Ce texte est un « article presslib’ » (*)
A. s’interroge :
Comment François Leclerc et Paul Jorion voient-ils l’avenir à court-terme (4-5 ans) ?
Je vais me lancer. Je crois que ça ira beaucoup plus mal avant que ça n’aille mieux. Et la raison en est la suivante, c’est que si vous et moi voyons bien que seul un saut radical nous sortira du désastre actuel, ceux qui nous ont conduits là feront tout ce qui est en leur pouvoir – et le pouvoir ils en disposent en ce moment – pour remettre la machine en marche par des demi-mesures. Il y arriveront partiellement, pour des effets de surface, mais ils n’y arriveront pas sur les questions de fond parce que la machine sous sa forme présente est irréparable.
Pendant ce temps-là, des gens comme moi, comme vous sur ce blog, auront fait d’excellentes propositions sur ce qu’il convenait de faire. Ceux qui nous ont conduits là, ceux qui se sont trompés du tout au tout dans leurs analyses mais tiennent toujours le haut du pavé, continueront comme avant : prétendant qu’ils ont quand même raison – d’une certaine manière – que les « réformes », les privatisations doivent se poursuivre pour la raison incompréhensible X ou Y, que c’est la faute « en dernière instance » au Président Clinton, et ainsi de suite, … remplissez les pointillés.
Mais cela ne leur servira à rien parce qu’il deviendra de plus en plus clair à tout le monde – inexorablement – que c’est leur néo-libéralisme qui nous a conduits là où nous en sommes, et rien ni personne d’autre. Alors, alors finalement, « au stade de l’écoeurement », on se mettra à écouter ce que nous sommes en train de dire. Mais il faudra de la patience parce qu’il faut toujours énormément de patience quand c’est de l’histoire qu’il s’agit.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
101 réponses à “L’avenir à court-terme”
@ Alexis & Alice
« Les optimistes pensent que tout est foutu et qu’on finira par manger de la m… Les pessimistes pensent qu’il n’y en aura pas pour tout le monde » (P-E Victor)
barbe-toute-bleue dit :
26 janvier 2009 à 12:14
J’ai écouté la première partie de Jacky Dupety (et écouterai un peu plus tard le seconde). C’est un témoignage de plus comme quoi, enfants de l’ère scientiste (qui a apporté quand même certaines choses positives, mais dépendantes) nous avons à apprendre (et parfois à réapprendre) des expériences comme, ici, celles de Jacky Dupety. En plus chaque lieu géographique a (en plus de ce qu’indiquent les analyses chimiques) quelque chose d’unique dans son lieu, dans ses sols et sa matière géologique propre, son Soleil et son temps avec ses saisons, elles-mêmes uniques. Etc.
Jacky dupety me fait tout à fait penser à Marcel François, ingénieur en horticulture:
« Chargé de créer les jardins exotiques de Rabat-Salé, il sut faire surgir du désert un îlot de beauté et de fertilité que beaucoup envient à la capitale du Maroc. Dans cette réalisation exemplaire, comme dans ses cours à l’université de rabat, Marcel François montra comment le respect de l’interdépendance entre les êtres vivants, et la fécondité naturelle de l’humus étaient les véritables bases de toute l’agriculture et de toute vie saine. On ne lutte pas pour la vie avec des produits qui la détruisent. Et on ne rétablira pas la santé des hommes sans rétablir d’abord la santé des plantes et l’équilibre du sol. »
Voici un extrait de la présentation de son livre: La Natures est Sacrée (éd. Saint-Albert à 08310 Annelles – France, 1991). J’avais acheté ce livre 100 francs, ou 15,24 euros à l’époque) et à présent, d’après internet, il se vendrait bien plus cher d’occasion aujourd’hui. Voir:
http://www.les-jardins-exotiques.com/les_jardins_exotiques.html (et cliquer sur: les-jardins-exotiques.com)
Né presqu’à la fin du 19ème siècle, début 1900, décédé tout à fait à la fin du 20ème siècle, fin 1999. Il vécu 100 ans et fut l’anti dote extraordinaire de tout son siècle. J’en avais parlé sur un forum (sous un autre pseudo) en mars 2006.
Il créa ces jardins exotiques près de Rabat au Maroc à partir du désert total! Et laissa une œuvre et des réalisations hors série. Hors série parce que naturelles, dans un siècle qui fut essentiellement anti-naturel. Mais j’espère que comme Marcel François, Jacky Dupety et bien d’autres, ne sont que les avancées d’un mode de vie qui devra, par force, se généraliser de – façon toute naturelle -.
@ Rumbo qui nous dit :
« Mais j’espère que comme Marcel François, Jacky Dupety et bien d’autres, ne sont que les avancées d’un mode de vie qui devra, par force, se généraliser de – façon toute naturelle -………
Et suivant les conseils de Alexis qui cite Claude Levi Strauss:
« “Le pessimisme me parait après tout offrir à l’optimisme sa meilleure chance parce que c’est à la condition d’être très pessimiste que nous prendrons conscience des dangers qui nous menacent, c’est à la condition d’être très pessimiste que nous aurons le courage d’adopter les solutions nécessaires et donc, peut-être, nous pourrons recommencer à avoir une certaine dose d’optimisme… disons modéré.”…..
….je reste très pessimiste quant à la capacité « toute naturelle » de généralisation de ces magnifiques (« remarquables » dirait sarkosy) exemples.
Moi j’ai eu un gros problème sur mon premier essai de BRF : c’est le chiendent déjà présent sur le parcelle qui s’est magnifiquement développé ; un autre inconvénient non négligeable du BRF est qu’au départ ill provoque un fort déficit en azote et les légumes restent petits et tout jaunes.
Mais le jardin de marcel françois !!!!!!
Bonsoir
N’étant qu’un citoyen basique de ce monde, voilà mes deux programmes pour remettre le monde en route, au choix :
programme 1 (on admet ses erreurs)
-relocalisation
-regionalisation + grands ensembles
-developpement de la conquete spatiale, il nous faut un but commun
programme 2 (on ne change rien) :
– poursuite de la mondialisation et de l’appauvrissement
– destruction du corps social
– guerres ethniques locales
– retour au moyen age et a la religion (il nous faut un ennemi commun)
A voir sur contre info (source Bloomberg) :
http://alphaville.ftdata.co.uk/lib/inc/getfile/4214.gif
Pour les seules banques françaises :
Valeur de marché 2Q 2007 :
CA : 67
SG : 80
BNP : 108
Valeur de marché : 20/01/09
CA : 20
SG : 19
BNP : 26
J’imagine que cela a un lourd impact sur les fonds propres au passif par le biais des provisions pour pertes. En conséquence, moins de fonds propres, moins de crédits à distribuer.
Merci à ceux qui ont pondu les normes IFRS et le fameux « mark to market ». Dommage que Loïc Abadie ne soit pas là car cette réglemention a été, me semble-t-il, adoptée par les milieux financiers tous seuls ! Sans l’aide des dispendieux Etats.
Une précision à Paul : Qu’est-ce qu’exactement la valeur de marché ? (les actions de ces banques j’imagine)
@ ghopper : Pourquoi pas… je suis un lambda comme vous.
En revanche pour ce qui concerne la « conquête » spatiale, peut-être faudrait-il parler tout d’abord d’exploration spatiale qui me paraît plus humble et accessoirement plus réaliste. Ensuite, je crains que notre « petit » système solaire ne soit pas très accueillant à l’exception notable de sa troisième planète tellurique… la Terre. Les sept autres bidules qui tournent autour d’une petite étoile bien sympathique sont trop chauds, trop froids ou trop mou… quant à la palanquée de machins plus ou moins informes (satellisés ou non autour des planètes précédentes)… ils n’ont comme seule vertu que de rendre notre « sixième » continent, l’Antarctique, accueillant, accessible… et pour tout dire paradisiaque !
Alors… expédions autant de sondes et satellites artificiels que l’on voudra, ces programmes me passionnent et coûtent bien moins chers, mais nous, restons sur notre terre, qui est parfois si jolie… en faisant ce qui faut pour la conserver en l’état.
@Alice
L’histoire officielle n’est pas exactement l’histoire. Sans aide financière, on n’arrive pas au pouvoir.
Le parti nazi a été soutenu par la grande industrie germanique, mais aussi par les finances nord américaine, sous couvert de récupérer la dette due, après la première guerre mondiale … eeeet, par la banque d’Angleterre, qui a attendu la fin de la guerre d’Espagne et un nouveau gouvernement reconnu qui lui convenait mieux, pour payer directement la dette espagnole, pour soutien militaire… à l’Allemagne, en livrant l’or espagnol. Merci Churchill !
La dette atténuée, on respire toujours mieux. L’Allemagne, pas l’Espagne.
Et pourquoi fascistes et nazis étaient-ils si appréciables ? On a jamais fait mieux pour mater les mouvements sociaux. A l’époque il y en avait un peu trop. On a misé sur Hitler, avec beaucoup d’espoir qu’il règle leur compte aux bolchéviques. Il a un peu débordé, parce que le jeu n’est ni simple, ni fluide.
En Europe, on aura bien fini de tuer le mythe socialiste avec la guerre en Yougoslavie, et là encore, il ne faut pas rester persuadé de ce que dit l’histoire officielle.
Il reste Cuba encore. Saleté de Cuba. Pourvu que personne ne croit qu’on puisse y vivre heureux !
Et ne voilà t-il pas que l’Amérique du sud montre à son tour l’affreux exemple. Chavez et Morales qui ont des aspirations de libertés dans un monde qui fait tout pour être libéral.
@Di Girolamo
Sans être officiellement qualifié pour donner le moindre conseil.
BRF et semis direct peuvent devenir très techniques. Ils nécessitent des connaissances qu’on n’avait pas encore acquises il y a peu, pour être pleinement adaptables par zone. Technique ancienne ? … avec appui des savoirs de sciences, les mieux possible mises à jour.
Rumbo parle très lucidement de terroir, en citant Marcel François, et de biotope associé. Il faut considérer ce qui est déjà présent et bien enraciné dans ce biotope, surtout si il résiste au glyphosate. Il y a des périodes de transition partout, et chaque milieu révèle des difficultés qui n’ont pas une résolution identique dans chaque région.
Chiendent et kikouyou exotique, je connais des gens qui en plantent pour ne plus laisser dépasser le reste. Mais ils sont rarement agriculteur, si vous me permettez la blague grinçante.
Vous avez raison, d’autres ont dû chercher la solution à ce même problème, ce sont eux vos interlocuteurs privilégiés.
PS : pour le BRF, il est préférable de préparer le terrain pour les champignons, pendant la période de minéralisation des sols, disent tout ceux qui s’y essaient : à partir de Novembre. Commençant en Mars, on vient en concurrence des autres plantes pour l’azote, c’est ce qu’ils disent tous avoir constaté.
Merci barbe toute bleue de ces conseils éclairés ; je suis aussi persuadé que pour nous nourrir il faudra aller au delà des pratiques anciennes et traditionelles pourtant toujours valables , s’appuyer sur des pionniers passionnés et expérimenter , observer avec obstination ; l’agriculture de demain reste à inventer ;mais elle ne pourrra se transformer sans qu’en même temps toute la société se transforme ….Un sacré chantier devant nous!
De toute manière il faudra savoir redonner sa place essentielle,centrale , à l’agriculture et au milieu rural et son sens à notre relation à la planète qui n’est ni une zone industrielle à exploiter ,ni une zone de loisir à découvrir en touriste ni une zone urbaine de commerce et de culture ou dortoir ,ni une zone agricole spécialisée.
Un site intéressant dans le questionnement actuel (et qui, je pense, intéressera particulièrement à Di Girolamo )
http://www.servisphere.com/
Voici la présentation…
@Stilgar
Intéressant et facile à promouvoir localement pour étoffer et démultiplier les offres .
[…] Pour la « posture » C, les trois noms retenus par lui sont Joseph Stiglitz, Paul Krugman et moi-même [Paul Jorion vient d'ailleurs de se déplacer dans la "posture" D, dans cette brève du 10 mai […]