L’actualité de la crise : L’enfer ou le paradis, par François Leclerc

Billet invité.

L’ENFER OU LE PARADIS ?

Quelques perles relevées dans les fils des agences AFP et Reuters.

Micheline Calmy-Rey, chef de la diplomatie suisse, qui découvre les mérites de la transparence quand elle bénéficie à la Suisse : « Nous étions ces derniers jours assez surpris, pour ne pas dire fâchés, de découvrir le nom de la Suisse sur une liste qu’a concoctée l’OCDE de manière non transparente sur mandat de quelques Etats, alors même que la Suisse est un pays membre de l’OCDE ».

Nicolas Sarkozy, Président de la République : « Je ne veux pas enrichir Monaco, moi. Je ne veux pas enrichir la Suisse, je ne veux pas enrichir l’Autriche », a-t-il déclaré mardi, soulignant que son objectif est de « faire investir en France des gens qui ont de l’argent mais non pas de les faire partir ».

Eric Woerth, ministre français du budget : « La convention fiscale entre la France et la Suisse, qui avait été renégociée, nous en bloquons la signature et nous demandons d’intégrer dans cette convention fiscale le paragraphe OCDE ». A remarquer l’aveu implicite : le texte initial de cette nouvelle convention ne mentionnait pas les critères de l’OCDE, les représentants du gouvernement français n’ayant pas jugé utile de les intégrer lors de son élaboration.

Franck Bancheri, conseiller aux relations extérieures de la principauté de Monaco : « On espère, comme d’autres, ne plus être présent sur la liste noire le 2 avril ».

Selon le quotidien alémanique Tages Anzeiger, le nouveau projet de liste noire de l’OCDE comprenait 46 pays et territoires jugés « non suffisamment coopératifs ». Toujours selon lui, Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, aurait déclaré après avoir rencontré le 12 mars des représentants du Luxembourg de l’Autriche et de la Suisse : « les efforts de certains pays de se conformer aux critères de l’OCDE sur les échanges d’informations en matière de fiscalité seraient mentionnés dans la liste » (ce qui signifie qu’ils y figureront toujours).

Peer Steinbrück, avait déclaré samedi, à Horsham (Grande-Bretagne), que l’élaboration d’une éventuelle liste noire comprenant la Suisse était « comme la septième cavalerie de Fort Yuma que l’on peut faire charger ». « De tels propos publics au niveau international entre voisins amicaux sont insultants et totalement intenables », a ensuite commenté le Secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères. La Suisse a convoqué mardi l’ambassadeur d’Allemagne dans la Confédération pour lui transmettre son indignation.

Torsten Alblig, porte-parole du ministre allemand des finances, a répliqué aux autorités suisses : « peut-être que vous n’êtes pas à l’aise du fait d’être en dehors des règles de l’OCDE. Nous pouvons le comprendre. Nous pouvons aussi vous demander de faire un pas dans notre direction, et alors des comparaisons très anodines ne seront plus si désagréables pour vous en Suisse ».

Le quotidien suisse Tages Anzeiger a révélé de son côté que certaines banques allemandes, via leurs filiales implantées à la frontière suisse, aidaient des citoyens helvétiques à frauder le fisc de la Confédération.

L’Association suisse des banquiers privés, enfin, a réclamé mardi des mesures pour compenser la brèche ouverte par le gouvernement sur le secret bancaire qui pourrait constituer un sérieux manque à gagner. « La nouvelle politique d’entraide en matière fiscale va, dans une certaine mesure, priver notre centre financier d’un avantage compétitif important ».

Pour conclure sur une bonne nouvelle, Brian Lenihan, ministre des finances de l’Irlande : « Des entreprises qui étaient dans des paradis fiscaux anglophones frappent déjà à notre porte », a-t-il ajouté. « Elles paient chez nous 12% d’impôts contre zéro jusque là, mais ce n’est pas si mal ».

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9 réponses à “L’actualité de la crise : L’enfer ou le paradis, par François Leclerc”

  1. Avatar de DTX
    DTX

    çà continue,
    L’Europe continentale essaye d’arriver avec les mains propres au G20 de Londres…
    c’est pas gagné, d’autant plus qu’elles étaient pleines de cambouis,
    çà risque de prendre un peu plus de temps que prévu pour tout nettoyer…
    peut être 6 mois, juste le temps pour que la crise s’aggrave encore et aplanisse les différents…
    on y viendra tôt ou tard quand même…
    @+

  2. Avatar de Mikael EON
    Mikael EON

    Franck Biancheri, promoteur d’ERASMUS, européen militant, fondateur du parti Newropeans, éditeur du GEAB lettre du LEAP 2020 se trouve être le Monsieur finances de la principauté.
    Le catastrophisme des publications de GEAB me semble mieux articulé, plus étayé,….. que bien des discours basés sur un « pessimisme méthodique » présentant des perspectives aussi noires.
    Le prisme au travers duquel il lit le déroulement du flot des fleuves bourbeux où vit l’hydre madréporique qui nous broie (joli?) est il taillé au burin des lapidaires monégasques: biseauté? (mais que serait un prisme non biseauté?).
    Qui pourrait nous en dire plus de cette pythie qui, nonobstant, me semble bien honnête?

  3. Avatar de JJJ
    JJJ

    Belle foire d’empoigne en perspective…

  4. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Mikael EON

    Non, ce sont de parfaits homonymes mais bien deux personnes différentes

  5. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Mikael EON

    Il ne s’agit pas de la même personne. il suffit de comparer leurs photos respectives.
    Franck Biancheri est mondialiste, et fédéraliste au niveau européen.

    AU moment où les Etats sont les derniers recours pour faire face à une crise sans précédent, il s’apprête à lancer sa liste européenne, laquelle prône des abandons de souveraineté sous prétexte que les « forces progressistes » des divers Etats de l’Union ne font plus le poids.

    Mon sentiment est qu’il jette le bébé avec l’eau du bain. On est en effet en droit de s’interroger sur la pertinence de l’ argument selon lequel un déficit démocratique à l’échelle européenne justifierait des abandons de souveraineté, lesquelles pourraient éloigner encore un peu plus les citoyens des centres de décision.

    Pourquoi n’évoque-t-il pas le problème bien plus crucial de la dilution des démocraties nationales dans le dictat de l’idéologie économiste ?
    C’est pourtant là, il me semble, le coeur du problème. On aura beau avoir un super Etat européen, si la doctrine qui sous-tend son développement reste économiste, on ne sera guère plus avancés.
    Bref, je m’interroge, pour qui roule son parti Newropeans ?

  6. Avatar de sebi
    sebi

    Quid du réferendum sur la constitution européenne….il me semble qu’avec du recul Mr Chirac avait un certain respect du peuple francais et misait fort sur son intelligence a savoir analyser la situation et ses désirs réels.
    Pas de super etat sans super idéal et super horizon.

  7. Avatar de Cécile
    Cécile

    Et si l’on reparlait plutôt de la traçabilité des flux financiers …
    (Denis Robert…..)

  8. Avatar de Dede
    Dede

    C’est rigolo.
    A mon avis, aucune chance d’arreter les paradis fiscaux dans le cadre d’une quelconque cooperation internationale.
    Mais voir la Pavane qui se déroule sur ce point est distrayant.

    A ce propos je vous conseille plutot le Luxembourg.
    En cherchant un peu vous decouvrirez qu’un certain Credit Agricole a une filiale en Allemagne qui a une filiale au Luxembourg qui est extremement sympa. Anonymat quasi total, Carte Visa anonyme mais frais bancaires assez élevés. Il faut bien gagner sa vie.

    Pour ceux qui s’inquiéteraient pour Monaco, son Prince et son Trésorier, je les rassure tout de suite: Aprés une belle bagarre avec De Gaulle vers 1960 un bon et bel accord a été passé avec le fisc français: pas de secret bancaire pour les déposants français, mais OK pour les autres.
    Ce n’est pas sympa et solidaire ça ?

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