LA RACAILLE

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Comment voulez-vous « démondialiser » quand la racaille se lève simultanément dans l’ensemble des pays ?

Si je parle de « racaille », à propos des « indignés » ou des « 99% », c’est qu’il y a quand même ici ou là quelqu’un que leur présence énerve, et en particulier M. Eric Cantor, président de la majorité républicaine au Congrès, l’homme qui a fait passer les vues du Tea Party dans les mesures prises au début du mois d’août pour permettre de renvoyer les décisions relatives au replafonnement de la dette américaine à fin novembre (mon Dieu, comme le temps passe : on y est pratiquement déjà !). Ceci dit, une partie significative de ses troupes présumées est dans la rue avec les autres. On serait du Tea Party, et on laisserait les autres scander « Nous sommes les 99% ! », « Occupons Wall Street ! » ? Non mais, quand même !

Parce que, vous avez vu : ils sont peu nombreux, très très peu nombreux à parler de « racaille », à propos des indignés, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, de M. Bernanke à la tête de la Fed, à M. Soros, grand spéculateur devant l’éternel, en passant par quelques personnalités européennes de premier plan : tout le monde se montre extrêmement compréhensif, si ce n’est même, sympathisant. C’est que ce chiffre de 99 % impressionne. On a beau vivre depuis pas mal de temps dans ce qu’on pourrait appeler – si l’on est aimable – une « démocratie censitaire » (où la puissance du bulletin de vote est à la mesure de l’épaisseur du portefeuille), avoir 99 % de la population contre soi, ça ne s’écarte quand même pas d’un simple revers de main.

On est moins ambitieux ici : vous ne m’avez jamais vu dire « 99% », j’affirme plus modestement depuis quelques années que les idées défendues sur le blog reflètent celles de 70% à 90% de la population. Et je le répète inlassablement aux commentateurs qui prétendent que s’ils ne peuvent parler de ce qui se passe en ce moment ni à leurs proches, ni à leurs voisins, ni à leurs collègues de bureau, c’est parce que leurs opinions personnelles sont « ultra-minoritaires ». Je le redis : leur expérience de ne pas pouvoir parler de ce qui se passe m’est étrangère, et ce n’est pas non plus ce que je lis dans les sondages. Ne m’objectez pas les intentions de vote selon les lignes de partage des partis : depuis 2008, ce n’est plus là que la politique se passe (Hollande ou Aubry ? le suspense est à son comble !) mais sur l’internet et sur les places publiques.

« Oui, mais les banquiers ? » Au pire, ils votent avec les autres « 1% » auquel ils appartiennent, et au mieux, ils sont comme ceux d’entre eux avec qui j’ai personnellement l’occasion de m’entretenir et qui me glissent alors au creux de l’oreille qu’ils ont rejoint le camp des indignés de M. Warren Buffett : celui des « indigné des privilèges qu’on m’accorde, sans que j’aie rien demandé ! ».

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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275 réponses à “LA RACAILLE

  1. Avatar de Enrique
    Enrique

    José Maria Aznar, du Parti populaire (droite) en Espagne, qualifie les indignés d’éléments « d’extrême-gauche radicale anti-système ». Ouf, on l’a échappé belle, il aurait pu dire « communistes » (mais ils ne font plus peur) ou « rouges » (vocable trop marqué comme franquiste), voire « anarchistes » (pour faire bien peur).

    1. Avatar de Julien Alexandre

      Les jeunes Espagnols de l’école européenne avec qui j’ai eu récemment un long débat sur le sujet ne disent rien d’autre. Il faut dire que Aznar et l’héritage idéologique que porte son courant sont encore en cour dans certains cercles sociaux.

      1. Avatar de Moi
        Moi

        « Il faut dire que Aznar et l’héritage idéologique que porte son courant sont encore en cour dans certains cercles sociaux. »

        Les fonctionnaires européens espagnols sont gangrenés par l’Opus Dei. Ce sont des réacs de chez réac. A côté de ceux-là, Le Pen est un dangereux gauchiste.

        Papottez avec l’un ou l’autre de ceux-là et on reparlera de la plausibilité de l’existence de complots.

  2. Avatar de Hououji Fuu

    Ne m’objectez pas les intentions de vote selon les lignes de partage des partis : depuis 2008, ce n’est plus là que la politique se passe (Hollande ou Aubry ? le suspense est à son comble !) mais sur l’internet et sur les places publiques.

    Impossible d’être d’accord avec ce paragraphe. Au contraire, les lignes de fracture au sein des partis politiques sont essentielles. Le système démocratique dans lequel nous vivons est celui de la démocratie représentative. Ceci suppose l’élection par chaque membre de la population de représentants. Ces représentants sont intégrés dans des partis. Ces partis ont des lignes directrices. Ces lignes bougent en fonction d’une subtile alchimie d’éléments, dont l’implication des citoyennes et citoyens dans ces même partis n’est pas le moindre. Ce n’est pas parce qu’il est de bon ton de cracher sur la politique – élément fondamental de la Chose Publique s’il en est – tout ça pour pouvoir aller écrire un article ou un commentaire sur un blog au mieux, ou pour mieux regarder Secret Story ou sortir en boîte ou autre, que c’est brutalement devenu faux.

    Les mouvements comme celui des indignés n’ont pas donné de réel résultat. On leur a apporté le morceau d’attention nécessaire et suffisant pour faire croire aux spectateurs que leurs protestations hétéroclites suscitaient l’intérêt – voire la « peur » – des puissants, et puis basta. Ce furent des feux de paille, dont certains ont duré longtemps, certes, mais au final, pour quoi ? Pour obtenir quoi ? Pour changer quoi ? Pour porter quel message clair ? Aucun, si ce n’est « marre de l’injustice », ou encore « tous les politiques sont des pourris ». Super. Mais à force de refuser d’être politisé, de s’impliquer politiquement – peut-être pour conserver une espèce de « virginité » absurde – tout ce qui arrive c’est qu’on ne s’organise, pas, on ne pèse pas sur l’un ou l’autre des partis, on n’en crée pas un soi-même. Bref, on garde le côté confortable de la contestation pure, sans viser le pouvoir, sans saisir la politique à bras le corps pour enfin confronter les partis aux gens. Pour qu’enfin ceux qui seront élus soient forcés de changer de ligne.

    Ce n’est pas en se réunissant à quelques centaines avec une étiquette « je conteste tout, et tous les politiques sont des pourris » le samedi après-midi que l’on va infléchir la politique que mènera le prochain président de la république française, par exemple. Par contre, avec la primaire socialiste, les français avaient l’occasion unique d’infléchir et de redessiner la ligne d’un parti qui pourrait bien porter le futur président de cette même république. Selon mon opinion politique, ils ne l’ont pas fait, mais c’est ainsi. Même si le candidat n’est pas du tout celui que je voulais, je récuse l’idée selon laquelle cette primaire aurait été « sans intérêt » comme semble le dire ce paragraphe. Je trouve ce jugement injuste, et en plus faux par rapport à la réalité dans laquelle nous vivons tous.

    Je l’ai déjà dit plusieurs fois ici, et je le répète, quitte à m’attirer des volées de bois vert, j’en ai vu d’autres : les blogs, c’est bien, le net, c’est super, on y débat, on s’y informe, on y apprend énormément – pour autant que l’on ait un solide esprit critique et que l’on sache débusquer les faussaires et les arnaqueurs d’opinion. Mais la réalité de notre monde occidental démocratique – même si l’on aime dire, moi aussi, que c’est devenu un vernis et plus le coeur des choses, il n’en demeure pas moins que nous votons et nous pouvons donc faire basculer les choses – c’est que ceux qui font les politiques économiques, sociales, culturelles, y compris quand ils choisissent de renoncer à ce pouvoir en le donnant volontairement à des établissements privés ou éloignés du contrôle des élections comme la BCE, le FMI, la Commission Européenne, les agences de notation, les bourses, les banques, etc., ce sont les gouvernements que nous élisons. Tant que nous jouerons à faire semblant que c’est faux, à refuser de nous en mêler parce qu’ils sont tous des méchants pourris, et que de toute façon on fait tellement plus sur les blogs et sur le net, hé bien on jouera le jeu de ceux à qui ce système profite. On sera des complices tacites de ce qui se fait en notre nom.

    Jouer le jeu de « bah, de toute façon les lignes des partis c’est sans intérêt, la vraie réalité elle est sur le net et dans les manifestations des indignés », c’est renoncer à reprendre le pouvoir qui nous appartient, et que personne ne nous a pris si ce n’est nous-même : le pouvoir de s’impliquer, de changer, d’intervenir, de voter. C’est là qu’il faut jouer, c’est là qu’est l’enjeu. Aujourd’hui en France, qu’est-ce qui justifie qu’une majeure partie de la population vote à droite, si l’on regarde le contenu des programmes ? Rien. Les gens votent contre leurs intérêts. Pourquoi ? C’est cela la question. C’est ce problème qu’il faut résoudre. Le net, avec des blogs comme celui-ci, aide à expliquer, à convaincre, à ouvrir les yeux. Ce n’est qu’un des éléments dans l’alchimie d’un changement. C’est dans les élections, dans les choix des gens à ces moments précis, que le changement se joue. C’est là que, l’on peut tenter de changer de cap avant de tomber dans le précipice.

    Les places publiques, c’est pour le jour où de vraies révolutions auront lieu, parce que une grande majorité de gens seront si mal qu’ils n’auront plus rien à perdre, parce que le système leur aura explosé en pleine figure et que cela aura anéanti concrètement leur quotidien. Mais attention, ce que ça donne n’est jamais sous contrôle, les extrêmes sont là, liberticides, destructeurs, et surtout patients.

    1. Avatar de Clown Vert
      Clown Vert

      Les places publiques, c’est pour le jour où les véritables révolutions auront lieu.

      Est ce à dire que vous ne comprenez absolument pas ce qui se passe? Que vous n’entendez pas la mer monter, le vent se lever?

      La politique ne s’élabore pas dans les partis (si vous les connaissez vous savez très bien que rien de ce qui est essentiel n’est réellement décidé au sein du parti). Le pouvoir a depuis longtemps fui les Palis de la République. Elle se fait encore moins chez soi dans son canapé devant le Spectacle des primaires socialistes. Ou dans le secret de l’isoloir. Elle se fait dans les think tank et à la corbeille (plus quelques bêtes arrangements entre amis/membres respectables de la même famille). De nouveau elle tend à se faire dans la rue, et sur le net. Elle n’aurait JAMAIS du sortir des places publiques, de l’Agora.
      Vous parlez de « gouvernement représentatif », mais le geste génial de Rousseau, c’est justement d’avoir osé la formule de la « révolution permanente », et pas une fois tous les x années, à l’occasion d’un pseudo vote de confiance.

      L’absence d’organisation et de revendications claires est justement ce qui fait la puissance de cette lame, le fait qu’elle aggrège de plus en plus d’individus vens d’horizons différents, le fait qu’elle ne soit pas controlable/récupérable, que l’on ne puisse même pas la satisfaire par des « compromis » ou des « concessions ». Sa relative inertie est sa force.
      C’est clair qu’on est loin du jardin à la française, avec ses priorités nettement hiérarchisées et ses troupes de syndicalistes/partisans bien rangées en ordre de bataille, l’agenda médiatique dans la poche. Ceux là, syndicats et partisans (et à moindre mesure leurs cousins les ONGSs, très/trop organisées et malheureusement corrompues pour la plupart), appartiennent au système, c’est à dire à l’ordre des rapports sociaux qui les justifie et qui les fait vivre, et c’est cet ordre qui est rejeté (confusément encore, car tous ne savent pas quel lièvre ils viennent de lever en s’attaquant au système financier).

      Quant à votre chapitre larmoyant sur le gouvernement représentatif, les élections, et les partis politiques(ceci devrait vous déciller un peu:
      http://www.dedefensa.org/article atlantic_bridge_ou_la_perfection_de_la_corruption_postmoderniste_17_10_2011.html , Je vous conseille également de regarder de près la carte conceptuelle de Lipset sur la naissance et l’histoire des partis politiques en Europe. Peut-être la vue panoramique vous inspirera quelques idées neuves sur OWS, Tea Party et autres… vous assistez à la naissance d’une nouvelle polarité, de nouveaux camps, qui ne s’inscriront pas à terme dans la structure politique déjà existante, et qui s’imposeront à la place des partis traditionnels. Ceux-ci ne sauraient en aucun cas accueillir ces idées neuves, parce-qu’en tant qu’institutions ils sont les héritiers d’une certaine histoire, d’une tradition et de réflexes de pensée qui leur sont propres, et ils ne peuvent donc pas accueillir, telle une coquille vide, tout et n’importe quoi, et certainement pas un mouvement de contestation de cette ampleur.

      1. Avatar de Tigue
        Tigue

        Internet ou pas,
        Ce sont des foules.
        Elles sont donc manipulables selon des lois bien établies de socio psychologie.
        Peut etre même plus encore qu’ avant l internet.

      2. Avatar de Wilmotte Karim
        Wilmotte Karim

        Clair, le TeaParty se contente de se réunir sur des places! Celle du pouvoir alors?

      3. Avatar de Clown Vert
        Clown Vert

        Il n’y a pas de « lois » de la socio-psychologie. C’est du « sociologisme ». Il y a certes des prédispositions comportementales, mais les gens sont créatifs, innovent et apprennent de leur expérience, modifiant le schème de leur comportements.
        Conduisez une expérience de psychologie sociale sur un groupe (même si la psycho sociale en labo NE VAUT STRICTEMENT rien), expliquez ensuite aux sujets les tenants et les aboutissants de l’expérience, ainsi que les résultats obtenus. Refaites la même expérience, avec les mêmes sujets ou avec des sujets ayant assisté à l’explication. Vous n’obtiendrez plus du tout les mêmes résultats.

        Ce ne sont justement pas des « foules ». Pour une typologie plus précise des groupes humains, je vous renvoie à Canetti et à son « Masse et Puissance ». Ce genre de mouvement, dans sa conformation actuelle, reste incontrolable par les pouvoirs publics.
        D’autant plus que les élections approchant, le parti au pouvoir ne prendra pas de mesures inconsidérées s’il souhaite être réélu, alors qu’aucun débordement n’est réellement observé/politiquement ou médiatiquement exploitable. Alors pendant ce temps, la mer continue de monter, sans que les services, paniqués d’ailleurs (trop de variables, trop de paramètres imprévisibles à gérer), ne puissent rien y faire. Leur seule option: faire le silence pour éviter que le machin atteigne une certaine masse critique, et parier sur l’échéance prochaine des présidentielles en espérant qu’elles canalyseront/supplanteront ou casseront cette mobilisation. En gros: croiser les doigts.

        Pour ce qui est du Tea Party, Karim a raison. Ils sont responsables d’un début de reconfiguration du paysage politique US et d’une crise institutionnelle majeure qui a contribuée à accélérer la crise. Leur influence se fera de nouveau sentir lors des prochaines échéances pour le financement de la dette publique US. Obama sera une nouvelle fois coincé, à moins qu’il ne puise opportunément capitaliser sur OWS. Comme vous le voyez, les partis traditionnels finissent par être contraint de se situer par rapport à ces mouvements, ce qui leur donne plus de force institutionnelle, ce qui contraint encore pls ces partis à se situer, introduisant de nouveaux clivages, etc etc Finalement, ils finissent par avoir la main, indirectement, sur des décisions fondamentales (le régime représentatif n’est qu’uninstrument, un process, et non pas l’ultima ratio de la décision politique).

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Les peuples s’indignent de plus en plus contre le système,
      et donc bien sûr son soutien le plus fidèle quand le capitalisme est mis en cause:
      les partis de l’Internationale Socialiste qui rassemble
      plus de dictateurs et de pourris qu’aucune autre organisation au monde!

      Tous ces mitterrandiens, de Mélenchon à Vals, après nous avoir trahi
      avec la gauche caviar, préparent la gauche fromage (Oh l’andouille…).

      Les peuple eux s’indignent et préparent les révoltes contre les banquiers
      et les politiciens à leur botte:
      Le 15 octobre à Bruxelles : Les peuples refusent de payer la crise !
      par Émilie Paumard, Christine Vanden Daelen, Pauline Imbach, Melody Imbach
      http://www.cadtm.org/Le-15-octobre-a-Bruxelles-Les

      Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis. (André Gide)

      1. Avatar de lou
        lou

        J’ajoute: par des pessimistes. C’est scientifique! L’optimisme peut amener le cerveau à minimiser les risques.

    3. Avatar de taratata
      taratata

      @ Hououji Fuu
      Tu officies à quel niveau dans la hiérarchie du PS ?
      Chaque vote reste l’abdication politique majeure dans la contemplation d’un simulacre de démocratie. On en est là .

  3. Avatar de Marcel
    Marcel

    1°) Quelques allusions très pessimistes à François Hollande dans tous ces commentaires.

    La comparaison avec Obama (dans des commentaires, supra) me semble peu pertinente. Des millions de naïfs ont accueilli Obama en pleurant de joie et d’espoir parce qu’il était noir et qu’il chantait « yes we can ». On connait la suite (on l’a connue dès la formation de son équipe : Wall Street au pouvoir). Il me semble tout aussi superficiel aujourd’hui de juger François Hollande sur son physique, sa manière d’être et sur son parcours d’homme de parti ou de futur candidat appelé à rassurer au centre s’il veut gagner. S’il avait été un Montebourg ou un Mélenchon, il ne serait pas en position d’être élu, c’est aussi simple que ça.

    Quand je vois Hollande, je vois l’exact contraire d’Obama. Pas de charisme et de gestuelle d’orateur, pas de slogans creux et de promesses délirantes. Visage peu expressif et grosses lunettes derrière lesquelles des pensées s’agitent, qui ne sont pas toutes dites. Je ne suis pas enthousiasmé, non, et Mélenchon m’est bien plus sympathique. Mais je ne serai pas surpris d’être surpris par Hollande, alors que j’ai spontanément pensé le contraire d’Obama, qui puait l’arnaque à plein nez.

    2°) En ce qui concerne la supposée démocratie censitaire et l’indignation des 99% (la racaille), je ne suis pas d’accord. Rien n’empêche les gens de voter pour des partis très à gauche qui réformeraient en profondeur ou balayeraient le système. Ils ne le font pas. Tous s’indignent (mais pas pour les mêmes raisons, ni contre les mêmes catégories de personnes), mais la plupart préfère s’accrocher à ce qui existe, ou rêver d’un retour à ce qui existait. Il n’y a pas encore suffisamment de victimes, et comme ce sont souvent les moins éduqués qui trinquent le plus (c’est la force du système compétitif, même s’il commence à exclure trop de gens depuis quelques années, ce qui annonce un éventuel renversement progressif de tendance), ils votent trop souvent à l’extrême-droite.

    Bref, je n’ai aucun culte d’un « Peuple » idéalisé et qui serait victime d’élites enragées. Tant qu’il y a du sport et des séries à la télé, la majorité des citoyens des pays riches ne souhaitent aucune aventure politique et rêvent surtout d’être à la place des plus riches (http://krugman.blogs.nytimes.com/2011/01/12/why-does-inequality-make-the-rich-feel-poorer/). Beaucoup sont très contents qu’on s’en prennent aux chômeurs comme à des criminels, il suffit d’être chômeur pour le constater tous les jours.

    Et c’est bien pour ça qu’un Hollande peut se faire élire et pas un Mélenchon. Or, la situation est trop grave pour qu’on affronte les futures crises dans la crise avec une droite décomplexée qui nous mènerait au bord de la guerre civile. Pour le reste, c’est la crise qui mène les politiques par le bout du nez, et il est clair qu’il est peu probable qu’on réforme le système avant son effondrement. Avec davantage de « François Hollande » que de « Sarkomerkel », cette probabilité est « un peu » moins faible ; c’est peu enthousiasmant, mais il vaut mieux avoir une chance que pas du tout.

    Une fois un Hollande élu, il sera toujours temps d’obliger le PS à composer avec un Parti de Gauche puissant au parlement. Il y a encore des élections législatives, dans ce pays. Mais rêver d’un président Mélenchon, c’est tout perdre en voulant trop.

    1. Avatar de RV
      RV

      Évidement ce n’est pas en votant Hollande qu’on va réformer le système avant son effondrement.
      Alors pourquoi voter Hollande ? Pour retarder avant de mieux sauter ? Très enthousiasmant comme perspective !
      Quand a obliger le PS à composer avec le Parti de Gauche, il suffit d’observer les alliances du PS avec les Verts dans les dernières élections pour se rendre compte que le PS est en guerre contre le Parti de Gauche.

      1. Avatar de Alain Loréal

        J’ai voté Montebourg, je l’ai supporté pendant toute la campagne, j’étais membre de son équipe « d’experts » et j’ai espéré comme tous ceux qui se sont mobilisés pour lui qu’il serait en finale pour défendre une autre vision du socialisme. Il n’a fait que 17% ce qui signifie que « le peuple de gauche », les 83% restants, ont votés pour une approche plus socdem…
        Alors Hollande (pirouette cacahouète) ou Aubry (Tartine Chocolat) quelle importance ?

        Maintenant il faut qu’il emporte la Présidentielle pour qu’aux législatives ce soit la gauche qui désigne un gouvernement franchement décidé (de grès ou de force) à s’attaquer aux fondamentaux. Le FdG aura un role majeur à jouer et Hollande ne l’ignore pas. Il sera contraint aux concessions sauf à risquer l’échec au premier tour de Mai 2012.

      2. Avatar de Marcel
        Marcel

        Non, pas « évidemment ». Avec davantage de sociaux-démocrates au pouvoir en Europe, et dans des pays clefs (France, Allemagne), il serait possible de réformer le système avant l’effondrement. J’ai juste écrit : possible, hein, pas plus. Avec les droites au pouvoir, c’est la certitude de l’effondrement. Et les gauches de la gauche n’arriveront pas au pouvoir.

        Nous ne sommes plus dans les années 1990 et 2000. Il y a dix ans, l’écrasante majorité des socialistes n’y croyaient visiblement plus eux-mêmes, et ça nous a donné des DSK et des Lamy au FMI et à l’OMC, histoire d’organiser la mondialisation libérale, situation étonnante qui amusera les futurs historiens. On expliquait que Blair était la voie à suivre, après Clinton, etc…

        La séquence a changé. L’échec de ce que l’on croyait triomphant est sous nos yeux tous les jours, et c’est à droite que de plus en plus de gens se rendent comptent que le roi est nu et font de moins en moins bien semblant d’y croire (y compris chez les banquiers que rencontrent Paul Jorion, apparemment). Que les Soros et les Trichet « comprennent » les indignés est significatif. Ils se moquaient des altermondialistes d’il y a douze ans comme de pauvres idiots. Dans douze ans, tout le monde se moquera de Trichet si on a encore le coeur à rire.

        À moyen terme, il y a donc de nouveau de l’espoir, celui d’un infléchissement de politique dans la bonne direction : vers la gauche. Pas de grand coup de barre révolutionnaire, mais la bonne direction. C’est mieux que rien. Que ce soit avec un Hollande ou une Aubry comme pilote, certes, on s’en fiche.

        Le problème reste que le très court terme serait fortement conseillé pour cet infléchissement, certes… Mais perdre cinq ans en perdant l’imperdable, ça n’aidera pas.

      3. Avatar de lou
        lou

        A Alain Loréal
        Vous qui êtes de « l’interieur », pensez vous que c’est la gauche qui a porté Hollande à la victoire? Par rapport à ce que vous connaissez du PS, pensez vous que cela correspond à l’idéologie dominante du PS?
        J’ai voté Aubry, pas par conviction (de toute façon, j’étais contre ces primaires ouvertes, à juste titre: elle s’est fait avoir) mais en me disant que pour passer le premier tour et face à Marine Le Pen au second, il fallait un intermediaire entre Montebourg et Hollande. Le PS vient de faire un boulevard pour Mélenchon. Et au premier tour, ce ne sont pas les quelques voix du centre qui vont aider.
        Espérons que le PS soit au second tour.

      4. Avatar de Alain Loréal

        @ Lou,

        une vingtaine des propositions d’Arnaud en ce qui concerne la finance (sur la centaine contenue dans « Des Idées & Des Rêves ») sont très précisemment le reflet de ce qu’on voit fleurir au fil de milliers de commentaires sur ce blog depuis 2007.
        Pour autant les « jorionnistes » se sont ils précipités en masse glisser un bulletin dans l’urne socialiste qui donnait pour la première fois la parole aux sympathisants de gauche dans un processus démocratique approuvé par tous ?
        Que nenni ! Si il en est venu ce n’est certainement pas supérieur au 17% obtenus au final.
        Je ne partage donc pas l’optimisme de Paul : les français, y compris les « progressistes », sont foncièrement (c’est le cas de le dire) attachés à l’ordre, au calme et au long fleuve tranquile, soc-dem pour résumer.
        Hollande répond à ce schéma et, stratégiquement, il a raison : les élections se gagnent au centre. Bien sûr Mélanchon fera pression pour que certaines de ses propositions parallèles à celles proposées par Montebourg soit intégrées dans un programme de gouvernement mais sauf aggravation catastrophique de la crise débouchant sur une crise institutionnelle, tout celà se réglera avec quelques postes offerts aux législatives et quelques discours cosmétique pour ne pas s’alièner la gauche de la gauche.
        Ceux qui souhaitent de réls changement sont extrèmement minoritaires dans notre pays, le flot principal tourne autour du centre-gauche : il suffit de constater la participation des 99% français au mouvement international. Trop d’Etat providence, de sécurité sociale, d’allocations familliales ont tuées les vélleités révolutionnaires héritées des lumière…
        Chérie éteint (les lumières) je regarde la coupe du Monde…..

      5. Avatar de Martine Mounier
        Martine Mounier

        @Alain Loréal

        Pourquoi voulez-vous que je sois allée voter pour Arnaud Montebourg ? Je ne parle évidemment pas de François Aubry ou de Martine Hollande : aucun intérêt. Arnaud Montebourg a fait campagne sur le thème de la démondialisation. Or la démondialisation est une idée complètement à l’antithèse du seul mouvement porteur d’espoir aujourd’hui : les Indignés. Bref, pour paraphraser Marine Le Pen taclant François Hollande, je dirais qu’Arnaud Montebourg est le De Gaulle de gauche – il en avait du reste l’emphase dans son discours au soir du premier tour, ce qui était absolument pathétique. Et totalement flippant.

      6. Avatar de Alain Loréal

        @ Martine Mounier,

        Je n’ai pas fait de retape sur le blog de Paul Jorion pour que les jorionnistes aillent voter Montebourg aux primaires citoyennes (PS).
        Mais si vous aviez écouté ses interventions télévisées et lu ses livres vous sauriez que « la démondialisation » a été un thème extirpé de ses propositions pour « faire un peu d’audience » au démarrage de la campagne des primaires et alors qu’il plafonnait à 3% d’intention de vote.
        L’essentiel de ses propositions tourne autour de la mise au pas du système financier avec, comme mesure phare, la mise sous tutelle des banques.
        Que vous n’appréciez pas son ton est tout à fait respectable mais si vous pensez que le mouvement des indignés a, en France, le moindre avenir vous devrez certainement attendre encore un bon bout de temps, en fait que le système s’écroule.(on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif)
        Pour le rempacer par quoi, qui, quand et comment ?

      7. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Alain

        Voter n’était pas chose facile. Pour ma part si j’ai voté Aubry c’est surtout pour faire barrage à Hollande, et considérant qu’Aubry était plus claire sur certains sujets, notamment concernant le nucléaire. Montebourg avait toute ma sympathie parce qu’il était le plus offensif à propos de la finance, mais j’ai dans les dernières semaines douté de sa crédibilité. Sa déclaration concernant son vote personnel pour Hollande a confirmé mes craintes ; logiquement il aurait dû voter Aubry !

        Son affiliation aux Young leaders (révélée par Vigneron), sa référence appuyée à Obama dans le premier débat qui relève de l’analyse erronée ou pire de l’argument purement opportuniste, sa conception curieuse de la démondialisation (clauses sociales et écologiques aux portes de l’Union pour pouvoir exporter plus nos produits franco-français, où est l’universalisme ? ) tout cet ensemble de choses m’ont détourné de sa candidature. Pourtant j’avais apprécié sa VI république, son combat contre la corruption. Je n’ai pas d’avis définitif sur le personnage, mais pour le peu que j’en ai vu dernièrement je suis sceptique.

      8. Avatar de Charles A.
        Charles A.

        Martine Mounier a raison.
        Les Indignés expriment l’aspiration à la démocratie réelle.
        Les Montebourgs et autres politiciens autour de Hollande
        ne sont que la gôche fromage,
        comédiens d’alternance du vieux Boulevard mitterrandien,
        héritiers du désastre de la gôche caviar.

      9. Avatar de lou
        lou

         » la démondialisation est une idée complètement à l’antithèse du seul mouvement porteur d’espoir aujourd’hui : les Indignés »: c’est à voir. Peut être une simple question de sémantique pour certains, mais pour moi, le terme de mondialisation vient de globalization, c’est à dire uniformisation: un seul système, des règles non votées par les citoyens qui s’appliquent au monde entier…(un petit livre de François Jullien à ce sujet.) C’est aussi le culte de l’ailleurs abstrait qui transforme le local en folklore (la crispation sur « l’identité nationale » étant l’autre face de la mondialisation) et nie la démocratie.
        Le terme de démondalisation vient de Bernard Cassen: « Démondialiser pour internationaliser ».

      10. Avatar de vigneron
        vigneron

        @PYD
        J’voudrais pas donner dans l’compotisme anti-FAF (French American Foundation..), mais j’rappelle qu’avant la promo 2000 d »Arnaud, y’avait eu la promo 1996 de Françoué, une sorte de premier/deuxième tour inversé quoi. « Scout un jour, scout toujours ».

      11. Avatar de sylla
        sylla

        vigneron

        19 octobre 2011 à 11:54
        « Les mecs qui m’expliquent le monde, l’Histoire, la guerre et la paix ou la Vérité via KGB, CIA, Mossad, SDECE ou SIS, voire mafias, marchands d’arme, barbouzes, et limitent les événements d’Algérie depuis 66 ans aux Boussouf’s boys, à Aussaresses, à la Sonatrach et aux essais de la bombinette américano-gaullienne à Reggane, vous savez ce que j’en pense ? Rien. »

        « 19 octobre 2011 à 12:24
        @PYD
        J’voudrais pas donner dans l’compotisme anti-FAF (French American Foundation..), mais j’rappelle qu’avant la promo 2000 d »Arnaud, y’avait eu la promo 1996 de Françoué, une sorte de premier/deuxième tour inversé quoi. « Scout un jour, scout toujours ». »

        😀

      12. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Alain Loréal :
        Un courant antiglobalisation , puisqu’il travaillera sur un centralisme en place ( deja contradictoire) , devrait oeuvrer a soutenir ceux qui , lassés ou conscients de l’inutilité de tenter de contrer une ynamique inéluctable , vont « prendre le maquis » (pour l’ image ) c’est a dire choisir dès a présent la seule solution possible : la solution individuelle ……. La somme de ces solutions individuelles pouvant servir de support de greffe « qd la bise sera venue « . …..
        Lutter au niveau légal contre l’interdiction des cabanes , Yourtes etc … favoriser les solutions autarciques et dereglementer certaines contraintes (memes sanitaires sur des marchés ..) ; Possibilités de réquisition de terrains ou habitations abandonnées pour etre réaffectées en location 99% a faible prix et possibilité d’achat …etc , favoriser et dérèglementer les circuits courts ….il y a du boulot …mais surtout ne pas « assister  » ceux qui font ce choix ..plus que ne le fait les services sociaux actuels .

      13. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        à Pierre-Yves D.

        La république des juges, c’est ce que nous proposent Arnaud et Eva.

        Dur, dur, et pas seulement pour les tricheurs.

        C’est un certain ordre moral qui est en question.

      14. Avatar de Martine Mounier
        Martine Mounier

        @lou

        Je vous suggère de lire l’article qu’Alain Chatriot : Jaurès, le protectionnisme et la mondialisation. Vous verrez notamment que le concept de démondialisation a toujours divisé la gauche. Ou plutôt, qu’il devrait encore aujourd’hui diviser la gauche ! Sauf qu’à présent on a beau regarder de tous les côtés du « Boulevard mitterrandien » comme dit Charles A., on ne voit pas bien qui défend la position de Jaurès et relève l’incohérence fondamentale du protectionnisme avec les idéaux de l’Internationale socialiste.

        Extraits du papier de Chatriot pour ceux qui ont la flemme de cliquer :

        « On parle surtout de la concurrence étrangère et on néglige les autres causes du mal, même celles sur lesquelles on pourrait agir ; c’est que la question la plus facile à résoudre semble la question douanière. Et aussi c’est que, pour résoudre les autres problèmes, une meilleure distribution de l’impôt, une meilleure répartition de la propriété foncière, il faudrait demander des sacrifices à ceux qui possèdent, et qu’on aime mieux, en se bornant à des tarifs de douane, en demander à ceux qui ne possèdent pas ».

        Ou :

        « La fusion qui s’est faite, dans un groupe incolore, des éléments protectionnistes de gauche et des éléments protectionnistes de droite, indique bien que l’idée de protection démocratique ne fait pas de progrès dans les assemblées » .

        in Jaurès, « L’agriculture et les ouvriers », La Dépêche, 18 décembre 1889.

        Et encore :

        « Et permettez-moi de vous le dire, Monsieur le président du Conseil, là est la contradiction essentielle de votre politique protectionniste. Pendant que par des tarifs de douane vous favorisez les producteurs, c’est-à-dire, dans une large mesure, les possédants, vous n’avez pas la force, vous n’avez pas le courage, vous n’avez peut-être pas la possibilité politique et sociale de demander aux classes possédantes, aux classes les plus riches, les sacrifices d’impôts qui seraient nécessaires, précisément pour accroître la consommation populaire dans la mesure où se développe la production nationale. […] C’est tellement vrai, que vous êtes obligés en ce moment de détourner par des lois, c’est-à-dire par des moyens artificiels, la classe ouvrière de la consommation des vins de raisins secs. Vous imaginez-vous, par hasard, que c’est par goût que la classe ouvrière va aux vins médiocres de raisins secs ? Elle y va par force, par nécessité ; elle va vers les produits de misère, parce qu’elle est elle-même une classe de misère ».

        Jaurès, Socialisme et paysans, discours prononcés à la Chambre des députés les 19, 26 juin et 3 juillet 1897. Crise agricole, ses causes et ses remèdes, Paris, impr. A. Désiré, s.d., p. 42. (accessible sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k750985.r=Socialisme+et+paysans.langFR).

      15. Avatar de Martine Mounier
        Martine Mounier

        @Alain Loréal

        Comme il se trouve que je connais un peu Guy Birenbaum, je sais déjà tout ce que vous me dites sur les vrais combats d’AM. Pour autant, je partage entièrement la position exprimée ici par Pierre-Yves D. Non seulement, vous vous en doutez, à cause du ton grandiloquent (et ringard), mais surtout parce que je considère que les Indignés exprime le monde tel qu’il est : sans frontières pour le capital, sans frontières pour les pauvres, sans frontières pour la lutte. Remarquez bien, puisque Arnaud est entrain de devenir le roi de la retape (après la démocratie participative, Vive la démondialisation… et ensuite ?), il sera peut-être encore temps pour lui dans six mois, lorsque le mouvement aura pris de l’ampleur, de regarder de plus près ce qui ce passe. Quitte à ce qu’il nous sorte un nouveau concept fumeux dans le genre : « internationaliser pour démondialiser ». Ah ah.

      16. Avatar de lou
        lou

        A citer Jaures, vous avez choisi vos morceaux. Je choisis le mien: « Du principe même du protectionnisme, je n’ai pas à discuter en ce moment. Les socialistes ne sont pas protectionnistes comme M. Méline, mais ils ne sont pas davantage libre-échangistes comme M. Léon Say ou comme M. Aynard. […] Le socialisme, c’est-à-dire l’organisation sociale de la production et de l’échange exclut, à la fois, et la protection qui ne peut guère profiter aujourd’hui qu’à la minorité des grands possédants, et le libre-échange, qui est la forme internationale de l’anarchie économique »

  4. Avatar de zébu
    zébu

    Bonjour @ tous.
    Je ne sais comment l’exprimer mais il me semble, de manière assez confuse, que nous marchons là sur une ligne de crête. Affirmer que ‘nous sommes’ 99%, ou même 90 ou 70%, c’est affirmer que la réalité vécue, empirique dirions-nous, n’est pas celle que nous pouvons ‘observer’ au travers de nos institutions, qu’elles soient politiques ou médiatiques.
    Ce faisant, sur quoi nous appuyer en dehors de notre propre ressenti personnel pour pouvoir étayer cette ‘vision’ de la réalité ?
    Les sondages ? Nos interactions personnelles, sociales ?
    Tout le problème provient du fait que nos institutions politiques se fondent sur la seule aune qui soit légitime en démocratie, soit le vote.
    Or, si l’on part du constat que les partis politiques, qui sont censé représenter la diversité politique des citoyens, ne sont plus que des machines (et depuis lurette) de conquête du pouvoir au profit de certains, que l’endogamie sociale (pour les plus importants d’entre eux) qu’ils pratiquent peut se lire dans la sociologie des représentants élus, que le vote ne permet de sélectionner les représentants qu’une fois les mandatures arrivées à terme (soit, tous les 5 ans) et que ces mêmes partis en sont devenus une illusion démocratique, il nous reste alors à en tirer les conclusions qui s’imposent.
    Si la démocratie ne réside plus que dans les agoras des places publiques et dans les forums informatiques, alors il faut bien admettre que Vladimir Illitch Oulianov avait raison : seule une avant-garde révolutionnaire est en mesure de faire basculer ce qui relève d’une réalité fictive à une réalité ‘réelle’, notamment en créant les institutions politiques correspondantes, et ce ‘au nom des 70%’.
    La question de la légitimité se trouve ainsi posée. Suivant Max Weber, on ne peut se fonder, parmi les trois types de légitimité, sur la légitimité charismatique ou sur la légitimité traditionnelle, pour faire valoir que l’on puisse parler ‘au nom de’, à fortiori des 70%, surtout quand les modes d’expression (agoras, forums électroniques) relativisent quelque peu ces deux types de légitimité.
    Reste la légitimité légale-rationnelle, qui s’appuie sur la loi. Or, la loi est produite par ces mêmes institutions politiques qui l’on considère comme délégitimées.
    D’où, la ligne de crête. Les ‘indignés’ du monde (occidental, faut-il le préciser, quand même, largement majoritaires) ne s’affiliant pas véritablement à une tradition marxiste-léniniste (c’est le moins que l’on puisse dire) ne peuvent donc pas s’appuyer sur les concepts politiques de Lénine pour revendiquer la légitimité du matérialisme historique et de l’avant-garde prolétaire. Et comme les institutions politiques continuent de fonctionner sur les mêmes principes, notamment démocratiques, ces indignés se retrouvent coincés entre un vote qu’ils hésitent à remettre en cause frontalement et un avant-gardisme assumé.
    Etrangement, les indignés cheminent sur la même ligne de crête que la crise. Plus celle-ci s’empirera et plus les institutions politiques seront remises en cause, permettant alors de légitimer l’indignation massive des populations, pour renouveler leurs institutions politiques. Plus cette crise durera et plus les indignés tomberont d’un côté ou de l’autre, l’instabilité d’une telle situation générant, à terme, ce type de ‘positionnement’ : soit l’attente de la sanction du vote (mais ô combien schizophrène, puisque les indignés savent que celui-ci n’est plus représentatif, mais … dont ils ne veulent ou ne peuvent pas se passer, encore), soit l’avant-gardisme, conduisant certains à remettre en cause le fonctionnement même de la démocratie telle qu’existante actuellement, y compris par la violence, au nom d’une légitimité ‘prolétaire’ (mais dont ils ne souhaitent pas embrasser la définition non plus telle que donnée jusqu’à maintenant).
    A mon sens, un chemin plus qu’étroit donc, dont la direction n’est finalement donnée que par le déroulement de la crise, sur le quel les indignés avancent.
    Comme certains commentateurs, il me semble que les 70% en question, notamment en France, attendent de manière ambivalente la possibilité du vote, tout en ayant conscience que celui-ci risque de ne rien transformer non plus.
    Et on en est là et on risque d’en être encore là, tant que la crise perdura ainsi sur sa ligne de crête, sans faillir ni se résoudre, jusqu’à ce que l’on puisse trouver une autre voie de légitimation pour les 70% restants. En Tunisie et en Egypte, la dictature a ‘aidé’ à se prononcer. Contre, mais pas pour.
    Les 99% sont-ils d’accord sur quelque chose et quoi ?
    Comment utiliser l’outil démocratique pour ‘lutter contre lui’ (légitimité ‘factice’), tout en le sauvegardant de ce qui pourrait être utilisé par ses ennemis ?
    Les indignés ne progresseront pas tant qu’ils n’auront pas répondu à ces questions, pour les 70% restants, y compris ‘contre’ ceux là même dont ils disent parler ‘au nom de’.
    Sauf à cheminer sur la ligne de crête, avec la crise. Sans tomber.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Salut Zébu .

      Comme pressenti dans la première phrase , c’est effectivement un peu confus .

      Je me suis aperçu par contre que c’est lorsque je n’arrivais pas immédiatement à exprimer clairement une intuition , que celle ci méritait le plus d’être creusée et rendue plus nette .

      Attention cependant à ne pas tuer la démocratie, fille fragile , aujourd’hui et demain ,par des à peu près hâtifs ou réducteurs à trop peu de ses charmes ou manifestations .

      1. Avatar de zébu
        zébu

        oui, Juan, ça ressemble à de la bouillie. L’intuition, c’est que tout ceci ne peut pas déboucher sans aggravations de la crise. Et qu’à l’inverse des révoltes arabes, nous devons justement tenir compte du cadre dans lequel l’indignation évolue parce qu’il permet à celle-ci de s’exprimer sans violences et que le remettre en cause, c’est aussi risquer d’ouvrir la porte à tous ceux qui n’attendent que cela. Et pourtant, il est aussi impératif de réformer ce même cadre, afin que réellement ces 70% participent.
        On marche sur un fil.

    2. Avatar de lau
      lau

      Merci Zébu pour ces réflexions extrêmement importantes…

      Mettre des mots sur cette problématique est essentiel.

      1. Avatar de zébu
        zébu

        Merci Lau. Le problème, c’est de les mettre dans le bon ordre !
        Il me semble que quand on dit ‘nous sommes les 99%’, il faut aborder la question de la légitimité.

    3. Avatar de sylla
      sylla

      Zébu,
      « Affirmer que ‘nous sommes’ 99%, ou même 90 ou 70%… sur quoi nous appuyer en dehors de notre propre ressenti personnel pour pouvoir étayer cette ‘vision’ de la réalité ? Les sondages ? »
      bonne question.

      Je ne comprends pas trop : vous partez du constat que les partis ne représentent pas la diversité, pour vous en remettre à une « avant garde révolutionnaire » (sans votes, si j’ai bien compris. En quoi serait ce représentatif?Par quel miracle cette avant garde serait assez organisée pour faire basculer la réalité, et étymologiquement provoquer l’apocalypse, mais pas assez pour former un parti politique?). Par ailleurs vous commencez en disant que le vote est la seul aune légitime en démocratie(un problème?!?), pour terminer en disant que les institutions sont illégitimes (?!).

      « Suivant Max Weber, on ne peut se fonder, parmi les trois types de légitimité,  » a/ »sur la légitimité charismatique » ou b/ »sur la légitimité traditionnelle »
      c/ »Reste la légitimité légale-rationnelle, qui s’appuie sur la loi. »
      La loi est légitime, qu’elle soit fondée sur la tradition, la raison, la séduction (ou l’efficacité etc…), ou, outre ces trois formes du verbe, fondée sur l’épée (que vous évoquez pourtant, à demi mot. : étrange réponse à la question de la légitimité de cette affirmation).

      1. Avatar de zébu
        zébu

        @ Sylla :
        Raaaaahhh …
        Désolé, ma bouillie me fait jouer des tours. Même réponse que pour taratata : c’est un questionnement, pas un positionnement. Je questionne justement le fait que ceux qui s’annoncent comme ‘nous sommes les 99%’ ont forcément un positionnement avant-gardiste, qui pose question :
        1/ sur la légitimité (démocratique ?)
        2/ sur l’acceptation de ce rôle là, dont je perçois (confusément, hum …) qu’ils ne l’assument que mal ou pas du tout
        Je sais pas si c’est plus clair, désolé.

      2. Avatar de sylla
        sylla

        Zébu,
        J’avais bien compris le questionnement, mais la façon de présenter les questions peut aussi (svt même) amener un type de réponse.

        99%, c’est un slogan : 1/3 de l’humanité vie en dessous du seuil de pauvreté. (soit une minorité démocratique…)

        La question initiale était je crois celle de la représentativité des portes paroles (ceux à qui il est prêté porte voix par le système (interaction entre les institutions(état marché religion/raison langue) et les êtres humains)).
        Puis la question de la réforme de ce système en suivant ces portes paroles : nécessairement donc, la question de leur légitimité apparaît.

        La source légitime de la légitimité est le souverain (le prince) : lui seul ou ses mandants fait les lois. Mais le souverain n’a pas la science infuse ou la vérité innée(*), ni nécessairement l’accord des autres.

        La source réelle est donc soit le Verbe, soit l’Épée, voire les deux (la monnaie par exemple) ; le Verbe se règle sur la foi ou la raison ou le désir (ou l’entendement, pour distinguer une compréhension objective différente du discours dit rationnel, largement pollué par l’idéalisme et donc par la foi).
        Il y a bien sûr la légitimité de la réalité, mais cette dernière est largement retravaillée par les précédentes, et c’est un travail similaire à celui de retrouver le texte original sur le palimpseste : à force de gratter, l’on troue le parchemin.

        Et sur cette avant garde, je vous repose la question : par quel miracle cette avant garde serait assez organisée pour faire « basculer la réalité » mais pas assez pour former un de ces partis politiques qui manquent au paysage?

        et faire basculer la réalité, dans la mondialisation (une avant garde révolutionnaire mondiale?)?

        (* l’absolutisme se réclamait du maître du destin du monde, la vraie réalité : Dieu. Mais la rhéthorique du droit naturel qui permit de mettre à bas l’absolutisme et de mettre bas à notre modernité, se présente de la même façon comme la vraie réalité innée sous les chaînes d’une nécessairement trompeuse voire mauvaise éducation.)

    4. Avatar de taratata
      taratata

      @ Zebu
      Bazar ton texte mais d’accord sur :
      « …seule une avant-garde révolutionnaire est en mesure de faire basculer … »
      Remise en cause de la loi/tyrannie de la majorité.
      Yen a qui sont à l’oeuvre en ce moment mais ça ne se VOIT pas .

      1. Avatar de zébu
        zébu

        Heuuuu …
        Apparemment, c’est tellement le bazar qu’effectivement tu as pris pour argent comptant (pouf pouf) un questionnement pour un positionnement …
        Bon, je vais arrêter d’écrire, c’est le bordel.

    5. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      à zébu,

      C’est ce sujet que j’aborde quand je dis que 99% est un slogan publicitaire.

      La question de l’avant-garde nécessaire ne peut pas être passée sous silence, mais il ne faut pas négliger les effets de la dynamique et du retour du refoulé dans les moments révolutionnaires, qui peuvent être des moments révolutionnaires même quand la dynamique révolutionnaire échoue.
      J’ai eu vingt ans l’année du beau mois de mai français et c’est celà mon principal souvenir : la dynamique à laquelle il manquait malheureuseùment théorie et stratégie.

      1. Avatar de zébu
        zébu

        @ Marlowe :
        Je ne sais pas si l’avant-garde est nécessaire : je pose la question. Je me méfie de l’avant-garde.
        Parce ‘qu’au nom de’ (99% ?), on fait beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec ceux pour lesquels on fait ‘au nom de’.
        Je pose la question parce que les indignés ne me semblent pas vouloir assumer ce rôle et semblent éluder cette question, tout en affirmant le contraire (‘nous sommes les 99%’).
        Contradiction.
        Mais comme toute contradiction, elle est appelée à être dépassée, non ?
        Comment ?

      2. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        à zébu,

        La méfiance vis à vis de l’avant-garde est fondée mais cette méfiance ne doit pas être l’obstacle à la question stratégique qui est de nos jours la grande absente.

      3. Avatar de sylla
        sylla

        « Mais comme toute contradiction, elle est appelée à être dépassée, non ? »
        non : elle peut être dissoute aussi.
        voire irréductible.

        L’autre slogan qui les accompagne (et sa forme : un coryphée , et un chœur qui répète : « we are individuals ») est aussi intéressant.

        « l’homme est la mesure de toute chose » et « nous », c’est un peu incompatible, à moins de définir les domaines.

      4. Avatar de Zeno
        Zeno

        L’avant-garde c’est Naomi Klein, Assange et Chomsky.

      5. Avatar de taratata
        taratata

        @ Zebu
        L’avant-garde ne parle pas , comme tu le dis , au nom de qui que ce soit .
        L’ avant-garde annonce ce qui vient . Elle se détermine seule , face à elle-même.
        Bien fondée , cette avant-garde , génère des ralliements .
        Pour éclairer le mouvement Occupy W. S. et tous les indignés du monde , il me revient souvent à l’esprit l’idée de Baudrillard : on ne sait pas ce qu’est une masse de gens .

  5. Avatar de Tim K
    Tim K

    @ Paul Jorion

    Vous êtes monté d’un cran, non?

    C’est l’envie d’en découdre (allez j’exagère!) qui vous fait cet effet?

  6. Avatar de Garorock
    Garorock

    @Mr Fuu
    Admettons que nous soyons en 2012, si nous y arrivons, et que nous allions voter. De quelque bord qu’on soit, on ne votera pas comme si les mouvements d’indignés n’avaient jamais eu lieu. Parce que si ces mouvements perdurent ils feront fatalement bouger les lignes de la campagne. Et c’est ce que tout le monde attend, de voir là où ça va « plier », les informés et les autres. Si une brèche n’est pas ouverte, personne ne va s’y engouffrer. Tant que le Fn ne défile pas dans la rue avec ses slogans pupulistes et délétères, tout est bon à prendre qui va dans le sens d’une contestation du système. Cela se fera sans doutes sentir dans le choix des votants et vous n’aurez peut être pas a vous en plaindre…

    1. Avatar de cristalika

       »Et c’est ce que tout le monde attend, de voir là où ça va plier »

      Bien vu.

      cristalika.com

  7. Avatar de Cédric
    Cédric

    Les 99% du monde occidental, ne sommes nous pas compris dans les 1% à la taille de la planète?

  8. Avatar de Pierre
    Pierre

    100% des gagnants ont joué ! Qu’y disent au Loto….

    A 99 %, « on » a gagné et « forcément les doigts dans le nez », et si je comprend bien, c’est sans aucun doute pour ces 1% ridicules que nous nous battons pour maintenir un semblant de système démocratique en place……
    Ça sert à quoi la démocratie à ce compte là ?
    Économisons nous donc les formalités de la démocratie……. De toute façon « on » a gagné !
    Si j’ai bien compris. 🙂

  9. Avatar de Hervey

    Si la racaille se mondialise, on, le 1% (et ses soldats et les cousins c’est beaucoup plus ça) ne va pas démondialiser. Disent-ils.
    C’est bien cela?
    Oui. Logique. Là où ya de la gêne ya pas de plaisir.
    Tout de même, j’ai un doute sur ce désir de « démondialiser » tel qu’il se présente. Le terme semble recouvrir quelque chose de gigantesque et d’effrayant.
    Le premier mot fait peur (démon) et le reste se perd dans un trémolo de tremblement comme si l’action verbale chargeait ce démon de toute sorte de sévices.
    Vrai, si l’on prend cette réalité et ces mots à la lettre, le risque est grand car il n’y aurait plus beaucoup d’endroits où se cacher, les paradis fiscaux ne seraient plus tout à fait ce qu’ils étaient, et comme un malheur ne vient jamais seul, pensez-y, imaginez un instant qu’il n’y ait plus de secret bancaire… quel refuge pour le Kapital ? Vous n’y pensez pas. Dans ce contexte, trouver des avocats et des politiques, mission impossible.
    Non, impossible.
    Si la racaille se mondialise comment voulez vous qu’ils démondialisent.
    Mettez-vous un instant à leur place.
    Un instant seulement.

    1. Avatar de Nerima-kun
      Nerima-kun

      Je trouve le terme de « démondialisation » très stupide. Malheureusement, il a pris, « altermondialisation » ayant fait long feu. Stupide parce que :
      – la mondialisation est un fait historique, pas une idéologie (développement des échanges matériels et immatériels, déplacement des personnes, interpénétration des cultures, mondialisation des événements).
      – il y des acquis sans précédent pour l’humanité dans la mondialisation des échanges de tous ordres (pas la peine de les détailler : ils sont la trame de nos vies, santés, alimentations, cultures, rapports humains, voyages, etc.). Le terme, assez nihiliste ou racornissant, fait peur…
      – on aurait pu lancer le meilleur terme de « déglobalisation », qui avait l’avantage de contrecarrer le terme anglais (le désastre néo-libéral est tout de même d’impulsion voire d’essence anglo-saxonne), de tirer sur le « globish » et le communautarisme des possédants oligarques, tout en ne touchant pas …au monde, auquel nous sommes tous venus… et auquel nous participons de plus en plus.
      Trop tard… comme d’habitude, nos politiques et nos intellectuels ne sont plus à la hauteur de la langue française…
      Il y a bien, mais pas joli et issu de la langue de Nos Bons Maît’s, le terme de « glocal » ou « glocalism »… vivre et agir localement, penser globalement… comme un Tolstoï, qui replié sur son domaine de Iasnaïa Poliana, aidait pourtant Gandhi, alors avocat en Afrique du Sud, à dégager, au travers de 4 ou 5 lettres décisives, le concept moderne de non-violence…

      1. Avatar de Marcel
        Marcel

        Texte de Frédéric Lordon sur le sujet (à envoyer au copain Copé, j’imagine).

        1°) Il y définit la mondialisation de deux manières différente :
        – les externalités (problèmes devenus globaux et à résoudre à cette échelle)
        – libéralisation des marchés, qui, selon lui, fait de « mondialisation néolibérale » un pléonasme

        Comme il le souligne, il suffit d’un peu d’honnêteté intellectuelle pour comprendre que les « démondialistes » s’en prennent à la seconde.

        2°) Fin de l’article, propositions après constat :

        « La régionalisation peut donc désigner un tiers terme possible pour sortir de l’indigente antinomie du mondial et du national. Mais pas sur n’importe quelle base, et notamment pas celle de l’Europe actuelle des 27. »

        […]

        « Ce nouveau peuple souverain se constituerait sur la base d’une organisation économique qui, de fait, aurait mis un terme à la mondialisation financière et, par un protectionnisme ciblé, aux inégalités du libre-échange généralisé, autre manière de dire qu’il aurait démondialisé, et que le dépassement des anciennes nations n’est nullement incompatible avec la démondialisation (laquelle, inversement, n’est nullement vouée à signifier « repli national »). C’est même en fait l’exact contraire ! La démondialisation pourrait bien être la condition nécessaire à la reprise d’un projet outre-national raisonnable, c’est-à-dire régional, et toujours sous la réserve d’une circonscription bien pensée (car on ne fait pas communauté politique avec n’importe qui). Sauf à ce que la gauche critique se mette à avoir peur des mots, il lui faudra bien reconnaître que « démondialisation » est le nom même de la réouverture du jeu, que celui-ci conduise à ré-explorer les possibilités de souveraineté des nations présentes (si aucune autre solution n’est praticable) ou à persister dans l’idée d’un projet outre-national, mais cette fois en poursuivant un objectif fondamentalement politique par des voies politiques – car la production du politique par l’économique, ça ne marche pas. »

        (Long passage qui relève encore, j’espère, du droit de citation.)

      2. Avatar de M
        M

        oui, ce texte de Lordon est trés important, et a le mérite de ne pas nous laisser bloquer dans TINA.

      3. Avatar de Hervey

        La Mondialisation n’est pas un fait anodin qui serait advenu d’une manière inéluctable avec le consentement de tous. Certains pensent que c’est une forme nouvelle du colonialisme pour s’infiltrer dans les nations et en tirer des avantages substantiels. Idéologie néolibérale. L’Histoire de ces cinquante dernières années (en gros).

  10. […] http://www.pauljorion.com/blog/?p=29775 Partagez L'info :E-mailTwitterLinkedInPrintFacebook"Aimer" ceci […]

  11. Avatar de Contempteur
    Contempteur

    Évidemment les Indignés ne sont pas les incarnations de Debord, Baudrillard ou Umberto Eco. C’est regrettable, mais c’est ainsi.
    Ils ne sont pourtant pas aussi naïfs, pris au piège du Spectacle et aveugles au pourrissement ordinaire qui est nous est présenté comme la voie royale pour faire société et s’accomplir comme être.
    Ils tentent d’aller contre, de faire du lien et des actions collectives, ce qui n’est déjà pas facile, les humains étant ce qu’ils sont, et encore moins quand le Spectacle œuvre autour et en eux.
    Il me semble qu’il faudrait que certains lucides, ici et ailleurs, les rejoignent tout simplement et les aident à mieux percevoir les obstacles et le chemin. Malgré ses difficultés et ses défauts, nous avons là, me semble-t-il le début d’une prise de conscience élargie de ce qui nous menace. A nous comme à eux, à notre manière de faire mieux.

    Un de leurs manifestes :

    Manifeste de ’Democracia Real Ya !’

    Nous sommes des personnes normales et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher du travail, des personnes qui ont une famille et des amis. Nous travaillons dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à ceux qui nous entourent. Certains d’entre nous se considèrent progressistes, d’autres plus conservateurs. Croyants ou non, avec des idéologies bien définies, ou apolitiques. Cependant nous sommes tous préoccupés et indignés par le contexte politique, économique et social qui nous entoure, par la corruption des politiciens, des chefs d’entreprises, des banquiers… par le manque de défense du citoyen. Cette situation nuisible au quotidien, peut être changée si nous nous unissons. Il est temps de se mettre en marche, de construire ensemble une société meilleure. Pour cela nous soutenons fermement ce qui suit :

    – Les priorités de toute société avancée doivent être l’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, l’épanouissement, le bien-être du citoyen.

    – Il existe des droits fondamentaux qui devraient être couverts dans ces sociétés tels que le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation à la vie politique, au libre développement personnel ainsi que le droit à la consommation des biens nécessaires pour mener une vie saine et heureuse.

    – L’actuel fonctionnement de notre système économique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et représente un obstacle pour le progrès de l’humanité.

    – La démocratie part du peuple (dêmos=peuple ; kratos=le pouvoir) et dans cette optique le gouvernement doit naitre du peuple. Toutefois, dans ce pays, la majorité de la classe politique ne nous écoute pas. Alors que ses fonctions devraient être celles de porte- paroles de nos revendications auprès des institutions, en permettant la participation politique des citoyens au moyen de voies directes procurant ainsi un meilleur bénéfice pour l’ensemble de la société, nous assistons à un enrichissement et à leur prospérité à nos dépens.

    – Le besoin irrépressible de pouvoir de certains d’entre eux provoque une inégalité, de la crispation et de l’injustice, ce qui conduit à la violence que nous rejetons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel bloque la machine sociale et la convertit en une spirale qui se consume en enrichissant quelques-uns et en plongeant dans la pauvreté et la pénurie les autres. Jusqu’à l’effondrement.

    – La volonté et la finalité du système est l’accumulation d’argent, la plaçant au-dessus de l’efficacité et le bien-être de la société. En gaspillant des ressources, détruisant la planète, produisant du chômage et des consommateurs malheureux.

    – Les citoyens font partie de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir une minorité qui ignore tout de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous, rien de ceci n’existerait parce que nous faisons bouger le monde.

    – Si comme société nous apprenons à ne pas confier notre futur à une rentabilité économique abstraite qui n’est jamais favorable à la majorité, nous pourrons éliminer les abus et les manques dont nous souffrons tous.

    Une Révolution Morale est nécessaire. Nous avons mis l’argent au-dessus de l’Être Humain alors que nous devrions le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, non des produits du Marché. Je ne suis pas seulement ce que j’achète, pourquoi et à qui je l’achète.

    Pour tout ce qui précède, je suis indigné.

    Je crois que je peux le changer.

    Je crois que je peux aider.

    Je sais qu’unis nous pouvons.

    Sors avec nous. C’est ton droit.

  12. Avatar de Charles A.
    Charles A.

    Le point de vue de l’organisation des Etats-Unis Socialist Action
    Massive occupation targets Wall Street
    http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article2333

  13. Avatar de zebulon
    zebulon

    La bonne nouvelle c’est qu’on arrive enfin à l’étape ultime de la mondialisation.
    La faillite globale.

    Pour une fois je crois qu’il n’y en a qu’un pour cent qui vont faire la gueule.

  14. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Les 99 %, ce slogan est vraiment un coup de génie, non pas un génie du hasard, mais un génie qui procède d’une nécessité résultant de l’évolution du système qui s’effondre sous le poids de ses propres contradictions.

    Ce chiffre tout en étant révélateur d’une situation objective, celle de la concentration du capital dans les mains d’une minorité au détriment d’une immense majorité, et même à tout bien considérer au détriment de l’humanité dans son ensemble, indique l’inversion du rapport de force qu’établissait la rhétorique habituelle qui consistait pour les forces conservatrices à diviser le corps social en de multiples catégories et entités concurrentes.

    Désormais la minorité qui décide ne peut plus faire autrement que de reconnaître la situation objective des 99 % se plaçant de facto sur la défensive. Elle vient de perdre une grande bataille, celle du langage. La légitimité de la raison universelle n’est plus celle des gouvernants impliqués dans la direction des états mais du coté des assemblées manifestantes et parlantes reliées par des liens transversaux.
    Le système n’a pas changé, il continue ses actions anti-sociales, mais d’un point de vue symbolique il est atteint au coeur.

    1. Avatar de Jean-Luce Morlie
      Jean-Luce Morlie

      Je pense que ce « slogan à 99 % » est dangereusement trompeur. Je ne vais pas en discuter longtemps, enlever déjà 18 % Tea Parti, et le reste à l’avenant. La solution à 70 % de Paul est plus « tenable » – en apparence – nous sommes 70 contre 30, et perdants, et très loin d’avoir la capacité de réorganiser la société sans en confier les clefs au socialisme des nomenclatures mollement corrompues et vigoureusement appuyée par la rage melanchtonienne.

      Comme dit Charles « Reste à se parler, s’écouter, défendre sans répit la démocratie, et agir par le nombre et la force. » Je suis d’accord, vive les indignés de proximité, mettons les mains dans la gestion des petites communes, des logements sociaux, des emplois communaux, des subventions, des PPP, les ronds-points-pots-de-vin, les cliniques, les pôles emplois, allez les indignés, rendez-vous face à la mairie, sur la place du village et sans capuche!

      PS « Le spectacle est un rapport social médiatisé par des images »

      1. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Jean-Luce

        Si vous avez bien lu mon commentaire celui-ci ne prétend que les 99% constituent, aujourd’hui, une classe consciente d’elle-même. Les 99 % cela renvoie une situation, celle de la concentration des richesses dans les mains d’une minorité. Ce n’est pas un jugement, c’est un fait. Ce slogan se réfère à ce fait et c’est ce qui en fait la pertinence.
        L’idée sous-jacente au slogan c’est que le potentiel de mobilisation contre l’iniquité du système est loin d’avoir atteint son maximum. Bref, le « nous sommes les 99 % » joue un rôle pour changer la représentation que le grand nombre a du système, ce système en lequel il voit d’abord et surtout un principe de concurrence généralisé, la lutte de tous contre tous, alors que nous sommes tous embarqués sur la même galère, y compris d’ailleurs les 1 % en tant que membres de l’humanité. Bref, ce chiffre permet de sortir du cadre.

      2. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        à Jean-Luce,

        Citer Debord en boucle ne sert à rien, si ce n’est à perpétrer ce contre quoi il s’est élevé.
        Le Spectacle est bien un rapport social médiatisé par des images, mais il est autre chose aussi : le produit de diverses ententes qui décident de tout, et une suite perpétuelle de conspirations pour préserver le rapport de forces existant, etc.

        Je ne pense pas qu’il faut défendre la démocratie, tant le mot est usé.
        Il faut défendre la vérité, et la stratégie pour se débarrasser du faux.

      3. Avatar de Jean-Luce Morlie
        Jean-Luce Morlie

        @ Pierre-Yves,

        Vraiment, je ne peux pas suivre : une conscience de classe possible à 99%, cela signifierait que le rapport social fondamental entre groupes sociaux serait à 1 contre 99 ; les sociétés ne sont pas aussi schématiques, sauf lorsque le schéma est l’accord de tous sur une branche déjà morte, alors, ce chiffre permet de rester dans le cadre, (je pense qu’il y a un agrégat possible de groupes sociaux autour de 70 % composés en « tache de léopard » sur toute l’étendue des classes sociales « classiques »). Mais, les conditions sont loin d’être remplies, car les habituelles « avant-gardes » ne veulent pas d’une classe moyenne (1) révolutionnaire , elles la préfèrent prolétarisée ; je ne vois rien qui se profilerait – au centre – dans un sens libertaire !

        Deuxièmement, je pense que la trajectoire des indignés US devrait être très différente des indignés d’Europe, les conditions sociales sont plus dures, et il faudra voir quel sera le rôle des associations religieuses lors de la montée en puissance. Chez nous, le « clergé associatif » (aidé par le repoussoir des habituelles avant-gardes) a déjà tous les leviers en main depuis 30 ans : les pauvres auront du travail et , vu du bureau, vive le travail !

        Il me semble que le chemin de l’indignation passe par les places des villages et pas à la TV. L’indignation devrait,,il me semble, se concentrer, non plus sur la dénonciation des gros dinosaures hors âge, ce que, « Everybody knows » depuis trente ans , mais sur le repérage des nouvelles petites pousses qui, à gauche comme à droite, se préparent – également depuis trente ans -à renouveler les modalités de leurs positions dominantes.

        (1) je ne crois pas me tromper en disant que le mouvement d’indignation est d’origine classes moyennes et que c’est sa spécificité même ! Je pense vraiment que prendre cette spécificité comme un accident historique, et considérer que sa vraie nature est prolétarienne, parce que le prolétaire est salarié et qu’une grande partie des classes moyennes est salariée, c’est du blabla destiné à cacher le rôle des redistributeurs (dans une entreprise, il y a toujours une série de type les poches pleines de billets fournis au black par le 1% et qui arrosent une hiérarchie de mecs et de dames qui font parties de tous les étages des 99% restants). La redistribution est une conquête sociale à approfondir, mais pas pour entretenir une classe de prébendiers distributeurs, Carthago delenda est ; (Montebourg contre la corruption à tous les étages, 17%…).

      4. Avatar de Charles A.
        Charles A.

        Il faut compléter.
        Je propose d’agir partout où nous vivons,
        dans la proximité bien sûr, chacun selon ses moyens,
        mais en apprenant dans la lutte, et en étendant ces luttes
        jusqu’au tous ensemble, grève générale active ou autre bonne suprise,
        afin par la légitimité du nombre et le raison de la force,
        mettre fin à la dictature du capital.

      5. Avatar de Pierre-Yves D.
        Pierre-Yves D.

        Jean-Luce,

        Il y a malentendu entre nous, j’ai l’impression que nous ne parlons pas de la même chose. 😉
        Je ne raisonne pas en l’occurrence en termes de classes, même si, vous avez raison, cela a aussi son importance.
        Les 99 %, je me répète, c’est seulement en référence à une situation d’inégal partage des richesses, ou plus exactement d’extrême concentration des richesses, cela pour dire qu’il y a encore beaucoup de marge pour amplifier la contestation, puisque presque tout le monde à terme va subir les conséquences de la crise du capitalisme à l’agonie.

        PS. Ma phrase dans mon précédent commentaire disait l’inverse de ce que vous avez compris, sans doute d’ailleurs, et c’est ma faute, parce que ayant tapé trop vite il a manqué une négation. Il fallait lire : « ..celui-ci ne prétend pas que les 99% constituent, aujourd’hui, une classe consciente d’elle-même.  »
        Et quand tout le monde aura pris conscience que la situation n’est plus tenable, il s’agira simplement d’une prise de conscience générale. C’est à cela que renvoie in fine les 99 %. Les classes ne disparaîtront pas pour autant, je ne me fais pas d’illusions, mais elles s’inscriront désormais dans un nouveau cadre, celui issue des nouvelles règles nécessaires pour amorcer la transition après la faillite du système capitaliste.

  15. Avatar de Wilmotte Karim
    Wilmotte Karim

    Faire de la politique apolitique est effectivement indigne!

    Enfin, mieux vaut ca que rien.

    1. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Les indignés font de la politique comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.
      Beaucoup de nos contemporains ne se reconnaissent plus dans les discours des partis politiques, c’est donc par rapport à cette façon de faire de la politique qu’ils veulent se démarquer, se déclarant alors a-politiques.
      Se déclarer apolitique est une formule malheureuse du point de vue strict de la philosophie politique ; dès lors que l’on s’engage de quelque façon que ce soit pour une cause collective on fait nécessairement de la politique, on est dans le politique.
      Mais d’autre part si ce mouvement existe c’est justement parce qu’il il contourne les écueils de la politique partisane et ce notamment en ne s’inscrivant dans aucun parti reconnu par les institutions.
      L’apolitisme ici c’est donc simplement le refus de la politique partisane et politicienne. Il ne doit pas être confondu avec le traditionnel apolitisme, qui est toujours de droite.
      Cet apolitisme proclamé par certains indignés parce qu’il est universel est un moment d’une évolution générale dont la finalité est paradoxalement de donner un nouveau souffle à la démocratie, restaurer une démocratie aujourd’hui par trop limitée, prisonnière qu’elle est du carcan de ses institutions sous-dimensionnées dans leurs objectifs eu égard à la nature des problèmes auxquels est confrontée l’humanité.

  16. Avatar de Charles A.
    Charles A.

    Pierre Yves a tapé dans le mille:
    Entre les désastres sur les plans économique, social, éthique et écologique du capitalisme,
    nous sommes objectivement 99 % d’anticapitalistes.
    Reste à se parler, s’écouter, défendre sans répit la démocratie,
    et agir par le nombre et la force.
    Difficile de contrer le mouvement « Nous sommes 99% »
    http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-difficile-de-contrer-le-%c2%abnous-sommes-le-99%c2%bb.html

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      …nous sommes objectivement 99 % d’anticapitalistes

      Outre que l’emploi du mot objectivement est connoté stalinien (on croirait du georges marchais inspiré par moscou), je suis certain que nous ne sommes pas massivement anticapitalistes tant certains sont seulement indignés et refuseront la révolte comme le leur commande leurs maîtres.
      Pensons à tous ceux qui ne sont pas assez riches pour être riches et pas assez pauvres pour être pauvres, à tous ces pauvres qui se croient riches.

      1. Avatar de Charles A.
        Charles A.

        Trop gentil avec Marchais, qui n’a rien inventé…
        Objectivement veut dire que 99 % ont intérêt à arracher le pouvoir aux 1 %.
        C’est l’objectif.
        Cela fait encore beaucoup de monde à convaincre de la nécessité
        d’un changement de civilisation.
        Cela s’oppose naturellement à subjectivement,
        car nous ne sommes pas, et ne seront jamais 99% de conscients et convaincus,
        ce sur quoi on sera facilement d’accord.

      2. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        à Charles A.

        Cher camarade (si vous me permettez l’expression),

        Je pense qu’un individu, toi, moi, une autre personne, est d’abord convaincu, et ensuite cherche des raisons (une théorie) pour renforcer sa conviction.
        La révolte est d’abord une affaire de coeur et non d’esprit, qui vient toujours après.
        Mais, bien entendu, il se pourrait que je sois dans l’erreur.

      3. Avatar de Charles A.
        Charles A.

        Exact. La révolte peut être une affaire de coeur.
        Mais elle est plus souvent la réponse à une situation insupportable
        d’exploitation ou d’oppression, une souffrance à éliminer.
        Elle va devenir une nécessité, même en France…

  17. Avatar de Paul Jorion

    NEW YORK (Le Rapport Borowitz) – Ce qui suit est une lettre rendue publique aujourd’hui par Lloyd Blankfein, le président du géant américain Goldman Sachs:

    Cher investisseur:

    Jusqu’à présent, Goldman Sachs a été silencieux au sujet du mouvement de protestation connu sous le nom Occupy Wall Street. Cela ne signifie pas toutefois, que nous n’y pensons pas. Alors que des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le Lower Manhattan, pour exprimer avec passion leur profond mécontentement face au statu quo, nous avons pris note de ces protestations. Et nous nous sommes posé la question :

    Comment faire pour que les indignés nous rapportent de l’argent ?

    La réponse est notre tout nouveau Fonds Goldman Sachs Rage Globale.

    ….

    La suite, sur le site de l’humoriste Andy Borowitz.

    1. Avatar de Tigue
      Tigue

      « …We haven’t felt so good about something we’ve sold since our souls. »
      En substance cela donne :
      « On ne s’ était pas senti aussi heureux au sujet d’ une chose que nous avons vendue, depuis la vente de nos âmes « .

      Cela rappelle la joie que Baudelaire exprimait dans sa prière que le joueur généreux tienne ses promesses en échange de la vente de cette petite chose ennuyeuse…
      De la joie.

    2. Avatar de taratata
      taratata

      @ Paul Jorion
      Et si les artistes changeaient le monde ?
      Je pense à Rimbaud , à Orwell très présent dans ce blog

      1. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        à taratatata,

        La question a déjà été posée il y a très longtemps, par le mouvement surréaliste et par ses continuateurs critiques : lettristes et situationnistes.

        A quoi, et à qui, peut bien servir l’invention permanente de l’eau tiède ?

      2. Avatar de Hervey

        Dans le meilleur des cas ils proposent des verres correctifs.

      3. Avatar de Charles A.
        Charles A.

        A propos d’Orwell, lisez cet ouvrage jamais cité ici:
        « In and out in Paris and London »
        C’est sa plongée, pendant des mois, à partager le monde des sans abris.

      4. Avatar de Marlowe
        Marlowe

        Dans la dèche, à Paris et à Londres.

        C’est le titre français de ce livre, avec les sans abris et dans les coulisses des palaces.

        Lisez aussi Un peu d’air frais.

      5. Avatar de renou
        renou

        @Marlowe, Démocratie
        « Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
        « Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
        « Aux pays poivrés et détrempés! – au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
        « Au revoir ici, n’importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce; ignorants pour la science, roués pour le confort; la crevaison pour le monde qui va. C’est la vraie marche. En avant toute! » Arthur Rimbaud – Les illuminations
        « Pas de piège plus mortel que celui qu’on tend à soi-même. » Raymond Chandler
        Vive l’eau tiède.

    3. Avatar de Lazarillo de Tormes
      Lazarillo de Tormes

      Supplément d’information sur Lloyd Blankfein et sa boutique (source wikipédia) ou le principe du cheval de Troie à la sauce new-yorkaise. Est-ce que le chien mord la main qui le nourrit?

      « Blankfein is a contributor to mostly Democratic party candidates and donated $4,600 to Democratic Party candidate Hillary Rodham Clinton in 2007. Goldman employees and their relatives contributed almost a million dollars to Barack Obama’s presidential campaign – making it « the company from which Obama raised the most money in 2008″ – and Blankfein has visited the White House ten times as of February 2011. Former Goldman executives who hold senior positions in the Obama administration include Gary Gensler, the chairman of the Commodity Futures Trading Commission; Mark Patterson, a former Goldman lobbyist who is chief of staff to Treasury Secretary Timothy Geithner; and Robert Hormats, the undersecretary of state for economic, energy and agricultural affairs. »

    4. Avatar de fujisan

      Bonne pêche !

      Zou, une autre plus ancienne:

      QUE SAVENT-ILS, CEUX QUI DIRIGENT ROSSERYS & MITCHELL?

      Ils savent que gagner de l’argent, c’est la seule activité qui vaille. Ils savent que c’est cela, l’important, et que tout le reste, comme ils disent, c’est de la littérature. Ils savent que le pouvoir temporel est plus important que le pouvoir intemporel. Ils aiment les écrivains, les peintres et les musiciens morts, mais non ceux qui vivent et travaillent dans le même temps qu’eux. Ils ne craignent Dieu que quand ils sont petits ou quand ils sont près de mourir. Ils savent que les rapports entre les individus et entre les peuples ne sont fondés que sur la force et la richesse. Ils savent qu’en ce bas monde un bon banquier est plus utile qu’un bon confesseur ou qu’une femme aimante. Ils savent que l’homme et la terre ont été créés pour dominer l’univers et que, sous le soleil, rien ne vaut un bon gisement de cuivre, une vaste nappe de pétrole, un immense troupeau de bêtes à cornes et à poils. Ils savent que les hommes ne naissent pas égaux entre eux, que ce sont là des histoires et que, si des peuples l’inscrivent dans des constitutions, c’est tout simplement parce que c’est plus satisfaisant pour l’esprit, plus commode dans les rapports sociaux. Ils savent qu’il en est de même pour ceux qui disent qu’ils croient en Dieu. Ils savent que tout s’achète et que tout se vend.
      (…)
      Ils savent que l’important, c’est de tout acheter, de tout avoir, de tout manipuler, et non d’accorder les forces financières, industrielles et commerciales aux besoins des peuples. Ils savent que fabriquer des chaises ou des automobiles n’est pas nécessaire ni primordial, mais que seule compte la somme des bénéfices qu’à la fin de l’année rapporteront ces fabrications. De nos jours, les dirigeants de Rosserys & Mitchell savent même abattre des gouvernements, noyauter les conférences internationales, couler une monnaie, provoquer des guerres et les arrêter au moment opportun pour leurs intérêts. Ainsi qu’on le voit, ils savent beaucoup de choses. Et, comme on peut le supposer, il leur faut disposer d’immenses capacités intellectuelles et morales pour assumer des tâches aussi lourdes. Heureusement qu’ils sont là. C’est pourquoi, prions Dieu que notre société gagne la guerre économique pour le plus grand bonheur de tous les hommes et supplions-Le de garder en bonne santé les chefs qui veillent sur notre croissance et notre expansion. En dévoilant un peu de ce qu’ils savent et de ce qu’ils supportent, j’aurai contribué à les faire mieux respecter.

      René-Victor Pilhes, L’imprécateur, Seuil (1974)

      1. Avatar de Contempteur
        Contempteur

        Tout et dit et avec la langue adéquate.

  18. Avatar de Julien
    Julien

    j’affirme plus modestement depuis quelques années que les idées défendues sur le blog reflètent celles de 70% à 90% de la population.

    Tant de modestie doit vous étouffer, M. Jorion. J’aimerais en savoir un peu plus sur votre intervalle de confiance.

    1. Avatar de Julien Alexandre

      Et les idées du FMI Julien, elles reflètent celles de quel pourcentage de la population à votre avis expert ?
      N’ayez crainte, donnez un chiffre, je ferais également semblant de ne pas comprendre pour donner le change !

      1. Avatar de Julien
        Julien

        Très juste… un petit 10% ? Mais attention, 10% « d’éclairés ». Ca me paraît suffisant pour une technocratie.

        1. Avatar de Julien Alexandre

          On peut acheter des lampes halogènes ou des LED pour « éclairer » les 90 % restants, ça nous évitera les accrocs de la technocratie 😉

      2. Avatar de Julien
        Julien

        Dans un monde parfait… Mais en attendant d’y arriver, on peut parfois laisser le bénéfice du doute à nos dirigeants élus démocratiquement (ou non, cf Trichet) sans systématiquement passer par un procès d’intention.

        1. Avatar de Julien Alexandre

          Le problème des « nommés », Julien, c’est qu’il faut qu’ils aient une légitimité objective pour qu’on leur apporte notre confiance. La reconnaissance par ses pairs dont on sait que les processus de cooptation ne sont pas régis précisément par une quelconque objectivité mais par une « communauté d’esprit » sur l’essentiel ne répond pas à cette exigence. Nul procès d’intention, une simple constatation, et d’où vous êtes vous savez pertinemment à quel point cela correspond à la réalité. Je le sais aussi.

          Et pour retourner le compliment, je dirais qu’avec des technocrates parfaits, ce serait avec grand plaisir. Vous sentez-vous suffisamment droit dans vos santiags pour soutenir une telle assertion ? Pas plus que moi pour soutenir la perfection du processus démocratique sans doute. Alors dans le doute, il est souvent plus sage de s’en remettre au processus légitime, et d’apporter à l’objection classique du temps des marchés qui ne serait pas calqué sur le temps du politique une réponse de bon sens : si ça va trop vite sur les marchés pour que la politique suive, il faut ralentir les marchés. CQFD.

  19. Avatar de idle
    idle

    @PaulJorion
    Hello Paul j’ai pensée à vous ce matin en parcourant l’étalage de la librairie de la place principale de Chantilly…Où bien sûr on ne peut vous obtenir que sur commande, mais finalement je me suis décidée et j’ai achetée J. d’Ormesson pour : « C’est une chose étrange à la fin que le monde » et Eric Laurent pour « La face cachée des banques », éditions POCKET évidement. « J’endore le son » comme j’aime à l’appeler ou Jean d’Ormesson, parce c’est le seul vieux capable de se faire des couilles en or en 261 pages chaque année en racontant toujours la même chose, belle performance pour son âge et de plus, il ne nous fait pas le coup de « aie-issaïe-meurt », donc respect, et Eric Laurent pour son courage, j’espère qu’il a des porte blindées.
    Bonne journée à tous.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ils ont pas un Grevisse, un Bescherelles ou un Bled en stock, à « la librairie de la place centrale » du bled de monsieur W ? M’est avis qu’vous y apprendriez fichtrement plus de choses qu’à relire et rerelire les toujours mêmes insipides niaiseries de monsieur « J’endors mais son (son automne éternel…) »…
      Cela dit, je vous comprends, lire Dors Maison avec Woerth à la mairie, c’est du meilleur goût, ça dépareille pas, sans fausse note le truc, la sécurité sociale du bon goût, Weston et Burlington, Courchevel et Mérindol, quasi Louis Vuitton et Moët- Hennessy, avec Eric Laurent en pochette pour l’encanaillage version « pocket » of course (de canassons…), et, gariguette sur chantilly, blog Jorion en bandoulière, manière de baise-en-ville.

  20. Avatar de lucien lerouffe
    lucien lerouffe

    Hacker, du verbe anglais « to hack » découper à la hache

    Un hacker est un viking moderne qui est curieux et déteste perdre son temps avec la bureaucratie

    Les gens normaux disent « on ne peut pas faire ça ».

    Eux ils le font.

    S’il résolvaient la plupart des problèmes en instance les hackers pourraient changer le monde. C’est le but du réseau anonymous. Il font les choses plus vite, mieux et sans se fatiguer pour rien. Le contrôle absolu des choses. La façon de penser typique du hacker.

    Le hacker « captain crunch » était capable de hacker les lignes longue distance avec le sifflet du paquet de céréales captain crunch

    Le hacking se doit de rester transparent pour les gens normaux. Pourtant ce qu’il accompli est extraordinaire et arrive bientôt à les épater.

    Du bidouillage au piratage.

    La fameuse phrase, transformée en slogan publicitaire par Marlowe, qui a l’air d’achopper, je la comprends intuitivement:

    Ce que m’évoque « We are the 99% »? Je ne cherche pas à comprendre. Ce qui vient à l’esprit c’est:

    99% des produits finis sont jetés dans les six mois.
    Removing moubarak… 99%, please wait…

    Et puis après l’impression de lutte contre le gâchis et la corruption de notre époque, on repense au papier inoffensif de Stephane Hessel « Indignez-vous ». Alors on se sent tout à fait perdu mais tout s’éclaire finalement, si l’on arrive à se rendre compte qu’on a affaire à un véritable soliton mondial, soulevé par une révolution qui a déjà eu lieu dans les esprits.

    La révolution a déjà eu lieu, la réalité de tous les jours est 1% de l’ancien système, nous sommes entrés à 99% dans le prochain système. Il suffit d’appuyer sur la touche entrée avec le petit doigt pour installer, excusez l’à propos de l’expression, le « système d’exploitation » suivant.

    Tout est pourtant sur la page internet qui suit: http://www.anonnews.org/ ordre de bataille, agenda, revendications. Cette page, vous ne la verrez jamais citée sur bfmtv ou au journal de Pernaud. Les journalistes parlent autant d’anonymous que la télé d’internet… On parle toujours le moins possible d’un concurrent direct.

    1er mars 2010:

    Lettre ouverte des Anonymous au monde entier

    Nous sommes à un moment unique de notre histoire, l’avènement d’internet et de la technologie informatique ont contribué de manière sans précèdent à la prospérité du monde occidental. Nous nous sommes créés un empire à nul autre pareil, un réseau global d’échange et de communication permanents, un nouvel age technologique. Nous avons parcouru du chemin depuis la révolution industrielle. Nous sommes devenus les explorateurs des nouvelles frontières digitales, repoussant nos limites du monde quantiques aux extrémités de l’Univers.

    Et pourtant, l’empire fait face à une crise :

    Récession globale, paupérisation galopante, violence larvée, corruption politique, et libertés individuelles menacées. Comme en d’autres temps, l’Histoire se répète. Les demi-vérités nous sont rabâchées, depuis les journaux TV jusqu’à internet : l’empire est puissant, le changement est malvenu, la réponse est dans le business tel que nous le connaissons. En ces temps d’incertitude, il en est qui cherchent à ajouter à la confusion, qui se nourrissent de notre insécurité et de nos peurs, qui cherchent à nous diviser pour leurs propres desseins. Cette stratégie subversive a pris différents visages : gauche et droite, chrétiens et musulmans, noirs et blancs, athées et croyants.

    Mais quelque chose d’inattendu s’est produit.

    Nous avons commencé à nous raconter nos propres histoires. Partageant nos vies, nos espoirs, nos rêves, nos craintes. Chaque seconde, à toute heure du jour et de la nuit, les petits détails de la vie sur Terre se répandent à travers le monde. Alors que nous voyons les vies de nos semblables défiler sur nos écrans, nous commençons à comprendre les conséquences de nos actions et les erreurs passées. Nous remettons en cause l’idée que nous sommes faits pour consommer, non pour créer, que le monde existe pour notre bon plaisir, que les guerres et la pauvreté sont inévitables.

    Au fur et à mesure que nous découvrons notre communauté globale, une vérité fondamentale refait son apparition : Nous ne sommes pas si différents les uns des autres. Chaque humain a ses forces, ses faiblesses, ses émotions propres. Nous cherchons tous l’amour, nous aimons tous rire, nous avons tous peur d’être seuls, nous rêvons tous d’une vie meilleure.

    Vous devez créer une vie meilleure.

    Vous ne pouvez pas rester assis à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéos, en attendant une révolution. Vous êtes la révolution.

    A chaque fois que vous décidez de ne pas utiliser vos droits,
    à chaque fois que vous refusez d’entendre un autre point de vue,
    à chaque fois que vous ignorez le monde autour de vous,
    à chaque fois que vous dépensez un peu de votre argent dans un commerce qui ne verse pas un salaire équitable,

    Vous contribuez à l’oppression de l’être humain et à la répression de la pensée humaine. Vous avez le choix, le choix de prendre le chemin le plus facile, le chemin familier, de marcher volontairement vers votre propre soumission. Ou le choix de vous lever, d’aller dehors et de parler à votre voisin, d’aller ensemble sur des nouveaux forums pour créer un changement durable et significatif pour l’humanité.

    C’est notre défi :

    Une révolution pacifique, une révolution des idées, une révolution de la création. La prise de conscience du vingt-et-unième siècle. Un mouvement global pour créer un nouvel âge de tolérance et de compréhension. D’empathie et de respect. Un âge de développement technologique libérateur. Un âge de partage des idées et de coopération. Un âge d’expression artistique et personnelle.

    Nous pouvons choisir d’utiliser de nouvelles technologies pour obtenir un changement radical positif ou bien cela sera utilisé contre nous. Nous pouvons choisir de garder l’internet libre, de garder ouverts des canaux de communication et de construire de nouveaux tunnels dans ces endroits où l’information est toujours surveillée. Ou bien nous pouvons laisser tout cela se fermer autour de nous. Tandis que nous nous mouvons dans ces nouveaux mondes digitaux, nous devons reconnaître les besoins d’information honnête et de libre expression.

    Nous devons nous battre pour conserver l’internet ouvert, comme un forum des idées où tous sont égaux. Nous devons défendre nos libertés face à ceux qui chercheraient à nous contrôler. Nous devons nous battre pour ceux qui n’ont pas encore les moyens de s’exprimer. Continuez de raconter votre histoire. Tout doit être entendu.

    Nous sommes Anonymous.
    Nous sommes légion.
    Nous ne pardonnons pas.
    Nous n’oublions pas.
    Redoutez-nous.

    Bien sûr que 99% des gens ne sont pas le mouvement #OWS et qu’#OWS n’est pas 99% des gens… Mais le mouvement 99% se soûle pourtant de l’impression qu’il peut prendre en charge 99% du monde réel, puisqu’il lui semble qu’il n’est qu’une autre des modernes « fenêtres » qu’il ouvre et ferme selon son bon vouloir à longueur de vie. Quelle génération peut se reconnaître à 99% dans ce message? Les baby boomers? Les Joneses? Plutôt les X et surtout les Y qu’on nomme aussi génération « C » ( comme le langage informatique éponyme et c’est un fait remarquable…) où le « C » est mis pour communiquer, collaborer et créer

    La politique de l’ancien monde reposait sur le poids d’autres générations, plus nombreuses, possédantes et inertes. Celle annoncée par les premières « manifestations » des générations de l’information semble aller plus vite que la lumière et savoir se montrer sous les projecteurs un peu mieux et sous un jour un peu meilleur…

    1. Avatar de f2s

      Vous trouverez la définition du terme hacker dans de nombreux ouvrages, notamment The New Hacker’s Dictionary de Eric RAYMOND, MIT Press, 1993, que j’ai eu le plaisir de traduire.

      Meilleures salutations.

  21. Avatar de Paul Jorion

    La ballade du banquier « Too Big to Fail ». Pour ceux qui comprennent l’anglais.

  22. Avatar de Francois Pach
    Francois Pach

    Bonjours Paul
    Je vous suis avec le plus grand intérêt depuis pas mal de temps, et j’attendais avec la plus grande impatience votre intervention du 20 courant. Me voici pourtant bien déçu; autant j’ai eu pour vous une admiration sans fin, autant je considère qu’a se point de la situation vous défoncez des portes ouvertes. Oui tout ce que vous dites est vrai, nombre d’entre nous l’ont compris; mais les solutions ? Je veux parler de solutions concrètes, non d’idéologie, non de discours populistes, mais de solutions telles qu’en proposent par exemple Bernard Friot, ou encore le modeste mais non moins fantastique Etienne Chouard, qui, même s’il peut sembler utopiste, a vivement agité mes neurones dans le sens positif. Il m’est difficile d’admettre qu’un type de votre envergure ne puisse pas en faire plus.
    Francois Pach

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Vous avez déjà deux solutions et vous en chercher encore ?

      1. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        cherchez ….

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  1. Souvent une étrange culpabilité vient visiter les vivants et les perturber comme cette mauvaise synchronisation du son à l’image. Etrange,…

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