Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On va de nouveau me taper sur les doigts parce que je m’apprête à dire quelque chose de positif à propos de Nicolas Sarkozy. Je fais donc précéder ce qui va suivre d’une déclaration préalable : « Je sais qui est le Président de la République française, je sais en particulier sur quelle plate-forme sécuritaire il fut élu, je sais également qu’il recommandait lors de sa campagne présidentielle une modification de la politique française du crédit à la consommation qui aurait importé par voie expresse la catastrophe des subprimes au cœur du système financier français ». Je pourrais continuer comme cela sur plusieurs paragraphes. Je ne le ferai pas : libre à vous de compléter si cela vous chante.
Ceci dit, je suis pragmatique : c’est le (bon) résultat qui compte. Je ne suis pas non plus partisan de la politique du pire (et ce que je viens de voir aux actualités ne m’y encourage pas davantage). Certains de mes coreligionnaires pensent que puisque les bénéficiaires du système qui est en train de s’écrouler continuent de défendre bec et ongles ce qu’ils imaginent pouvoir encore sauver de leurs misérables privilèges, il vaut mieux à tout prendre précipiter un effondrement total. Vraiment ? Imagine-t-on donc qu’ils n’attendaient que la venue d’une crise de l’ampleur de celle qui nous emporte aujourd’hui pour se convertir à l’amour de leur prochain et au souci de la planète ?
Je vois bien que Mr. Sarkozy veut tirer parti du fait que le lion est malade de la peste pour que les nations cessent de s’affronter à fleuret moucheté sur la question monétaire mais, sachant que je n’hésiterais pas à le critiquer de ne rien vouloir faire, je me vois à l’inverse disposé à lui dire bravo quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ».
Franchement, je ne crois pas qu’il soit né pensant cela : je crois que c’est la force des événements qui le conduit à dire ce genre de choses. Ceci dit, il pourrait très bien continuer à prétendre le contraire. Ce qu’il ne fait pas.
Bien sûr ce qu’a en tête le Président français ne remet probablement pas en cause l’ordre financier en place d’une manière aussi radicale que nous le souhaitons vous et moi : nous avons pu le constater à propos d’un certain « punir les responsables » qui semblait se cantonner à la désignation à l’opprobre de quelques brebis galeuses, d’ailleurs déjà à terre, ou au retrait de quelques parachutes dorés, déjà passablement compromis, mais manifestons notre satisfaction quand ce que dit Mr. Sarkozy va dans le sens de ce que nous appelons nous-mêmes de nos vœux. Le monde n’a nul besoin de plus de confrontation qu’il n’en a déjà.
PS : A ceux qui se désespèrent que nous ne soyons pas invités aux grands messes qui se tiennent, et qui me le font savoir : cela ne signifie pas que toutes les pensées ne s’y tournent pas vers nous.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
79 réponses à “Le lion malade de la peste (II)”
@ Fab
A mon avis, le vers est dans le fruit dès le départ et résister est terriblement difficile. La société de consommation, en effet, ne fait pas de vous un consommateur, contrairement à ce que nous pensons tous. C’est la marchandise qui vous consomme. Marx a dit ça quelque part. Il faut relire Debord également. “La société du spectacle”, qui s’inspire beaucoup de Marx, reste d’actualité si l’on veut comprendre l’aliénation des foules. C’est à mon sens un livre fondamental.
@ Olivier,
Je ne pense pas que vous ayez répondu à ma question : D’après vous, d’où vient ce désarmement intellectuel ?
Pour résister la société de consommation,
il faut soit être moine (le modèle de la frugalité et du détachement du monde) soit avoir lu Marx et Debord et avoir un rapport critique à la marchandise et au système qui l’a produit. Aujourd’hui on n’enseigne ni le marxisme ni le christianisme à l’école. Le libéralisme et la société de consommation sont les seuls horizons pour beaucoup de gens.
Mais ce que je vous dit au commentaire précedent est toujours vrai et réponds à votre question à mon sens: il faut vous intéresser à la notion de « Fétichisme de la marchandise » développée par Marx et rendue plus actuelle par Debord par la notion de spectacle.
Ce sont les seules voies que je puis modestement vous indiquer. Sinon, comment expliquer la bétise des gens? Pourquoi les gens désarment-ils aussi facilement? Pourquoi restent-ils apathiques? William T. Vollmann s’est promené dans le monde avec une seule question: Pourquoi êtes-vous pauvres ? Cette question, il l’a posé aux pauvres et beaucoup ont répondu. Faites la même chose avec la question qui vous taraude: Pourquoi consommez-vous ainsi? Pourquoi en avez-vous fait l’alpha et l’oméga de votre vie? Ne connaissez-vous rien d’autre pour trouver le bonheur? Ce sera intéressant, mais à tous les coup vous écrirez une nouvelle fois le chapitre du Capital « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret » ou alors vous réécrirez la société du spectacle de Debord (qui par ailleurs explique très bien ce qu’est l’aliénation que fait naître la marchandise et l’état de dépossession, de séparation et de désarmement intellectuel dans lequel elle enferme le sujet). Nous baignons dans l’idéologie libérale depuis tellement de temps que nous ne voyons plus l’essentiel. Le secret que vous cherchez est là. Mieux, il devant vous, dans toutes les marchandises que vous avez achetées. Mais n’attendez pas mes mauvais commentaires. Retournez à la source. Ces gens-là, quoique très exigents, vous seront bien plus profitables que moi.
J’espère cette fois m’être mieux fait comprendre cette fois-ci.
Cordialement
@ Olivier,
Malheureusement je n’ai pas trouvé davantage la réponse à ma question dans votre dernier message. Mais ne vous en offusquez pas, c’est de ma faute ! Je n’ai lu ni Marx ni Debord. Alors si vous aviez la patience de présenter leurs arguments pour répondre à ma question ce serait sympa.
Merci.
Depuis des mois, il s’étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue… Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas. Des panégyristes, il en a plus que Trajan.
Une chose me frappe pourtant, c’est que dans toutes les qualités qu’on lui reconnaît, dans tous les éloges qu’on lui adresse, il n’y a pas un mot qui sorte de ceci : habilité, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clés bien faites. Tout est là… Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.
Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l’assaisonnait de cette façon.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve si énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l’aventure et l’aventurier… On ne trouve au fond de l’homme et de son procédé que deux choses : la ruse et l’argent…Faites des affaires, gobergez-vous, prenez du ventre ; il n’est plus question d’être un grand peuple, d’être un puissant peuple, d’être une nation
libre, d’être un foyer lumineux ; la France n’y voit plus clair. Voilà un succès. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort et tous les hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte…Quelle misère que cette joie des intérêts et des cupidités… Ma foi, vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l’argent ; c’est ignoble, mais c’est excellent ; un scrupule en moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux ! On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte…une foule de dévouements intrépides assiègent l’Elysée et se groupent autour de l’homme… C’est un peu un brigand et beaucoup un coquin. On sent toujours en lui le pauvre prince d’industrie.
Et la liberté de la presse ! Qu’en dire ? N’est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l’esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ? »
Victor Hugo : « Napoléon le Petit »
@ Olivier qui nous dit que
« les origines de la crise sont notamment sociales. La crise est un fait humain. Elles concernent des hommes. »
J’éprouve le besoin de rajouter que l’homme n’est pas dissociable de son environnement et qu’au » notamment sociales » il vaudrait mieux dire que les origines de la crise sont écologiques ; l’écologie désignant au sens large l’homme dans son milieu et incluant bien sûr le social , mais pas seulement . Si la crise aujourd’hui est ce qu’elle est, c’est que l’humanité se trouve depuis peu dans un contexte tout à fait nouveau , question échelle de grandeur : la démographie + le mode d’organisation économique , social , politique etc nous placent dans une situation totalement inédite et nous CONTRAINT RADICALEMENT : nous avons épuisé le monde et le dérèglons et à moins de changer rapidemment et radicalement nos modes d’organisation et donc nos valeurs , nous sommes à court terme (quelques années )condamnés.
Le problème majeur restant que nous ne disposons , pour ce faire , que d’outils politiques , médiatiques etc anciens et qu’il reste urgent selon moi de créer un nouvel outil politique (et médiatique)méthodologiquement différent de ce qui existe aujourd’hui , un outil de recherche et développement sociétal collectif et participatif ; la réforme de la tv publique devrait introduire ce concept de recherche et développement sociétale participative ( nous disposons de tous les outils techniques nécessaires)
Nos sociétés culturellement très sectorialisées ( les experts!) se trouvent dans l’incapacité même de percevoir et évaluer l’immense problème GLOBAL que nous avons sur les bras.
Fab, Olivier,
« d’où vient ce désarmement intellectuel? » (Fab 11/01/2009; 9h44 et 20h49)
De ce que vous ne disposiez pas d’une modèlisation conceptuelle permettant de faire un tri très net entre des comportements moraux effectivement relatifs ds le principe, mais ces mêmes comportements qui peuvent être tout aussi bien pathologiques.
Il y a donc bien lieu de chercher à refaire une constitution, pas seulement pour l’économie, mais d’abord politique et dont l’artcle 1er pourrait être:
« Les citoyens et encore plus leurs représentants s’engagent à construire des lois et des codes légalisant des processus minimaux de légitimation »
Tout le reste découlera de ce premier article, aussi bien « qui fait partie du ‘demos’ » que les questions écologiques, et j’en passe, dont économiques qui par ce premier article sont d’un seul coup, secondarisées…
@Fab
Internet en tant que contre pouvoir : car c’est le seul « endroit » ou on peut trouver de la « vraie » (notion toute relative j’en conviens) information… du moins de l’information non controlée… Je le perçois comme une « faille » (du système, de la pensée unique) dans laquelle peut s’engouffrer un souffle de vie. Mais internet peut aussi se transformer rapidement en notre pire piège, si on laisse les intérêt économiques prendre son contrôle, si on le laisse s’emparer de notre vie privée.
Aujourd’hui, peux m’exprimer ici même, et je peux partager mes idées ou mes informations. Mais inversement, demain, peut-être que ces mêmes paroles se retourneront contre moi car j’aurai été « identifié » comme « nuisible » par un gouvernement paranoïaque (Edvige)…
Exemple : cette fameuse crise économique, dans les média, elle n’a commencé a exister qu’en janvier 2008, mais était minimisée, puis finalement reconnue en octobre, alors que j’étais au courant au moins 1 an avant de ce qui se passait vraiment, et j’ai bien vu comment les médias « pipotent »… mais sur internet j’ai pu trouver une part de « vérité ».
Le problème n’est pas le politicien Sarkosy en lui-même, qu’il puisse dire de temps en temps des choses intelligentes est un fait, mais plutôt d’observer le corpus publicitaire que tout politicien digne de ce nom utilisera pour subjuguer ses clients (ses électeurs). Une fois cette base idéologique identifiée, le message politique a pour pilier les trois points suivants quelque soit la couleur politique en jeu :
Théorème de Ginsberg, revu par Freeman :
1/Le capitalisme est basé sur la supposition que vous pouvez gagner (Exhortation du « Je »);
2/le socialisme, sur celle que vous pouvez faire match nul (Exhortation du « Nous »);
3/le mysticisme, sur celle que vous pouvez quitter le jeu (Exhortation religieuse) ;
Systématiquement, sans aucune exception à cette règle, le message politique empruntera tour à tour un de ces trois piliers de la communication politique. Si Sarkosy et ses adversaires s’amusaient à parler juste, comme nous le faisons dans la vraie vie lorsque nous voulons convaincre ou persuader un ami, aucun d’entre eux ne seraient élus. Aussi, il ne faut jamais confondre un honnête homme avec un packaging publicitaire, l’un est le sel de la vie, l’autre est à jeter avant usage …
Je ne souhaite convaincre personne, je suis un peu cynique par nature, mais je ne vois pas ce qui peut-être séduisant dans le business politique tel que j’ai pu l’observer depuis que je suis en âge de comprendre. L’inconséquence et l’imprévoyance sont les deux mamelles de la sociale démocratie, c’est ce qui permet aux politiciens de se faire réélire en réutilisant le stratagème publicitaire exposé plus haut.
@ fab,
rupture de discussion parce que rupture d’internet pendant 24 heures.
Il faut lire ses livres, voila ce que je peux dire. Les résumer est extrêment difficile. Je veux bien essayer mais mes raccourcis seront forcement trompeurs: en gros, les objets qui vous entourent peuvent être regarder de différents manières: sous l’angle de leur valeur d’achat, sous l’angle de leur valeur d’usage, mais aussi comme fantasmagorie. Derrière une définition purement économique on peut aller chercher un sens psycho-social. Les objets que vous avez chez vous sont là pour une de ses raisons voire les trois. En tout cas vous avez investi quelque chose de vous dans ces objets consommés. Mais parce que vous avez investis quelque chose de vous, parce qu’une affectivité existe, alors il se peut bien que ce soit l’objet qui vous ait choisi, qui vous ait consommé. Debord passe un cran au-dessus. L’objet, la marchandise est parvenu a un tel niveau d’accumulation qu’elle est devenu spectacle. Son idée, est que nous sommes prisonniers de ce spectacle. C’est ça la société du spectacle. C’est les écrans mais c’est surtout la société de la marchandise et sa consommation poussée jusqu’à l’excès, jusqu’à l’abstraction.
Mais lisez-les. Debord surtout. C’est un petit livre très complexe sous forme d’éclats, de fragments, d’aphorisme d’où la difficulté à le résumer. Mais vous y trouverez la réponse au sentiment de dépossession et de vide que fait naître notre société de consommation.
@ Eugène,
vous vous situez à un plan politique, mais les auteurs que je préconise se situe davantage à un niveau idéologique, civilisationnel et anthropologique. Leur analyse est bien plus radical. Il ne s’agit pas de faire une loi , un corpus de loi ou une constitution. Ces auteurs s’attaquent à l’idéologie, ou la culture si vous préférerez, dans laquelle nous baignons. D’ailleurs chez Debord, sa philosophie est aussi une esthétique. Il fonde une esthétique donc une éthique nouvelle de la vie. C’est bien plus fort.
Olivier,
1- Pas si sûr que ce soit plus fort si je te dis que la légalisation des processus minimaux de légitimation en grand nombre sous forme de Lois ou de Codes permettra, si l’on pousse la reflexion jusqu’au bout, de voir des individus incapables de les supporter ou se prendre régulièrement les pieds dedans, donc montrer ainsi la forme de leur déreglement d’autocontrôle par la répétition d’une même façon de transgresser. Comment veux- tu ensuite confier un pouvoir quelconque (politique bien sûr, économique donc aussi industriel financier etc, médiatique, religieux) à ces gens là alors qu’ils montrent qu’ils n’ont aucun pouvoir sur eux-mêmes. Un mot de ma liste devrait te montrer jusqu’à quel point même les croyances n’échappent pas à la critique.
2- Un tel programme permettrait d’être politiquement opératoire, ce dont je doute concernant Debord.
3- Pour revenir à l’article de Paul ci-dessus, donc à N. Sarkozy, son pb s’il souhaite être efficace comme il le prétend, n’est pas tant de « moraliser le capitalisme » que de faire en sorte que ceux qui contrôlent les capitaux aient un comportement moral. La première hypothèse relève de l’illusion ou des illusions qui entretiennent le système avec ses comportements excessifs, la seconde, difficile mais possible, nécessaire de mon point de vue; au risque de continuer d’ignorer délibérement une des facettes qui nous font rester humains.
4- le couplage éthique-esthétique me fait tjs mal aux oreilles, sauf à faire de l’héroïsme la clé de compréhension des comportements. Dans l’état actuel des choses, nous n’avons pas besoins de héros, mortels donc éphémères, mais d’une rigueur épistémologique permettant de réinstitutionnaliser la façon pérenne d’un vivre ensemble, soit ce que notre Président avait appelé, il y a un an qui semble une éternité, la refondation d’une politique de civilisation! soit un diagnostic assez juste et prémonitoire mais dont on ne voit pas plus l’ombre d’un noyau de cerise ds la réalisation de l’objectif que Morin ds son ouvrage n’en avait développé la moindre queue permettant d’en refaire pousser l’arbre.
@ Eugène
1. Pour être tout à fait franc, ton projet de législation me laisse perplexe: je ne comprends pas. Cela semble être relié à l’idée qu’une constitution politique comme économique est nécessaire comme le suggère ton commentaire précédent. Il s’agirait si je te suis de « faire un tri très net entre des comportements ». Mais une constitution ne réforme aucun comportement. Elle entérine des usages. Elle est reflet d’une société davantage que sa transformation. Donner une constitution démocratique à un pays dont la société n’est pas démocratique n’a aucun effet opératoire. A moins de donner raison à Georges Bush.
2. Tu as raison. Debord n’a rien écrit d’opératoire. Il n’a pas écrit de programme, ce qui l’empêche sans doute d’être opératoire
3. Concernant la notion de morale en politique comme en économie, je m’en méfie comme de la peste. L’exemple de l’idée machiavélienne dans l’histoire européenne est très claire: lorsque Machiavel a écrit son livre, il ne faisait que décrire une réalité montante: l’affirmation de l’Etat moderne et son idéologie de sauvegarde: la raison d’Etat. Ce qu’enseignait Machiavel n’avait rien d’ahurissant pour ses contemporains. C’était ce qu’on appelait alors un « miroir du prince ». Ces livres étaient très nombreux. On peut citer Commynes. Avec la contre-réforme, Machiavel et sa terrible lucidité ont fait fait scandale. Il fallait réformer. Il fallait « moraliser », faire en sorte que les princes aient un « comportement moral ». Malheureusement les bonnes intentions ont eu de funestes résultats: à l’époque elle porta le nom d’Inquisition. C’est terrible à entendre mais derrière la fameuse morale se cachent les pires intransigeances et la chasse aux comportement déviants. Tous aussi déviants que ceux l’on avaient voulu supprimer.
4. Je ne saisi pas en quoi le couplage esthétique-éthique produirait systématiquement des héros. Debord a été un paria toute sa vie! En outre tu me parles de rigueur épistémologique: pour le droit? pour la politique? Ce ne sont pourtant pas des sciences… Me concernant, ce couplage esthétique et éthique me procure de bien douces musiques. Un choix esthétique c’est aussi une prise de position éthique. Un choix esthétique se fait dans le cadre d’une société et se réfère à elle. L’air de rien, quand on sait lire le « discours » que produit l’artiste, celui-ci est souvent bien plus fécond que ceux qui se cachent derrière l’illusion de la science. On peut d’ailleurs rendre hommage à Paul Jorion de proposer ainsi au milieu des « billets de raisons » quelques « billets fait d’émotions », je parle de ceux qui parlent de ces fameux artistes (Ah Sid Vicious). Debord dont tu te méfies peut-être à raison, je ne sais pas, a associé ethique et esthétique à sa manière. Parce que les discours ne suffisaient pas, parce qu’il fallait vivre aussi, réanchanter la vie comme il tentait de réanchanter le verbe. Et si nous cessions nous aussi de réanchanter le verbe et de nous repaître de nos beaux discours. Il ne faut pas vouloir « réinstitutionnaliser la façon pérenne d’un vivre ensemble ». Il faut vivre avec les autres, se réinventer au quotidien (les « arts de faire » de Michel de Certeau), à la base de la pyramide sociale (existe-t-elle encore pour longtemps cette pyramide). Pour Debord, pour les situationnistes, c’était vivre en bande. Si je vivais sous Cicéron, je parlerais d’amitié. Et toi comment vis-tu?
Une constitution de mon point de vue répond à la difficulté d’individus se posant la question: « bon, et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ensemble? », soit finalement le cadre minimal d’une vie sociale un tant soit peu organisée. Si ds l’idée même de constitution il n’y a pas au moins l’idée d’exclure les prédateurs, la vie sociale deviendra vite totalement infernale du fait de leur pouvoir d’initiative phénoménal sans aucun égard pour autrui et sans frein moral, à partir du moment où eux y gagnent!
Je ne réponds pas à toutes tes remarques souvent pertinentes:
a) celle relative à l’Inquisition: je me méfie comme de la peste des endoctrinements donc du religieux, non pas tant ds ce qui le fonde mais comment certains en viennent à des pratiques qui deviennent obligatoire pour les autres, c’est pourquoi il y avait cette précision ds mon point 1 supra.
b) si tu en restes à l’idée qu’une constitution enterine des usages, la fin de civilisation actuelle devra être bue jusqu’à la lie. Il faut donc innover comme le disait Sarkozy ds ses voeux!
c) je n’ai pas écrit que le couplage éthique esthétique produirait systématiquement des héros, mais ce que j’ai voulu dire c’est que le héros fait de son acte (héroique donc, sauver qq’un de la noyade en plongeant ds l’eau à 5°C par ex) quelque chose qui a de la gueule sans rien en attendre en contrepartie, donc à la fois beau et moral. Simultanément, l’esthétique d’un poème n’a rien à voir avec la morale, comme un acte ou une position morale passera la plus part du temps inaperçue ( / ‘esthésis’… tu vois bien la contradiction si on revient à la racine du mot esthétique…) il me parait donc risqué de vouloir expliquer l’une par l’autre, mais comme les deux relèvent spécifiquement de l’humain, il arrive qu’elles coïncident, ds l’acte héroïque justement.
@ Olivier
En complément de ce que vous dites de Guy Debord j’ajouterais que le problème exposé par Debord n’est pas tant l’accumulation des objets — qui n’est qu’un corrélat de la Société du Spectacle –, que la nature globalitaire du capitalisme, si ce n’est totalitaire, tel qu’il s’est développé à partir du milieu du XX ème siècle. Selon lui culture, mass média, et même les arts ont perdu leur rapport d’extériorité par rapport à la sphère économique sur laquelle ils pouvaient encore avoir autrefois une réelle action critique. La raison en est que le Spectacle — c’est à dire les innombrables spectacles constitués par le show business, les médias, une culture massifiée et ses « vedettes », font maintenant partie intégrante du fonctionnemt du capitalisme, de même qu’ils en sont la publicité permanente. La publicité d’un capitalisme dont le seul but est son seul fonctionnement ad libidum, autrement dit la production illimitée des objets. Les individus baignent dans un cons-sensus, sans même s’en apercevoir. Aussi Debord souligne-t-il que sous les apparences de la diversité, des oppositions de style de vie, c’est une même unité qui se donne en spectacle. Plus grave, c’est la sensibilité de chacun d’entre nous qui est dépossédée, aplatie, par la représentation, et, au delà, tous les rapports sociaux qui sont appréhendés sous les prismes de la représentation. Il est bien évident que le Spectacle dont parle Guy Debord n’est pas le spectacle théâtral ou tout autre spectacle de nature artistique. Le Spectacle est pour Debord le contaire de l’art, sa négation même. Le philosophe Yves Michaud prolonge le propos de Debord lorsqu’il dit qu’il n’y a plus d’esthétique des oeuvres d’art car l’esthétique est maintenant partout présente à l’état gazeux. Car ce qui compte désormais ce sont les dispositifs — ainsi ce qu’on appelle par exemple les « installations » — lesquels, par définition, court-circuitent toute distance entre l’observateur et l’objet artistique. Là où il y avait des points de vue sur le monde il n’y a plus que des « expériences », des « performances ». La réalité n’est plus que la somme des petites expériences individuelles. Toute idée d’aventure humaine collective a disparu. Le sentiment esthétique est présent partout mais il a été atomisé, pulvérisé, si bien que les choses n’ont plus de consistance. La seule réalité qui vaille c’est l’éternel présent du règne de la marchandise. Un autre philosophe, Bernard Stiegler, prolonge aussi à sa manière le propos de Guy Debord, lorsqu’il nous dit que le capitalisme contemporain a perdu son « esprit » : son moteur n’est plus notre libido, lequel procédait encore d’une certaine sublimation, ce créait encore du lien social, mais l’exploitation de nos pulsions, ce qui constitue encore une réduction de la sensibilité et de l’intelligence collective à quelque chose de tout à fait primaire, démotivant et destructeur.
Pour ceux qui n’auraient pas lu Debord, voici les premières lignes de La Société du Spectacle :
« 1. Toute la vie de nos sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production n’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation. »
» 2. Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionne dans un cours commun, où l’unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l’image autononomisé, où le mensonger s’est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant.’
« 3. Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification. En tant que partie de la société, il est expressement le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. Du fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu même du regard abusé et de la fausse conscience ; et l’unification qu’il accomplit n’est rien d’autre qu’un langage officiel de la séparation généralisée. »
« 4. Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des pesonnes, médiatisé par des images. »Guy Debord, La Société du Spectacle,
Debord, dans son maître livre, dès 1967, analyse le phénomène du vedettariat, rebaptisé aujourd’hui pipole. :
» L’agent du spectacle mis en scène comme vedette est le contraire de l’individu, l’ennemi de l’individu en lui-même aussi évidemment que chez les autres. Passant dans le Spectacle comme modèle d’identification, il a renoncé à toute qualité autonome pour s’identifier lui-même à la loi générale de l’obéissance au cours des choses… »
Sur ces prémisses, Debord a crée le situationnisme, lequel vise précisément à pervertir les formes spectaculaires auxquelles le capitalisme doit sa configuration actuelle. Bref, Debord a alors un réel projet politique qui consiste à dire : puisque le Spectacle et ses diverses modalités sont un maillon décisif du fonctionnement du capitalisme, alors sabotons le Spectacle en en détournant le sens, les sens, pour en un mot, retrouver une sensibilité authentique, nous raccorder à notre vévu.
Au fond, Debord reprend l’idée marxienne de superstructure pour l’actualiser. Il montre et démontre en quoi consiste et selon quelles modalités fonctionne l’idéologie dominante dans la société capitaliste contemporaine. De même Debord, devant la réduction-récupération des productions artistiques, y compris authentiques, par le système, propose de faire de la vie même un art, de nos vies un art, et ainsi échapper à l’aliénation générale. Hélas, force est de constater que le projet politique de Debord a échoué, du point de vue politique, il s’entend. Debord a lui-même dissous l’Internationale situationniste.
Ceci dit, il n’en demeure pas moins que sa description du fonctionnement du capitalisme contemporain en rapport avec le développement d’une sphère médiatique, culturelle et même artistique absorbée par la logique purement marchande, reste très pertinente. La mondialisation, la télé-réalité, le phénomène pipole, et bien d’autres aspects de notre monde contemporain, inexistants ou encore embryonnaires en 1967, ont été par lui analysés à un niveau d’abstraction et de généralité inégalée.
La limite de la pensée révolutionnaire de Debord (car il se pensait comme tel et on l’oublie souvent, la Société du Spectacle ne fait pas l’économie du constat que c’est le mode de production capitaliste et ses rapports de classe qui sont le sujet de sa théorie) c’est qu’en agissant sur la superstructure, revisitée sous les espèces des formes esthétiques et à travers elles, notre sensibilité, qu’il faut nous réapproprier, pour retrouver notre unité en tant qu’individus, c’est que précisément le capitalisme récupère à son avantage toute forme de subversion d’ordre esthétique. Vous parlez de Cid Vicious des Sex Pistols, son art aussi estimable fut-il, Debord a raison de montrer que l’esthétique — et l’éthique que cette esthétique constitue lorsque l’esthétique n’est pas prédigérée –, en s’opposant radicalement aux formes et modalités de la représentation au service du capitalisme, sont essentiels pour changer la société. Mais, éthique et esthétique, ne sauraient suffire, sauf à prétendre qu’une société se constitue seulement d’une juxtaposition d’esthétiques et d’éthiques individuelles, ce qui me semble difficile à soutenir. Les modes de production ne doivent pas en effet leur existence aux seuls processus de légitimation culturels mais tout autant à des dispositifs politiques et juridiques, quand bien même ces derniers fonctionnent-ils imparfaitement, et y compris de façon informelle. Ce n’est pas parce que la Justice et le politique sont aujourd’hui investis largement par des intérêts économiques qu’il est impensable d’imaginer cette même Justice et la politique au service d’une autre économie. Des réalités économiques bien différentes ont coexisté avec des justices et des systèmes politiques qui eux-même ont évolué au cours du temps.
Aussi, je ne suis pas d’accord lorsque vous dites qu’une constitution entérine des usages, qu’elle est le reflet d’une société davantage que sa transformation. Une constitution ce n’est pas un bout de papier sur lequel on inscrit un certain nombre de principes qui seraient déjà largement pratiqués. Une constitution c’est un élément fondateur qui résulte d’un processus. En amont il y a eu d’abord tout un travail d’élaboration collective. (Si la constitution pour l’économie de Paul Jorion devait être adoptée, bien entendu Paul y serait pour quelque chose mais ce qui en ferait la légitimité au final ce n’est pas Paul lui-même, mais le fait que beaucoup s’y reconnaîtraient en pensée ou en action). Aucune constitution ne tombe du ciel. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est l’aboutissement des réflexions de nombre de penseurs des Lumières. IL est bien évident également qu’une consitution à elle-seule ne résoud pas les problèmes de rapports de force qui ne manquent pas d’intervenir aussi bien aux niveau local ou mondial. Une constitution est ce qui critallise à un moment donné un nouveau consensus quant à la définition et l’étendue des domaines au sein desquels désormais il convient que des choses soient permises et d’autres ne le sont pas. Une constitution c’est donc un évènement politique, lequel ne peut se concevoir si au départ il n’y a pas eu des éthos — ces comportement éthiques — pour la vouloir fortement. Ethique et politique ne peuvent être disjoints. Refuser une constitution au nom de l’éthique a donc quelque chose de paradoxal.
Ce que je veux dire par là, c’est qu’une constitution a un fondement éthique. Et si donc une constitution a un fondement éthique cela signifie par conséquent que les nouvelles régulations que pourraient inspirer, dicter, une nouvelle constitution, par exemple une constitution pour l’économie, trouveraient un assentiment populaire, donc une légitimation qui va bien au delà des sphères restreintes du pouvoir.
Quant à Bush, s’il n’a pu « exporter » la démocratie au moyen-orient ce n’est pas parce qu’il voulait proposer des principes à un pays non démocratique, mais parce que le projet politique qui les sous-tendait était en contradiction avec des principes éthiques qui auraient dû le conduire à procéder autrement, c’est à dire en ayant recours à d’autres moyens que la force. C’est à dire en commençant lui-même à respecter certains principes fondamentaux de la démocratie, y compris certains articles de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, comme l’habeas corpus. Certes il y a eu une nouvelle constitution en Irak mais celle-ci a été plaquée arbitrairement, elle n’est pas l’aboutissement d’un processus légitimant authentique. Le fait qu’il existe de par le monde des constitutions inopérantes voire nuisibles, ne préjuge pas sur le principe de la nécessité d’une constitution.
Une constitution, qu’on s’y oppose ou qu’on l’approuve est d’abord un point de référence.
Une constitution ne peut pas tout, mais elle figure au nombre des outils incontournables qu’ont les animaux politiques que nous sommes pour essayer de vivre ensemble. Dans un premier temps soumettre l’idée d’une constitution c’est un moyen d’action pour cristalliser une opinion autour d’idées force. Dans un deuxième temps c’est un dispositif prescriptif (juridique et-ou législatif) qui assure une fonction régulatrice en accord avec le nouveau consensus qui le porte.
Bref, une constitution ce n’est pas un programme informatique qui engendrerait mécaniquement le changement. C’est une production humaine.
Pierre-Yves, Olivier,
Merci Pierre Yves d’avoir un peu plus developpé que moi cette idée de couplage nécessaire de la politique et de la morale, finalement d’une légalisation de processus minimaux de légitimation prévue d’entrée de jeu par une constitution digne de ce nom; et qui donc favoriserait l’émergence de codes et lois ‘ad hoc’.
Je vous pose cependant la question « comment peut-on être sûr d’atteindre un tel résultat sans être liberticide ? » (donc avoir une petite chance d’emporter l’adhésion du plus grand nombre puisqu’il est dans notre monde apparemment exclu qu’un seul puisse dans un premier temps avoir moralement raison contre une majorité intoxiquée aux spectacles et au consummérisme)
@ pierre-Yves D
Bien vu, sur Debord que vous résumez mieux que je ne l’aurais fait; le développement sur Michaud aussi même s’il faut à mon sens aller encore plus loin dans la dématérialisation de l’objet d’art (je ne développe pas: on peut voir ça:http://www.laptitemaison.com/ptitemaison/article.php3?id_article=636)
En revanche lorsque vous dites: “éthique et esthétique ne sauraient suffire, sauf à prétendre qu’une société se constitue seulement d’une juxtaposition d’esthétiques et d’éthiques individuelles, ce qui me semble difficile à soutenir.” je coince un peu. Et si justement la société avait fini par ne plus constituer qu’une simple juxtaposition d’individus? Je crois justement que l’on peut soutenir cette idée. Le néolibéralisme, c’est un système qui repose à la fois sur la représentation de lui-même et sur un individualisme poussé jusqu’à ses dernières extrémités. Ces même individus restant en stupéfaction devant la représentation du système auquel ils pensent appartenir. Les individus sont tous tournés vers un même point central mais jamais ils n’auraient de regard pour leur prochain. Je veux croire personnellement que nous avons des choses à nous dire, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons mais force est de reconnaître que ces lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen ne sont pas au coeur du système.
Au coeur du système, dans le quotidien des gens, il n’y a que sentiment de vide, dépossession intellectuelle et financière, abrutissement. Sans doute seront-ils contents de savoir que l’on pense à leur avenir, que des Lumières imaginent de nouvelles constitutions. Parce que c’est vrai que ce n’est pas inutile. Mais pour ces gens reprendre possession de sa propre vie, de la manière, individuelle, qui leur conviendra, est nécessaire. Peut-etre avez-vous raison de dire que ce n’est pas suffisant pour refonder une société (il faut des lois évidemment) mais c’est une prémisse nécessaire. Personnellement, je doute que les changements que nous attendons tous se fassent par la simple réforme de l’Etat. Le capitalisme, c’est plus qu’un Etat. C’est une idéologie très puissante. Et elle irrigue chacun de nos gestes.
« mais force est de reconnaître que ces lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen ne sont pas au coeur du système. »
dit olivier
Force est de constater qu’un système qui place en son coeur des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » n’est plus un système mais une démocratie
Force est de constater que cette revendication « placer au coeur du système des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » n’est pour l’instant pas audible
Force est de constater que ce blog risque de faire système et qu’il devrait revendiquer son autodestruction parce que si des « lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen » se mettent en place dans l’institution , il fera parti de cet ensemble d’une démocratie participative organisée comme centralité de la vie publique et donc médiatique.
Force est de constater qu’un système qui place en son coeur des “lieux de parole, d’écoute et de réfléxions entre citoyen” n’est plus un système mais une démocratie.
Oui le problème central est celui-là: nos démocraties libérales reposent sur deux piliers: la démocratie et le capitalisme. Nous savons tous qu’un des pieds a grandi plus vite que l’autre. C’est pour cela que le système vacille.