« Les questions qui restent à résoudre »
La décision de l’ISDA = pas d’événement de crédit sur la dette grecque
La spéculation
La planche à billets à la Banque Centrale Européenne
@Mango Cette série est née sous l’impulsion d’impératifs simples et quelque peu baroques que n’auraient pas forcément appréciés les adeptes…
183 réponses à “LE TEMPS QU’IL FAIT, LE 2 MARS 2012”
Je souhaite m’arrêter sur un point très juste que vous soulignez souvent : le travail, réduit, raboté par l’informatisation et la robotisation, n’est pas remplacé.
Un autre facteur très important contribue fortement à la réduction du travail : la baisse de la masse salariale dont la fonction actuelle est de maintenir la compétitivité de l’entreprise et sa rentabilité, dans le cadre de l’économie mondialisée. Ainsi, les dirigeants d’entreprise et les actionnaires continuent de s’enrichir, tandis que les salariés se paupérisent.
Cela concerne aussi bien des très gros comme Procter & Gamble que des PME.
Plus précisément, le travail qui est ainsi réduit est distribué de la manière suivante :
* celui qui est refilé à ceux qui restent, qui n’ont qu’à travailler plus intensément pour gagner plus ou moins la même chose, avec des perspectives de progression salariale proches de celles de l’inflation
* celui que ceux qui restent ne peuvent pas assurer (ils ont des limites parfaitement humaines) ; on voit ainsi des directeurs de la qualité dans l’industrie qui sont de plus en plus mal à l’aise face à leurs clients parce qu’ils n’ont pas les ressources nécessaires pour répondre à leurs questions pertinentes sur des défauts récurrents de produits (pour ne citer qu’un exemple).
Je rajoute, par expérience, que l’industrie occidentale est très loin d’être optimisée à cause de cette accélération du travail, qui fait que le travail de fond, qui pourrait rapporter beaucoup, n’est pas fait. Il est d’ailleurs triste de voir que de nombreuses entreprises industrielles française, belge (par exemple) se battent sur les prix contre leurs homologues asiatiques ou autres, au lieu de se battre sur le terrain de l’innovation de produit ou de procédé. Elles se tirent une balle dans le pied. C’est affligeant. Elles épousent frénétiquement l’attitude du lièvre au lieu de s’inspirer de la tortue.
Poussons l’évolution de cette situation dans le temps, exagérons pour visualiser ce qui nous attend : les actionnaires et les dirigeants d’entreprise seront les seigneurs, les salariés les esclaves. Qui achètera les produits ? Pas de problème : les actionnaires et les dirigeants d’entreprise les achèteront. Pas bien cher. Et si on pousse un peu plus loin : il n’y aura plus besoin de les acheter. Il leur suffira de les prendre.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Comme au lendemain de la première vague de prêts à long terme fin décembre, les banques se sont empressées de redéposer auprès de la banque centrale européenne, une grande partie des 530 milliards d’euros qui leur avaient été prêtés la veille. Les dépôts au jour le jour auprès de la BCE ont atteint la somme record de 776,9 milliards d’euros, jeudi.
Depuis la création de l’euro, jamais la banque centrale n’avait vu affluer autant d’argent dans ses caisses. Le précédent record était de 475 milliards d’euros. Ces arrivées massives de dépôts tentent à prouver que les tensions sur le marché interbancaire n’ont pas disparu, en dépit des distributions généreuses de la BCE. Les banques préfèrent placer leur argent à la BCE, malgré une rémunération quasi-nulle (0, 25%) afin de garder leur liquidité en sécurité, plutôt que de s’aventurer à les prêter à d’autres établissements.
Si ces comportements bancaires perdurent, cela pourrait signifier que Mario Draghi a perdu son pari. Depuis son arrivée à la tête de la banque centrale européenne, le nouveau président a tourné le dos à la politique monétaire orthodoxe de l’institut monétaire de Francfort et déversé 1.000 milliards d’euros dans le système bancaire européen. Cette arrivée massive de liquidités était censée calmer la crise de la dette, mais surtout inciter les banques à distribuer de nouveaux crédits afin de relancer la croissance économique de la zone euro.
Pour l’instant, l’argent distribué par la BCE semble surtout préempté par les banques, qui cherchent à se désendetter et à assainir leur bilan.
http://www.mediapart.fr/journal/economie/020312/depots-records-la-bce
Vendredi 2 mars 2012 :
L’Espagne revoit son déficit à la hausse, crise en vue avec l’Union Européenne.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a averti vendredi que l’Espagne ne pourrait pas respecter ses engagements de réduction du déficit public, au risque de provoquer une crise avec ses partenaires européens à l’issue d’un sommet européen marqué par la signature d’un Pacte de discipline budgétaire.
« L’objectif de déficit public sera pour cette année de 5,8 % du Produit intérieur brut », a-t-il annoncé au cours de sa conférence de presse, prenant tout le monde de cours. Or l’objectif imposé était de 4,4 % pour 2012.
« C’est un très mauvais signal au moment où l’Europe s’engage à plus de discipline budgétaire », a confié à l’AFP le représentant d’un des 27 Etats de l’UE. « Il revient à la Commission européenne de réagir », a-t-il ajouté.
Mariano Rajoy n’a informé personne de son intention de briser le Pacte de discipline budgétaire quelques heures seulement après l’avoir signé avec 24 de ses homologues.
« Je n’ai pas informé les présidents et les chefs de gouvernement parce que je n’ai pas à le faire. Il s’agit d’une décision souveraine que nous Espagnols, nous prenons », a-t-il soutenu au cours de sa conférence de presse.
http://www.boursorama.com/actualites/l-espagne-revoit-son-deficit-a-la-hausse-crise-en-vue-avec-l-ue-3cd6f31c81e0e3f2f1ff8133f2da76ee
Quelle incroyable vidéo ! Merci M.Jorion. Bonne journée et bon travail.
@ P Jorion
Je ne suis pas (tout à fait) d’accord avec vous sur le fait que les QE annoncent la fin du capitalisme.
Ce qui annonce la fin du capitalisme, c’est la déflation précédent ces QE. La déflation n’est pas compatible avec le prêt d’argent contre un taux de rémunération, puisqu’en déflation le taux devient négatif et que l’on perd de l’argent à prêter de l’argent.
Le QE n’est qu’une conséquence de cette déflation : il faut pour les élites que le système perdure et pour cela il faut neutraliser la déflation.
La déflation provenant de la concentration de richesse provoquée par les prêts rémunérés, c’est le serpent qui se mord la queue….tant que la répartition de richesse ne sera pas revue, on foncera vers la déflation et la concentration de richesse.
Par contre, le jour ou la concentration de richesse sera attaquée, alors l’inflation galopera peut être vu les liquidités déversées.
Merci pour votre travail et vos livres.
Cédric, si on remonte assez loin on peut annoncer la fin du capitalisme dés sa naissance – ou comme Marx avec 150 ans d’avance, mais le fait est qu’il parait plus judicieux d’annoncer sa mort prochaine au moment où l’on injecte les doses massives de morphines pour les « soins palliatifs » (les QE…) que dés une poussée de fièvre ou pire dés la péridurale qui précède sa venue au monde…
La première injection morphinique par le Dr Bernie, Jorion l’a annoncée il y a trois ans; depuis elles se succèdent à dose et fréquence croissantes; l’ancéphalo est quasi plat, juste le palpitant, la pompe à phynance, qui s’accroche… tain ! tenace c’te carne.
Je suis très inquiet…
Quand j’entends que jean Hervé Lorenzi est conseillé de François Hollande, cela a été rapporté par Mermet sur Fr Inter.
D’autre part mon lobby préféré, EDF.. Ah quel beau lobby, j’en suis tout coi ! Ils ont pensé à tout, en bon paranoïaques des Mines, des Pont et Chaussés, etc. Je les admire sincèrement.
1) Le rachat de Photowatt est-il une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Une mauvaise bien sûr.
2) J’admire mon lobby, quel beau travail, silencieux, comparable seulement à celui de la pharmacopée ou du BTP, dont on ne sait rien. Les négociations sur les prix des médocs ? Le privé a déjà la main dans la poche du public à ce niveau là.
Mais EDF, c’est grandiose.. Ils se sont d’abord débrouillé pour promouvoir le chauffage électrique, c’est de bonne guerre. Mais, pas n’importe lequel ! Les appareils en ventes dans les magasins de proximité, sont les pires c’est à dire à convection, chauffant l’air, qui remonte. Dans les gares, on utilise le chauffage par rayonnement ! C’est le plus efficace.
Et cerise sur le gâteau, la technologie des lampes LED n’est pas promue. Elle végète. Or il existe maintenant des lampes équivalentes 50 Watt, qui consomment 2 fois moins que les lampes équivalentes en basse conso. Donc avons nous vraiment besoin du réacteur de Flamanville ? NON !
Le bras tentaculaire des lobby se retrouve partout, ils façonnent le paysage technologique, et idéologique en choisissant les thèmes à éviter, formant le caractère et le déroulement de la campagne, essayant de façonner le public à leur volonté. Nous seront libre le dernier lobby sera nationalisé.
C’est vrai que l’EDF tout puissant et national des de Gaulle, Pompidou. Poher, VGE, Chirac, Barre, Mitterrand et consorts, c’était aut’ chose…
Les lobbys : explication de texte sur le monde diplomatique de juin 2010 avec la plaque associée
En 1986, avec le prêt PAP, »subprime », on m’avait obligée de faire construire, donc du neuf à bon marché, chauffé au tout électrique par des radiateurs à convection, les moins efficaces au niveau humain et les plus gros consommateurs pour chauffer les mouches au plafond. Bonjour la facture EDF ! Le seul avantage, c’est que la maison bénéficiait de l’ »isolation obligatoire pour le tout électrique » , et c’est encore aujourd’hui un atout .
Je ne sais pas pour les autres forumeurs, mais chez nous nous remplaçons progressivement nos ampoules à basse consommation ( conso divisée par 5) par des lampes LED (conso divisée par 10) . Ceci plus l’installation, il y a une dizaine d’années , d’une cheminée avec un insert à bois dans la pièce à vivre et de conduits de chaleur passant par le faux grenier pour chauffer toutes les pièces , nous permet de ne pas trop redouter les tarifs EDF . Nous chauffons au bois à 19° ou 20° toutes les pièces habitées ( on ferme la bouche de chaleur quand une chambre est inoccupée) pour moins de 300 euros de bois par an .
L’été nous ne consommons pas du tout d’électricité ( cabane de jardin collectif sans électricité, plus nomadisme en vieille voiture break sur des parkings gratuits en bord de mer) . Une petite vengeance sur EDF , mais pas seulement. Un immense plaisir de se libérer de contraintes inutiles !
La chose qui m’inquiète avec les CDS c’est le fait que toute la procedure delicate d’expérimentation institutionnelle et financiere mais aussi mondiale… «de la lutte et de l’unite de contraires» se déroule sur le dos de la Grèce … Croyez-vous vraiment que nous pouvons faire confiance aux régulateurs d’apres leur gestion de la crise greque?
Ca me va…
100% d’accord avec Paul Jorion…
Les chasseurs de trolls sont-ils des trolls eux-memes?
C’est connu, les ex d’Al Quaeda travaillent pour le MI6 et la CIA…
http://www.youtube.com/watch?v=hdnGfzzk18k
J’aime bien cette … Inna Modja
http://www.youtube.com/watch?v=1ehl8eZhooA
Celle-ci aussi..
Bonsoir,
Votre comparaison de l’état moribond actuel de l’économie mondial avec le paquebot Titanic en train de couler est tout à fait parlante.
Le fait est que les hasards de l’actualité nautique récente nous offre un nouvel exemple symptomatique à comparer avec la déliquescence de l’économie et ceux qui s’acharnent a faire durer le système: Je veux parler ici du paquebot Costa Allegra, (ex. Annie Johnson, porte Conteneur mis à l’eau en 1969) qui vient d’être rapatrié à Mahé aux Seychelles après qu’un incendie se soit déclaré dans la salle des machines. L’histoire de ce navire depuis sa construction, puis au travers de ses transformations et divers rafistolages pour le rendre présentable et le faire durer le plus longtemps possible en dépit des avertissements des experts, pourrait illustrer également parfaitement votre propos sur l’état moribond du système capitaliste et des signaux d’alertes que vous lancez… Le paquebot Titanic a coulé finalement assez vite et était plutôt neuf, le Costa Allegra n’est qu’un vieux tas de ferraille qui ne devrait même plus naviguer mais que l’on veut faire durer malgré tout, au détriment des passagers, jusqu’à ce 27 Février ou un incendie s’est déclaré à bord. Sera t’il réparé? Va t’on changer ses moteurs, alors que le reste du navire pisse la rouille de partout et tient par la peinture? Va t’on lui donner un nouveau sursis, essayer de gagner du temps mais bien sur essayer de faire dessus encore un peu d’argent malgré l’inéluctable? Tout est finalement envisageable. Car, aussi bien à la tête de Costa qu’a la tête d’un gouvernement ou d’une banque centrale, le mot d’ordre est: il faut essayer de faire durer les choses, mêmes si elles sont néfastes, mêmes si elle doivent entrainer au fond les passagers du paquebot qui ressemble de plus en plus à une galère. Il faut essayer de faire durer l’illusion et la magie d’une croisière…
C’est une bonne argumentation, l’effet bénéfice/risque (médicamenteuse) à la spéculation, puisqu’on a une assemblé en partie de médecin (qui l’expliquera à l’autre partie d’avocat). 🙂
(j’imagine qu’on retrouve des profils similaires dans d’autres assemblés)
Bonne continuation à votre ouvrage.
@ LEMOINE
2 mars 2012 à 10:50
Vous dites :
« Il faut vraiment faire l’économie de l’hypothèse selon laquelle les dirigeants des banques centrales, les grands décideurs et les responsables politiques de premier plan, ne comprennent pas ce qu’ils font ou ne comprennent pas comment fonctionne le système économique.
Le capitalisme est en constante et évolution et il peut donc être utile de mettre à jour les connaissances théoriques que nous en avons, comme vous le faites, mais ses bases restent les mêmes. On le comprend donc assez bien. »
Je ne partage pas votre analyse je pense au contraire qu’il ne s’agit pas d’une « évolution » mais d’une révolution :notre planète est en train de vivre un changement aussi profond que ceux subis lors de la Révolution industrielle au 19ème siècle bien que de nature différente.
Les sciences et les technologies à l’origine de la révolution industrielle remplaçaient essentiellement la force physique animale et ou humaine. La révolution numérique qui est en train de nous dépasser remplace de plus en plus des capacités intellectuelles, au début relativement basiques mais progressivement (si on peut dire) des fonctions intellectuelles de plus en plus élevées d’un point de vue cognitif. Effectuant de plus en plus de tâches complexes jusque-là considérées comme exigeant l’esprit humain pour être exécutées.
La plupart des analystes et preneurs de décisions, ont encore un raisonnement fondé sur une compréhension mécaniste de la réalité économique. Analyse qui convenait relativement bien à des économies industrielles traitant des produits facilement décomposables en sous parties permettant tout à la fois à l’accumulation de capital d’apporter des économies échèle et une division du travail, pour laquelle une organisation Taylorienne donnait des résultats économiquement convaincants même si socialement détestables.
Les éléments constitutifs des produits issus de la révolution industrielle interagissaient par contacts et frottements sans avoir d’impact important les uns sur les autres. On pouvait donc en organiser la production en définissant les interfaces mécaniques ce qui permettait des organisations verticales.
Les modèles de prévision pour chacun de ces éléments restaient très mécaniques car les technologies n’évoluant pas très rapidement une formulation mécanique des équations pouvait suffire à la construction de modèles efficaces de prévision des quantités à produire.
Avec les changements apportés par l’apparition des sciences et technologies numériques un autre type de révolution se met en place où la division du travail et les organisations verticales ont du mal à fonctionner. Des éléments des nouveaux produits issus des sciences et technologies numériques peuvent interagir sans contact les uns sur les autres : un petit morceau de code informatique peut interagir sur de nombreux autres éléments de code d’un même programme, cela à distance, et au travers des réseaux au niveau planétaire. La coordination des éléments ne peut plus se faire aussi efficacement au travers d’organisations Tayloriennes, elle nécessite des relations transversales entre les concepteurs, relations dont les hiérarchies verticales ne peuvent plus contrôler les effets.
Bien que les technologies numériques aient fait leur entrée dans le monde industriel dès les années soixante, le prix des ordinateurs (de l’ordre de plusieurs millions de dollars de location par mois) en réservait l’utilisation à de grandes entreprises et pour des applications basiques telles que la paye, la facturation, la tenue d’inventaires où l’organisation taylorienne pouvait encore fonctionner. Seules de très grandes entreprises dans le domaine des hautes technologies pouvaient se permettre de laisser leurs ingénieurs utiliser l’ordinateur à des fins de recherche et développement.
Mais à partir des années 80, l’apparition des ordinateurs personnels quelles qu’en aient été les marques, et l’évolution très rapide des performances allait mettre à la disposition de très petites équipes d’inventeurs des moyens de calculs équivalents ou même supérieurs à ceux fournis par les dinosaures dont j’ai parlé plus haut et pour moins de 1000 dollars.
Ainsi et avec l’aide de réseaux apparus assez rapidement dans les années 80 et 90, une créativité débridée a rendu de moins en moins prévisibles les choix d’investissements que ce soit en autofinancement ou par utilisation de financements externes. Comment lancer une nouvelle recherche quand on risque de voir un autre produit apparaître sur le marché avant d’avoir même pu produire les premiers exemplaires du produit envisagé?
L’horizon économique des agents s’est considérablement raccourci, ce qui explique mais n’excuse pas la frilosité des investisseurs dans les domaines industriels et commerciaux, lesquels sont les seuls à créer des emplois accessibles à une large proportion de la population, les soit disant nouveaux emplois de la société de l’information exigent de plus en plus de connaissances, et même certains postes de travail peu complexes auparavant sont devenus inaccessibles à de nombreux individus formés il y a seulement quelques années. Même si dans certains dommaines d’application certains postes de travail sont devenus plus accessibles à de nombreux utilisateurs assez peu formés.
Or ces phénomènes engendrés par les technologies numériques, sont très peu intégrés aux analyses des dirigeants politiques ou même industriels, ils le sont d’autant moins que très peu d’analyses de fond n’ont été produite et publiées même au niveau théorique. Il y avait pourtant eu quelques pionniers qui avaient envisagé les impacts des technologies numériques sur la société : par exemple N. Wiener, « The Human Use of Human beings, Cybernetics and society », Doubleday Anchor Books, NY 1956, Edition Française : « Cybernétique et société », Union Générale d’édition, collection « 10/18 », Paris, 1971 (notez la date de parrution de l’original : 1956…) Il y en a eu d’autres à cette même époque, mais on ne peut même pas reprocher aux dirigeants de cette époque de ne pas avoir saisi la portée de ces analyses, leurs auteurs étaient trop en avance sur leur temps. En revanche les analyses d’auteurs plus récents comme Jeremy Rifkin, devraient l’être car entre temps de nombreuses innovations venues des sciences et technologies numériques sont entrées dans la vie de presque tous les membres de la société. Or ces analyses plus récentes sur les mêmes sujets ne suscitent toujours pas plus d’intérêt de la part des dirigeants de nos sociétés. Ils ne s’en préoccupent que superficiellement car en fait,
ils ne savent pas qu’ils ne savent pas.
Ils ne contrôlent plus rien et les marchés eux-mêmes ne contrôlent plus rien, ils subissent :
Qui dans les marchés aurait prévu il y a quelques années que Apple deviendrait un participant majeur à l’industrie du téléphone mobile. De même qui aurait prévu qu’un logiciel comme LINUX développé par une petit groupe de hackers sur une idée géniale d’un inventeur allait devenir le système d’exploitation choisi par des centaines de produits numériques allant de gros serveurs informatiques à des systèmes d’exploitation pour des téléphones portable ou des tablettes numériques.
Pour se lancer dans de tels investissements, surtout quand ils nécessitent une production industrielle et donc des investissements en capital fixe et en formation de personnel, seul l’esprit entrepreneurial pourrait encore prendre le risque : aucun financier ne se lancerait dans de telles aventures.
Les financiers ont besoin d’analyses leur permettant d’évaluer le retour sur investissement, encore une fois, qu’il s’agisse de financiers internes aux organisations des entreprises, ou des investisseurs qui pourraient prêter aux entreprises.
Dans de nombreux cas tout ce beau monde a préféré se lancer dans des opérations spéculatives dont les gains leurs semblaient plus lucratifs, compensant les risques encourus, surtout quand ils faisaient prendre ces risques par les autres…
Mais tout ça ne crée pas d’emplois et donc pas de revenus salariaux et pas de demande finale pour les biens produits. Donc encore du chômage et encore moins de revenus et moins de demande finale.
Bien entendu Paul Jorion a raison d’évoquer les problèmes environnementaux, qui font courir à l’humanité toute entière des risques tels, que les problèmes économiques à court et moyen terme vont paraître bien minimes par la suite,
Je ferais cependant remarquer à Paul que l’évolution des technologies numériques font aussi courir à l’humanité toute entière des risques de disparition au moins aussi graves, en tout cas selon les analyses de chercheurs tels que Raymond Kurtzveil qui prédit que d’ici une cinquantaine d’années, les machines numériques pourront se réparer elles-mêmes, se produire elles-mêmes et même en inventer de plus performantes, déclenchant alors une accélération sans réserve, les machines ont encore moins de conscience que les êtres humains aussi irresponsables soient ils. Ces machines auto innovantes, vont engendrer des innovations telle qu’aucun être humain ou même équipe d’êtres humains ne pourra plus suivre cette évolution. Or sans lois éthiques, rien n’empêchera les recherches dans ce sens, car l’esprit humain possède une curiosité sans fin, et croyez-moi sans doute plus forte que toutes motivations financières ; lesquelles ne font pas bon ménage avec de telles curiosités originelles…
Isaac Asimov avait au moins pensé aux lois de la robotique
Loi N°1 Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.
Loi N°2 Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
Loi N°3 Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi
Pour revenir au sujet de l’impact socio économique des technologies numérique et de l’incapacité des dirigeants à comprendre cette révolution:
Hypothèse de rationalité économique des modèles néolibéraux ne laisse pas la place à ces attitudes de curiosité intellectuelle dont l’existence a pourtant abouti à des découvertes apparemment irrationnelles mais dont les applications pratiques allaient dépasser les imaginations les plus fertiles.
Prenez l’invention des nombres imaginaires. Au début ile ne s’agissait que d’un jeux intellectuel mathématique : trouver une solution au problème de la racine carrée de nombres négatifs… Or les applications en électricité et en électroniques allaient être spectaculaires.
Ce genre de curiosité intellectuelle va donc pousser des chercheurs à continuer dans la voie des machines hyper intelligentes, mais jusqu’où ?
Au moins en ce qui concerne l’ingénierie génétiques les avertissements des sages ont été partiellement écoutés, avec les interdictions quasi planétaires de clonages humains. Ce qui semble nous protéger encore pour quelques temps de vivre l’expérience décrite par Aldous Huxley dans ‘’le meilleur des mondes’’
Paul T.
@Ttéhin Paul
Il est certain que l’informatisation a changé beaucoup de choses dans la gestion des entreprises. Cependant, je pense que les fondements du système capitaliste restent les mêmes. On a toujours des salariés et des actionnaires. Le pouvoir actionnarial se fait même plus pesant grâce à l’informatique.
Dans l’industrie l’informatique a permis le passage à la gestion en flux tendus qui repose sur une gestion des approvisionnements et des stocks en temps réels. Ce mode de gestion multiplie les contrôles qualités. Il refuse au travailleur toute autonomie alors même qu’il a été mille fois démontré que l’efficacité des unités de production repose largement sur la capacité des travailleurs à faire face aux disfonctionnements et aux pannes. Ce mode de gestion génère un stress qui est souvent dénoncé.
Dans le tertiaire l’informatique a permis la disparition de la surveillance. L’encadrement n’est plus là pour maintenir la discipline mais pour rentabiliser toujours plus : soit en réduisant les coûts, soit en demandant des résultats toujours plus élevés. Là où il fallait quelqu’un pour vérifier les travaux, l’ordinateur s’en charge. Si un document doit avoir une zone renseignée, même laissé à lui-même celui qui doit la remplir ne peut pas s’en dispenser. Tant que le travail n’est pas fait selon ce qui est prévu sa validation est impossible.
Globalement aujourd’hui, le capitalisme est le système le plus administré qu’on ait connu. Dans une grande banque internationale comme celle où j’ai travaillé, j’ai pu voir cela se mettre en place. J’ai longtemps été contrôleur. Ma tâche consistait à rationnaliser les procédures, à vérifier à postériori qu’elles étaient correctement suivies et à analyser les risques, à rechercher comment y parer. Avec l’informatisation, il est devenu de moins en moins possible de faire évoluer les procédures de travail. Elles étaient gravées dans le marbre des programmes et chaque modification demandait une refonte des programmes, donc représentait un coût élevé. On a vu ainsi disparaître les « boites à idées » où ceux qui effectuaient les tâches pouvaient proposer une amélioration. Souvent les meilleures idées, les plus simples et les plus ingénieuses venaient de la base. Avec l’informatique, une modification en apparence très simple peut demander des développements très importants. Les programmes sont conçus pour couvrir la totalité des cas possibles.
Je suis donc passé au contrôle de gestion. J’ai vu les procédures budgétaires se centraliser de plus en plus. Au début chaque service élaborait son budget, le faisait valider par l’instance supérieure et le suivait à l’année. Les dernières innovations informatiques permettaient une gestion centralisées au niveau mondial. Dans l’informatique, la gestion couvrait non seulement les dépenses, mais aussi les espaces disques, les flux, l’utilisation des CPU, bref tout ce qui pouvait se mesurer. Le moindre achat était validé par le siège central qu’il se fasse à Mexico, Paris, Sydney ou Tokyo. Seuls les matériels et les logiciels autorisés par le siège pouvaient être achetés. L’uniformisation mondiale, c’est traduite pour un pays comme la France par une stagnation dans les éditions des programmes jusqu’à ce que le monde entier se trouve aligné.
L’entreprise capitaliste moderne est beaucoup plus planifiée que l’étaient les économies socialistes autrefois. Le travailleur y est beaucoup plus soumis à une propagande omniprésente. On appelle cela « culture d’entreprise » ou « service communication ». Il reçoit tous les jours des sélections de la presse économique et trouve à l’entrée la presse gratuite. A cela s’ajoute la publicité et un nombre invraisemblable de réunions d’information où on le tient informé chaque mois ou chaque trimestre des résultats de l’entreprise et des efforts qu’il faut toujours faire pour les améliorer.
Donc, non je ne crois pas que l’informatique ait fondamentalement changé l’entreprise capitaliste. Elle l’a rendue plus capitaliste que jamais, c’est-à-dire plus directement au service des actionnaires. Elle est gérée jour après jour avec l’œil sur le cours de l’action. Une baisse significative déclenche une mobilisation immédiate qui était inimaginable vingt ans plus tôt. Cette gestion en vue du seul profit, sans aucune souplesse, sans stocks, sans initiative n’est certainement pas étrangère à la gravité de la crise actuelle.
Je n’insisterai pas plus là-dessus car je ne veux pas être trop long. La crise est la meilleure preuve que le capitalisme n’a pas changé. Dès son développement au 19ème siècle, les contemporains ont remarqué son caractère chaotique. Des crises se produisaient tous les 9 ou 11 ans. La première grande crise a eu lieu en 1914 et a été immédiatement noyée dans la boue des tranchées. La suivante, plus grave encore a eu lieu en 1929. Elle a été contenue aux USA par une politique novatrice mais s’est répandue dans le monde entier et n’a été véritablement résolue que par la guerre. L’instabilité du système s’est ensuite manifestée sous la forme des crises monétaires qui ont abouti en 1971 à la destruction du système monétaire international. Depuis les années 90, l’instabilité du système s’est encore accrue. Nous avons des crises tous les trois ans pour arriver en 2007 à la grande crise que nous connaissons.
Nous sommes donc clairement dans un système à la fois ultra administré et chaotique et certainement pas sur la voie royale du progrès et de la société de l’information.
Merci de votre réponse Monsieur Lemoine.
Il ne s’agit toutefois pas seulement de l’informatisation des entreprises, dans mon analyse, mais de l’intégration généralisée des processus numériques dans tous les éléments ou processus, de la vie courante, sans que cette intégration soit toujours visible et il ne s’agit pas seulement du capitalisme mais de toutes les approches permettant d’organiser la production et la distribution de biens et de services dans une société, capitaliste ou autre.
Ce dont je parlais est un changement bien plus général dans les conditions de productions au travers de variations considérables dans l’agencement des facteurs de production, capital et travail, changements qui touchent tous les systèmes économiques : des plus libéraux (économie capitaliste de marché) aux plus planifiés (capitalisme d’état) ou des sociétés sous la férules de dictateurs.
Le capitalisme va mourir de ces changements comme est mort le socialisme soviétique, car dans les deux cas les systèmes de production et de répartitions des richesses fondés sur des considérations mécaniques issues de la révolution industrielle, ne correspondent plus aux processus globaux qui se sont mis en place et qui ont changé les rapports entre les facteurs de production depuis l’avènement des technologies numériques.
Exemple simple, le capitaliste n’a même plus à assurer la survie de ses salariés car il les a de plus en plus remplacés par des machines automatiques: si ces employés ne peuvent plus vivre cela ne le gêne même plus, il externalise ce problème auprès de la société, tout en critiquant simultanément « les assistés » et les charges sociales qu’ils nécessitent et l’empêchent d’embaucher du personnel…
Enfin ces changements dans les rapports de production et l’innovation accélérée ont réduit considérablement l’horizon économique de tous les membres de la société, des salariés jusqu’aux grands patrons d’entreprises, prendre des décisions même à relativement court terme, est devenu un problème majeur pour tous.
Cette indécision généralisée touche les ménages qui faute d’avoir des emplois stables ne veulent plus prendre de risques pour des investissements ménagers de base, surtout quand ces derniers évoluent à une vitesse telle qu’il es difficile de dire lequel choisir et garder un certain temps..
L’indécision touche également les entrepreneurs, incapables de savoir si cela vaut le coup d’investir dans un outil de production sous forme de capital fixe. Avec la crainte très classique des débouchés préalables, mais aussi la crainte plus récente de se voir dépassé par un produit plus performant, ou un processus de fabrication plus économique chez ses concurrents, dans des délais dix fois plus courts que dans le cadre de productions industrielles traditionnelles dans lesquelles il était courant de concevoir des produits ou des services pour des durées de vingt à trente ans.
Cela dans le système capitaliste de marché comme dans les système soviétique planifié.
Les marchés avaient tout le temps d’arriver à un point d’équilibre, même très imparfait, et les planificateurs pouvaient compter sur des coefficients de production assez stables pour établir la planification des productions nécessaires à la satisfaction d’une demande finale, même si cette dernière constituait une approximation bureaucratique des besoins de la population.
Cet environnement productif stable a disparu, en grande partie avec l’apparition des technologies numériques( en général pas seulement l’informatisation), cela dès les années 60. La situation s’est aggravée dans les années 80, comme je l’ai expliqué dans moes messages précédents.
Le système soviétique n’y a pas survécu et le capitalisme de marché après s’être agité dans tous les sens, ne va pas y survivre non plus.
Demeure le problème: que l’on veuille sauver le capitalisme ou le détruire :
Comment nos sociétés pourront-elles organiser la production et la répartition des biens et services nécessaires à la survie de ces sociétés, et en plus sans détruire la planète. Maintenant qu’on sait que le capitalisme de marché n’y arrive pas et que les économies planifiées n’y arrivent pas non plus. Que faire?
Attention un « centrisme idéologique primaire » n’y arriverait pas non plus.
Ce problème ne se résoudra pas par des artifices financiers, il demandera une nouvelle forme de pensée collective où les peuples se prendront en main pour organiser la production et la distribution de biens et services, peut-être d’ailleurs avec l’aide de certaines technologies numériques Approches dont a souvent parlé Jeremy Rfkin entre autre dans son dernier livre « La troisième révolution industrielle ». où il envisage une organisation très décentralisée puis remise en réseau quand les besoins s’en feront sentir.
Jeremy Rifkin fait une remarque importante à propos du rôle fondamental joué pare le prix de l’énergie dans l’organisation ou la désorganisation des sociétés. C’est pourquoi il propose de commencer cette réorganisation décentralisée de la société, par la production d’énergies renouvelables au niveau des ménages, puis des quartiers puis plus largement quand les besoins s’en feront sentir, mais toujours sur la base des initiatives locales mises progressivement en réseau.
Paul T.
la première bonne nouvelle … c’est que l’informatique permet de créer des blogs et de commenter les avis émis ?
la deuxième, c’est que tous les blogs – loin s’en faut – n’ont pas la même audience. Le contenu – les idées – semble discrimant ?
Qu’est-ce que Raymond Kurtzveil prédit que les machines auto innovantes seront aussi auto bloguantes 🙂 ?
D’accord avec vous, sans « l’informatique » nous ne pourrions pas discuter ici ou dans d’autres blogs et forums sur des sujets qui nous intéressent voir même nous passionnent. Cela a permis à des passionnés de domaines très spécifiques de se retrouver pour partager des idées et parfois même des informations.
Toutefois, l’informatique n’est qu’une petite partie de la révolution numérique : la partie visible.
Cette révolution numérique dont je parle est présente à des endroits et dans des domaines dont beaucoup d’entre nous ne soupçonnent pas qu’elle soit présente. Ce qui fait dire à Raymond Kurtzweil qu’un très grand nombre de ménages ont chez eux plus de 20 ordinateurs.
Quant à votre question: « Qu’est-ce que Raymond Kurtzveil prédit que les machines auto innovantes seront aussi auto bloguantes 🙂 ? » je vais poser cette question sur son blog, on verra bien ce qu’il répondra ou que les plus informés sur son blog répondront.
Paul T.
No problemo, d’ici là les plus riches d’entre-nous seront génétiquement modifiés pour résister à toute agression extérieure à leur existence et à leur auto-reproduction.
Ils déclencheront alors l’Homicide qui nettoiera enfin Notre Mère la Terre des grouillants surnuméraires que nous serons devenus.
Nourris par les machines, ils rivaliseront à distance de créations artistiques en délires quantiques.
Vont-ils aller plus vite que la lumière, seront-ils immortels, seront-ils heureux?
Les dinosaures sont-ils fiers d’être les ancêtres des oiseaux?
@ la M…
C’est justement pour éviter le scénario catastrophe que vous décrivez qu’il ne faut pas ignorer les risques que j’ai décrits avec l’emballement des recherches débridées dans le domaine des technologies numériques.
Ne pas briser toute initiative mais faire comme avec les recherches en génétique: les encadrer par des réglementations fortes qui puissent empêcher les débordements.
Ne pas les briser car certaines de ces recherches ont un potentiel favorable à l’humanité quand d’autres pourraient devenir incontrôlables et tout autant dangereuses que le réchauffement planétaire.
C’est là que la pensée politique doit être remise en avant et ne plus se laisser dicter des décisions seulement fondées sur le profit. Celles-ci pourraient voir très favorablement à court terme l’augmentation de la productivité gagnée en remplaçant dans les entreprises, les hommes par des machines: pas de maladies, pas d’absentéisme, pas de grèves pas de revendications salariales…
Mais à long terme les machines deviendraient bien plus exigeantes que les salariés n’ayant pas de conscience mais des raisonnements froids, pires mêmes que ceux des « capitalistes cupides »…
Dans le scénario évoqué lors de mon message précédent , les riches n’échapperaient pas, en effet, au remplacement de l’homme par les machines, seules les machines pourraient survivre car ayant remplacé les « salariés consommateurs, » les propriétaires des machines seraient rapidement ruinés faute de clients, les machines ne consommant pas leurs propres produits, tout au plus des matières premières et de l’énergie. les machines pourraient considérer que leurs riches propriétaires n’aient plus lieu d’exister, car incapables de leur apporter quoi que ce soit, les machines étant devenues elles-mêmes plus intelligentes que les hommes et mieux capables de s’autogérer…
Oui je sais, c’est de la science fiction, mais la liberté de la science fiction c’est de faire réfléchir en extrapolant des tendances lourdes à leur extrême afin que la sagesse reprenne le dessus, enfin autant que possible.
Dans une contribution à un autre forum, j’ai suggéré que les concepteurs actuels de machines intelligentes ne vont pas arriver à leurs fins, car ils commettent l’erreur de concevoir l’intelligence comme une perfection logique et traitable de manière purement quantitative en termes de taille mémoire et de nombres de cycles de traitement par seconde. Or ce qui fait que l’intelligence humaine reste très différente de l’intelligence des machines est au contraire qu’elle n’est pas parfaite, que les humains sony soumis à des hésitations à des retours en arrière àdes reprises d’idées anciennes qui par des phénomènes de rêveries non structurés en apparence, débouchent sur des idées originales. Les neurosciences ont fait la même erreur en poussant trop loin l’analogie entre le cerveau humain et les ensembles informatiques voir l’excellent livre « L’esprit faux I : Mundus est fabula » Benoit Kullmann plus simplement voici sur ce sujet: un extrait du livre Isaac Asimov, Robots and Empire Balantine Books, NY 1985 Page 54 traduit par mes soins, donc imparfaitement, mais une traduction peut-elle être parfaite…
Dand toute la série de « robots » apparaissent un détective humain “Elijah Bayley » et deux robots très performants qui sont les adjoints du détective…
Les robots se demandent comment le détective arrive à résoudre des énigmes malgré toutes les imprfection du fonctionnement de sons cerveau.
Les deux robots s’appellent Giskard and Daniel.
Giskard qui essaie de comprendre comment pensent les humains dit à Daniel “Les êtres humains ont un mode de penser à propos des autres êtres humains que nous ne possédons pas.
Giskard’s cherche s’il existe des lois de l’humanique don’t il pense qu’elles doivent régler la pensée humaine tout comme les trois lois de la robotique conditionnent entièrement les pensées et les actions des robots. Voir les célèbres trois règles de la robotique inventées par Isaac Asimov. http://www.auburn.edu/~vestmon/robotics.html
A ce propos, Giskard dit à Daniel qu’il a fouillé d’innombrables bibliothèques dans la galaxie pour essayer de découvrir si de telles lois commandaient les comportements humains n’avaient jamais existé ou si on pouvait les déduire de l’analyse des comportements passés des êtres humains.
Giskard continue son questionnement: “Pour chacun des essais de généralisation que j’ai tenté de faire, aussi élargis et simples soient-ils je me suis toujours trouvé devant de nombreuses exceptions. Pourtant si de telles lois de l’humanique existaient et si je pouvais les découvrir, je pourrais comprendre les êtres humains et me sentir plus confiant au moment d’obéir aux trois lois de la robotique de le faire de la meilleure manière.
Giskard toujours à sa recherche continue: “Puisque le détective Elijah comprend les êtres humains, il doit avoir une certaine connaissance des lois de l’humanique.”
Daneel lui répond: “Probablement. Mais Elijah connais ces lois au travers de quelque chose que les humains appellent parfois intuition, un mot que je ne comprends pas, voulant exprimer un concept duquel je ne sait rien . Je présume qu’il dépasse la capacité de raisonnement dont je dispose.”
Giskard reprend la parole: “Cela bien sur et il faut aussi prendre en compte nos mémoires de robots, qui nous gênent : des mémoires qui ne fonctionnent pas comme celle des humains, bien sur. Il manque à notre mémoire ce rappel de souvenirs imparfaits, le flous qui les entoure,souvenirs agrémentés de morceaux de mémoire additionnels ou soumis à l’élimination d’autres morceaux de mémoire précédemment accumulés, addition et élimination commandées par un désir ingénu de bien faire, quoi qu’il en coûte et aussi par leur égocentrisme, sans parler de leurs persistance sur certains sujets, ou de lacunes dans leur souvenirs et de retours en arrière, qui peuvent transformer leurs efforts de mémoire en des heures de rêveries éveillées.
Pour notre mémoire de robots, au contraire, c’est le déroulement incessant, seconde après seconde, des événements exactement comme ils se sont passés, mais simplement sur un mode énormément accéléré : les secondes se déroulant en nanosecondes…
Cet extrait est à mon avis un des textes les plus pertinents et tout de même abordable sur le sujet de l’intelligence artificielle comparée à l’intelligence des humains.
Paul T.
Mais ce que fait la BCE n’a absolument rien à voir avec le QE mené par la FED !
Est-ce que vous comprenez ce que fait la BCE ? Franchement j’en doute !
« Rien à voir avec le QE mené par la FED ! » Ah bon ? Beh comment qu’ça s’fait qu’son bilan d’la saucisse de Francfort il ait bien plus gonflé que celui d’la Washing-Town depuis quatre ans ? Oh bé ça c’est bizarre alors…
Et puis c’est quoi la différence entre prêter au Trésor US $ 1500 milliards à disons 2,5 % contre des Tbonds et prêter à des banques $ 1 300 milliards à 1% en prenant en collatéral des obligation douteuses ?
La différence cher vigneron c’est que contrairement à la Fed qui finance le déficit budgétaire américain par le rachat massif de Tbonds, pour les opérations de LTRO de la BCE, l’énorme augmentation de la base monétaire n’a pas été investie dans l’économie réelle, elle n’est pas susceptible d’être dépensée par les agents non financiers et elle est d’ailleurs principalement restée au bilan de la BCE.
La question est surtout de savoir ce qui se passera dans 3 ans pour les « banques zombies » qu’on maintient artificiellement en vie ou avant s’il y a une reprise et que les taux d’intérêt remontent, que la vitesse de circulation de l’argent augmente et que l’économie réelle est inondée d’une monnaie papier déconnectée de toute production réelle.
Le bilan de la BCE est passé de 1150 Gigas euros en 2007 à 3300 G aujourd’hui. Celui de la Fed de 800 G $ à 3000 G. Augmentation de 2200 G $ pour la FED, de 2800 G $ pour la BCE.
Restées principalement au bilan de la BCE les LTRO ? Mouais… à voir…
– juillet 2011, pic atteint par les dépôts des banques au passif de la BCE : 340 G euros
– fin décembre, pic atteint tout de suite après la première tranche LTRO : 480 G soit 140 G déposés en plus sur les 240 G de nouvel encours des banques par rapport au pic de juillet
– pic atteint aujourd’hui après la deuxième tranche : 780 G soit 300 G déposés en plus sur les plus de 500 de nouvel encours.
Et attendez quelques mois, on verra s’ils resteront à ce niveau les dépôts des centaines de banques concernées… vu la taille de leur bilan global, leurs engagements et la vigueur du marché interbancaire, j’ai comme un doute…
Encore deux moins avant la remise du manuscrit : j’ai le temps de faire une suggestion ? Donnez des définitions !
Parler de l’intérêt et du profit, c’est compliqué si l’on n’a pas préalablement dit quelle définition on retenait. C’était le même problème dans L’argent mode d’emploi : faut d’avoir précisé quelle définition de monnaie vous aviez retenu, l’ambiguité ne pouvait pas être levée sur la question de savoir si la monnaie scripturale était ou non de la monnaie.
On considère généralement qu’une bonne définition, pour être valable, doit satisfaire 4 critères :
– être compréhensible (pas de mot nécessitant une autre définition compliquée, pas besoin d’avoir lu la Phénoménologie de l’esprit, etc.)
– être exhaustive (si qqc est du profit, la définition doit permettre de le constater)
– être exclusive (si qqc n’est pas un profit, p. ex., la définition doit permettre de l’exclure)
– ne pas être circulaire (p. ex. « GOD means God Of Djinns »)
Pourquoi cette insistance sur les définitions ? Il ne s’agit pas d’y passer trop de temps, mais on a vu les problèmes que cela posait dans le cas de la monnaie. De même, en ce qui concerne l’intérêt et le profit, il existe plusieurs sens possibles. Le sens courant du mot « profit » (bénéfice d’une entreprise) mélange l’intérêt et le profit au sens économique. Le taux d’intérêt peut être nominal ou réel pour les macroéconomistes. Il peut être monétaire ou naturel pour les microéconomistes. Il peut être contractuel pour les juristes, etc. etc. En précisant dès le départ quelle définition vous utilisez le lecteur saura de quoi vous parlez.
Les six livres de la république de Bodin commencent par cette phrase : « République est un droit gouvernement de plusieurs ménages, et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine. » Bodin commence par définir ce qu’il entend par une république, et il enchaîne immédiatement en précisant ce qu’il entend par « droit gouvernement », par « ménage » et par « puissance souveraine ». Limpide.
Gu Si Fang,
Les seuls qui ont soulevé des problèmes de « définition » sont ceux qui n’avaient aucun autres arguments à opposer à la démonstration sans aucune ambiguité concernant la monnaie.
Ca fait 3 ans que le bouquin est sorti, on attend toujours la contre-argumentation sérieuse.
@ Julien
Il y a généralement une hiérarchie dans toute argumentation. Avant d’argumenter sur un jugement de valeur, il faut d’abord se mettre d’accord sur les faits. Avant d’être d’accord sur les faits, il faut d’abord être d’accord sur les définitions.
P. ex. :
Est-il bon qu’il pleuve ? L’un pense que oui, l’autre que non : désaccord sur un jugement de valeur. La pluie irrigue les cultures (bon) mais elle mouille les vêtements des promeneurs (mauvais). L’un dira qu’elle irrigue plus qu’elle ne mouille, l’autre affirmera le contraire : désaccord sur les faits. L’un considère que la moindre goutte constitue de la pluie, et qu’un petit crachin mouille les vêtements mais n’apporte rien aux cultures (mauvais), tandis que l’autre considère qu’un petit crachin « n’est pas de la pluie » : désaccord sur les définitions.
Une fois que les débatteurs se sont mis d’accord sur une définition du mot « pluie » il peuvent se mettre d’accord sur les faits, et alors seulement ils peuvent échanger des jugements de valeur. Il en va de même pour L’argent mode d’emploi. Je n’y ai rien trouvé qui ressemble à une définition, qui permettre de dire ce qui est de la monnaie et ce qui n’en est pas ; ce qui est du crédit et ce qui n’en est pas. Dans les livres contemporains, rares sont les auteurs qui prennent la peine de donner des définitions.
Gu Si Fang, je vous conseille de relire le livre. Bis repetita : ceux pour qui le seul argument est un problème de définition n’ont rien compris au bouquin.
Voici un article de Joseph Stiglitz qui me renforce dans mon analyse que la crise actuelle n’est financière que de manière conséquente à des problèmes économiques structurels sous-jacents très antérieurs aux comportements des « Banksters » dont on dénonce les actes criminels en ne tenant pas compte que ces actes criminels ont une origine profonde: la baisse de la demande suite à l’augmentation du chômage et le besoin de maintenir une activité économique, au travers du crédit accordé à tort et à travers à des débiteurs peu solides et à des taux ridiculement bas.
http://www.vanityfair.com/politics/2012/01/stiglitz-depression-201201
C’était déjà le cas avec la crise de 1929: l’augmentation de la productivité du travail avait aggravé le chômage bien avant que la crise ne devienne une crise boursière…
Paul T.
Biais de confirmation ?
la conclusion devient une antienne, la béatitude nous guette …
Les japonais viennent d’inventer un appareil pour reduire les gens au silence, vive la démocratie en marche 🙂
http://www.myfoxorlando.com/dpp/news/scitech/science/030212-japan-invents-speech-jamming-gun-that-silences-people-mid-sentence
Japan invents speech-jamming gun that silences people mid-sentence
TOKYO (Newscore) – Japanese researchers have invented a speech-jamming gadget that painlessly forces people into silence.
Kazutaka Kurihara of the National Institute of Advanced Industrial Science and Technology, and Koji Tsukada of Ochanomizu University, developed a portable « SpeechJammer » gun that can silence people more than 30 meters away.
The device works by recording its target’s speech then firing their words back at them with a 0.2-second delay, which affects the brain’s cognitive processes and causes speakers to stutter before silencing them completely.
Describing the device in their research paper, Kurihara and Tsukada wrote, « In general, human speech is jammed by giving back to the speakers their own utterances at a delay of a few hundred milliseconds. This effect can disturb people without any physical discomfort, and disappears immediately by stopping speaking. »
They found that the device works better on people who were reading aloud than engaged in « spontaneous speech » and it cannot stop people making meaningless sounds, such as « ahhh, » that are uttered over a long time period.
Kurihara and Tsukada suggested the speech-jamming gun could be used to hush noisy speakers in public libraries or to silence people in group discussions who interrupt other people’s speeches.
« There are still many cases in which the negative aspects of speech become a barrier to the peaceful resolution of conflicts, » the authors sai
Read more: http://www.myfoxorlando.com/dpp/news/scitech/science/030212-japan-invents-speech-jamming-gun-that-silences-people-mid-sentence#ixzz1o66N8TfX
Lecture en ligne:
http://www.archive.org/stream/histoiredesdoct00gide#page/n7/mode/2up
Bonjour
Si quelqu’un peut me répondre de manière claire et précise.
Je souhaiterai savoir pourquoi monsieur Jorion dit dans sa vidéo du 2 mars que nous sommes à un tournant de l’espèce humaine vivant sur cette planète.
Et que si il reste 3 millions d’humains après ce tournant ça serait en quelque sorte pas mal.
Lorsqu’il dit ça
Est ce qu’il plaisante ??
Si non de quel tournant s’agit-il ??
Et pourquoi ce tournant menacerait-il l’espèce humaine à ce point ??
Nous sommes je crois 5 milliards d’humains sur cette terre.
Si les trois quart doivent disparaitre comme l’avance monsieur Jorion alors on dépasse est de loin l’ensemble des films catastrophes qu’on voit ci et là dans les films grand publics.
Merci de me répondre pour combler mon ignorance.
« Merci de me répondre pour combler mon ignorance »
De rien……………………
Paul Jorion a parlé à juste titre du réchauffement planétaire, dont le rythme s’accélère les mécanismes déclenchés par les abus humains niveau de l’utilisation des ressources fossiles et avant ça de l’utilisation de combustibles producteurs de gaz à effet de serre comme le bois, la tourbe par exemple en fait malgré une accumulation depuis la première révolution industrielle au 19ème siècle et de la seconde révolution industrielle au XXème siècle, les activités humaines ont toujours utilisé la combustion de produits générant des gaz à effet de serre. Tout cela s’est accumulé au cours des millénaires. Les premières grands dégagements de gaz à effet de serre furent créés au néolithique lors de l’apparition de l’agriculture: n’ayant pas de « bulldozers » pour défricher les forêts et ouvrir des terres arables les hommes du Néolithique ont souvent incendié ces forêts. Certains chercheurs ont même estimé que sans cette pratique nous serions peut-être actuellement en train de vivre une ère glaciaire…
Ce qu’on peut dire au delà de ces remarques, c’est que se sont enclenchés des mécanismes planétaires qui ont dépassé très largement les impacts directs de la pollution humaine au CO2: Le début de fonte du permafrost va dégager des quantités énormes de méthane, autre gaz à effet de serre et d’autres phénomènes du même genre sont en cours.
L’aveuglement des dirigeants mais aussi des électeurs qui les élisent font que les décisions nécessaires à réagir n’ont toujours pas été prises.
Il se pourrait qu’il soit malheureusement trop tard…
Or dans ce cas il pourrait s’agir d’avoir à déplacer des milliards de personnes et de leur trouver une terre hospitalière sur une planète où ce genre d’espace aura été détruit par la folie humaine, amplifiée par les réactions de la nature.
Dans ce cas de catastrophe annoncée et réalisée, des cataclysmes humains « inimaginables », au sens propre du mot, vont se produire
J’ai rajouté une couche de pessimisme à celle déjà passée par Paul Jorion:
Que dire des effets catastrophiques que pourraient avoir un développement débridé des technologies numériques si les machines arrivaient à se reproduire, à inventer elle même des machines encore plus intelligentes qu’elles ne l’étaient, cela en utilisant pour se reproduire les outils issus des na-no-technologies…
Elles pourraient bien remplacer les hommes et même juger ces derniers inutiles à leur prospérité darwinienne de machines.
Là il serait encore temps de réagir, mais il faudrait faire très vite pour élaborer des lois éthiques très concrètes, comme cela a commencé d’être fait en matière de recherche génétique.
Mais on va se heurter aux mêmes obstacles que pour la protection de l’environnement :
les décideurs politiques ne voudront pas s’engager dans des voies qui risqueraient de déplaire à leurs électeurs… Plutôt mourir élu que vivre battu…
Paul T.
J’ai oublié de dire que comme pour les effets des activités humaines sur l’environnement, des signes avant-coureurs existent déjà aussi à propos de l’impact de machines déjà assez intelligentes pour supprimer de nombreux emplois.
Et dans les deux cas on trouve encore des personnes niant ou minimisant les risques dont on a parlé.
Paul T.
Bonjour
Sale temps !
Pour Messieurs Paul Jorion et Stéphane Heissel, dimanche 4 mars à France Culture.
Dans l’émission du rendez vous avec le médiateur :
http://www.franceculture.fr/emission-le-rendez-vous-du-mediateur-le-rendez-vous-du-mediateur-2012-03-01
à 12’50 »
Ces deux Messieurs seraient, selon Brice Couturier, des incitateurs au meurtre !
» .. des gens écrivent ou proclament, au choix : qu’il faut pendre les banquiers ou les syndicalistes selon les cas … » !
Et comme radio .. Paris ne dit que la vérité, et ses journalistes en particulier; je vais dorénavant, éviter de vous écouter Monsieur Jorion, afin que je retourne dans le droit chemin, grâce à la voix de mes maitres à penser qu’est la radio des banquiers, euh ! non, la radio nationale et culturelle !
On aimerait bien que ce cher M. Couturier diplôme d’Oxford et fana de la précision chirurgicale du journalisme anglo-saxon nous explique où il a déjà vu Paul Jorion proposer de « pendre les banquiers ou les syndicalistes »…
A Oxford, on recrute des étudiants qui ne savent pas lire ? Simple procédé rhétorique fallacieux pour se dédouaner ? Mémoire de poisson rouge ?
Les paris sont ouverts !
Mis dans la même catégorie d’abominables criminels que Stéphane Hessel ? Je suis sûr que les auditeurs de France Culture en tremblent encore !
P.S. Il s’agit probablement simplement de la vieille rivalité entre Oxford et Cambridge.
Pour l’exemple; on fusille d’abord Jorion ou Hessel en premier ?
Au prix du plomb, vaudrait mieux qu’ils aillent faire un TUC à Fukushima