L’année de la crise : et ce qui devait arriver arriva…
Le processus qui se dessinait à la fin de l’année 2007 a hélas poursuivi la marche inexorable qui semblait devoir être la sienne et le tableau qui doit être dressé un an plus tard s’apparente à celui d’un film catastrophe du pire acabit.
Le bilan de l’année écoulée est en effet accablant : les bourses mondiales ont perdu en un an 40 % ou plus de leur valeur. Wall Street telle que nous la connaissions a disparu : Bear Stearns est mort en mars, absorbé par la banque commerciale J.P. Morgan Chase, Lehman Brothers en septembre et Merrill Lynch fut absorbé lui le même jour par une autre banque commerciale, Bank of America. Pour échapper au même sort, les deux banques d’investissement survivantes, Goldman Sachs et Morgan Stanley, se métamorphosèrent en banques commerciales. Deux des principaux établissements financiers américains ont également été engloutis : Wachovia, la 5e banque commerciale rachetée par Wells Fargo, le No 3, et Washington Mutual, qui fut la première caisse d’épargne du pays, rachetée comme Bear Stearns par J.P. Morgan Chase. La finance américaine qui régnait avec superbe sur le monde en est réduite à la partie congrue tant pour son influence que pour sa taille, ayant perdu 350.000 employés en un an.
L’Europe ne fut pas épargnée pour autant et ceci du fait de la présence dans le portefeuille de ses banques des mêmes produits dépréciés qui signèrent la perte des banques américaines : Asset–Backed Securities (ABS) adossées à des prêts hypothécaires subprime, Collateralized–Debt Obligations (CDO), composés d’ABS, prêts commerciaux, dettes de sociétés, etc. Les pays européens les plus touchés ont été l’Islande et la Hongrie à qui le FMI dut porter secours dans l’urgence, les renflouant grâce à des prêts importants. En Grande-Bretagne, pays où, comme aux États–Unis et en Espagne, le budget des ménages est lourdement grevé par le crédit à la consommation, la livre se déprécia de 25 % en quelques semaines seulement. L’Asie ne fut pas non plus épargnée, le Pakistan se retrouvant lui aussi en position délicate. Seule la Chine sembla pouvoir peut–être retirer son épingle du jeu, le rôle prépondérant encore joué par le capitalisme d’état dans son système économique et financier lui permettant de réagir au quart de tour à des changements de la conjoncture. La Chine fut en particulier la première à annoncer en novembre une politique de grands travaux destinée à relancer son économie en réponse au déclin de ses exportations en direction des États–Unis.
Au moment où l’année s’achève, la question qui se pose pour la quasi-totalité des établissements financiers du monde est celle de leur solvabilité. Pour le reste, les trois piliers de l’industrie automobile américaine sont dans leurs derniers retranchements, les membres du Congrès hésitant à leur avancer de nouveaux subsides, tant leurs plans de restructuration semblent fondés sur de vieilles certitudes que le contexte nouvellement apparu a mis à mal. Le monde entier entre dans une profonde récession dont les augures les plus optimistes considèrent qu’elle couvrira de toute manière au moins l’année prochaine dans son entièreté.
Les endroits sûrs où placer son argent ayant fondu comme neige au soleil en 2007, les fonds spéculatifs allèrent se réfugier sur les marchés les moins affectés comme la bourse ou les marchés à terme des matières premières où ils contribuèrent à créer au cours du premier semestre 2008 une énorme bulle financière touchant non seulement le pétrole mais aussi d’autres produits, telles les céréales, constituant avec celui-ci un « panier » au sein d’indices sur lesquels les spéculateurs peuvent également parier. L’envolée du prix du grain déboucha sur des émeutes de la faim en Egypte, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Ethiopie. Le pétrole représentant un intérêt vital et stratégique, le Sénat américain entreprit d’enquêter sur la formation de son prix et découvrit rapidement les coupables de sa hausse colossale. Le feu des projecteurs se tourna vers ceux-ci et l’on découvrit alors avec stupéfaction que les pires spéculateurs étaient des fonds de pension, des universités privées américaines, des fondations charitables, des musées, des hôpitaux, des municipalités, cherchant à protéger leurs avoirs. Voulant fuir cette mauvais publicité, ces institutions se retirèrent en masse des marchés à terme au mois de juillet, provoquant une chute du prix des matières premières et du brut en particulier dont le prix passa de 145 dollars en juillet à moins de 50 en novembre. Cette baisse brutale eut un effet immédiat particulièrement affligeant, entraînant la banqueroute d’un grand nombre de firmes travaillant dans le domaine des énergies nouvelles et dont l’activité et les produits auraient eu un impact bénéfique sur l’avenir de la planète.
Cette série d’événements dramatiques prit par surprise le monde politique tout comme celui des économistes, l’effondrement étant intervenu dans un « ciel sans nuages ». Ceux qu’elle ne plongea pas dans la stupeur se commirent dans des combats d’arrière-garde où ils s’évertuaient à nier l’ampleur du désastre et s’efforçaient de le resituer dans une logique « cyclique » où les périodes de vaches maigres succèdent nécessairement aux périodes de vaches grasses. Or si le contexte de la crise de 2008 rappelle celui de 1929 en raison, comme alors, d’une disparité exceptionnelle dans la distribution des revenus et d’une réduction de la masse salariale par rapport aux parts de la croissance revenant aux investisseurs et dirigeants d’entreprises, la crise actuelle n’en est pas moins inédite aussi bien par son ampleur que par son mécanisme propre, conjuguant complexité d’instruments financiers nouvellement apparus, caractère inadéquat des modèles utilisés et poids démesuré des spéculateurs par rapport aux agents économiques légitimes présents sur les marchés pour se couvrir d’un risque objectif.
La confusion qui caractérise la manière dont les autorités américaines ont répondu à la crise et que leurs tâtonnements révèlent, trahit leur totale impréparation devant la catastrophe. À leur décharge, bien entendu, le fait que la science économique qui aurait pu constituer une réserve d’idées neuves a failli à son devoir en concentrant son attention au cours des trente dernières années sur des questions de détail dont la pertinence est nulle en période de crise. 2008 constituait aussi pour l’Amérique une année d’élection présidentielle, ce qui encouragea les atermoiements, bien des mesures urgentissimes étant repoussées à 2009 car apparaissant comme davantage du ressort d’un président de centre-gauche tel Barack Obama que de celui du président sortant, représentant d’une droite dure, voire d’une extrême-droite.
Tous les organismes privés du crédit immobilier – à l’exception des plus grandes banques commerciales – ayant été engloutis en 2007, on imaginait que seuls survivraient dans ce secteur, Fannie Mae et Freddie Mac, les Government–Sponsored Entities (GSE), bastions de la politique gouvernementale américaine en matière de politique d’accession au logement. Or, l’immobilier américain, la source originaire de la crise, poursuivit en 2008 sa descente aux enfers et au milieu de l’été, Fannie et Freddie se retrouvèrent eux aussi assiégés et, en un rien de temps, insolvables. Dans une valse-hésitation le gouvernement fédéral leur vint en aide, sans lever cependant l’ambiguïté de leur statut : bénéficiaient-elles désormais oui ou non de la pleine garantie de l’état américain ?
Henry Paulson, le ministre des Finances, sembla naviguer à vue durant l’année toute entière. Chacune des nouvelles stratégies qu’il improvisa, soit corrigeait le tir après l’échec patent de la précédente, soit représentait un « coup » non-renouvelable, les fonds nécessaires à ce type d’opération ayant été aussitôt épuisés. Autre dimension, celle d’une certaine duplicité, comme dans le cas du Troubled Assets Relief Program (TARP), une loi qui ne fut votée en octobre qu’à son second passage, et après que des projets représentant des intérêts particuliers frisant le ridicule aient été ajoutés au texte initial pour forcer la main aux récalcitrants. Alors que la défiance initiale des membres du Congrès s’expliquait par le fait que la loi apparaissait comme destinée davantage à sauver les banquiers que le système bancaire, les faits devaient leur donner raison. Paulson les informa en effet brutalement en novembre qu’il abandonnait le projet initial visant à constituer un fonds où seraient regroupées les instruments de dette les plus dépréciés. A posteriori, l’opération se limitait du coup à une recapitalisation d’établissements financiers insolvables, sans contrôle effectif de la manière dont ils utiliseraient ces fonds. Les premières informations relatives à l’application des mesures confirmeraient les pires appréhensions, les fonds provenant du sauvetage – c’est-à-dire puisés sur la dette publique – étant distribués aux actionnaires de ces banques sous forme de dividendes, à leurs cadres sous la forme d’augmentations de salaires, étant consacrés au rachat d’établissements concurrents moins chanceux dans la distribution de la manne, voire même utilisés pour du lobbying visant au renversement de leur semi-nationalisation.
Mr. Sarkozy, en locomotive de la contestation de la position dominante du dollar, position contestée en raison de la perte d’influence des États–Unis et de la responsabilité de ceux-ci dans le déclenchement de la crise, réussit à faire se tenir une réunion du G-20 qui cherchait à se présenter comme l’équivalent d’un Bretton Woods II, du nom de la réunion qui s’était tenue dans cette localité du New Hampshire en 1944 et qui avait alors créé un ordre monétaire mondial fondé sur le dollar, ancré lui à l’or. La réunion ne fut cependant qu’un pétard mouillé, réaffirmant de manière incantatoire le caractère intangible de la logique de marché et de la propriété privée comme fondements de l’ordre financier mondial et se contentant de prôner la mise en œuvre de règles prudentielles déjà existantes mais dont le climat de laissez-faire instauré par l’ultralibéralisme des trente dernières années avait suspendu l’application effective.
30 réponses à “L’ENA-hors-les-murs, janvier 2009”
Bonsoir et bonne année à tous,
Cet article est très instructif, très synthétique, et c’est ce qu’il faut en ce moment pour comprendre des faits et des effets économiques que l’on ne peut plus nommer « cycliques ». Prendre la mesure du dégat, historique, s’en prémunir, et inventer un mode transactionnel plus stable et moins injuste, ça, c’est du défit. Mais je doute fort que la réponse viennent des politiques. La tranversalité des acquis, la force de proposition, l’autre verbe, la gestion des transitions, voila à mon sens ce qui fera avancer les choses.
Natif du Nord de la France, j’ai vécu le lent arrêt des houillères de 1970 à 1990, date du dernier puit de mines à Libercourt. Je peux vous dire que je revis la même chose maintenant avec le secteur automobile, c’est patent. Ironie du sort, c’est ce secteur qui a été choisit pour remplacer le charbon dans ma région (lol). Quand je dis celà, on me prend pour un « t’exagère ». J’ai remarqué que ,même ici, on est tenté de s’accrocher à des valeurs qui deviendront obsolètes d’ici 20ans. Néanmoins, je suis très motivé pour participer au changement car le temps des idées reçues n’a plus la cote en bourse. Et puis, que vaut une gold carte en plein désert quand on a pas d’eau.
Salutations à tous, et merci Paul de nous faire avancer.
Omar
Ps: La nouveauté de cette crise, c’est la rapidité des transactions financières et des informations. En 29, donnez un ordre comptable à l’autre bout du monde demandait beaucoup de temps.
Requiescat in Pace.
Permettez-moi d’ajouter à ce bilan qui n’est que provisoire que, vue du reste du monde, la crise actuelle est toute aussi terrible si ce n’est plus. Le retrait massif des capitaux qui s’y opère a pour conséquence la chute brutale des devises nationales. Le cours de nombreuses matières premières, minières et agricoles, est le jouet de mouvements financiers perturbant tout, production et consommation. Les timides progrès réalisés dans un domaine aussi crucial que le recul de la pauvreté sont menacés d’être anéantis. Le monde, vu sous cette perspective, vient de faire un grand pas en arrière dont on ne mesure pas encore l’ampleur.
Quel ultra libéralisme? Partout les états prélèvent au minimum 50% de la richesse annuelle produite. L’ultra libéralisme anglo-saxon où règne l’hyper surveillance des populations? On en rêve en France et en Europe continentale. Les taux zéro et la trappe à liquidités ce n’est pas de l’ultra libéralisme mais l’inverse. Partout on croule sous les règlementations les plus précises pour tout et n’importe quel acte de l’existence et de la vie quotidienne. Impossible de bouger le petit doigt sans être obligé de payer une expertise, une aide, un conseil, pour accéder à un droit élémentaire. Nos sociétés se sont soviétisés, les administrations publiques et privées tiennent en coupe réglée la moindre petite organisation. Nous vivons sous le règne de l’hyper soviétisation générale du monde entier et occidental en particulier. Seules les modalités sont différentes. C’est la banque qui est propriétaire de nos vies, pas le Soviet Suprême.
Quelle différence entre vivre dans un logement collectif obligatoire ou un logement privé payable en 30 ans? Les dettes privées deviennent publiques, preuve de l’ultra porosité entre les deux systèmes sensés être opposés. C’était la même chose! Environ 20 ans après la chute du Mur on assiste à la chute d’un autre Mur qui est invisible. Avis aux européens, à partir du 12 Janvier pour vous rendre aux Etats Unis, remplissez le formulaire en ligne et bienvenue dans la nouvelle ère, celle de la dématérialisation totale, nouveau jeu, nouvelles règles, nouveau Mur? Matrix?
On ne pouvait faire plus court ni plus clair,
Cet article sera-t-il lu (sera-t-il lu comme l’avertissement clair que maintenant nous ne sommes plus dupes)?
Il y a sur ce blog des décroissants (bravo! Mais décroissance pour qui?), des banksters (une autre variété de parieurs/spéculateurs) et surtout tant de gens désespérés des dégâts occasionnés par une démocratie à laquelle ils s’étaient abstenus de participer,
Nous en faisons l’expérience: il ne s’agit plus de trouver de solution obsolète dans 20 ans; il ne s’agit plus de vendre pour vivre ;mais de pouvoir acheter de quoi survivre, ,C’est terminé le temps du gaspillage et de la pollution,
Allons donc prendre un thé au Sahara, Mais en hiver! ou ailleurs, juste pour prendre du recul, Le froid, 24h/24, ça ravigote ! Un excellent endroit pour amener un peu de campagne à la ville ou l’inverse, N’est-ce-pas Paul?
Merci pour cette synthèse et meilleurs voeux pour cette nouvelle année,
Je suis et resterai impressionné par le sang-froid et la lucidité que certains peuvent garder dans l’analyse.
Analyser et commenter de la sorte un système qui se moque des restes du monde comme de sa première carie, système qui a finalement réussi à s’imposer comme un quotidien auquel on ne fait plus attention pour la plupart des habitants de la planète, ou une comme une fatalité qui mérite d’être analysée pour être améliorée…Chapeau !
C’est ma vision de la chose. Je ne jette la pierre à personne, n’attends pas une révolution avec des lendemains dont personne ne serait sûr. C’est seulement mon point de vue, ma croyance dans l’homme et peut-être simplement ma croyance : qu’au moins pour l’humanité, l’espèce humaine avec les autres espèces sur son vaisseau spatial, l’évolution tende vers le bien.
Je ne me sens pas à l’aise dans l’habit d’esclave ou d’esclavagiste, suivant que je sois passif ou actif, qu’ »on » essaye de me tailler, pas à l’aise pour observer, analyser, critiquer ce système avec calme.
C’est pour moi le même sang-froid qu’ont les médecins légistes ou les médecins en temps de guerre : garder sa capacité de réflexion, d’analyse et d’action en ayant une dure et cruelle réalité sous les yeux.
Respect.
Excellente synthèse de cette année 2008 , si quelqu’un avait prédit une telle année , on l’aurait pris pour un fou , et je pense qu’il en sera de même pour 2009 . Souhaitons que cette épuration si on peut dire se fasse dans la paix , NewEuropeans.eu nous promet que les US dans les douze mois qui viennent déclarera qu’il ne remboursera qu’une partie de sa dette . Il est évident que cela se produit , il y aura de sérieuses répercutions dans le monde entier .
Depuis cent ans le prix réel de l’énergie baisse, ce qui a permis l’éclosion de notre société, avec son espérance de vie, son temps libéré des travaux nouricier et pour finir une déconnection d’avec la réalité : l’homme est devenu un élevage hors-sol.
C’est un caractère constitutif de chacun de nous aujourd’hui, de notre hard-ware. Nos raisonnements sont définitivement marqués par cette situation, et redescendre sur terre représente un véritable travail.
Hors pour la première fois en 2008, le nombre d’heure de travail nécessaire à l’achat d’un litre d’essence a augmenté….ce n’est pas un détail.
La descente a commencé, la « taille de la boite » devient palpable, la réalité frappe à la porte : tendons l’oreille.
Bonne année à tous.
@ Matrix
« Quelle différence entre vivre dans un logement collectif obligatoire ou un logement privé payable en 30 ans? »
Les WC collectifs sur le palier
Paul, merci pour ce récapitulatif pertinent !
Mais à présent, exercez vos qualités prédictives , de façons plus subtile que le journaliste pékin de base , pour 2009 !
Oui, bonne synthèse, on aimerait connaître la synthèse fin 2009!
Qu’attendent les politiques pour vous entendre ?
Le dévoiement de la « science » économique au service de la rapacité d’une poignée de magouilleurs est écoeurante.
Au fond, il n’ya guère de différence entre notre société et celle des primitifs aux croyances animistes. Une caste de sorcier (les économistes) racontent des mythes (le discours « scientifique » sur la répartition de la valeur) afin de dicter aux hommes ce que des esprits leur disent. La seule différence est le procédé. Les économistes s’émerveillent devant les équations et les chamanes lisent dans les entraillent ou prennent des subantces hallucinatoires.
l’ENA-des-champs !
@ Paul… merci de communiquer mon adresse à « lescitedor », suite à intervention chaude sur billet précédant ( D.Dresse)…
N’y aurait-il pas un truc existant ou à trouver pour que ceux qui le souhaitent mutuellement puissent échanger leurs adresses, sans encombrer les débats ? Déontologiquement correct…
Ca fait pas de mal un bon petit résumé historique , de temps en temps…Et bonne année…si j’ose dire…Amicalement.
Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Paul JORION : « LA CRISE , Des subprimes au séisme financier planétaire » .
Dommage que le dernier chapitre XIV ne soit pas aussi clair que les précédents pourtant trés techniques pour un profane .
Comme le disait PASCAL : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » . Peut -être M. JORION n’a-t-il pas encore les idées assez claires sur ce qu’il conviendrait d’intégrer au sein de sa Constitution pour l’économie , sauf en ce qui concerne l’un des articles possibles : « Les paris relatifs à l’évolution des prix sont interdits « .
Que la finance se mette intégralement et uniquement au service de l’économie réelle , rôle duquel les politiques n’auraient jamais tolérer qu’elle pu s’écarter en décidant et mettant en œuvre les mesures de régulation et d’adaptation nécessaires au développement et à la pérennisation du bien-être de la planète .
Bonne année à tous et banzaï !
M. JORION
Tout d’abord permettait moi de vous souhaiter tous mes vœux de bonheur, santé et prospérité pour cette année 2009.
Votre résumé de la situation me laisse penser que les « foules » sont en état de choc, et n’ont pas encore pris conscience de l’ampleur du problème.
Qu’en pensez vous ? Que se passera-t-il quand ce sera le cas ?
Je serais curieux de savoir combien de personnes lisent votre blog ?
Plusieurs milliers/jour ? Dizaine de milliers / jour ?
Il me semble avoir lu le chiffre de 30.000/jours pour le site contre.info
Nous avons à la louche 26 millions d’actifs et 15 millions de retraité en France.
Dont 12 millions qui regarde la propagande officielle sur le journal télévisé de 20h sur TF1 et sur France2.
Peut être que si tous les citoyens français lisaient votre blog, peut être que nos politiques raconteraient moins de conneries et se mettrait à faire leur boulot… plutôt que de brasser de l’air et penser à leur réélection.
Bref. Je ne sais pas si vous comprenais ma frustration : on sait qu’on va dans le mur. C’est inévitable. Ce sera au choix : la crise financière, la crise des régimes de retraites, l’endettement des états, la baisse de production du pétrole liquide, le nombre d’être humain sur terre, le réchauffement de la planète (que j’appellerais plutôt la pollution de la planète).
QUE FAIRE ? QUE FAIRE ? QUE FAIRE ?
Est-ce que quelqu’un sur cette planète sait ce qu’on peut faire en tant que simple citoyen pour éviter le mur ?
En tout cas, merci pour votre éclairage sur la crise financière actuelle. On se sent plus intelligent après avoir lu vos billets.
Cordialement.
Stéphane
@Fab
le « sang-froid » c’est toute une culture…
Aimez-vous Cioran, « Sur les cimes du désespoir », « De l’inconvénient d’être né »,… ?
J’écoutais (brièvement) Daniel Mermet tout à l’heure, en allant se balader sur les grandes étendues de neige glacées inondées d’un soleil hivernal, ponctuées de quelques sapins et de deux juments magnifiques qui accoururent vers nous, il expliquait, reportage radiophonique à l’appui, que après la propagation du catholicisme par les missionnaires et curés, après celle des valeurs républicaines par les instituteurs, les valeurs ultra libérales était maintenant propagées (entre autre) par l’ANPE.
Le reportage visait une agence dans une petite ville bourguignonne de 2000 habitants on entendait alternativement le boniment de l’animatrice du « stage » imposé et les commentaire off des participants.
L’animatrice en question (plus victime que bourreau) expliquait aux « stagiaires » comment se vêtir, comment parler, comment « être », comment penser pour avoir le bonheur de plaire à ce qu’elle imaginait être le patron libéral « idéal ».
Pendant les pause on entendait les gens, embrigadés dans ce stage obligatoire, qui expliquait comment ils n’avaient pas le choix de jouer ce jeux de dupes…
A vous lire avec toujours autant de plaisir.
Shiva
La main invisible de l’ultra libéralisme qui a fourni la croissance ces dernières années était en grande partie commandée par la corruption et la spéculation, défauts qui existent dans tous le Etats et toutes les civilisations.Peut-on juguler ces défauts en laissant au marché le soin de le faire lui-même?Ces défauts peuvent-ils renter dans les modèles informatiques?A la fin de la guerre les paradis fiscaux qui avaient surtout abrité les trésors du 3ième reich se comptaient sur les doigts de la main, aujourd’hui ils sont plus d’une trentaine et abritent l’évasion fiscale de tous les Etats et de ce fait apauvrit leurs budgets.Quel homme politique sera capable de remettre de l’ordre?Les moralisateurs seront-ils aussi efficaces que la morale religieuse?
Bon Dieu quel travail !!!
@ Shiva
Les valeurs ultra-libérales propagées par l’ANPE … (Annexe du grand complot du 9/11 probablement – via la haute finance de l’Empire Britanique) ou bien le catéchisme pépère de propagande ce bon Daniel ? 😉
Je préfère nettement Cioran … A toutes petites doses , et quand on est bien dans ses pompes et sa tête, c’est un vrai régal (Sinon prévoir antidote)
@ Stéphane (En attendant que Paul ne vous réponde)
Actuellement, nous sommes dans le brouillard dans le sens où l’ on balance entre dépression surmontable à court terme (qu’on peut encore border economiquement et socialement) ou dépression catastrophique .
Cependant si rien ne venait s’ajouter aux craquements financiers ayant eu lieu, avec un peu de chance, il semble qu’on pourrait commencer à sortir de la crise de l’ économie réelle qui ne fait que commencer, fin 2009, à condition d’un soutien vigoureuse (mais c’est quand même ce qui se met anarchiquement en place).
Par contre, si les CDS dont la puissance de feu est 5 fois supérieure à celle des sub-primes, nous entraînent plus loin (aucune idée si c’est probable ou pas) , il ne restera plus que les solutions de Larouche : trier les dettes , solution extrême mais qui protègerait le mieux les populations : les victimes financières étant désignées à l’avance, on échapperait à une suite de comportements des agents économiques financiers qui , pour conserver chacun un maigre avantage , prendraient, encore plus, des décisions entraînant les populations entières dans le chaos.
En attendant d’y voir plus clair , mis à part les solutions classiques de ‘relance et soutien’ de l’activité plutôt par l’offre , la mise en place d’aide aux plus touchés individuellement et aux plus fragiles socialement … il n’y a pas grand chose.
Ah si ! , et c’est ce que fait très timidement Sarko, on peut -en France- réanimer quelques restes de notre planification à la française , enfin les derniers bouts des derniers restes que l’Europe nous accorde encore.
Mais ce dernier scénario sera-t-il suffisant pour inverser les logiques mortifères du système , en dépassant la logique d’un simple re-maquillage mais sans tomber dans les gentils doux délires des altéro-yaka toujours prêts à mettre la liberté en hypothèque pour quelques brins très hypothétiques d’inégalité en moins.
Mais dans un 1er temps tout va dépendre, et tout se structurera (ou pas) , autour des décisions d’Obama.
PS/ Ne pas trop abuser de contreinfo, car même si les articles repris sont de haut niveau, même si les analyses ‘radar’, anonymes, sont claires pertinentes , le tout est délicatement orienté (On ne peut pas dire que le drame palestinien soit mal couvert à contreinfo … ) dans un certain sens : il faut écouter la puissante analyse de la crise de Bensaïd du 27/12 : rien n’est factuellement faux , la propagande tient dans l’art de la simplification. (Bon Paul contre-balance … ok)
Un autre site qui les a financièrement soutenu révèle là où ils penchent et comment ils penchent : ‘les mots ont un sens’ , site , lui, assez affligeant en ce sens que tout le réel est systématiquement passé à la même moulinette contestataire sans nuance ni lucidité .
Bon , c’est une conception du militantisme .
Je préfère encore les divagations poético-mondialistes d’Attali 😉 , ah! mais oui c’est vrai ! il est probablement – à l’insu de son plein gré- manipulé par le Grand Complot !
Bon je m’arrête là, car (même si tout se tient) je suis en dehors des clous fixés par Paul .
@ François Leclerc
Ou un grand pas en avant vers des solutions et un mode de vie radicalement nouveaux. On verra quand la poussière sera retombée…
@ Shiva,
Bonjour et merci pour votre message empreint de précautions.
« Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d’un long, d’un superflu travail de vérification. »
Voilà, ça y est, je connais Cioran ! Merci.
Quant à présenter l’ANPE comme un vecteur des valeurs ultra libérales, je trouve ça…réducteur. J’aurais présenté l’ANPE comme un bras armé de l’économie !
« Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute. » (Cioran encore !).
Que personne ne doute ! Tout va bien se passer ! Ayez confiance !
Au plaisir.
@oppossum
Votre sollicitude me va droit au cœur, mais ne vous inquiétez pas j’ai arrêté le socialo-marxisme il y a quelques années, ça me donnais des hallucinations, je voyais des fascistes masqués partout !
Une antidote à Cioran ?
C’est Cioran l’antidote !
Quel rédemption recommandez-vous pour une double apostasie ?
@Fab
Désolé je ne suis qu’un plaisantin !
Cinq Gouverneurs démocrates viennent, le 2 janvier, de lancer aux gouvernement fédéral un appel afin que soit mis à la disposition des 50 Etats américains un paquet d’un million de milliards de dollars (one trillion), afin d’aider au financement des dépenses d’éducation, de santé et d’infrastructure menacées par l’accroissement brutal et dévastateur des déficits budgétaires et l’approfondissement de la récession économique en général.
Selon l’un d’entre eux, le Gouverneur Doyle du Winsconsin, ce nouveau plan permettrait aux Etats de maintenir leurs services dans ces différents domaines à leur niveau actuel jusqu’à 2010, date à laquelle l’économie nationale est censée redémarrer. En espérant que la prédiction se réalisera, je rajoute.
Réaction enregistrée par Reuters du côté des républicains, celle de Nick Ayers, directeur de l’Association des Gouverneurs Républicains : « il est temps, a-t-il déclaré dans un communiqué, de concentrer ses efforts sur des diminutions des dépenses afin de ne fournir que l’essentiel des services et de ne pas créer pour les générations futures un fardeau supplémentaires avec de nouvelles dettes. »
Cet épisode illustre ce que je crains pour l’avenir. Le choix va être soit de continuer à utiliser la dette comme levier de fonctionnement de l’économie, sans même parler de sa croissance, et il va bien falloir la financer, soit d’accroître la « fracture sociale », une expession dont nous aurons remarqué qu’elle a disparue des discours. Pas de la réalité.
Dans le premier cas, des experts en ingénierie financière, un peu délaissés ces derniers temps, seront trop heureux de proposer leurs services. Dans le secnd, la crise aura pour conséquence de parfaire ce que la croissance des dernières décennies a commencé à créer.
Bonjour chacun de vous,
Paul, merci pour cette synthèse de 2008 et pour l’humour dans l’anagramme du titre…
Comme nous le rappelle le premier commentaire de François Leclerc, dans ce genre de crise, les plus pauvres sont ceux qui trinquent le plus.
Je viens de recevoir la dernière lettre d’infos de l’association « Pour un Sourire d’Enfant », qui vient en aide à des enfants et familles de Phnom Penh. Je vous en livre un extrait :
« Qui aurait pu imaginer que cette crise … frappe immédiatement et dramatiquement nos familles les plus pauvres ? Qui aurait pu faire un rapport entre l’effondrement de l’industrie automobile et la situation de nos chiffonniers ?
…
Les maigres revenus tirés de leurs récupérations de bouts de plastique, de cuivre, d’aluminium… ont été divisés par 2 ou 3 depuis trois mois.
…
Il y a quelques mois, une famille arrivait, en une longue journée de travail, à gagner près de 2 € pour toute la maisonnée. Aujourd’hui, elle ne peut rapporter que 5000 riels au maximum (moins d’1 €). Et quand on sait que le riz, à 2500 riels le kg, la viande et le poisson ont presque doublé, de même que le loyer des terrains où poser leurs pauvres baraques, on imagine le résultat…
Alors les familles n’ont plus le moyen de manger autre chose qu’un peu de riz, avec quelques pauvres tiges de liserons d’eau. Nous avons vu, dans plusieurs maisons, qu’on avait acheté et fait cuire des arêtes de poisson, pour l’odeur. Il n’y a plus de protéines mais un sérieux risque de famine.
C’est un défi à relever ! Il faut prendre des mesures d’urgence. »
Au cas où vous souhaiteriez « investir » dans des enfants, qui sont notre avenir : http://www.pse.asso.fr
J’ai un doute sur l’efficacité des politiques keynésiennes (1000 milliards de $ aux USA…) pour redresser la situation économique des pays qu’on appelle « développés ». Dans les pays émergents, ces politiques devraient porter davantage de fruits. Mais de toute façon – Paul ne cesse de nous le rappeler – cela ne résoudra pas les problèmes de fond. C’est un saut quantique, une metanoïa, dont nous avons besoin, personnellement et tous ensemble.
Après avoir lu avec grand intérêt « Vers un monde sans pauvreté », je commence le dernier ouvrage de Muhammad Yunus : « Vers un nouveau capitalisme » ? Certains d’entre-vous l’ont ils lu ?
Le modèle économique occidental va droit dans le mur. Certains, comme Jancovici, ne manquent pas d’arguments pour le démontrer. Si vous avez 1h45 devant vous, je vous recommande la vidéo suivante : http://storage02.brainsonic.com/customers2/entrecom/20080227_Spie/session_1_fr_new/files/index.html
Si les arguments semblent pertinents, il conviendrait de vérifier les hypothèses et postulats. Par exemple, les gaz « à effet de serre » contribuent, comme leur appellation l’indique, à un effet de serre, mais aussi ils nous protègent du rayonnement solaire. L’augmentation de la proportion de ces gaz dans l’atmosphère provoque-t-elle un réchauffement ou bien un refroidissement climatique ? Il semble que 2 écoles scientifiques s’affrontent autour de cette question…
Cela étant, les ordres de grandeur que Jancovici nous présente sont à connaître.
Je pense que les changements des mentalités et des politiques, notamment économiques, ne suffiront pas à nous sortir d’affaire sur le long terme. Il faudra aussi – il y en a déjà eu plusieurs – des révolutions technologiques. C’est sur ce point que je suis d’ailleurs le moins inquiet, l’homme étant par nature inventif (mais il y a toujours à boire et à manger dans ses inventions…). Peut-être rendra-t-on, pour un temps au moins, leurs lettres de noblesse à la créativité et au travail qui débouchent sur une réelle création de richesse.
@ Bruno,
Pourriez-vous dévoiler l’anagramme ?
Merci
@ Fab,
Il me semble que Paul n’a pas fait l’ENA et qu’il a de l’humour…
Il n’y a hélas pas d’humour : L’ENA-hors-les-murs est la Revue de l’ENA. On m’y a confié le bilan de l’année économique (comme cela avait déjà été le cas pour 2007). Vous le trouverez dans le numéro de janvier.
Déçu je suis …
Marlene Affeld…
…
Merci pour ce billet, je partage votre analyse sur la crise.