L’EST RÉPUBLICAIN, Questions à Paul Jorion, le 2 septembre 2011

« Aujourd’hui, la Grèce emprunte sur les marchés à 17,82 % sur 10 ans et 42,96 % sur deux ans. C’est un taux de faillite. »

La dette grecque serait « hors de contrôle ». Qu’en pensez-vous ?

On s’en doutait depuis un moment. Car les plans qui ont été imposés l’an dernier à la Grèce par les représentants de la zone euro et du FMI étaient intenables. Notamment les mesures dont on savait qu’elles allaient enflammer la rue : les privatisations, des réductions drastiques, la baisse des salaires, l’augmentation des impôts etc. Et cependant, il y a des dépenses faramineuses qu’on n’a pas voulu remettre en question, ce sont les dépenses militaires. Car elles arrangeaient certains partenaires comme la France et l’Allemagne qui vendent des armes à la Grèce.

La suite ici.

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21 réponses à “L’EST RÉPUBLICAIN, Questions à Paul Jorion, le 2 septembre 2011

  1. Avatar de Marx prénom Groucho
    Marx prénom Groucho

    C’est de la bombe! l’art de mettre les pieds dans le plat avec délicatesse, les points sur les i sans avoir l’air d’y toucher, la vérité sortant du puits vêtue avec une simplicité de bon aloi..( ça c’est De Gaulle évoquant Brigitte bardot lors d’une conférence de presse si mes souvenirs sont exacts).
    Bref, la phase 3 c.a.d., la découverte de l’évidence par le plus grand nombre est en route!
    On va se ré-ga-ler!

  2. Avatar de Cécile
    Cécile

    je continue de penser que déjà des taux exorbitants tels de 17%, 42% doivent être interdits

    1. Avatar de HuguesL
      HuguesL

      Oui ils pourraient etre qualifies d’ « usuraires »…

      1. Avatar de doudou
        doudou

        Tout à fait d’accord… comme les taux des credits revolving à 19% !
        C’est de l’usure déguisé. Un pékin qui se fait un crédit de 3000€ avec assurance côtisera des années. et la banque aura largement le temps de quintupler sa mise de départ

  3. Avatar de fujisan

    « Aujourd’hui, la Grèce emprunte à 17,82 % sur 10 ans. Et à 42,96 % sur 2 ans ! C’est un taux de faillite. »

    C’est une façon de parler qui occulte le krach obligataire, le lien direct entre taux et prix des obligations précédemment émises. Il serait plus juste de dire « Aujourd’hui, si la Grèce voulait emprunter à 10 ans sur les marchés, elle devrait offrir 17,82 %. En fait, la Grèce n’emprunte pas sur les marchés à ces taux, mais auprès de la BC. Ces taux sont simplement le reflet du krach obligataire sur les obligations grecques qui valent X % de leur valeur nominale. ». (Cfr Le Prix, p. 248-250)

    Et d’ajouter, « mais les banques et assureurs occultent ce krach obligataire. En effet, «on» a changé les règles comptables pour permettre aux banques et assureurs de valoriser ces titres (mark to model) pour faire comme si ces obligations allaient être remboursées intégralement. » C’est mettre les cadavres sous le tapis, mais les cadavres comment à faisander.

    En encore. Les banques et assureurs devront acter ces pertes, ce qu’ils n’ont pas encore fait, du moins pas dans les proportions correspondant à la réalité.

    Et surtout. Qui va payer ces pertes ? La collectivité (État, contribuables) ? Les banques et assureurs ? Derrière ces banques et assureurs, il y a non seulement des actionnaires, mais aussi des créanciers (autres banques, la BCE) et finalement les épargnants, assurances vies, fonds de pension… C’est un débat qu’il est urgent de mettre sur la place publique, ce que refusent les politiciens, trop paresseux et couards, ayant sans doute la trouille que le moindre changement radical provoque une panique générale.

    1. Avatar de Paul Jorion

      « Aujourd’hui, si la Grèce voulait emprunter à 10 ans sur les marchés, elle devrait offrir 17,82 %. En fait, la Grèce n’emprunte pas sur les marchés à ces taux, mais auprès de la BC. Ces taux sont simplement le reflet du krach obligataire sur les obligations grecques qui valent X % de leur valeur nominale. ».

      C’est bien entendu cela que j’ai dit.

      1. Avatar de fujisan

        C’est sous-entendu, mais pas sûr que le pékin moyen comprenne ces subtilités. Il me semble important d’expliquer clairement que les taux ne sont que le reflet du krach obligataire, l’origine étant la chute du prix des obligations, et non une hausse du taux d’emprunt hypothétique qui n’en est que la conséquence.

      2. Avatar de Hatoup
        Hatoup

        Bien vu Fujisan… Il faudrait en effet manquer totalement de raison pour emprunter à de tels taux.

      3. Avatar de Alain A

        Paul
        Suis d’accord avec Fujisan: ne faudrait-il pas refaire un billet topo sur la marché obligataire, avec définition des marchés primaire et secondaire, les prix d’achat sur ce marché secondaire qui reflètent la perte de confiance dans l’émetteur, les stratégies des détenteurs (garder jusqu’à maturité ou trading…), etc.
        Comme Monsieur Fuji, je suis pas sur que le pékin,moyen, ni les 150.000 passants sur ce site, maitrisent tout cela (bien sur, ils devraient acheter ET lire vos livres mais une piqure de rappel n’est jamais inutile pour réveiller notre immunité (mémoire des cellules de défense dressées à attaquer les parasites internes) contre la spéculation destructrice…).

      4. Avatar de Paul Jorion

        Il faut comprendre les lois du genre de l’entretien. Même lorsque le texte final vous est soumis, le texte publié de l’entretien ne représentera ce que vous avez véritablement dit qu’à 80 % parce que vos propos étaient en réalité deux ou trois fois plus longs, et vos paroles auront été condensées.

        Il y a quelques exceptions notoires, comme cet entretien avec Laurent Etre.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ce dont il faut bien se rendre compte, c’est que ces 17,82 %, c’est le rendement réel, effectif perçu par l’investisseur-spéculateur – banque, fonds divers, assurance (voire la BCE si elle a acheté au prix de marché…) – rachetant ces titres 10 ans grecs fortement depréciés sur le marché obligataire secondaire…
      La patate brûle un peu les doigts certes, mais à ce prix là et tant que ça tombe en face (que les grecs lâchent pas et qu’on les soutient pour ça), même avec une menace d’haircut à 30 ou 40 % ou de rallongement de maturité, yabon les coupons.
      Pour les acheteurs primaires évidemment c’est pas la même rémoulade…

  4. Avatar de Thom Bilabong
    Thom Bilabong

    Simple, efficace.

    Vous avez l’art de mettre les pieds dans le plat, M Jorion.
    Et pédagogie s’est – aussi – répéter.

    Question pour un novice que je suis : le grand plan de sauvetage de la Grèce N°2 de cet été ne devait-il pas permettre aux Hellènes de s’abstenir d’emprunter pendant quelques temps ? Le temps que la crise se tasse toute seule comme par enchantement ?

    On dirait qu’avec ce plan, on a juste permis aux grecs d’emprunter encore davantage à des taux himalayens. Mais pourquoi leur permettre d’emprunter davantage à ces taux qui rendent illusoire tout espoir de remboursement ? Pour éviter aux créanciers de constater une bonne fois pour toute la banqueroute de leur obligé, la Grèce ? Si les banques – françaises notamment – peuvent assumer cette perte comme elles le trompettent haut et fort, pourquoi ne pas le faire une bonne fois pour toute ? Ont-elles l’espoir de se refaire ou de moins perdre dans le futur ?

  5. Avatar de HuguesL
    HuguesL

    Est-ce le fait d’admettre officiellement que la dette est hors de controle ne risque pas de demarrer un effet boule de neige du genre chute de Lehman Brothers?

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Boule de neige en septembre,avalanche en décembre.
      Proverbe savoyard…

  6. Avatar de mki
    mki

    Depuis le temps que c’est annoncé sur ce blog, il n’est guère étonnant que le montage scabreux qu’on appelle plan de sauvetage n’ai pas rassuré les marchés.
    J’imagine que les dirigeants vont encore multiplier les déclarations rassurantes. Bien que certains vont se mettre à paniquer, il est visible qu’ils ne comprennent pas pourquoi cela ne fonctionne pas. Ou alors ils font très bien semblant. Mme Lagarde n’est-elle pas un peu plus lucide depuis quelle est au FMI ?

    Pour les banques françaises il est clair que ça risque mal de finir. Il y a quelques semaines lors des problèmes de SocGen on avait accusé la rumeur d’avoir fait chuter le cours. En fait, la banque est hyper solide, mais personne ne doit dire le contraire sinon elle chute. Il faut quand même reconnaître qu’il s’agit d’une solidité toute relative.
    A présent c’est devenu un grand complot américain. Mais comme pour DSK nul besoin de complot, les intéressés se suffisent à eux mêmes pour se créer des problèmes et surtout créer des problèmes aux autres.
    La restructuration est inévitable, mais quand vont-ils s’y résoudre ? Et comment l’annoncer, car tout est affaire de communication.

    Lors de la crise des subprimes les coupables allaient être punis. A part quelques dirigeants un peu inquiétés il n’y a pas eu grand chose. Il semble qu’il y aura de nouvelles poursuites.
    Je ne pense même pas qu’ils sont forts inquiets. Ca me rappelle cet article dont j’adore la conclusion même si elle illustre tragiquement notre époque.

    1. Avatar de Alexandria
      Alexandria

      Mme Lagarde n’est-elle pas un peu plus lucide depuis quelle est au FMI ?

      Elle n’est probablement ni plus ni moins lucide, mais elle est libérée d’une solidarité gouvernementale qui l’obligeait à promouvoir les âneries tombées de l’Élysée.

      J’attends avec impatience le déballage de l’affaire Tapie, où elle a peut-être endossé le rôle de fusible…

  7. Avatar de A.D.
    A.D.

    « Lundi, le nouveau propriétaire du journal, Michel Lucas P-DG du Crédit Mutuel, s’est montré alarmiste évoquant « une cessation de paiement ». Il a profité d’une rencontre avec les élus du comité d’entreprise pour affirmer son autorité. »(JDD 03.08 2011)
    Parler avec des banquiers, c’est plus facile qu’avec des gugus syndicalistes, parler dans des journaux de banquiers ( Libhernation, l’IMonde…) ça change un peu du service public (ah! le service public, c’est sacré). Entre soi. Pour répéter ( oui, la pédagogie : pour les « pédias » : les enfants, n’est-ce-pas ?). Tout changer pour que rien ne change, telle est la devise (Bancor, redistribution, blabla…)

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      A.D.
      Soyez précis, vous parlez de L’Est Républicain…
      Donc, d’une histoire de danseuses…

  8. Avatar de GL
    GL

    Quand il est question de sommes d’argent correspondant à un pouvoir d’achat tout le monde comprend parce que tout le monde a une expérience pratique de la chose. Quand il s’agit de sommes d’argent correspondant à un pouvoir ça devient beaucoup plus abstrait et difficile..

    Le gouvernement grec a perdu une part importante de son pouvoir et la question est de savoir quels sont ceux qui détiennent ce pouvoir et comment ils vont l’utiliser (mettre en avant leur propre train de vie c’est il me semble détourner l’attention vers un aspect secondaire.)

    Montrer qui détient le pouvoir (le pouvoir tout court, sans le qualificatif de financier) en Grèce, en France, en Europe, dans le monde me semble être un point fondamental parce que dissimulé par ceux qui prétendent nous gouverner (j’y inclus une large part de l’opposition là où l’alternance existe.)

  9. Avatar de ºC

    Déclarations de Nouriel Roubini faisant écho à celles de PJ commentées dans mon dernier billet (ºC).

  10. Avatar de Xavier
    Xavier

    Je me prépare à poser une question probablement stupide, donc je m’excuse d’avance (et à titre de préliminaire, je souhaiterais vous remercier et vous féliciter pour ce site que je trouve extrêmement intéressant).

    A la question « Les créanciers européens et notamment français sont-ils particulièrement exposés ? », vous répondez positivement. Effectivement, en cas de défaut de la Grèce, ils seront en première ligne et ne seront pas totalement remboursés. Néanmoins, ces mêmes créanciers prêtent actuellement à des taux qui me semblent relever de l’usure (43% sur deux ans !). A un tel taux, même en cas de défaut partiel, la transaction ne reste-t’elle pas favorable aux créanciers ? Supposons même qu’il y ait défaut total, comment des établissements ayant prêtés à des taux de plus en plus élevés au cours de ces deux dernières années (et ayant ainsi réalisé d’importants bénéfices) peuvent ils être perdants ?

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