Billet invité
Les manifestations d’Athènes de ce week-end ne doivent pas occulter celles qui viennent de se dérouler au Portugal et en Espagne, où la tension sociale continue de monter. Partout, rien ne garantit que la résignation l’emportera sur une révolte de moins en moins contenue, alors que la situation de l’emploi et le niveau de vie continuent de se détériorer, précipitant dans la pauvreté des couches entières de la société. Parmi les paris qui sont tenus, celui-ci n’est pas le moindre.
Venant par cars entiers de tout le pays, des dizaines de milliers de manifestants – 300.000, selon la CGTP, la plus grande centrale syndicale – sont venus protester dans les rues de Lisbonne, afin de « pouvoir respirer, vivre et travailler », selon Armenio Alves Carlos, son secrétaire général. Une nouvelle journée d’action est prévue pour le 29 février prochain, alors qu’est annoncée la venue des représentants de la Troïka pour effectuer un bilan des mesures de rigueur prises par le gouvernement Passos Coelho : hausses d’impôts, baisse de prestations sociales, augmentation du tarif des transports et révision du code du travail.
Faisant suite à plusieurs manifestations regroupant des dizaines de milliers de personnes, une nouvelle expression de rejet et de colère sociale à eu lieu à Valence, en Espagne, au cœur d’une région sinistrée longtemps présentée comme la future « Californie de l’Europe » (du temps où elle se portait bien). Des milliers de manifestants ont parcouru un itinéraire joignant le centre de congrès, le nouvel aéroport, les studios de cinéma et un parc d’attraction, quatre réalisations pharaoniques sous utilisées et symboles de ce « monde virtuel » dans lequel on vivait, selon les mots de Conrado Hernandez, secrétaire générale de l’UGT régionale.
Ayant le privilège d’une crise immobilière particulièrement prononcée, la région a été également marquée pas des scandales de corruption à répétition impliquant son gouverneur et le maire de Valence. La dette publique de la région correspond à presque 20 % de son PIB, le taux le plus élevé du pays et il a été annoncé des hausses d’impôt ainsi que des coupes budgétaires dans les dépenses de santé et d’éducation.
L’UGT et le CCOO, les deux principaux syndicats espagnols, ont appelé à manifester dans tout le pays le 19 février, pour riposter au train de mesures de réforme de la législation du travail du gouvernement Mariano Rajoy. Celui-ci prévoit notamment une réduction des indemnités de licenciement, l’instauration d’un contrat de travail avec période d’essai d’un an et la priorité donnée aux conventions d’entreprises sur les conventions par branches d’activité.
Les mesures exactes du nouveau plan d’austérité grec ne sont pas connues, mais il a filtré qu’elles devaient notamment comprendre une réduction de 22 % du salaire minimum garanti, une diminution de certaines pensions de retraite ainsi que la suppression de 15.000 emplois dans le secteur public. Les syndicats et partis de gauche ont appelé à manifester dans la soirée devant le parlement, qui devrait les adopter.
Charles Dallara, le négociateur des créanciers de la Grèce, a demandé aux députés de « comprendre ce qui est en jeu et de reconnaître qu’au-delà de la rigueur (…) il y a a des profits nombreux et tangibles pour la Grèce et le peuple grec ». Lucas Papadémos, le premier ministre, s’est placé sur un autre registre en s’adressant à la Nation sur les antennes de la télévision pour annoncer « un chaos économique incontrôlé et une explosion sociale», si le plan n’est pas adopté et si la Grèce fait défaut le 20 mars prochain, faute d’obtenir l’aide qu’elle a durement négociée. Un grand classique : la carotte et le bâton.
201 réponses à “L’actualité de la crise : LE REJET ET LA COLÈRE, par François Leclerc”
@Julien Alexandre,
Le refus du débat et la censure ne vous grandissent pas. Supprimer la critique n’éteint pas sa légitimité. Vous venez de prendre le visage d’un Alain Duhamel du Net qui autorise ou refuse les termes d’un débat avec un clic de souris… Ce doit être cela sortir du cadre…
Vous n’avez pas du participer à beaucoup de conseils municipaux ou autres assemblées élues de notre république pour pour penser que les commentaires que vous venez de « modérer » dépassent les limites du débat d’idées.
Peut-être est-il encore temps de vous interroger ?
Vient un moment où il faut avoir la force de défendre son point de vue.
Vous ne l’avez visiblement pas, c’est dommage….
@ un animal moins égal que les autres
Quelle censure ? Votre message est ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=33747#comment-292504
Et j’y ai répondu. Si vous voulez que j’efface celui-ci pour ne pas avoir l’air bête à reprocher des chimères, faites-moi signe 😉
Ce que nous vivons en ce moment, ce n’est, ni plus ni moins, que le début de la 3° guerre mondiale; ce ne sera pas une guerre entre nations, mais celle du 1 pour cent contre les 99 pour cent afin de maintenir sous un talon de fer leurs privilèges.
Qui va gagner ? pour l’instant c’est les 1 pour cent qui mènent la danse; enfin pour l’instant….
PS: @ François Leclerc: j’aime bien les moins 32 % pour les salaires des moins de 25 ans; une délicate attention!
il est minuit moins une?
Ce soir, le Parlement grecque me fait penser à un tombeau. L’éloge funèbre de la nation grecque : un « ναί » lancinant répété encore et encore, énoncé par des zombies.
@Marx prénom Groucho
Comme j’ai expliqué plus haut, nous sommes sur le point d’y entrer. Peut être les historiens verront dans toute cette période que celle-là avait, en fait, déjà démarrée.
Peut-être que le but des 1%, c’est que les 99% se battent entre eux…
« Peut-être que le but des 1%, c’est que les 99% se battent entre eux… »
c’est effectivement une intéressante porte de sortie!
Euronews était en live il y a 5′ (23h40) depuis le parlement grec durant le vote du plan d’austérité.
Une autre chaîne (BFM je crois) donnnait un aperçu des manifestations à travers sa correspondante sur place « les lacrymogènes auraient été utilisées de suite », entendu en zappant.
Le plan est approuvé.
Sur le Monde
http://www.lemonde.fr/crise-financiere/infographe/2012/02/12/violents-affrontements-entre-manifestants-et-policiers-a-athenes_1642362_1581613.html#ens_id=1268560
C’est approuvé il semble
Au fil de la soirée, la place se vide mais la foule reste dense dans les rues voisines où les incidents se déplacent avec une intensité rarement atteinte dans les mobilisations précédentes: pas moins de quinze bâtiments étaient en feu en milieu de soirée.
http://www.liberation.fr/depeches/01012389622-climat-de-guerre-urbaine-dans-les-rues-d-athenes
23:59 heure de Paris , ils ont voté oui !
Fin de la Grèce !
A la bonne heure; passons au Portugal ( signé les 1% )
J’ai hâte de voir la réaction des Grecs face au oui, vont-ils se soulever entièrement pour sauver la démocratie ou vont-ils se soumettre juste après avoir fait un peu de casse ? Ce qui est clair c’est que notre tour en France viendra aussi. Cette Europe me donne envis de vomir !
Ils voulaient l’austérité ( enfin pas pour tout le monde, quand même, faut pas dec…) pour éviter le chaos ( c’est du grec, ça )
eh ben ils auront la misère et le b….absolu! un peuple qui fait la grève des impôts ( un sport national ), ils vont ressortir les colonels de la naphtaline pour le régler ?
c’est bien gentil, la stratégie du choc, encore faut – il avoir un gros gourdin à disposition façon le Chili du petit père Pinochet, l’Argentine du général Galtieri, enfin bref, le truc ne marche qu’avec une dictature, il devrait le savoir, le tandem Merkozy….
Et puis, un plan d’austérité, c’est bien gentil, mais encore faut – il l’appliquer, et c’est pas gagné vu l’ambiance…au fond, c’est Papandréou qui avait raison: un référendum aurait permis au moins l’expression populaire ailleurs que dans la rue….
Beotienne , mais de bonne volonté, j’arrive sur ce site avec l’intention d’essayer de comprendre , d’apprendre et tenter de me faire une idée, non pas de la situation mais des vraies raisons qui l’ont intallée et des solutions envisageables qui permettraient à tous de s’en sortir… au mieux.
Comment trouver une explication, un point de vue, qui ne soient pas de parti pris ? Suffit-il de penser qu’on est dans le bon camp pour de détenir la solution…ou devons nous admettre que même quand nous sommes intellectuellement de bon niveau, que nous avons plaisir à discuter, échanger, jouer avec les mots, aligner nos idées, rien de concret sortira de ces échanges
Zazie-dans-son-métro disait: » Tu parles, tu parles, c’est tout ce que tu sais faire… » ?
Et nous, où en sommes-nous ? Va-t-il falloir y aller plus franchement ? Va-t-il falloir s’engager physiquement, un jour , pas si lointain?
Oserons-nous, nous qui sommes au chaud devant nos ordinateurs, oserons nous braver la police, les bombes lacrymogènes et autres violences qui ne manqueront pas d’éclater ?
On est là à jouir du bon fonctionnement de nos neurones et pendant ce temps d’autres se disent qu’au-delà des blablas, ils vont crever de faim . L’énergie du désespoir entraîne à l’action violente. Je ne vois pas comment on pourrait y échapper.
Ce n’est plus la Grèce, c’est l’Atlantide.