Quand on vous contacte pour une intervention, on vous dit par exemple : vous débattrez avec trois autres personnes, qui seront X, Y et Z. Le jour dit, il y a six personnes en plus de vous, qui sont A, B, C, D, E et F. Or, on donne son accord pour débattre avec une personne, ou un groupe de personnes bien déterminées, dont on sait qu’elles maîtrisent le sujet, pas pour débattre de n’importe quoi avec n’importe qui.
Ces organisateurs (pas tous, mais beaucoup) ont un peu tendance à vous considérer comme un animal de cirque interchangeable : si on ne peut pas montrer un éléphant, on montrera donc un hippopotame. C’est pourquoi j’ai pris l’habitude ces derniers temps de rédiger mon acceptation de façon conditionnelle : « une fois mon acceptation de la formule proposée par vous, pas de substitution ».
Dans le cas du Forum Libé Rennes, le 15 avril, on m’a proposé deux formules avant la formule finale Il n’y avait pas de mal puisque les propositions initiales étaient présentées comme des hypothèses de travail. Une fois l’accord passé le 24 mars : un débat entre Jean Peyrelevade et moi sur « Comment rendre la finance utile ? », il y eut une annonce officielle, que certains ont dû voir à l’époque, affichée sur le site du Forum.
Cinq jours plus tard, le 29 mars, je reçois un mail me disant qu’a été ajoutée à notre débat, Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’État auprès de la Ministre des Solidarités et des Cohésions Sociales. Je rappelle à mon interlocuteur les termes de notre accord : « une fois mon acceptation de la formule proposée par vous, pas de substitution », qui me répond : « Je reviens vers vous très vite ».
N’ayant toujours rien entendu cet après-midi, je suis allé consulter le programme pour voir si Mme Montchamp avait été ajoutée au débat malgré mon objection. Comme vous pourrez le constater, c’est encore plus simple : j’ai tout simplement été remplacé par Mme Montchamp.
C’est dommage, j’aurais été très intéressé de débattre avec Jean Peyrelevade. C’est dommage aussi pour ceux d’entre vous qui espéraient m’entendre à Rennes, le 15 avril.
47 réponses à “LES MAUVAISES HABITUDES”
Bravo Monsieur JORION ! votre déontologie prime et gagne.
Paul JORION : 1, forum libé rennes : 0
Compromission et désinformation sont de plus en plus souvent les maîtres maux du journalisme.
Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark.
erreur :
« Il y a quelque chose de pourri au royaume de truanderie »
http://grande-boucherie.chez-alice.fr/Brassens.htm
De la déception j’ai retenu qu’en fait c’est une chose extrêmement positive lorsqu’elle est bien comprise et pour le faire il est utile de passer par son synonyme allemand « Enttäuschung », où
« täuschen » qui signifie « tromper » (dans le sens de créer une illusion) avec le préfixe « ent- » équivalent de « ex- » en français.
Le verbe « enttäuschen » se traduit d’habitude par « décevoir » en français mais sa traduction libre devrait signifier « écarter, enlever, éloigner de l’illusion« .
Donc « lorsqu’on est écarté de l’illusion, on n’est plus trompé »
Où est donc le dommage ou le mal?
Félicitations pour votre position parfaitement légitime et intelligente.
J’ai hélas eu le déplaisir de croiser professionnellement la route de Mme Monchamps.
Elle n’est pas à votre hauteur.
Jean P l’aurait été mais il est trop pris dans sa sphère pour la remettre en cause.
Vous avez gagné du temps, donc votre argent. Bravo.
Bien vu Paul !
Pour charger encore un peu la barque, mais cette fois coté animateurs et non pas participants, un article dans le Monde daté du 5 avril dans lequel des responsables de programmes ou de chaîne de radio et télévision reconnaissent sans complexe que pour faire de l’audimat ils font appel à des animateurs dont il savent qu’ils créeront l’évènement du fait de leur seule présence. Comme par hasard ces individus sont tous classés à droite, comme si seule les idées de droite avaient le pouvoir de créer le débat…. un débat orienté dans un certain sens, bien entendu.
Le système médiatique doit être pris pour ce qu’il est : un espace non démocratique où la parole démocratique reste à conquérir, ce qui suppose de n’en point accepter les règle du jeu tronquées.
Et oui, les flatteurs, les larbins ou carriéristes sont partout, meme dans les médias; le lampiste qui a tout déprogrammé en a peut étre reçu l’ordre, et avalé son chapeau.
J’ai vu des gens se faire des courbettes pour une légion d’honneur, acheter un costume neuf pour y accrocher cette breloque.
libé ne peut inviter plus à « gauche » que Peyrelevade.
Est-ce hypocrite de la part du staff de Libérennes?
Comme je disais, Libé appartenant à une grande famille de banquiers, ses rédacteurs ne sont pas supposés inviter un dénonciateur du système (Paul) qui leur réussit si bien depuis des lustres.
Un politicien, ou plutot une politicienne, avait besoin d’une tribune, dommage pour vous et pour nous…
A moins que cela soit un moyen de museler la société civile ?
Jean Peyrelevade peut, lui, refuser de participer à ce débat plutôt « imprévu »
ce serait tout à son honneur en fait .