J’ai repris dans mon livre « Le prix » (Le Croquant 2010), l’ensemble de mes réflexions consacrées à la formation des prix publiées durant la période 1985 – 2003. Dans le livre que je suis en train d’écrire, et dont le titre provisoire est : « Les questions qui restent à résoudre », je reprends de manière synthétique, un certain nombre de conclusions auxquelles je suis parvenu dans « Le prix ». Voici la première.
Quand un vendeur ou un acheteur se retrouve seul sur un marché, il a la capacité de fixer le prix d’un bien, marchandise ou service, au niveau qui lui est le plus favorable. Le choix s’offre même, s’il le voulait, d’éliminer la partie adverse par le prix qu’il exige et d’interdire du même coup l’existence future du marché. On parle alors de situation de « monopole ». Pour que les vendeurs ne soient pas exterminés, il faut que le prix de marché, le « prix marchand », ne descende pas au-dessous du prix de revient du bien, de son coût de production : le prix peut occasionnellement tomber en-dessous de ce niveau mais il ne peut pas tomber loin en-dessous ou, s’il le fait, il ne pourra en tout cas pas le faire très longtemps. Le coût de production constitue une borne inférieure pour le prix d’un bien, si l’on veut bien entendu que le marché continue d’exister. Inversement, pour qu’il y ait des acheteurs, il faut que le prix n’excède pas les moyens dont ceux-ci disposent : il faut que, s’ils achètent ce bien, son prix n’entame pas leur capacité à assurer leur subsistance. L’institution du crédit à la consommation permet éventuellement de repousser la question du coût excessif dans l’avenir mais comme le déclenchement de la crise dans le secteur des subprimes américains l’a très bien rappelé, il existe des limites à une telle manière d’hypothéquer l’avenir. La subsistance de l’acheteur détermine une borne supérieure au prix du bien, de la même manière que le prix de revient définit lui une borne inférieure. Pour autant, comme je l’ai dit, qu’on se soucie du fait que le marché survive.
Quand il n’existe qu’un seul acheteur, la tentation existe pour lui de forcer le vendeur à lui vendre le bien à un prix à peine supérieur à la borne inférieure que constitue le prix de revient assimilé au coût de production, réduisant son profit à peu de choses. Symétriquement, quand il n’existe qu’un seul vendeur, la tentation est grande pour lui de situer le prix à peine en-dessous de sa borne supérieure, qui mettrait en danger elle la subsistance de l’acheteur.
Lorsqu’il existe un certain nombre d’acheteurs d’une part et de vendeurs de l’autre, le prix du bien ira se situer quelque part entre ses deux bornes possibles : la borne inférieure que constitue le coût du vendeur, et la borne supérieure imposée par la subsistance de l’acheteur, et c’est dans ce cas-là seulement que le volume de l’offre et le volume de la demande joueront un rôle dans la détermination du prix.
Si l’offre du bien, marchandise ou service, est supérieure à la demande, il y a nécessairement d’une certaine manière abondance, alors que si c’est la demande qui dépasse l’offre, il y a alors automatiquement rareté. Mais de même qu’il n’y a pas nécessairement abondance sur les marchés, il n’y a pas non plus rareté de manière générale – et ceci, contrairement à ce qu’affirment les économistes ayant pignon sur rue depuis la fin du XIXe siècle.
Si l’offre est supérieure à la demande, s’il y a abondance, la concurrence entre vendeurs déséquilibre le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs en faveur des acheteurs : tous les vendeurs n’auront peut-être pas l’occasion de vendre et une concurrence existera entre eux. Pour pouvoir vendre, ils baisseront le prix plus ou moins significativement par rapport à sa borne supérieure. Inversement, si la demande est supérieure à l’offre, s’il y a rareté, alors la concurrence entre acheteurs déséquilibre le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs en faveur des vendeurs : tous les acheteurs n’auront peut-être pas l’occasion d’acheter et il existera entre eux une concurrence qui fera décoller le prix de sa borne inférieure.
Comme on l’aura noté : il n’existe pas en permanence de concurrence généralisée entre tous les vendeurs d’un côté, et tous les acheteurs de l’autre : c’est seulement la différence entre le volume de l’offre et celui de la demande qui détermine dans lequel des deux camps la concurrence s’exercera. Si la différence est positive : si l’offre est supérieure à la demande, c’est la concurrence entre vendeurs qui est activée, si la différence est au contraire négative : si la demande est supérieure à l’offre, c’est au contraire la concurrence entre acheteurs qui est activée.
Pour empêcher les situations de « monopole », qui sont injustes, soit vis-à-vis de l’acheteur, soit du vendeur, parce qu’elles donnent tout pouvoir à l’autre partie de fixer le prix, et dangereuses, puisque le risque de tuer le marché lui-même existe alors, il faut qu’un cadre juridique interdise les situations de monopole. C’est là l’une des principales raisons (avec la protection de la propriété privée) pour laquelle les farouches ennemis de l’État que sont les libertariens souhaitent quand même son existence.
* * *
Cette description de la formation du prix apparaîtra certainement curieuse à beaucoup, et en particulier aux économistes, qui n’ont pas l’habitude de formuler la question de cette manière. Mon point de départ, c’est la façon dont Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo ensuite (1772-1823) se représentaient la formation du prix : son point focal étant pour eux ce que j’ai appelé plus haut la « borne inférieure » du prix, à savoir celle qui est déterminée par le niveau de subsistance du vendeur, la rencontre de l’offre et de la demande n’ayant selon eux la capacité de faire s’écarter le prix de cette borne inférieure que dans une faible mesure et seulement à titre provisoire. À cela je combine ma réflexion personnelle quant au prix comme résultante d’un rapport de force, qui s’est constituée au fil des ans sur les marchés des produits de la mer en Bretagne et en Afrique de l’Ouest, ainsi que, par la suite, sur les marchés financiers européens et américains.
117 réponses à “LE PRIX : QUELQUES VÉRITÉS DE BASE”
J’aimerais savoir selon votre explication. Pourquoi les états, quand ils sont acheteurs uniques pour certains biens, autoroutes, avions de combat, etc… payent des prix prohibitifs, bien au délà du prix de revient ? Ils devraient les obtenir au prix de revient plus un chouilla pour ne pas tuer le fournisseur. Ou bien peut être sommes nous en présence de formes de subventions cachées pour le privé ?
peut être même que ceux qui prennent le pouvoir au sein des états, y arrivent grâce au même secteur privé !?!
Salut Carlos,
« Ou bien peut être sommes nous en présence de formes de subventions cachées pour le privé ? »
Ou encore en présence de :
http://www.youtube.com/watch?v=WUCu_D5dLiU
Merci pour cette lumineuse explication. Néanmoins, il faudrait peut être préciser quelque chose. Car on comprend bien ce qui motive le vendeur à savoir en récolter un certain prix, mais à mon avis le mobile des acheteurs stimule la concurrence entre les acheteurs et intervient dans la rareté de l’offre. Comment devient-on acheteur ? Soit par besoin, soit par envie, ou par un subtile mélange des 2, mais il existe toujours les 2 composantes besoin et envie. Si le produit n’intéresse personne, même si c’est un exemplaire unique au monde, l’offre est rare mais la demande est quasiment nulle. Si par contre, il existe un exemplaire unique mais qui fait envie ou qui répond à un besoin, alors l’offre et la demande joue et la concurrence entre acheteurs est vive. Ce que je voulais dire par là, est que le psychisme humain donne son sens à la loi de l’offre et la demande qui sinon, à mon avis, resterait fort abstraite.
@ alfee
Ben, non. Dans ce cas là, la demande est nulle et l’offre aussi. Il n’y a donc ni marché, ni raison d’en causer.
ne sont pour moi que rationalisation.
Je vous propose la définition suivante :
« Les humains (Pan mercator) se distinguent, parmi les grands singes, en ce qu’ils ont comme principal mode de règlement des tensions sociales à l’intérieur du groupe et de positionnement dans sa hiérarchie, la possession, l’échange (plus ou moins consenti) et l’élaboration d’objets (artefacts). Ce mode est appelé économie. »
@Renard
« Ben, non. Dans ce cas là, la demande est nulle et l’offre aussi. Il n’y a donc ni marché, ni raison d’en causer. »
Souvent, mon cher Renard, les conditions aux limites défient la pensée intuitive.
Par ailleurs,
Comme je ne suis pas un singe, je ne suis pas qualifié pour en parler.
Entre passer prendre un pain chez le boulanger, l’homme d’affaires qui prétend pouvoir payer 40 millions de dollars les tournesols de van Gogh (si je me souviens bien c’était déjà trop tard, la faillite l’avait déjà atteint), et l’achat de la Louisiane à Napoléon par Washington (grâce à Barings, une banque de la City) il y a quand même beaucoup de différence. Englober toutes ces transactions dans la même description et les mêmes explications risque de ne pas être pertinent.
A propos d’aller chercher le pain chez le boulanger, j’ai entrevu (seulement entrevu) comment les choses se passaient avant 1950 dans un petit village dépeuplé par l’exode rural mais où il y avait encore un boulanger: la subsistance de certains acheteurs y relevait de la solidarité, celle qui avait permis aux villageois de survivre au cours des siècles, si bien que les clients normaux payaient plus ou moins consciemment pour ceux qui « payeraient plus tard ».
Dans une petite communauté où, même si les oppositions entre personnes pouvaient être extrêmement intenses (concurrence pour le terrain cultivable, querelles liées à l’arrosage, vols supposés mais non prouvés voire héritages du passé impossibles à expliquer) la survie commune des générations précédentes avait nécessité des formes d’entraide multiples. Isoler les échanges de type commercial des dons, trocs et des autres formes d’entraide en se limitant à la seule notion de prix ne me semble pas valable. N’y a-t’il pas eu une époque où la monnaie servait surtout à payer l’impôt?
@Renard
Que la même monnaie serve aux échanges permettant la subsistance des individus (prix du pain), à les distraire (aller au cinéma), à louer sa force de travail (salaire), à acquérir des moyens de productions (terre agricoles), au règlement des tensions sociales (amandes, impôts, dommages de guerre, sentences de la justice), à acheter des Kalashnikov et à établir leur positionnement dans la hiérarchie (he’s worth ten milions dollars) n’est pas sans poser quelques problèmes quand on cherche à comprendre les prix!
Se limiter aux échanges marchands quand beaucoup d’autres domaines sont concernés par l’efficacité d’une somme d’argent empêche de comprendre pas mal de choses (les millions de dollars ne servent que rarement à se goinfrer de nourriture ou à avoir autant de Ferrari dans son garage que madame a de paires de chaussures dans son placard.)
Staline a oublié de poser une question: Le Pape, combien sur son compte en banque?
@ G L
Je n’ai pas parlé de monnaie.
J’ai défini l’économie comme une spécificité humaine de circulation des objets à l’intérieur d’un groupe donné. La monnaie (métal, papier, immatérielle) telle que nous la connaissons n’est qu’une contrepartie utile à la circulation de ces objets dès que le groupe atteint une certaine taille ou étendue.
Que la finance soit arrivée à considérer que le prix/monnaie était à la base de l’économie (et à nous le faire croire) est à la base de son développement actuel qui consiste à traiter le prix lui-même comme un objet.
P.S. : Quand je parlais de régulation des tensions sociales, je ne pensais pas particulièrement aux impôts ou amendes, mais, par exemple, aux bonobos qui utilisent un autre mode de régulation dominant.
C’est marrant, je remplace » bien, marchandise ou service » par « Rafale » dans votre énoncé des vérités de base, et je ma rend compte que ces avions « privés » ont un prix « publique » qui peine à séduire, malgré tous les efforts financiers et de représentation de nos VRP étatiques …..
Pouvez vous m’expliquer comment se forme le prix d’une arme de haute technologie ?
Ou le prix d’une centrale nucléaire alors qu’on vient de nous annoncer qu’il faudra en fait au bas mots un siècle pour démanteler celle qui sert à s’essayer au « savoir faire Français » !?
Ou le prix de la Joconde ou d’un élu du peuple ?….
Décidément la théorie n’est pas pratique quand les factures sont élastiques et les rétro-commissions d’usage.
On sait ‘y quand on sait pas ? Un zéro de plus, un zéro de moins ?
C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses.
Ici on s’intéresse à la laine et aux gigots. On ne se préoccupe pas des moutons.
très bonne question pour le rafale, les contrats prévoient d’autres achats si l’avion ne se vend pas !!
page wiki 🙂
Là tu vends un truc super rare (donc cher), dont personne ne veut. Et tu obliges l’acheteur à le rendre moins rare en garantissant la production ce qui peut faire baisser les prix.
Sans complicité au sein de l’état ça marche pas, on peut dire que le patron qui agirait ainsi serait un SUPER-RSAiste, un gros assisté quoi le père dassault
Une commande de Rafale c’est en gros l’équivalent d’un traité d’assistance militaire (avec pièces détachée, munitions, formation des pilotes et assurance que l’avion ne restera bloqué au sol par l’émission d’un code sur la fréquence appropriée.)
L’argent versé à Dassaut sert aussi à mettre au point le prochain modèle, à éviter qu’il se délocalise et ne soit plus sous contrôle en cas de conflit : pas grand chose à voir avec la Joconde.
😉 What if concurrence libre et non faussée sur le marché des armes nucléaires?
à ma connaissance, dassault ne prend pas en charge la R&D
L’ultra libéralisme au pouvoir nous a montré qu’il n’appliquait même pas les règles élémentaires de la guerre.
Pourquoi en serait-il différemment pour la guerre économique ?
Finie la maternelle , maintenant c’est la coure des grands !
Pour répondre à Pierre
Voici le point de vue du comptable concernant le prix de la Joconde.
Cette peinture fut payée (en or) 48 000 livres par François Ier.
Une livre a été remplacée depuis par un franc (Napoléon).
Le franc a été remplacé par le nouveau franc (valant 100 fois plus).
L’euro a remplacé le (nouveau) franc, valant 6.56957 francs.
Donc la Joconde valant 48 000 livres (or) valait environ 48 000 francs, donc 480 nouveaux francs, donc elle vaut environ 75 euros.
Qu’en pensez-vous ? Personnellement, j’achèterais volontiers à ce prix.
Mais d’autres affirment qu’elle est unique, donc est sans prix ; alors, elle a un prix nul ?
En revanche, un acheteur (éventuel) en donnerait un bon nombre de millions, si elle était à vendre.
On peut étendre ce raisonnement avec le point de vue des assureurs.
Pour eux, un bâtiment se déprécie de 5 % par an ; donc un bâtiment de plusieurs siècles a un prix (attention 🙂 négatif !
Je vous laisse réfléchir…
Je suis près à vous échanger 100 € contre 48.000 livres en or du temps de François Ier. Vous y gagnez 25 € d’après vos calculs. Une affaire à ne pas laisser passer : une affaire en or.
Pour Paul Jorion
J’apprécie le côté plaisant de votre réponse.
Malheureusement, je ne puis remonter dans le temps et je ne suis qu’un Français sur 66 millions (l’État, c’est nous), alors mon intérêt personnel serait vraiment trop minime.
Ceci mis à part, je voulais simplement dénoncer la vanité de calculs comptables sur une période de plusieurs siècles. De même pour les calculs d’assureurs.
PSD’ailleurs, l’or ne se mange pas, ne produit pas d’intérêt et pose des problèmes de sécurité si des tiers savent que vous en possédez chez vous.
@ Gérard
Un objet n’a de valeur d’échange (de prix lorsque cette valeur est exprimée en monnaie) qu’au moment même de la conclusion de la transaction.
Avant cet instant (que l’on peut illustrer par le bruit des mains tapant l’une sur l’autre du « Tope là ! »), l’objet n’a pas de valeur d’échange.
Après il n’en a plus et n’en retrouvera que lors d’un éventuel échange ultérieur.
@Renard, le 20 novembre 2011 à 10 h 43
« Un objet n’a de valeur d’échange (de prix lorsque cette valeur est exprimée en monnaie) qu’au moment même de la conclusion de la transaction.
Avant cet instant (que l’on peut illustrer par le bruit des mains tapant l’une sur l’autre du « Tope là ! »), l’objet n’a pas de valeur d’échange. »
Vous avez bien raison en parlant de l’instant… aber, cette valeur d’échange finalise la production de l’objet, en amont dans son processus de production comme en aval dans la durée et les modalités de sa consommation finale. C’est ainsi que « La valeur d’échange n’a pu se former qu’en tant qu’agent de la valeur d’usage, mais sa victoire par ses propres armes a créé les conditions de sa domination autonome. Mobilisant tout usage humain et saisissant le monopole de la satisfaction, elle a fini par diriger l’usage (…) » (thèse 46, La Société du spectacle).
En d’autre termes, ce moment de la valorisation effective que vous désignez, la transaction, n’est pas un instant qui peut être détaché des autres moments du mode de production capitaliste, selon une durée faite de successions, parce que ce moment y joue le rôle de pôle d’attraction de presque tous les autres moments, y compris ceux de la vie quotidienne.
Je sais bien, à la lecture de vos contributions, que vous l’avez compris en général, mais puisque vous offrez l’occasion de préciser, je prends la liberté de le faire.
@ schizosophie
J’hésite toujours. Est-ce que je dois relire Debord, ou tenter de redécouvrir par moi-même ce qu’il avait exposé bien avant ?
En l’occurrence, je ne vois pas de contradiction entre ma proposition et la sienne. J’attirais l’attention sur un fait, il dénonçait son déni par le capitalisme, qui pour moi n’est qu’un cas particulier (et agonisant :-)) des échanges humains.
La victoire du capitalisme a été de nous faire croire à la permanence du prix d’un objet, la victoire, qui en découle, de la finance à été de nous faire considérer ce prix comme un objet lui-même susceptible d’être coté ou échangé.
Replacer l’objet en amont de sa marchandisation, dans ses valeurs d’usage et sociale, me semble être le préalable à toute réflexion pour une science économique humaine.
Une façon de sortir du cadre.
@Renard le 20 novembre 2011 à 15 h 16
Quand on hésite, il faut faire les deux, en l’occurrence c’est possible en se promenant. Ce n’est pas à un renard que je l’apprends.
Pour ma part, la notion de marché est obsolète.
Il n’y a ni offre , ni demande, puisque les rôles des uns et des autres sont interchangeables :
allez expliquer à quelqu’un le mécanisme des ventes à nue avec votre belle théorie.
En réalité, il n’y a que des richesses qui circulent sous formes de biens et de services pour étancher la soif de profit des uns et la soif de consommation des autres.
Tout le monde a des besoins à satisfaire, mais certains besoins sont essentiels et d’autres sont clairement superflus. Certains produits sont consommés immédiatement et d’autres ne s’usent que sur une longue période.
L’utilité retirée de la consommation d’un même produit varie d’un individu à un autre et c’est aussi vrai dans le temps, cela ne peut être à la base de la valeur.
Pas plus que le travail incorporé, tout cela n’est qu’une fiction.
De même que la monnaie est basée sur une convention, sur une confiance, le prix d’un bien ou d’une chose sont d’ordre conventionnelle, une sorte d’aboutissement d’une hiérarchisation sociale des désirs.
La richesse étant répartie inégalement au départ, le pouvoir d’achat des uns et des autres est différent.
Les productions des uns et des autres étant limités et leurs besoins a priori illimités, il y a compétition entre tous pour la propriété de ses biens et services.
La monnaie n’étant qu’un moyen de pacifier les échanges qui pourraient sans elle aboutir au massacre des uns contre les autres.
Les individus ont des capacités limités à s’autosubvenir dans l’ensemble de la couverture de leurs besoins.
Il y a donc spécialisation et division du travail, chacun cherchant à être le plus productif dans une tâche particulière, ce qui tend à accroître son pouvoir d’achat (son revenu).
Le désir de consommation et de possession, l’avarice, la cupidité a amené certain à s’octroyer des moyens de production et de diffusion qui décuplent leur pouvoir de négociation.
Echanger sa propre production contre d’autres biens pour satisfaire sa subsistance est un acte tout à fait louable.
Par contre, échanger des biens pour accumuler un revenu qui permet d’acheter encore plus de biens est une perversion du système économique, car celui qui est trop riche l’est au détriment des autres.
Bien sûr il y a confrontation entre des personnes qui désirent vendre des choses et d’autres qui désirent en acquérir, mais la structure de marché fonctionnant avec des prix libre de marché tels que la théorie libérale nous le décrit n’est absolument pas nécessaire à l’économie pour fonctionner.
Sans forcément parler des économies de troc, il existait jusqu’au moyen âge des économies où l’intérêt n’existait tout simplement pas. Les échanges étaient limités à la subsistance.
Puis vint l’invention du capital et de son corolaire, le crédit avec intérêt.
Avant il n’y avait qu’une sorte de capital, la terre cultivable car elle était vitale, il y avait donc 2 groupes sociaux a minima : les propriétaires et les cerfs.
Aujourd’hui, le besoin de posséder s’est étendu à une multitude de choses, le capital est multiforme, tantôt liquide, tantôt solide et va de la simple maison à la multinationale en passant par tous les titres de propriété imaginables et toutes les formes de marchandises.
Aussi l’emprise du capital est devenu démesurée, car nos richesses sont immenses et la pauvreté n’a jamais été aussi grande.
C’est parce que l’envers du marché, c’est un troc de titre de propriété : quand j’achète et quand je vend, je ne cesse de nouer des contrats d’échange de propriété.
La concurrence n’est donc que la concurrence entre divers propriétaires pour s’accaparer le plus possible de propriété jusqu’à ne plus savoir quoi en faire, car l’essentiel de nos valeurs et de nos hiérarchies sociales naissent de cette distinction entre les possédants et les non possédants…c’est une histoire vieille comme le monde.
@kezaco
« Le désir de consommation et de possession, l’avarice, la cupidité a amené certain à s’octroyer des moyens de production et de diffusion qui décuplent leur pouvoir de négociation. »
L’avare a peur de manquer, le vrai riche acquiert de la puissance.
« Puis vint l’invention du capital et de son corolaire, le crédit avec intérêt. Avant il n’y avait qu’une sorte de capital, la terre cultivable car elle était vitale, il y avait donc 2 groupes sociaux a minima : les propriétaires et les cerfs. »
Les impôts existaient du temps des romains et les soldats touchaient une solde (même s’ils s’octroyaient des butins et que des terres pouvaient leur être attribuées dans les pays conquis.) C’est leurs dettes de guerre qui ont perdus les rois de France.
« s’accaparer le plus possible de propriété jusqu’à ne plus savoir quoi en faire »
On peut acheter des hommes politiques ou des journaux, des armes ou des mercenaires, couler les concurrents en pratiquant le dumping ou acheter des porte-feuilles de brevets. Construire des musées et les garnir d’oeuvres d’art pour la gloire n’a rien à voir avec passer chez le boulanger acheter son pain.
Bon, sur le fond on dit la même chose, non?
@Merci kezaco, ajoutez à cela la liste des 7 péchés capitaux, et le menu est complet pour restaurez ce monde dépravé et décadent.
Bon appétit…Et Santé…Comme disait Jean-Luc hier.
Une solution : L’altruisme, pensez à son prochain dans chaque échange, avec un zeste d’amour et une pincée compassion.
Ce n’est pas si difficile au fond!
Bonjour à tous
Le désir – quel qu’il soit- est une des forces composantes du « rapport de force » entre vendeur et acheteurs.
Cette part devient de plus en plus « quantifiable » grâce aux sciences cognitives – sociologie et neurosciences.
Si l’on considère le rapport de force entre acheteur et vendeur simplement comme un mécanisme statique – (bras de levier simple) – on peut approcher la question du simple « besoin » élémentaire genre aliment /faim mais pas plus.
Par exemple, dans le cas d’une marque de produits high tech proposant aussi des » pommes »!, il devient évident que la « demande » – qui inclut le désir- devient largement prépondérante sur le besoin et que c’est la connaissance précise de cette demande, et même mieux sa fabrication, qui va permettre le renforcement formidable de la force du vendeur dans le rapport qui le lie à l’acheteur.
La différence entre des gens comme Adam Smith et nos contemporains dans leurs analyses c’est l’ajout des sciences humaines qui permet désormais de quantifier la composante immatérielle du rapport de force.
La connaissance du fonctionnement du cerveau est désormais une des composantes fondamentales du mécanisme de la formation du prix dans une société de production et de consommation de masse.
Quelle ironie que le neveu de Freud – Bernays- aie utilisé la science de la » parole » et les découvertes de son oncle Sig(is)mund , destinées à libérer , pour contribuer à asservir l’homme!
Etre vigilant face au vendeur est très insuffisant! Il faut aussi très bien se connaître !
Comment réagissez vous au mot: propagande? et au mot public relation?
Public relation est justement une invention de Bernays pour remplacer « propagande » qui a été assez torpillé par Goebbels; mais cela désigne bel et bien le même outil!
Bonjour chez vous, habitants du village!
Cordialement
Désir et envie.
Désir est plus noble que envie (on désire une vie meilleure ou la femme qu’on aime, et on a envie d’uriner).
Ce qui mène les individus dans le monde marchand n’est pas le désir mais l’envie (un des sept péchès capitaux pour les catholiques !), mais dans le monde marchand l’insatisfaction règne en maître et l’envie n’est jamais satisfaite.
@ Bernard James
Le désir est un camouflage socialement utile de l’envie. Camouflage à ce point efficace que nous en sommes nous-mêmes dupes.
Pour étudier DESIR et ENVIE , le mieux est encore de regarder le comportement des especes sociales non dé-naturée , ou non civilisées (au sens structuration centralisée /empire -pays) .
Le constat est simple :
-leur structure distributive est morcelée et les groupes restreint du fait de l’affect (sauf certaines espèces comme les rats ou l’ odeur remplace l’affect ) …
-la gestion hierarchique limite les conflits entre individus proches hiérarchiquement et le désir agressif se cantonne a ce niveau .
– le désir physiologique est satisfait par le comblement d’un manque (fonctionne en négatif)
-Le seul désir culturel de l’individu est la re- connaissance de sa valeur . La valorisation de sa « FACE » ou la confirmation de cette valeur. .
RIEN D’AUTRE ! Toute notre « économie » est basée sur le besoin de cette re-connaissance /valorisation …structurellement impossible a satisfaire . Toute notre économie est basée sur des ostentations de LEURRES qui promettent la satisfaction de ce besoin -DESIR …par l’achat -travail . Arnaque superbe puisque cette ostentation ne satisfera ni l’ emetteur ni les récepteurs (ostentation d’une « valeur » non démontrée)
C’est bien vue comme présentation, borne inférieur et borne supérieur. Mais le but du vendeur reste bien de vendre au plus prés de la borne supérieur est il n’y a pas de controle sur l’équation prix de production prix de reviens. Donc une paire de chaussette made in China a 1 centimes d’euro peut être revendu a 3 euros soit 300 fois plus avec une marge une marge de 29900%.
C’est peut être sur se point que la loi devrait exister, a savoir définir les bornes supérieur, sachant que le marché lui s’occupe des bornes inférieurs. Parce qu’as partir de 29900% de benéfices la concurence elle peut s’accrocher pour suivre. Car si le coup des matiéres premiére reste le même seul le cout de main d’oauvre fait la différence et avec une différence de 1/2, c’est dire un cout du travail double, la marge bénéficiaire passe de 29900% a 14950% soi deux fois moindre. Comment parler de concurrence avec de telle marge. Cela ne peut qu’entraine un monopole de production dans les pays a faible cout salarial.
Est la mondialisation c’est bien la destruction de la concurrence est la création de monopole. Pas de chance ont c’est fait baiser bien profond ……
Smith dit que des propriétaires ou des prolétaires, celui qui a le temps pour lui est le propriétaire, qui donc a un poids supplémentaire dans la négociation (qui vire alors un peu au chantage d’ailleurs).
Deux vérités de base sur le prix de l’électricité.
– http://energeia.voila.net/nucle/reacteurs_trop_chers.htm : le coût de construction et le coût de production de l’électricité des nouveaux réacteurs nucléaires, en construction, en projet ou abandonnés. L’EPR bat tous les records avec 81 euros le MWh (70 euros le MWh pour ceux cités par UBS).
– http://energeia.voila.net/solaire/prix_moyen.htm : le prix moyen de l’électricité photovoltaïque est descendu à 180 euros le MWh fin 2011, valeur que les représentants de l’UFE, « experts » et surtout encenseurs du nucléaire, annoncent pour 2030. Les prix extrêmes sont 406,3 à 113,8 euros le MWh selon la puissance.
Environ 70% de la puissance concerne des installations de 100 kW et plus, ce qui tire le prix moyen vers le bas.
Dans quinze à vingt ans, le solaire sera moins cher que le nucléaire ancien alors qu’une bonne partie de l’éolien l’est déjà : tarif à partir de 28 euros le MWh pour les mieux pourvues en vent.
Il existe en France les apporteurs de liquidités sur le marché des cotations de Euronext, N’importe quelle entreprise cotée en bourse peut passer un contrat avec un front office à hauteur de 10% de sa valorisation boursière pour « animer le marché » et fixer un prix de marché. La manipulation boursière du prix des actions est grosse comme la lune avec un animateur de marché et des brokers pour compte de tiers cote à cote dans une salle de marché de n’importe quel banque de la place parisienne. Parfois durant la journée l’apporteur de liquidité est le seul intervenant sur le marché ou parfois j’ai vu l’apporteur de liquidité intervenir (achat ou vente ) malgré que le marché était animé (trend clair à la hausse ou à la baisse). Pourquoi cela est-il encore possible et permis par l’AMF?? Euronext doit avoir des filtres pour voire et sanctionner les apporteurs de liquidités qui déforment le trend d’un actif, c’est un délis d’initié et pourtant on laisse faire.
Mr Jorion,
Votre texte est intéressant mais il y a un point que vous n’abordez pas et qui me semble pourtant important dans la fixation des prix car, bien que cette pratique soit interdite, il y a souvent sur un marché entente entre les vendeurs ou entre les acheteurs pour que le prix ne monte pas au-dessus d’un certain niveau ou ne descende pas au-dessous d’un certain niveau. Vous allez me rétorquer que s’il y a entente cela revient à une situation de monopole et j’en serai d’accord.
Je ne vous rétorquerai rien du tout : je vous signalerai que je consacre à cette question les pages 127 à 131 de mon livre Le prix (Le Croquant 2010) : La fixation du prix par l’ « entente ». Les exemples discutés sont Le Croisic (1920-1940) et Lorient (1950-1960).
[…] article intéressant tiré du blog de Paul Jorion sur la formation du prix. Le principe est parfaitement applicable au monde du flipper, où […]