réciproque et celle ayant « perdu » ou gagné moins que l’autre, versera la différence à l’autre. Seule cette différence constituera une véritable transaction soumise à la taxe, le reste, la vraie position spéculative donc, en sera exemptée parce qu’inconnue des instances. La taxe n’affectera qu’une infime partie de la véritable position spéculative qui, dans ce genre de contrat, est double !

    Voilà déjà deux raisons qui me font penser que l’introduction d’une taxe de type Tobin n’éradiquera pas la spéculation, mais la rendra plus opaque et secrète qu’elle ne l’est de nos jours. Voilà aussi pourquoi je trouve cette idée, certes généreuse, contre-productive parce que pénalisant involontairement les réguliers au lieu des fauteurs de troubles financiers.

  13. Avatar de Yaka

    Bonsoir,

    question simple :
    Est-il possible de tout simplement interdire la spéculation sur le marché des matières premières ?

  14. Avatar de logique
    logique

    @yaka,

    Spéculer c’est la raison dêtre du commerce. limiter les marges c’est de l’éthique.

  15. Avatar de Allfeel
    Allfeel

    @ jean pierre
    Vous avez éludé mes contre arguments.
    Comme la rétrocession de la taxe tobin a la livraison des denrées ainsi les vrais négociants ne seraient jamais imposés.
    D’autre part il est évident qu’il faut taxer les produits dérivés par rapport a la valeur dessous jascent.
    De plus vous omettez le fait que c’est le marché qui crée la cote, si les spéculateurs en sortent pour spéculer entre eux ,
    ils ne risquent pas de faire de fortes plus values vu qu’ils se priveraient du moyen de créer de la volatilité sur les marchés
    ils devraient donc être réellement livrés pour, pouvoir spéculer en créant de la rareté. Jacques Chirac a ouvert la voie en taxant le trafic aerien
    les raisons invoquées pour ne pas imposer les transaction sont tres tres faibles et tiennent plutot de la mauvaise fois de la part de ses détracteurs qui sont capable de créer de produits dérivés a la sauce subprime et a initier une bulle spéculative sur ces produits dérivés et sont « incapable » de créer une petite taxe payée par tout le monde et remboursée a ceux qui font réellement des achats et des ventes de denrées et en extension a ceux qui peuvent justifier de la nécessité d’une couverture.
    Et pour info un achat de contrat future ou d’option c’est déja une transaction entre l’acheteur et l’établissement financier il faut bien sur veiller a ce que la taxe ne soit pas évitée sous des prétextes fallacieux.
    Et l’idée de la taxe fondante pour ralentir la vitesse des achats ventes me semble excellente elle aussi.
    L’idée du fixing serait a meme de rendre simultanément dépressifs tous les tradeurs du monde mais cette idée n’a pas plus de chance d’etre adoptée vu que c’est la volatilité qui nourrit l’industrie de la finance spéculative.

  16. Avatar de Mikaël

    réponse à Yaka

    question simple :
    Est-il possible de tout simplement interdire la spéculation sur le marché des matières premières ?

    interdire non mais la controler oui
    a partir du moment ou les marchés ne seront définitivement plus entre les mains d’une bandes d’assoifés de pouvoir qui se sont depuis toujours enrichis par les richesses du sol en pillant peuples et nations

    c’est la raison d’etre de la guerre financiere actuellement en cours: un changement de main du controle des marchés pour que plus jamais l’inflation ne soit un modèle économique !!! l’inflation est le modèle économique favori des brigands et des politiciens en tous genres mais ces choses sont en cours de changement

    autant la finance peut etre quelque chose d’extraordinairement bon pour toutes les nations : ce qu’elle n’a jamais encore été
    autant elle peut etre quelque chose d’abject et d’immonde, générateur de tensions international, de conflit et de guerre: ce qu’elle a toujours été …

  17. Avatar de Mikaël

    quand je dis la controler
    je veux dire: qu’il est possible de frapper régulièrement sur ces marchés pour faire tomber les spéculateurs qui y interviennent de manière à les décourager de toutes spéculations sur ces marchés

    mais tant que des politiciens, sur toutes la surface de la terre, manipulateurs de chiffres au plus haut point, auront le role qu’ils ont dans l’économie; alors il est bien certains que cela ne sera pas possible …

  18. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ Allfeel

    « De plus vous omettez le fait que c’est le marché qui crée la cote, si les spéculateurs en sortent pour spéculer entre eux , ils ne risquent pas de faire de fortes plus values vu qu’ils se priveraient du moyen de créer de la volatilité sur les marchés »

    Exact, mais à condition qu’une taxe Tobin soit appliquée partout, sur tous les marchés, et qu’elle soit de valeur identique et prélevée sur chaque opérateur. Il est peu probable que cela survienne de la sorte. La moindre différence constituera alors une aubaine pour les spéculateurs.

    Quant à l’idée très simple et évidente formulée par plusieurs intervenants d’interdire la spéculation, la question se pose alors de définir ce qu’est une spéculation. Doit-on considérer l’activité des arbitragistes comme spéculative ? Ils se contentent de niveler les écarts de cotation sur différentes places financières et stabilisent par conséquent les cours. Pourtant, ils ne font pas partie d’opérateurs réguliers, ceux qui ont effectivement besoin des biens négociés pour leurs affaires. Alors, est-ce de la spéculation ?

  19. Avatar de Paulos
    Paulos

    Vous êtes à coté de la plaque, les spéculateurs et surtout les petits doivent pouvoir le faire et je dirais même sans payer d’impôts car ce ne sont pas eux le problème, les vrais problèmes sont ceux de ce genre. ‘initiés dans ce cas’

    Des dirigeants du géant bancaire américain Goldman Sachs ont vendu pour presque 700 millions de dollars d’actions de leur entreprise au moment où l’établissement était en difficulté après la faillite de Lehman Brothers en septembre, selon le Financial Times mardi.

    1. Avatar de 20100
      20100

      ..car ce ne sont pas eux le problème

      Si l’argument d’apport de liquidité tombe, qu’elle est l’utilité de ses parasites ?

      je dirais même sans payer d’impôts

      Ben tiens, mieux que pour les associations 1901 d’intérêts public tant qu’on y est.

  20. Avatar de Arvid Kron
    Arvid Kron

    L’article de Paul Jurion est très intéressant. Un des rares articles sérieux sur le freinage de la spéculation.

  21. Avatar de Goldbroker
    Goldbroker

    Vous n’arrêterez pas la spéculation tant que vous ne coupez pas le robinet des liquidités. Un taux d’intérêt à 0% jusqu’en 2013 comme annoncé par Bernanke cette semaine est un torrent de liquidités garanti pour les 2 années à venir.

    C’est également une punition immédiate pour les épargnants qui n’ont d’autre choix que d’investir/spéculer pour essayer d’obtenir un rendement correct sur leur épargne, au grand bonheur du système bancaire qui empoche les commissions de placement…

    La spéculation n’est qu’une conséquence d’un accés trop facile à des liquidités, rendu possible par un système monétaire qui permet une création monétaire sans fin.

    Si je peux me permettre, remontez à la source du problème

    1. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      Article merveilleux de Jean-Pierre pertinemment commenté par Goldbroker. Si la mécanique immorale de la spéculation est parfaitement analysée dans les détails de sa technicité, les remèdes sont donc parfaitement connus depuis longtemps. Merci à Jean-Pierre de nous expliciter si bien la technique du fixing.

      Pourquoi donc le fixing n’a-t-il pas été rétabli depuis 2008 ? Parce qu’il fallait permettre aux banques de se refaire. Mais pourquoi se sont-elles défaites ? Parce qu’elles ont été victimes de la spéculation dont elles profitent. Mais pourquoi les banques ont-elles été victimes des spéculateurs ? Parce qu’il n’y a plus de fixing. Mais pourquoi n’y a-t-il plus de fixing ? Parce qu’il faut que les banques se refassent…

      Mais il y a aussi que la politique de liquidité des banques centrales, dont la Fed, jette un voile cognitif sur la rentabilité du système spéculatif actuel. Il n’y a pas de fixing mondial de l’équilibre du crédit. La Fed nourrit indéfiniment la dette mondiale pour produire de la liquidité qui rende la spéculation rentable sur la solvabilité de l’économie réelle. L’absence de fixing mondial fait que les comptes en dollar du système bancaire international ne sont jamais arrêtés ni les écarts soldés.

      La Fed fait croître indéfiniment la liquidité pour masquer le fixing des dettes étatsuniennes. L’écart à solder est désormais tellement gigantesque que les banques centrales elles-mêmes et quelques méga hedge funds apatrides peuvent encore l’acheter pour ne pas le compenser avec les vendeurs de plus en plus nombreux qui craignent d’être engloutis dans la grande liquidation qui commence.

      La suggestion de Goldbroker est justement en discussion entre quelques banquiers centraux, directeurs du trésor et chefs d’État : à quel moment déclare-t-on la faillite du système en fermant le robinet de liquidité ? La date de rétablissement général du fixing se calcule désormais par la rue : il faut qu’il y ait suffisamment de manifestants et de casseurs dans les rues occidentales pour que les banquiers réclament la protection des États échangée contre le rétablissement du fixing. Combien d’émeutiers en Grande Bretagne ?…

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        il faut qu’il y ait suffisamment de manifestants et de casseurs dans les rues occidentales pour que les banquiers réclament la protection des États échangée contre le rétablissement du fixing. Combien d’émeutiers en Grande Bret

        1) Pas de banques dévastées à la city, comme à Athènes au printemps 2010
        2) Plus de flics (16 000 à Londres et dix fois plus de miliciens populaires ou mouchards-corbacs-collabos-gestapistes) que d’émeutiers
        3) Les « voleurs, juste voleurs », ce sont les émeutiers pour Cameron, comme pour sa claque au Parlement et sa clique dans les rues, pas les boute-feu de la City, ni leurs troupes et leurs millions de mandants et lêche-fesses.
        4) C’est bien la bobine des premiers qu’on affiche ou projette partout, pas des seconds
        5) C’est il y a maintenant bientôt 3 ans qu’on protégeait policièrement les biens et la vie de Sir Fred Goodwin, le fils de prolo devenu grand manitou dêchu de RBS faillie (« pour l’opinion publique, très en dessous d’un cannibale pédophile qui nierait le réchauffement climatique », disait de lui Boris Johnson, le maire de Londres…). Trois ans… Aujourd’hui faut juste mater du bronzé in London England, pas tordre du doré.

        Et en France, c’est verrouillé au poil le bazar. La baraque est tenue.

    2. Avatar de Fab
      Fab

      « Si je peux me permettre, remontez à la source du problème » : j’essaye, mais c’est pas facile : pour cela il faut, tel le saumon ou le spermatozoïde, remonter à contre-courant, par définition.

  22. Avatar de Man
    Man

    pourquoi ne pas créer un second forum avec les avis d’aujourd’hui et créer une sorte d’archivage des avis précédent

    archiver sur une base annuelle quand le sujet ne nécessite pas beaucoup d’avis

    sur une base mensuelle ou hebdomadaire quand il y a beaucoup d’avis

  23. Avatar de Alexandre Letourneau
    Alexandre Letourneau

    Le fixing est INDISPENSABLE mais pour être encore plus efficace il faudrait limiter les fluctuations journalières au fixing histoire de ne pas avoir une nouvelle forme de spéculation qui consisterait à engorger les carnets d’ordres à l’achat où la vente.

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