Billet invité.
Après avoir plongé, les bourses rebondissaient en cette fin de semaine, loin toutefois de remonter toute la pente. Est-ce finalement une tempête dans un verre d’eau ? Le résultat combiné de spéculations boursières acharnées et d’automatismes informatiques pervers ? En un mot, faut-il encore s’intéresser à ce yo-yo, quand bien même les écarts à la baisse, et parfois à la hausse, prennent des ampleurs inégalées ?
L’apaisement constaté aujourd’hui pourrait à première vue donner raison à ceux qui dénoncent la spéculation pure et simple, et constituer un effet présumé des mesures d’interdiction des ventes à découvert dans plusieurs pays européens. Mais ce serait oublier, pour rester sur ce terrain, que les Britanniques se sont vigoureusement opposés à ce que cette mesure soit prise au niveau européen et que la City est connue pour être l’un des centres les plus actifs et importants sur ce marché particulier, avec Wall Street, où aucune interdiction de ce type ne sévit. La preuve par le contraire n’est donc pas faite.
Une interdiction des ventes à découvert des actions d’un certain nombre d’établissements financiers n’exclut pas, certes, d’autres spéculations, qui ne font alors que justifier les propositions (défendues sur ce blog) d’étendre et de rendre permanente une interdiction des prises de position « nues » (sans exposition à un risque préalable) sur certains de ces instruments financiers, positions qui s’assimilent à des paris sur des fluctuations de prix.
A ce propos, les tentatives européennes d’avancer sur le terrain des ventes à découvert auraient beaucoup avancé, d’après Michel Barnier, le commissaire chargé des services financiers. Le gouvernement allemand poussant et les Britanniques s’y refusant. Il faudra voir, lorsqu’il sera connu, en quoi consistera exactement ce qui est souvent appelé « un encadrement ».
Sur un autre sujet tout aussi sensible, le projet d’une taxe européenne sur les transactions financières serait d’après Valérie Pécresse, ministre française du budget, « en train d’avancer ». Sans que l’on connaisse l’assiette, le montant de la taxe et son affectation budgétaire, éléments nécessaires pour en apprécier la portée.
Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que ces deux mesures vont être présentées comme des avancées majeures, destinées aussi à faire avaler une pilule très amère : l’intensification de la rigueur, au nom de la diminution des déficits publics, en raison de la faiblesse accrue de la croissance.
A ce dernier propos, les économistes et experts les plus sollicités rivalisent de vocabulaire pour ne pas parler de récession et préfèrent s’en tenir d’un ton pénétré à un scénario de croissance molle. « L’économie mondiale n’ira pas spontanément en récession » annonce un directeur de recherche de Natixis, pour prédire « une croissance durablement limitée »… Et si elle était un peu poussée pour y tomber ?
Revenir à cette semaine où les bourses ont joué aux montagnes russes permet de recadrer le débat. Les banques et les compagnies d’assurance européennes se sont retrouvées dans le collimateur, cela fait sens. Longtemps camouflée, leur grande fragilité est apparue au grand jour : c’est leur absence de transparence qui s’est retournée contre elles. D’autant qu’elles ont cherché à esquiver le seul test qui vaudrait : celui du risque résultant de leur exposition à la dette souveraine, qu’elles tentent en permanence de minimiser.
Facteur aggravant, la baisse annoncée des perspectives de croissance économique n’a pu que renforcer les craintes que des défauts sur la dette ne soient inévitables, alors que les Européens ne parviennent à mettre à scène de manière crédible que leurs désaccords sur la mutualisation de la dette européenne, qui permettrait a priori de mieux la garantir. Impliquant que le scénario à la grecque d’une décote volontaire se reproduise et déséquilibre les banques les plus fragiles, puis les autres par effet de domino. Car, pour finir, une incertitude plane sur la solidité de leurs fonds propres.
Ce scénario n’est pas celui de l’apocalypse, il est le plus probable. Ce qui explique la folie boursière de cette semaine.
Même si les spéculateurs sont effectivement à la manœuvre, les effets pervers que nous observons ne peuvent leur être attribués en totalité. Le terrain européen est totalement miné.
On attend désormais des miracles de la rencontre d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, mardi prochain, miracles qui ne se produiront pas. Didier Reynders, le ministre belge des finances, a confirmé hier qu’aucune réunion des ministres des finances au niveau européen n’était pour l’instant prévue avant les 16 et 17 septembre prochains, en dépit de plusieurs demandes. Les parlements nationaux vont devoir prioritairement adopter les décisions du sommet du 21 juillet dernier, et le Bundestag va en particulier se pencher sur le sort du Fonds de stabilité financière européen.
Quelle impulsion pourrait être donnée, qui ne le sera pas ? Une mise à plat du système bancaire européen reste indispensable et serait bien moins dispendieuse que le sauvetage successif des Etats. Mais cela serait reconnaître que la crise de la dette n’est pas seulement celle des finances publiques. Un nouveau simulacre d’aides remboursées aux banques ne serait plus jouable, et cela renverrait au début de la crise, lorsqu’il était question de réguler drastiquement l’activité financière et que les banques étaient même, dans certains cas et pays, nationalisées sans autre forme de procès.
98 réponses à “L’actualité de la crise : LE MIRACLE QUI N’AURA PAS LIEU, par François Leclerc”
Je ne vois pour ma part aucune énormité à relayer de nos politiques malgré qu’il y en ait sur le mur des commentaires.
Les relayeurs font la Pub aux gesticulations des relayés, ce qui les fait vivre.
Les dénonciations de résistances, non suivies d’actes compensatoires et alternatifs, offre un terreau fertile pour maintenir de manière persistante le système actuel, condamnant l’émergence d’un nouveau paradigme, les hypothèses fondatrices, les bases conceptuelles qui sont proposées à travers le travail de ce blog.
Grand bien soit fait à tout un chacun.
C’est ainsi et tout est parfait.
D.C.
Si on faisait un peu de fiction si l’euro explose ça donne quoi ?
des dévaluations en cascade au sein de l’Europe et un retour au mark monnaie forte avec le florin ?
les autres comme aux temps antérieurs
donc automatiquement qu’est ce qu’il advient des créances en Euro ?
si on a 1000 milliards d’euros de dette donc au cours de l’époque 6500 milliards de francs de dettes
si on met le franc à 50% de sa valeur par rapport à l’euro ça donne bien 3250 milliard de francs à rembourser *
notre économie redevient compétitive, les allemands ne vendent plus rien en Europe trop cher, la facture énergétique double mais c’est négligeable car on redevient compétitif. Les importations des pays périphériques à bas coup n’ont plus de raison d’être et ceux de chine sont moins intéressants donc on peut reconstruire notre économie ici.
les perdants les détenteurs de la dette en Euro, c’est à dire les banques et les investisseurs qui ont été grassement payé de cette monnaie dont ils ne savaient que faire au point de la confier à l’état pour un rendement qui ne devrait pas exister
Le système vacille, le système est à l’agonie, mais le système ne meurt pas et ne mourra pas si on ne le pousse pas un peu.
Parce que à l’heure actuelle, tel qu’il en ait, certains gagnent de l’argent, et d’autres travaillent à préserver leurs privilèges.
Qui va payer?,
demandez aux grecs, aux italiens ou à Alain MINC!
Oui à l’heure qu’il est avec toute la technologie acquise depuis plus d’un siècle on demande aux peuples de revenir au début de la révolution industrielle et de faire n’ayons pas peur des mots comme les chinois pour devenir mot magique compétitif.
A quand le retour des dortoirs dans les entreprises ???
A quand la soupe de haricot sec avec du riz à midi ???
Le système n’est pas distant de nous – de toi ou de moi – il est constitué à partir de toi et moi – dire que certains préservent leurs privilèges, ne revient qu’à fabriquer un bouc émissaire, afin que la faute soit externalisée – je, tu, il préservent leurs privilèges – retraite, salaire, client, droit sociaux, fond de commerce, clientèle etc.
attention, attention.
Shakespeare – le marchand de Venise – oui tu as le droit de prélever 1 livre de chair – mais tu n’as pas le droit à plus ni à moins.
je suis la chair du système – quand je coupe – je me coupe et comment puis je être exacte ?
ne tentons pas d’externaliser – de « projeter » pour Jung – le système n’a rien d’extérieur.
Bonjour M. Leclerc,
J’espère que vous m’excuserez de ce hors-sujet.
J’ai peut-être loupé un épisode de votre très bonne couverture de Fukushima, mais je viens de lire un article interpellant sur le sujet, signé David McNeill et Jake Adelstein, sur le site états-unien dissident CounterPunch.
Le titre résume bien le propos de l’article : TEPCO’s Darkest Secret: The Fukushima Daiichi reactors were in meltdown after the earthquake, but before the tsunami hit.
Merci pour votre travail inestimable.
Merci pour cet article que je n’avais pas lu.
La Droite financiariste contrôle la grande majorité des media et veut faire payer les peuples, les 95% de citoyens qui vivent de leur travail: baisse du pouvoir d’achat direct et du salaire différé ou indirect, les prestations sociales et services publics. Doit-on laisser le pouvoir à leurs marionnettes , de Sarkozy qui « ne ment jamais » et pour qui « les paradis fiscaux c’est terminé » à y compris la droite des PS qui ne voit pas d’autre solution que « la fin de l’Etat providence » pour Manuel Valls.
Il y a d’autres solutions , les réformes structurelles keynésiennes actualisées de contrôle de la Finance mises en place à partir de Roosevelt qui ont permis de gagner la guerre antinazie puis d’obtenir 30 ans de prospérité et de plein emploi.
Finance ultra-libéralisée ou contrôle politique citoyen de la Finance: c’est aujourd’hui la question qui décide du choix de société. Impérialisme aggravé de l’oligarchie financière des banksters ou démocratie: chacun va devoir choisir.
Blanchflower: Euro to fail.
Former Bank of England MPC member David ‘Danny’ Blanchflower tells Robert Miller that the single currency experiment is doomed to failure.
http://www.telegraph.co.uk/finance/8697645/Blanchflower-Euro-to-fail.html
Pritchard fait des émules.
Rien de nouveau :
difficultés intérieures ( une paille !), talent indigent, popularité en chute libre ?
Pas de problèmes: taper sur l’ Europe et l’ Euro.
Il en restera des traces, pour les copains à la City.
à relier au post 17
Qui se cache en « nous » ?
un grand manitou (peu connu, si on est resté sur une île déserte, et sans moyens de com° pendant 30 ans ) expose la situation …
sur Mediapart : article intéressant : extrait :
« Lorsque ce vendredi 12 août 2011 le journaliste de France inter demande à Elie Cohen, éminent économiste multi-casquettes, si par hasard la financiarisation de l’économie mondiale ne serait pas au centre des crises des 15 dernières années, il répond: « Mais qu’est ce que vous voulez la financiarisation c’est nous qui l’avons voulu. ». De quoi nous plaignons-nous puisque c’est de notre faute.
http://blogs.mediapart.fr/blog/frederick-stambach/130811/qui-se-cache-en-nous
de là à dire que des éléments de langage se mettent en place, de la droite extrême à la gauche molle …
Samedi 13 août 2011 :
La zone euro ne peut se réformer que « pas à pas », et pas forcément aussi vite qu’elle le souhaiterait parce qu’elle doit s’assurer de l’adhésion des citoyens, juge le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble.
L’Allemagne milite pour un renforcement de la discipline budgétaire en zone euro, à travers un mécanisme de sanctions plus efficace à l’encontre de ceux qui violent les règles du pacte de stabilité.
M. Schäuble a répété qu’il ne saurait toutefois être question de mutualiser les dettes des membres de la zone euro.
« On en reste là : il n’y pas de mutualisation des dettes et pas d’aide à l’infini. Il y a des mécanismes de soutien, que nous continuons à élaborer, sous conditions strictes ».
L’Allemagne reste notamment strictement opposée à l’émission par la zone euro dans son ensemble d’obligations communes.
« J’exclus ces euro-obligations (ou eurobonds) tant que les Etats membres mènent leur propre politique budgétaire », a dit M. Schäuble.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=8ca2523714a5153eb05e0ce0e367e150
Evidemment,seules les bourses de Shangaï et de HongKong ne s’effondrent pas,ce sont des Bourses communistes!!C’est comme l’URSS,tellement forte économiquement et si donneuse de leçons au monde,comme le Reich qui devait durer 1000 ans,tous ces régimes dictatoriaux si sûrs d’eux et si fascinants pour certains!!Pas étonnant que,même à votre âge,vous vous répandiez sur un site aussi nauséabond que bellaciao,prompt à condamner les corridas et soutenir les voyous mais si silencieux sur les massacres au char ou la mitrailleuse des dictatures syriennes,chinoises,nord-coréennes,iraniennes,etc…Il y a certes beaucoup de choses à dire sur le capitalisme mais ce qui est certain,c’est que celui de l’UE est beaucoup moins féroce que celui de la Chine…et là,de votre part,c’est silence complice car le sort des travailleurs chinois ne vous importe pas.Le régime se dit communiste,cela suffit à votre bonheur!!
Et bien voilà tout le monde se rend compte qu’il n’y a plus de langue de bois pour sauver ce système car tout le monde sans exception sait qu’il n’est plus viable et c’est pour cela qu’il est capable d’un miraculeux revirement. Et oui la communication va si vite que la mauvaise foi est aussi fulgurante que le hft et que la pensée contrarienne est d’application immédiate. Le crash n’aura peut être pas lieu. Alors Monsieur Jorion vous aviez raison c’est la fin de ce système mais l’enfer c’est celui que nous vivons et pas celui de l’autre côté et le contrôle des intérêts financiers est tel qu’ils vont nous faire passer le changement sans que l’on ne s’en aperçoive. C’est peut être là que va se produire le miracle humain. S’il n’y a plus le $ et l’€ avec l’Allemagne prête à jeter le gant qu’est ce qu’il y aura? Je manifeste cet avis car j’ai comme l’impression que malgré les apparences il va se passer le contraire de ce que tout le monde attend. Parce que n’en doutez pas un instant tout le monde s’attend au pire.