Billet invité.
PREMIER APERCU DE LA FUTURE REGULATION FINANCIERE AMERICAINE
De premières informations sortent sur les intentions de la nouvelle administration américaine en matière de réforme de la régulation financière, alors que les attentes se développaient fortement ces derniers jours à Washington à ce propos. On y soulignait que le sommet du G20 de Londres, le 2 avril prochain, serait l’occasion d’un des premiers déplacements à l’étranger du nouveau président. Les déclarations des officiels partaient en effet un peu dans tous les sens depuis plusieurs jours, sous de multiples pressions dues à la détérioration plus rapide que prévue de la crise financière. Il devenait également urgent, bien que peu de temps se soit écoulé depuis l’investiture, de donner forme à la politique qu’entendait suivre la nouvelle administration. C’est tout du moins ce qui ressort de la lecture de la presse américaine.
Le New York Times résume pour sa part, dans un article de Stephen Labaton du 25 janvier, les mesures qui sont à l’étude, ou plutôt ce que l’on peut en décrire aujourd’hui dans les grande lignes, en s’appuyant notamment sur les déclarations de Thimothy Geithner, le nouveau secrétaire au Trésor, lors des auditions de responsables afin que leur nomination soit confirmée, ou selon le rapport de Paul A. Volcker, l’un des membres les plus éminents de l’équipe économique d’Obama.
Parallèlement, on apprenait que l’administration Obama se préparait à demander une rallonge aux 350 milliards de dollars de la seconde tranche du TARP, qui vient d’être adopté par le Sénat américain. « Je ne pense pas que beaucoup de responsables au Trésor et à la Réserve fédérale estiment qu’il s’agit de la dernière somme d’argent qu’il vont devoir dépenser », a estimé dans le Washington Post de samedi dernier, Barney Frank, président de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants. On pourrait atteindre, selon le quotidien qui ne cite pas ses sources, une enveloppe globale de 1.000 milliards de dollars (au lieu des 700 milliards déjà adoptés), si le Congrès approuvait cette nouvelle demande. La multiplicité des besoins et des utilisations des 350 milliards de la seconde tranche du plan rendait inévitable qu’une telle demande d’extension soit formulée, devant les arbitrages insurmontables qui en découlaient.
Il est donc désormais possible de se faire une première idée du dispositif global de mesures de régulation en gestation. Il s’appuie sur un rôle accru de la Fed et de la SEC, ainsi que des agences gouvernementales concernées. Un encadrement des courtiers en prêts hypothécaires et de leur activité, ainsi que des hedge funds, est à l’étude, ce dernier avait toujours été refusé par l’administration Bush. Ainsi qu’une réforme s’attaquant au conflit d’intérêt résultant de la situation dans laquelle se trouvent les agences de notation, payées par ceux-là mêmes qu’elles notent. Voilà pour les acteurs du marché, d’autres mesures concernent leurs instruments. Dans ce domaine, il s’agit principalement de la création d’une chambre de compensation des produits dérivés en général, dont les CDS, afin de mieux contrôler ce secteur de l’activité financière clairement identifié comme étant au cœur de la tourmente.
Aucune de ces idées n’est particulièrement nouvelle, ni spécialement audacieuse. Réunies, elles ont le mérite de formaliser un plan d’ensemble, avec ses avancées et ses limites. A ce stade, toutes ces proclamations d’intention ne sont que des têtes de chapitre, qui vont donner lieu dans les prochaines semaines à bien des annonces, des commentaires… et des batailles rangés plus ou moins ouvertes ou souterraines. Le diable étant toujours dans les détails, surtout en matière juridique et financière, il n’est évidemment pas possible d’encore apprécier l’ampleur de ce dispositif.
Pour la partie plus explicitement politique, on notera que l’administration Obama a l’intention de tenir compte des très nombreuses critiques faites à propos de l’utilisation de la première tranche du TARP, et de « limiter » les rémunérations des responsables des institutions financières, sous toutes leurs formes, lorsque ces dernières reçoivent des fonds publics.
24 réponses à “L’actualité de la crise : Premier aperçu de la future régulation financière américaine, par François Leclerc”
Le grand Paul fait de plus en p’luss appel au général Leclerc, et sans division… l’union ferait-elle la force au pays du blog ?
Eviv ssularK !
Rien de nouveau sous le soleil, je crois que ce blog s’essouffle et qu’il tourne un peu en rond.
Au lieu d’attendre les maneuvres de l’administration américaine, qui à mon avis navigue à vue, pour les commenter, peut être faudrait il mieux proposer quelques pistes de réflexion sur ce que pourrait être une nouvelle régulation, à commencer par : Quid de la spéculation et des paradis fiscaux ? Les propositions de Frédéric Lordon me paraissent être un bon point de départ sur ce que pourrait être la Finance au service de tous et non pas au service de toujours les mêmes nantis.
Nationaliser les banques, les assainir avec l’argent du contribuable et les revendre ensuite à qui ? à Mittal, comme pour la sidérurgie? ou à Roothchild et Cie ?
PS : j’écris Roothchild dans le sens , « je n’ai pas la bourse à Roothchild » Honni soit qui mal y pense…..
@ kerema29
Oui. Le blog s’essouffle… Qu’apporte-t-il encore, si ce n’est de ressasser le passé et douter du présent ?
@ Tous
A crise inédite, solutions inédites
Il me semble que c’est sur cela que notre cerveau collectif distribué devrait plancher.
Nous sommes devant un problème, suffisamment bien défini à ce jour. Continuer à l’adresser en expliquant ses causes, ses conséquences, ce qu’on aurait dû faire pour ne pas en arriver là, pointer les coupables du doigt, identifier les erreurs encore commises aujourd’hui et faire quotidiennement l’inventaire, apporte-t-il encore beaucoup pour que le monde traverse la crise en limitant les dégâts ?
Serait-il possible d’obtenir des pistes de réflexion et/ou un résumé clair de ce qui a déjà été proposé comme solutions.
@kerema29
Au contraire, tout change.
Les gens se parlent, ils s’ écharpent parfois, mais ils reviennent, ils se parlent, se respectent, et essaient de trouver des solutions.
Les utopistes rappelés à l’ ordre par le constat de la nature humaine, font un pas en arrière, les réalistes ou les cyniques (selon le point de vue), rappelés aussi par les faits sociaux, font un pas en avant.
Chacun comprend, qu’ il faut trouver le bon timing des réformes, pour ne pas faire de casse.
Il est tout simplement extraordinaire, que pour une fois, puissants et moins puissants ( a toutes le échelles : celle de l’ individu, celle du groupe d’ individus, en passant par le pays, le groupe de pays, ou le groupe culturel) réalisent qu ‘ils sont dans le même bateau, et qu ‘il faut s’ entre aider.
C’ est historique, il faut saisir cette chance.
C’ est difficile et compliqué, la solution ne peut etre trouvée en une fois, ils faut des tatonnements, et pour cela il faut pouvoir revenir en arrière, c’ est a dire ne rien faire ou croire définitivement.
Cet état d’ esprit empreint d’ humilité, commence à affleurer, a toutes les échelles, même si les fondamentalistes de tout bord sont tapis dans l’ ombre et attendent leur heure.
Plutôt que d’ attendre de ce blog la ponte d’ un « pack tout compris », pour un nouveau monde, je propose plutôt que chacun réfléchisse a des propositions concrètes conforme a ses croyances, qui pourraient être testées dans le monde réel, en ne perdant pas de vue leur caractère expérimental, et reversible, a petite échelle, et pourquoi pas a grande échelle (pays, groupe de pays), sans oublier leur financement.
On pourrait imaginer que la chine participerait au financement de ces expériences, qui seraient planifiées et évaluées sur 5 a 10 ans. La sortie de la crise se ferait par le haut, c est a dire par l’ accroissement du savoir collectif, véritable richesse.
Je demande que l’Union Européenne instaure un Comité Européen d’Ethique Economique qui puisse être sollicité par saisine de la part des institutions ou des associations.
Ce comité devra étudier les aspect éthiques du fonctionnement de l’économie de marché (spéculation, investissements prioritaires)
Il devra se composer de personnes issus de la société civile représentant l’ensemble des classes socio-économiques en Europe.
Il devra proposer des orientations de lois au parlement européen.
Il devra évaluer l’aspect éthique des décisions législatives et des organisations économiques prépondérantes (banque, paradis fiscaux etc…)
D’autre part, il faudra trouver un moyen de « forcer » les législateurs à tenir compte des proposition de ce Comité Européen d’Ethique Economique.
Ce comité devra s’appuyer sur le soutient des citoyens en organisant des séances d’information publiques à travers l’ensemble de villes européennes.
Je reste stupéfait de l’absence d’initiative prise par l’ensemble des partis politiques pour faire avancer cette question primordiale de l’Ethique en économie.
La fin justifie t’elle toujours le moyens? trois fois NON!!!!
Il est temps que les politiciens se bougent les fesses.
Mr Jorion je vous demande d’élaborer sur ce blog, avec l’aide de tous les intervenants, le projet d’un Comité d’Ethique Economique Européen.
Merci
@Tigue
Quelque soit le système mis en place il permettra l’accumulation de richesses en divers points au détriment de la fluidité nécessaire au fonctionnement global (cf. crise actuelle).
Pour éviter cela:
Plafonnement de la fortune individuelle de tout habitant de la planète terre à :
Plafonnement des bénéfices sur les sociétés dont le siège est sur la planète terre à:
Plafonnement du pouvoir de contrôle par un seul individu à d’une masse de valeurs à :
Reste à mettre les chiffres en face, dire qui décide, comment et en fonction de quels critères.
Qu’en pensez-vous ?
@kerema29, Pierre lang…
Non, le blog ne s’essouffle pas dans la mesure ou il répond aux attentes de son créateur: offrir un espace de réflexion collective utile à chacun (Paul compris j’imagine) et dans les limites de nos compétences respectives.
Personne ne songe à règler les problèmes généraux de cette crise économique majeure aux effets multiples dans le strict cadre des commentaires de ce blog.
Laissons au moins à Paul la liberté d’en juger à sa guise.
Et merci à tous.
@bob
Sur l’Europe il faut déja s’attaquer à son fonctionnement si peu démocratique.
Par exemple on trouve sur le Blog de Raoul Marc Jennar:
A propos de la démocratie:
Comme dans le TCE, quelques dispositions renforcent le poids du Parlement européen, mais celui-ci reste largement un Parlement croupion : il n’est pas l’unique législateur et ses pouvoirs de contrôle sont limités (pas de séparation des pouvoirs), il ne peut pas proposer ses propres textes (le monopole de l’initiative est maintenu en faveur de la toute puissante Commission européenne qui peut s’opposer aux attentes du Parlement et du Conseil des ministres tous deux pourtant issus du suffrage universel). Le citoyen qui peut changer, par le suffrage universel, son maire, son parlementaire, son gouvernement est totalement impuissant face à une Commission européenne qui n’est pas comptable de ses actes. Le traité modificatif ne modifie pas le caractère technocratique et opaque d’une Commission européenne plus que jamais aux ordres des lobbies de la finance et du business.
A propos du néolibéralisme des politiques européennes :
La disparition de la formule « concurrence libre et non faussée » du TCE n’entraîne pas de changement dans l’orientation des politiques. Un article rappelle le primat d’une « économie de marché ouverte où la concurrence est libre » et un protocole (même valeur que le traité) indique que « le marché intérieur comprend un système garantissant que la concurrence n’est pas faussée ». La seule politique de l’UE, c’est, plus que jamais, de mettre en concurrence toutes les activités humaines. Pas de place pour la coopération ; pas de place pour la solidarité. Mme Merkel l’a confirmé au Parlement européen : en ce qui concerne le libéralisme des politiques, « rien ne va changer ».
A propos des services publics :
Rien n’est plus mensonger que d’affirmer que l’UE protège désormais les services publics (baptisés « services d’intérêt général »). Un protocole dont l’intitulé parle des « services d’intérêt général » ne concerne en fait dans son contenu que les « services d’intérêt économique général » lesquels sont soumis aux règles de la concurrence. Il s’agit-là d’une formidable mystification de la part des auteurs du traité. Comme ceux-ci l’ont déclaré : « la liberté d’établissement et la liberté de circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services continuent de revêtir une importance capitale ».
A propos de la mondialisation néolibérale :
L’affirmation selon laquelle désormais l’UE protégerait contre la mondialisation est totalement mensongère et démentie par le texte : celui-ci renforce les pouvoirs de la Commission européenne pour négocier des politiques de dérégulation à l’OMC. Les pouvoirs du Comité 133 sont consacrés et renforcés dans la mesure où il ne devra plus se prononcer à l’unanimité. Son opacité demeure. La négociation de la mise en œuvre de l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS), dont l’objectif ultime est la privatisation de toutes les activités de services qu’elles soient nationales régionales ou municipales, en sera facilitée. Le traité de Lisbonne facilite la soumission des services publics locaux aux règles de l’AGCS.
@Michael:
Je suis persuadé que la solution européenne est possible. Il faut pour cela que nos politiciens nationaux nous expliquent les enjeux et les objectifs de cette Europe car c’est leur métier et ils sont payés pour ça.
Etant un fervent partisan de l’Europe, je souhaite que les citoyens disposent de structures consultatives pour proposer des projets.
Le parlement européen démocratiquement élu doit s’emparer de l’orientation stratégique de l’Union car l’avenir c’est l’Europe.
Un Comité Consultatif pour les questions d’Ethique Economique serait une avancée importante pour informer les citoyens de ce qui se passe en Europe mais également pour orienter des projets de lois à l’échelle européenne.
Un peu comme le Comité Consultatif de Bioéthique (CCNE) dont l’action est loin d’être négligeable dans le domaine sanitaire.
@bob
Je suis bien d’accord. Et européen engagé.
mikl
@Paul, Loïc, Fab et les autres
« Si deux personnes s’accordent entre elles et unissent leurs forces, elles auront plus de pouvoir ensemble et conséquemment un droit superieur sur la nature que chacune des deux n’en avait à elle seule, et, plus nombreux seront les hommes qui auront mis leurs forces en commun, plus aussi ils auront de droit à tous. »
Spinoza, Traité politique §13/ ch2
DIEU ET MORT, MARX EST MORT, ET MOI-MÊME JE NE ME SENS PAS TRES BIEN.
Bonsoir à tous,
Pas le moral, hein.. Essouflement, insolation, agacements, allez, c’est pas grave, un bon sniff de produits toxiques et tout ira mieux… faites comme les banques… Quand même, cette nouvelle m’a fait plané, moitié scoop moitié stone, elles s’injectent du liquide à l’aide du fric des narco-traficants. En plus, l’info est balancée en ligne!!! Vraiment mort de rire. Curieux que l’on en est pas encore parlé sur ce blog (qu’en pense Paul?). Perso, ça ne m’étonne pas, ça complète la panoplie avec la prostitution, les spoliations, les armes, la spéculation, la grande classe quoi.
Bon, passons aux vrais soucis, Vous, Moi, la Planète et les Autres, mon âne.
Je ne trouve pas juste de dire que ce blog tourne en rond. C’est juste que certaines impatiences à modifier nos réalités ne sont pas contentées immédiatement. Ce blog n’est pas fait pour ça, il nous aide à comprendre, macro économiquement, ce qui nous arrive, ce qui est la meilleure solution pour inventer une réponse globale et individuelle à la transformation du monde réel.
J’ai relu mes quelques interventions, et je suis consterné par leur banalité. Mais un lieu commun est parfois du bon sens déguisé, aussi j’en suis content parce que mes réponses sont en adéquation avec ce que je vis, mais ça, il n’y a que moi qui l’éprouve, naturellement, comme vous la gestion de VOTRE vie.
Une réponse réelle et personnelle, allez, je me lance:
En ce qui ME concerne, je suis un proprio qui pourrais gagner beaucoup d’argent, on me l’a assez dit, mais j’ai fait le choix d’EQUILIBRER mon budget. Je sais ce que mes biens me coûtent et j’ai mis ce qu’ils me rapportent en rapport, c’est simple. Je paye mes factures, mes impôts, je mange normalement, j’ai éliminé les tentations de la « consommation », voiture de 1990 avec contrôle technique ok jusque 2010 (Je vous engage à ce sujet à ne pas vous désaissir des vieilles voitures sans électronique, poussive peut-être mais un régal pour la fiabilité et si facile à réparer..) pas de portable (le net me suffit), pas d’abonnement télé ( les conneries ça suffit), pas de crédits (les pigeons je les préfère au naturel), des addictions au minimum (celui qui n’en a pas est un menteur), une devise: Payer cher c’est faire des économies (ma chemise de concert a 21 ans, elle porte encore très bien), se défendre sans humilier l’autre, s’aimer sans possession maladive (je m’aime, donc je peux aimer le autres), luttes intérieures quotidiennes contre l’envie, la jalousie, la colère, la crainte, le défaitisme, la manipulation médiatique (belle famille de tarés tout ceux là, et méchants en plus), du court-terme réalisable, du moyen terme pour la stratégie (j’aime les Echecs), du long terme pour le rêve (j’aime bien planer), des regrets, bien sûr, des questionnements, plein!
Résultat de l’équation pour mes locataires: des loyers 40 °/° en dessous du marché; satisfaction pour eux (beaucoup étaient dans l’angoisse, famille, bébés, chômage tout ça, bref je vous fait pas un dessin) et satisfaction pour mon budget (leur loyer est gérable, donc pas d’impayés) et moralement pour moi (et je ne demande pas de médailles, merci). Ma conclusion est que la possession sans avidité est un état d’esprit qui se travaille comme un muscle.
Ma femme vient de me dire qu’en plus c’était facile, dont acte.
C’était un cri du coeur du fin fond du Pas de Calais, et ça m’a fait du bien, mais j’en vois qui ricane, ils ont raison, le rire est excellent pour le moral;
Amitiés.
Omar
@Omar Yagoubi
Cool, cela fait du bien de lire cela…
Continuez.
BG
@ Omar
Quelle bouffée d’air frais, d’humour et d’eau fraîche !
La raison et le coeur tout un. Merci Omar du « fin fond du Pas-de-Calais » !
Je suis entièrement d’accord avec vous, le blog ne tourne pas en rond, plutôt il virevolte et les violons sont de mieux en mieux accordés, même si les couacs dans l’orchestre se font encore entendre ! Faut dire qu’une partie de l’orchestre joue sa partition tandis qu’une autre, en joue une autre qu’il a apportée et que le chef d’orchestre désapprouve mais tolère avec grande courtoisie, malgré tout ! Mais il émane néanmoins de tout cela, des commentaires, comme un petit air, une petite musique, qui n’était pas perceptible il n’y a encore pas si longtemps.
Peut-être parce que la crise est déjà devenue une partie de nous-mêmes et que nous percevons que la solution se trouve autant en nous-mêmes, et dans une certaine écoute paradoxale, que dans l’attente d’une solution miracle. Sans doute aussi parce qu’à force d’avoir exprimé nos points de vue respectifs, ceux-ci sont mieux compris des autres commentateurs et sont de plus en plus perçus comme complémentaires ou alors, s’il s’agit de vues qui nous semblent incompatibles avec nos positions, tout au moins ces dernières sont-elles intégrées au titre des symptômes inévitables de la crise.
J’ai un peu le sentiment que nous sommes arrivés dans une première phase de décantation propice même à un certain détachement, non dénuée parfois d’abattement, ou de scepticisme, sans doute nécessaire avant de passer à une nouvelle phase d’approfondissement de certains sujets.
Enfin, comme dit Paul, dans « Le temps qu’il fait », nous avons pris conscience qu’il faudra du temps, et qu’en attendant des jours meilleurs, le mieux que nous ayons à faire, est de faire vivre nos réflexions et convictions, ensemble. Et c’est en cela que consiste un début de solution — éthique — à la crise, avant une traduction dans les faits. S’il y a une issue favorable à la crise, elle sera forcément la résultante des milliers, millions de petites prises de positions individuelles, aujourd’hui marginales, se renforçant et se fécondant l’une l’autre (ah le cerveau collectif !) mais qui contre vent et marées anticipaient un avenir meilleur et restaient confiantes et intègres dans la tempête. IL se peut même que certains de ceux qui nous semblent dans l’erreur et ceux qui ne pensent pas l’être se rejoignent à tel ou tel moment du développement de la crise pour adopter les solutions nouvelles qui s’imposeront.
Tout n’ira sans doute pas non plus sans heurs, nécessaires et collectifs, face à la force d’inertie dont est encore capable ce système qui dispose encore de nombreuses ressources de propagande et de capacités de nuisances. Mais ces dernières atteindront tôt ou tard leurs limites techniques, physiques, coercitives et morales, tandis que tous ceux qui pense qu’un autre monde est possible, selon d’autres règles, d’autres paradigmes, seront prêts, eux, moralement, à prendre le relais et assumer la transformation nécessaire, le moment venu.
C’est chouette jeudi 29 c’est la grève générale, alors on se retrouve tous dans la rue pour dire notre ras le bol des voleurs de foule.
http://www.bakchich.info/article6545.html
Ce blog est très utile. Il nous permet de suivre et de décrypter les informations économiques avec un point de vue sans doute bien plus ouvert et compréhensif que celui journaux économiques. Ici on essaie de comprendre et d’analyser ce qui se passe et ce qui s’est passé (car je pense honnêtement, on est très loin d’avoir toutes les informations et on est très loin de savoir exactement ce qui n’a pas fonctionné et ne fonctionne toujours pas dans le système, sinon ma foi la crise serait déjà résolue depuis belle lurette). Personnellement je fais partie de ce qu’on pourrait appeler le camps des ultra pessimistes, d’une certaine façon je ne vois pas cette crise finir autrement que par une très grave dépression et de très graves troubles sociaux et politiques un peu partout dans le monde. Ceci dit, je ne manque pas un jour de venir ici, essayer de mieux comprendre ce qui se passe, qui sait découvrir des points de vue différents, entrevoir d’hypothétiques solutions et éventuellement des lendemains moins catastrophique que prévu. Malgré mon fatalisme, je suis content de voir qu’il existe encore des intervenants capables de réfléchir et de refaire le monde.
En passant, l’idée de mettre un plafond maximum pour les patrimoines et revenus des individus me plait bien, si on en arrive là un jour on peut dire que le capitalisme aura évolue dans un bon sens.
Pour le sujet du fil en lui même, car on s’est un peu éloigné du sujet je crois, je pense que l’administration Obama a beaucoup de chose à faire, beaucoup de pistes à explorer. Je pense entre autre à tout ce qui se trouve hors bilan, les liens avec les paradis fiscaux, en bref, qu’on arrive réellement à vraie transparence, et que le système ne se retranche pas toujours derrière des pseudos excuses pour cacher la vérité. A la limite tant qu’il n’y aura pas une transparence totale, tant que tous les actifs pourris et tous les risques n’auront pas été révélés, « exposés » au grand jour, je doute qu’on puisse arriver à une régulation efficace. Pour le reste les grands classiques, limiter la spéculation financière, celle qui crée de la pseudo richesse en prenant des risques inconsidérés, bannir les ventes à découvert, interdire l’accès des marchés à terme de matière première à ceux qui ne sont pas là pour en prendre livraison mais se contentent de faire monter les prix. Interdire tous les paris sur l’avenir, les « jeux de casinos ». Cela me rappelle toujours cette information amusante et pittoresque que j’ai trouvé sur un site américain : au poker là bas le terme « action » est synonyme de pari, « The game has a lot of action » pourrait vouloir dire « il y avait un tas de pari et d’argent changeant de main ».
J’aimerais argumenter la proposition que je fait concernant la création d’un Comité Consultatif d’Ethique pour l’économie:
1- l’Ethique est une valeur universelle de respect de l’autre, elle est donc trans-partisane. Elle s’affranchit des clivages politiques habituelles qui nuisent grandement à la compréhension des difficultés de chacun.
2- Ce Comité devrait se faire à l’échelle européenne car la majorité des décisions stratégiques pour les pays de l’Union se font au sein de l’Europe.
3- L’action de ce Comité devrait être Consultatif car son rôle serait d’informer les citoyens sur les flux financiers stratégiques (banques, paradis fiscaux…) mais également de proposer des orientations de lois
européennes (Parlement, Commission…). L’aspect consultatif permet également de ne pas interférer sur la représentation démocratique du Parlement et des autres commissions.
4- Ce comité devrait être constitué de représentants actifs de la société civiles et d’associations représentatives, de tous bords politique et socio-économique, dont le but principal serait de faire progresser l’Ethique économique dans l’Union.
Une solution pragmatique, qui ne coute pas cher, très facile et rapidement réalisable par les gouvernants.
Au moins, avec ça les citoyens sauraient exactement où va l’argent des paradis fiscaux et des banques. Ce qui me parait élémentaire dans une démocratie.
Le consentement éclairé des citoyens est indispensable pour renforcer la démocratie qui semble manquer de souffle actuellement.
Quel système pourrait empêcher l’inflation, la fuite en avant, qui provoque l’inévitable explosion des bulles spéculatives ?
Il faudrait un contexte légal qui rende plus avantageux le retrait des investissements spéculatifs, à partir d’un certain point d’inflation de la bulle, et cela suffisamment lentement.
Il faudrait pouvoir provoquer la diminution, mécanique, jusqu’à l’inversion, de l’intérêt spéculatif en fonction d’un niveau de découplage non soutenable, atteint entre la masse monétaire spéculative et l’économie sous-jacente.
Schématiquement, les gains spéculatifs pourrait être imposés par tranches, en fonction de la financiarisation des marchés, pour les rendre de moins en moins attractifs au fur et à mesure de l’inflation des bulles.
Je ne suis pas capable techniquement de pousser plus loin cette idée qui est peut-être inapplicable.
Il me semble en tout cas que tout vaut mieux que la prière à l’inconnu nommée « auto-régulation ».
Ou alors il faudrait placer ce mot sur le champ humain global, l’auto-régulation du capitalisme pourrait-être éthique.
Les grands accumulateurs au niveau; fortune indépensable même en 10 générations, pourraient décider de redistribuer le surplus accumulé hors de leur capacité à le dépenser à l’humanité en danger.
Dans un monde fini, la fortune individuelle, la capacité d’un individu de s’approprier plus de ces ressources limitées que d’autres, doit aussi être limitée.
Tout être humain possède à sa naissance une part du patrimoine terrestre limité, ce bien ne peut lui être refusé ou confisqué.
Voila de bonnes bases pour remettre notre petite planète sur les rails.
@ Shiva
Je suis absolument d’accord. C’est dans cette voie qu’il faut chercher. Le système actuel est très instable dès que la foule s’emporte (aussi bien l’euphorie en période de bulle spéculative que de panique en temps de crise).
Le système monétaire est basé sur le principe d’un comportement aléatiore des acteurs. Si c’était le cas, on pourrait espérer que l’auto-régulation puisse fonctionner assez facilement.
Mais en réalité le comportement des gens est fortement influencé par la psychologie des foules où un comportement prédomine. Dans ce cas, compter sur l’auto-régulation conduit donc au désastre (bulles liées à l’euphorie ou effondrement lié à la panique).
Si un certain nombre de mesures rendent le système plus stable (par conception du système lui-même et par des réglementations et des contrôles), alors l’auto-stabilisation ne tiendra plus uniquement du miracle et de la compétence du « chef », et les interventions du « chef » seront plus efficaces.
Il faut aussi que le « chef » ait à sa disposition des outils de réglage plus efficaces que les taux directeurs et autres incitants qui ne sont que des outils indirects dont le succès dépend trop du bon vouloir des foules.
@bob:
N’est ce pas un peu présomptueux que des citoyens demandent d’introduire la notion d’Ethique dans l’économie, même à l’intérieur de l’Union Européenne.
Un comité consultatif n’aura aucun pouvoir, il ne pourra donc que suggérer ou évaluer certaines pratiques: n’est ce pas une limite de la promotion de l’Ethique dans les échanges?
Il semble peu vraisemblable que les politiques puissent s’emparer d’un tel sujet, certes hautement nécessaire, mais incompatible avec le rapport de force actuel entre la dérégularisation et l’encadrement du système actuel.
Le libre échange est t’il compatible avec l’éthique?
L’éthique est il un facteur de perfomance?
L’absence d’éthique est il synonyme de performance ou de contre performance à moyen et long terme?
@ Omar,
Merci pour ce beau message.
Sinon, j’avais réagi à votre info sur l’intervention de la mafia dans l’économie légale mais mon message a été censuré…Il faisait référence, pour info, juste pour info, à un site qui précisait la place de la mafia dans l’organisation mondiale.
Et je m’étonne aussi du manque de réaction à ce sujet sur ce blog, j’y ai d’ailleurs fait allusion dans un nouveau message à pj dans le billet les insolents. Je vois une explication au fait que l’on détourne le regard à chaque fois que ce type d’info est mis au jour. Expliqué différemment et de manière plus provocatrice, ça donne :
la mafia touche à tout ce qui permet de faire de l’argent « facile », tout ce qui passe par l’exploitation, via la peur, du travail des autres, et elle garantit à ceux qui lui obéissent la sécurité : sécurité des revenus, sécurité des personnes…Une sorte de gouvernement transnational parasite qui bien évidemment ne peut pas accepter que son hôte meure. Il existe donc un système parasite de notre économie…au moins un système parasite. Y en a-t-il d’autres ? Lesquels ? Peut-on considérer que notre positionnement envers les pays sous-développés puisse être comparé à la mafia : on les exploite mais on s’assure de leur survie ? Et en se laissant aller à la réflexion, si on n’est pas arrêté en chemin par ceux qui brandissent la théorie du complot pour éliminer de leur champ de vision et de réflexion toute idée qui va à l’encontre de leurs acquis intellectuels et donc de leurs convictions profondes, en laissant donc libre cours à sa réflexion on peut aboutir à l’idée que le renforcement permanent de l’économique dans nos vies n’est qu’un moyen de garantir une cohésion sociale, de garantir une sécurité sociale…donc d’arriver au constat que nous ne sommes pas maîtres de l’usage de nos vies. C’est juste un constat et non un appel la révolution, cette prise en charge de nos vies par l’outil économique fonctionne très bien au regard de ce que l’humanité a connu par le passé. Loin de moi l’idée d’une révolution pour faire table rase et laisser croire que ce qui repoussera sera mieux. Mais pourquoi ne pas accepter ce constat ? Pourquoi ne pas prendre en compte les différents signes dans nos sociétés occidentales qui montrent que nous cherchons tous d’autres vérités, de nouveaux espaces ? Et les différents signes dans les autres sociétés qui montrent qu’ils commencent à en avoir assez de notre « protection » ?
A mon avis les solutions pour une nouvelle économie (plus juste, plus éthique,…) étudiées sur ce blog et ailleurs trouveront ainsi naturellement l’accès à leur démocratisation.
Un jour où l’autre il faudra accepter de faire ce constat…
Je tenais à préciser qu’aucun groupe social ou philosophique en particulier n’était visé dans la démarche que j’expose.
Je pense au contraire que nous sommes arrivés à un point qui nécessite que chaque individus formant la société, chaque parti politique, chaque lobby se pose la question de son rôle Ethique pour faire progresser l’ensemble.
Il pourrait s’agir aussi bien de la pertinence Ethique (économique et sociale) de mouvements syndicaux extrémistes (exemple: blocage complet de certaines gares sans aucun préavis) que de la pertinence Ethique des paradis fiscaux.
Le chantier de l’Ethique Economique est assez vaste et il me semble que son caractère trans-partisan et consensuel peut nous aider à trouver des compromis et des solutions acceptables pour chacun.
Penser (un peu) en terme d’Ethique permet d’affaiblir grandement les hypocrisies et les non dits.
@Pierre
Dans ce domaine je crois qu’il faut limiter ce qui relève des échanges de gré à gré purement spéculatifs et imposer la structuration des marchés. A partit de là il faut imposer aux places de marchés des mécanismes permettant de limiter les débordement inflationnistes sur les masses monétaires échangées et sur les prix à l’arrivée (cf. mat. prem.). Mécanismes liant la position globale du marché à l’intérêt spéculatif par ex. par une imposition différentielle des bénéfices.
Ainsi les « surplus » générés par l’économie ne pourraient s’investir trop massivement dans la finance et seraient redirigés vers l’ économique.
Si de plus on limite la capacité d’enrichissement individuel (en redistribuant les surplus éventuels) on obtient un mécanisme mieux redistributif qui limite « énergiquement » risque systémique d’essoufflement économique par manque de crédit.
Reste à mettre le niveau de crédit, c.a.d. la machine économique en capacité de produire moins c.a.d. « juste » et durable » en fonction des besoins et des capacités écologiques du rapport réserves-naturelles/innovation-technologique.
De toute manière « au pif » et « à vue de nez » je dirait que rien ne sera tenable sans une limitation, voir une inversion de la natalité. Ceci peut s’obtenir par deux moyens « humains »; le développement (la natalité diminue en fonction du niveau de développement), le contrôle « à la chinoise ».
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