Billet invité
COMMENT POURSUIVRE DANS L’ASSISTANAT ?
Durant toute une phase dont nous sommes en train de sortir, un mécano de fortune a été improvisé afin de tenter de stabiliser la crise financière et de gagner du temps, dans l’espoir que progressivement elle se résorbe.
Or, celui-ci est désormais grippé, laissant les dirigeants du monde occidental dans l’expectative. Les tensions à venir sur le marché obligataire global, et pas seulement celui de la dette souveraine, créent une situation qui va les amener à empiriquement rechercher un nouveau montage.
Cette construction faisait d’une pierre deux coups. Alimentant les banques en liquidités, afin que celles-ci reconstituent leurs marges en achetant des obligations souveraines; permettant en retour de financer la dette publique, et donc les mesures destinées à sortir de la récession. Car celle-ci menaçait à nouveau l’équilibre du système bancaire. En fin de parcours, les banques centrales récupéraient une partie de ces obligations, via les prises en pension réalisées en contrepartie de l’émission de leurs liquidités.
Les banques centrales étaient le moteur de ce mécanisme qui faisait des banques des intermédiaires obligés – à tous les sens du terme – entre elles et les Etats, tout à leur bénéfice. Accessoirement, dans le cas de la Fed et de la BoE, elles achetaient également sur le marché primaire (en direct) des obligations souveraines.
Un gros grain de sable est venu perturber ce mécanisme, lorsqu’il est apparu que les obligations souveraines n’étaient plus le refuge qu’elles étaient. En raison de l’accroissement de la demande sur le marché obligataire, celle-ci générant une inévitable hausse des taux à terme, à laquelle allait correspondre une baisse de leur valeur. L’addition des émissions des Etats et de celles des établissements financiers en était à l’origine, surenchérissant les coûts de financement des uns comme des autres et pesant sur les bilans des derniers.
Or, les émissions obligataires des Etats ne peuvent pas diminuer rapidement, sur la lancée de la poursuite d’importants déficits et d’une lente stabilisation de la dette, tandis que se profile à l’horizon une nouvelle réglementation financière, à laquelle les banques comme les assurances vont être soumises, qui va également susciter d’importantes émissions. Devant cette perspective, les banques firent alors pression sur les deux fronts, afin de soulager les tensions à venir dont elles ne veulent pas faire les frais. A l’encontre des Etats, en leur faisant savoir via les marchés qu’ils doivent réduire drastiquement leurs déficits (et donc leurs émissions), vis à vis de leurs autorités de tutelle, afin que les nouvelles contraintes soient réduites et étalées dans le temps.
Mais la suite des événements a compliqué ce calcul, après que la zone euro a été choisie comme point faible pour que sa démonstration soit la plus implacable possible. Les banques qui en étaient à l’origine ont été prises à leur propre jeu, risquant d’être atteintes en retour si les Etats ne supportaient pas la cure qu’elles leur imposaient, en raison de leur détention en grandes quantités d’obligations souveraines. La crise de la dette publique et celle de la dette privée n’ont alors plus fait qu’une.
D’Europe, d’où il est parti, ce nouvel épisode de la crise menace désormais de s’étendre aux Etats-Unis. On a cru que ce serait via la contagion affectant le système bancaire, cela a été endigué, mais la situation propre des Etats-Unis pourrait y suffire. La situation des Etats et des grandes municipalités pourrait être le levier de sa reproduction. Les quasi faillites comptables ne s’y comptent plus.
Afin de se financer, les collectivités ont émis des muni-bonds en quantité industrielle – de l’ordre de 2.500 milliards de dollars – sous forme de produits structurés complexes devenus illiquides (non négociables). Les monolines qui apportaient précédemment leurs garantie étant disparus lors d’un épisode précédent de la crise, les banques sont désormais directement exposées au risque de défaut. Leur refinancement posant au Trésor américain un redoutable problème, vu le niveau atteint par la dette; la Fed risquant en fin de compte d’être sollicitée pour monétiser cette dette, comme elle l’a massivement fait pour les crédit hypothécaires.
Cela représente une deuxième bombe à retardement, après celle de Fannie Mae et Freddie Mac, alors que l’hypothèse d’un retour de la récession prend corps aux Etats-Unis.
L’option la plus probable – une fois acquis que les banques centrales vont poursuivre leurs émissions de liquidité (même la BoE l’a annoncé, en dépit d’un taux d’inflation britannique actuel élevé au regard de la norme de 2%) – est qu’elles vont devoir se résoudre à réengager une politique de création monétaire intensive, en vue de financer des budgets publics qui vont à nouveau devoir être mis à contribution, afin d’éviter aux Etats de trop solliciter un marché dont les réactions sont redoutées. Cette décision, plus ou moins difficile à prendre suivant les pays ou les zones monétaires, n’est pas encore prise. Lorsque la récession frappera à la porte, pourra-t-elle être éludée ?
Certes, la politique suivie par les banques centrales des pays émergents pourrait contribuer à détendre un peu la situation, et éviter que des tensions trop fortes n’apparaissent sur le marché de la dette souveraine. Sachant que ce qui est cause dans un premier temps, c’est plus les disparités accrues de taux qui vont être enregistrées que le risque d’un krach obligataire. Mais l’écart va être important entre ce que les marchés vont pouvoir absorber et les émissions qui vont s’y présenter. Une hausse des taux, retardée tant que les obligations d’Etat étaient un refuge recherché, en sera la conséquence logique et inévitable.
Les banques centrales des pays émergents – en premier lieu celle de la Chine – vont devoir continuer de soutenir leurs marchés à l’exportation dans les pays occidentaux, en finançant leurs déficits, car les économies émergentes ont tout à craindre d’une récession venant frapper leurs principaux clients. Au lieu de réévaluer substantiellement le yuan comme le gouvernement américain le souhaite ardemment, avec comme effet espéré de diminuer les surplus commerciaux chinois et les déficits américains de même nature, la banque centrale chinoise continuera d’acheter des fortes quantités d’obligations libellées en dollars, en yens et en euros. A cet égard, on a remarqué que les Chinois viennent d’augmenter leurs achats de bons du Trésor japonais, privilégiant, comme il le font pour les obligations libellées en dollars ou en euros, les maturités courtes afin de diminuer les risques. La diversification des achats visant le même objectif. Mais cela ne suffira pas à éviter les tensions qui s’annoncent sur le marché obligataire.
La zone euro a pour sa part choisi un dispositif qui revient à faire profiter les pays qui ne pourraient plus se présenter sur le marché obligataire du taux, même majoré, qu’obtiendra le véhicule spécial dont le montage est en cours, lorsqu’il empruntera pour leur compte afin de leur prêter ensuite. Le responsable nouvellement nommé de celui-ci fait actuellement la tournée des agences de notation, afin d’obtenir la meilleure note possible et donc le meilleur taux. Il s’agit d’atténuer ainsi les disparités de traitement imposés par les marchés. Mais ce dispositif est fragile et sa viabilité n’a pas connu l’épreuve du feu.
Enfin, l’achat par la BCE d’obligations souveraines des pays à risque, qui se maintient à un niveau limité, ne parvient qu’à contenir les taux que ceux-ci vont devoir consentir à l’occasion de leurs opérations de roulement de leur dette, contribuant à rendre encore plus difficile le redressement de leurs finances publiques. Les Européens en sont encore au bricolage et aux demi-mesures.
C’est à l’échelle de toute l’économie occidentale qu’un même dilemme va se trouver posé, sauf à ce que les banques centrales monétisent la dette publique et accroissent encore leur rôle dans le fonctionnement assisté du système financier international. Comment choisir entre deux maux, une longue récession accompagnée d’une déflation et d’une lente décrue du déficit public puis de la dette, ou bien une élévation rapide et pesant sur les budgets du coût de celle-ci en raison de la poursuite de mesures fiscales de soutien à l’économie ?
En dernier recours, le FMI n’attend qu’une occasion de faire valoir les services qu’il pourrait rendre dans ce domaine en fouillant dans sa boîte à outils. Non plus en jouant les pompiers suivant de nouvelles formules et selon de nouveaux programmes plus adaptés à la crise – comme son intervention musclée en Europe centrale et de l’Est en témoigne (un soutien indirect à l’Europe de l’Ouest) – mais de manière encore bien plus ambitieuse, pour laquelle il ne peut aujourd’hui que prendre discrètement date.
L’idée est d’emprunter aux pays disposant d’importants surplus pour prêter à ceux qui ont besoin de financer leurs déficits ou leur développement, comme une super banque mondiale d’investissement, qui saurait s’entourer de garanties. Tout en leur proposant des rendements meilleurs que ceux que les bons du Trésor américains peuvent leur procurer, compte non tenu des incertitudes qui planent à leur sujet.
Ce programme suppose de donner aux prêteurs de sérieuses garanties pour les convaincre, la première d’entre elle étant d’accroître bien plus que prévu actuellement la répartition des droits de vote et des droits de tirage spéciaux au sein du FMI. Ce serait un premier pas vers un nouveau Bretton-Woods, où serait ensuite décidé une refonte globale du système monétaire international, pour laquelle les Chinois ont déjà avancé quelques idées force, et qui parachèverait l’édifice.
Mais cela ne pourra se réaliser qu’au prix de la perte par les Etats-Unis du statut privilégié du dollar. Leur économie pourra alors espérer retrouver son équilibre, non sans une profonde transformation de celle-ci et de la société. L’Europe n’y échappera pas non plus.
Dans ce nouveau contexte, il n’est pas exclu que puissent se glisser des éléments en rupture avec le système actuel, porteurs de leur propre dynamique…
124 réponses à “L’actualité de la crise: comment poursuivre dans l’assistanat ? par François Leclerc”
@François Leclerc : Comment restaurer la responsabilité ?
Vous déroulez excellement le processus par lequel États et opérateurs financiers en soutien réciproque se déconnectent progressivement de toute réalité économiquement mesurable. La mécanique des liquidités centrales replacées en dette publique qui finance la relance des économies occidentales se grippe à cause des pays émergents. La croissance est morte en Amérique du Nord, en Europe et au Japon à cause de la surévaluation des monnaies de réserve accumulées par les pays émergents en excédent commercial. Les dettes publiques et privées s’empilent en dollar, euro, yen et autre pendant que toute la croissance réelle vient des émergents. L’occident devient insolvable en obligeant le monde à utiliser ses monnaies qu’il ne maîtrise plus !
La seule issue est effectivement la transformation du FMI en banque centrale mondiale…du bancor. D’une monnaie qui appartienne à tout le monde et contienne en elle-même un système d’équilibration des garanties de dette internationale. Il suffit que le bancor soit défini comme unité de dette entièrement garantie par le marché du risque monétaire mondial ; un marché organisé, unifié et régulé pour garantir toute dette internationale libellée en bancor. Toute dette émise sur le marché international est garantie par la cotation en bancor du CDS de l’émetteur. Toute conversion de monnaie nationale à terme en bancor est garantie par la prime de change en bancor. Toute conversion comptant d’une monnaie nationale définit la parité flottante en bancor par l’équilibre mondial de son offre contre l’étalon transnational.
Tout crédit en bancor devant être garanti par l’option de change et le CDS de l’émetteur, le monde se dote d’un étalon stable et objectif de la valeur garanti par un marché transparent. L’économie réelle redevient mesurable et la valeur réelle des monnaies définissable par les lois nationales et par l’équilibre régulé des échanges internationaux. Les États-Unis et la zone euro arrêtent de chercher à imposer leur loi au monde entier. En faisant droit à la demande chinoise de garantir ses réserves internationales, ils remettent leur monnaie au service des économies qu’ils régulent vraiment. Chacun chez soi ! Et la finance redeviendra la mesure de l’économie réelle mondialisée.
Pensez-vous que cette option soit « dans l’air du temps » et qu’elle devrait accompagner une remise en ordre monétaire internationale ?
Si c’était le cas, quelle organisation, administration en quelque sorte, serait à développer à travers le monde pour en assurer la fiabilité, quelle nation en assurerait le leadership, quelle localisation pour ce FMI rénové ?
Enfin avez-vous songé aux conséquences politiques et sociales d’une telle modernisation du système financier ou bien cela vous semble-t-il d’abord une exigence face à la situation actuelle ?
@ PSJ,
« La croissance est morte en Amérique du Nord, en Europe et au Japon à cause de la surévaluation des monnaies de réserve accumulées par les pays émergents en excédent commercial. »
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Etes vous vraiment sûr que la mort de la croissance a pour unique cause ce que vous décrivez, à l’exclusion, par exemple de la délocalisation des industries, du déficit de matière première etc.
Vous voyez des causes uniquement monétaires à des problèmes économiques un peu plus étoffé…
J’ai toujours été frappé par le caractère hautement stratégique, ou au pire tactique, et en même temps particulièrement abscons (pour rester poli…) et terriblement soporifique des « contes » et mécomptes monétaires…
À creuser…
@Domend et Vb,
L’air du temps est au questionnement. François Leclerc nous montre bien comment tous les raisonnements d’avant la mondialisation financière sont testés successivement sans rien résoudre. L’absence de monnaie mondialisée crée des asymétries systémiques d’information qui rendent le risque non mesurable et détruisent inexorablement le crédit dont les monnaies locales sont faites. Le bancor est pour l’instant une hypothèse théorique qui sera mis en expérimentation quand toutes les autres auront échoué.
Toutes les institutions et les mécanismes existent de mise en œuvre du bancor. Il suffit simplement que les anciennes puissances économiques et financières renoncent à faire la loi mondiale pour se soumettre à une loi supérieure de symétrie de l’information du droit entre nationalités différentes. Je suis d’accord avec vous Domend, la conversion va demander beaucoup d’efforts.
D’un autre coté, la pression des faits est écrasante. Comme le souligne Paul Jorion dans son entretien avec Hélène Ceresole, l’hypertrophie financière a dévasté l’économie réelle. Les bases réelles de la valeur du dollar, de la livre ou de l’euro se rétrécissent avec l’accumulation de réserves de change par les émergents. L’impossibilité de dévaluer les parités réelles des monnaies occidentales interdit la mesure de la compétitivité réelle relative des occidentaux. Sauf à ce que les monnaies des émergents se substituent aux monnaies occidentales, la création d’un étalon mondial de comptabilisation des dettes internationales est inéluctable pour retrouver la vraie valeur des monnaies.
Vb a raison. La monnaie n’est pas la cause matérielle ni formelle des dysfonctionnements économiques actuels. Elle en est la cause efficiente négative. L’absence de monnaie réellement internationale empêche toute mesure rationnelle des déséquilibres et donc leur correction par la réalité économique raisonnée.
« Elle en est la cause efficiente négative. »
Euuh… Ah ok j’ai compris! Tordue, un chouïa quand même, la formule…
Monsieur Sarton du Jonchay,
« L’absence de monnaie mondialisée crée des asymétries systémiques d’information qui rendent le risque non mesurable et détruisent inexorablement le crédit dont les monnaies locales sont faites. Le bancor est pour l’instant une hypothèse théorique qui sera mis en expérimentation quand toutes les autres auront échoué. »
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1) Je suppose que cette hypothèse ne sera expérimentée que lorsque les Etats les plus puissants (économiquement, militairement et culturellement) y trouveront un intérêt personnel, c’est-à-dire, au point où nous en sommes, un intérêts pour leurs élites. Il y a de forte probabilité pour que cela n’arrive jamais, mais on ne peut pas être sûr.
« Toutes les institutions et les mécanismes existent de mise en œuvre du bancor. Il suffit simplement que les anciennes puissances économiques et financières renoncent à faire la loi mondiale pour se soumettre à une loi supérieure de symétrie de l’information du droit entre nationalités différentes. Je suis d’accord avec vous Domend, la conversion va demander beaucoup d’efforts. »
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2) Non seulement la conversion, comme vous dites, va demander beaucoup d’efforts, mais elle va surtout demander beaucoup de renoncement démocratique de la part des peuples. C’est dire ses chances de succès à terme.
Par ailleurs, il est pour le moins permis de douter que la nomenklatura au pouvoir en RP de Chine ne soit pas tout à fait d’accord pour recevoir des ordres d’une pseudo institution internationale, à moins bien sûr que derrière cette institution ne se cache ladite nomenklatura, mais alors là, ça risque d’êtres les autres « Etats » qui ne seront pas d’accord…
« Sauf à ce que les monnaies des émergents se substituent aux monnaies occidentales, la création d’un étalon mondial de comptabilisation des dettes internationales est inéluctable pour retrouver la vraie valeur des monnaies. »
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3) Reprenez moi si je me trompe mais, historiquement, la monnaie qui s’impose du point de vue international, n’est-elle pas celle du pays dominant ? Enfin, s’il n’existe plus de pays dominant, comme les événements le laissent à penser (au moins à court et moyen terme), alors il faudra qu’une super-institution internationale et non démocratique, c’est-à-dire faite toute d’experts, de fonctionnaires et autres administratifs sans contrepouvoirs imposent ses vues au monde entier = on en revient au point 1 ci-dessus : peu de probabilité que cela arrive, sans compter qu’un tel avénement ne serait pas souhaitable du point de vue du simple petit citoyen contribuable lambda habitant le territoire Y.
« La monnaie n’est pas la cause matérielle ni formelle des dysfonctionnements économiques actuels. »
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Ah bon, vous le reconnaissez ? Alors, un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ?
« Elle en est la cause efficiente négative. » = charabia
« L’absence de monnaie réellement internationale empêche toute mesure rationnelle des déséquilibres et donc leur correction par la réalité économique raisonnée. »
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Oui, mais la solution antidémocratique serait sans doute pire que le mal lui-même : l’enfer est pavé de bonnes intentions, souvenez-vous…
Par ailleurs, la notion de « réalité économique raisonnée » laisse songeur : raisonnée par qui « la réalité », et la « réalité économique » de qui ? Beaucoup de questions dont on peut légitimement craindre les réponses…
A vous lire,
@ VB
Il me semble que vous ne comprenez pas de quoi il s’agit : le bancor est simplement la monnaie de compte d’une chambre de compensation multilatérale des échanges internationaux.
@ Monsieur Jorion,
« Il me semble que vous ne comprenez pas de quoi il s’agit : le bancor est simplement la monnaie de compte d’une chambre de compensation multilatérale des échanges internationaux. »
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Oui, je comprends cela, l’idée en soi est bonne, mais la réalisation me semble problématique pour des questions de politique du point de vue des Etats (l’intérêt qu’y aurait les grands Etats) et du point de vue du citoyen : je parle ici de la mise en pratique de la « supervision ».
Une chambre de compensation soit, mais il y a des questions économiques derrières : qui fabrique quoi, avec qui et quelle matière première. De quels échanges internationaux parle-t-on ? Je crains qu’une solution monétaire ne puisse résoudre le problème économique.
@VB
« La réalisation me paraît problématique pour des raisons de politique… »
J’appelle ça une lapallissade. Les problèmes et les solutions adoptées sont TOUJOURS des problèmes politiques
L’économique n’est pas un problème en soi, il est un donné objectif dans un cadre politique, idem pour le juridique qui n’est que la mise en forme plus ou moins fidèle et opérationnelle de décisions POLITIQUES.
Précisons que je n’ai jamais cru à cette notion fumeuse et suspecte de Droit Naturel…
@ vigneron,
J’aurai effectivement du dire « la problématique économique » c’est-à-dire la gestion des ressources au lieu et place « du problème économique » ; décidément rien n’échappe à la sagacité du vin.
@VB
« In Vino Véritas » peut-être? Non non, juste ce mauvais fond un peu « pinayre » de tout vigneron qui se respecte…
@ vigneron,
Quel est le rapport avec le droit naturel, que vous qualifiez, tout à votre ignorance, de notion suspecte et fumeuse ?
Par ailleurs, ne croyant pas au droit naturel, vous êtes donc un fervent partisan du droit positif ? Retour àla case départ, Bravo, vin rouge…
@ VB,
Votre questionnement et vos réserves me semblent reposer sur l’hypothèse que les intérêts humains sont purement de hiérarchie économique : être plus riche et matériellement plus puissant que son voisin. On peut estimer que la crise actuelle est l’exploration la plus poussée possible de cette hypothèse. Mais on découvre précisément qu’elle conduit au chaos, ce qui nous conduit à nous interroger sur sa validité. Soit le chaos est notre destinée, soit il existe autre chose.
Vigneron prend une position qui me convient tout à fait : il existe la politique. Nous avons la possibilité de changer d’hypothèse, d’en discuter et d’aller collectivement vers autre chose que le chaos. Le primat actuel de la compétition économique sans règle résulte de l’absence d’ordre politique supra-national dans un monde multipolaire sans puissance dominante. Le problème actuel n’est pas économique mais bien politique et culturel.
La proposition du bancor vise à pacifier les échanges internationaux pour redonner de l’espace à la construction politique du village mondial. Il ne s’agit pas de créer un empire mondial mais un système de prix équitable de tout ce qui s’échange, dont les formulations juridiques des lois humaines et les régulations financières nationales. La démocratie est née en Grèce dans le marché. La loi de l’offre et de la demande s’appliquait aux marchandises comme aux revendications politiques. La monnaie était la mesure commune des droits et obligations matériels des citoyens.
@VB
Dans le genre esprit d’escalier et rétif à l’ellipse, vous vous posez là! Ça me confirmerait, s’il en était besoin, que j’ai bien fait de ne pas faire de vieux os sur les bancs des facs de droit…
Si le droit positif est bien l’ensemble du droit effectivement appliqué dans une société donnée, alors il correspond bien à l’idée que je me fais du droit, c’est à dire l’expression juridique codifiée ou jurisprudentielle d’un état politique particulier en un moment et un lieu particulier.
Comme le disait notre si cher Michel Eyquem de M, « vérité en deçà des Pyrénées… »
Quant au droit « naturel », pas besoin de vous faire un dessin. Issu d’on ne sait trop quelle transcendance éternelle et universelle, empreint d’on ne sait quel mystérieux « bon sens » naturel et d’une équité définitivement surplombante et digne de l’opération du Saint Esprit, et bien entendu découplè de tout déterminisme politique ou système philosophique tant soit peu critique, il me fait l’effet, au mieux, de la merveille mythologique et idéologique savamment entretenue par quelques professeurs de droit aussi croupissants que leur matière stérile, au pire, de l’obscurantisme le plus anachronique…
Avec tous mes hommages juridiquement incorrects et ma plus plate ignorance.
PS: je dois vous avouer que j’ai toujours trouvé le manque d’humour de maints gens de droit tout à fait rédhibitoire dans leur fin d’un exercice « honnête » de leur coupable activité.
Bonjour,
peut ont espérer que dans les changements à venir le bien des populations sera prioritaire à celui des possédants ( si il faut les personnifier) ou autrement celui des entités économico-financiére qui dominent nos états un peu démocratique ?
Autrement dit : les foules sentimentales auront elles droit au chapitre à la table des négociations ?
cordialement
Il est totalement délirant et illusoire que de croire que la dette puisse diminuer, quel que soit le scénario dettes publiques/dettes privées!
Le capital cherchant et obtenant toujours et encore un rendement d’intérêts élevés et positifs, sa croissance suivra une courbe de croissance exponenentielle pointant vers l’infini.
Symétriquement, la dette fera autant!
Dans la mesure des insolvabilités certaines qui surviendront à répétition du fait de cette mécanique inéluctable, les banques centrales interviendront « à l’insu de leur plein gré » et « contraintes et forcées » toujours plus massivement pour « monétiser » tour à tour dettes privées ET dettes publiques.
Conséquence: l’accumulation de liquidités kolossales entre les mains d’un petit nombre de superriches.
Il n’y aura, sans changement de mode d’émission de la monnaie, tout simplement aucune possibilité de réduire les dettes, car cela voudrait dire réduction des créances!
A propos de « fragilité » de l’euro: une telle fragilité, révélée pendant les spéculations des dernières semaines, donnait à l’économie européenne une vigueur nouvelle, car quand une monnaie « s’affaiblit », elle circule mieux.
Au fond, le pragmatisme des banques centrales, en faisant comprendre à la longue qu’elle ne laissera en aucune façon s’installer une lourde déflation, pourrait peut-être encore eviter le pire?
Sauf que, évidemment, les richesses continuent à se concentrer et que le nombre de pauvres et d’exclus ne pourra que croître dans tous les pays, en proportion et en nombre.
La proportion des personnes vivant sans monnaie (moins d’un dollar par jour) dans le monde passera peu à peu de 50 à 90% ou plus de la population mondiale avec le capitalisme actuel.
Puisque le mode d’émission de la monnaie, grâce à un SMT, ne semble pas être à l’ordre du jour, c’est ce scénario qui se dessine!
La dette pourra diminuer …. si on arrête l’assistanat !
Le fameux proverbe du monde c’est bien au lieu de me donner du poisson, donne moi de quoi le pêcher.
Donc la dette pourra diminuer, si et seulement si, les richesses sont mieux réparties, c’est sur cette seule voie qu’il y aura une re-légitimation de l’Etat, une dignité retrouvée des hommes dans leur rapport à la société qui se fait à travers le travail.
Il faut pouvoir redéfinir le principe de richesse. Changer de référent. La richesse n’est pas l’argent accumulé, c’est le potentiel qu’il offre à ceux qui le possèdent. Il faut casser ce balancier Riche// Pauvre. La richesse c’est ce qu’ensemble on peut faire pour vivre mieux, il faut donner à tous la richesse de retrouver de l’espoir sans que ça passe forcément par l’argent.
Oui, mais avec un capital toujours rémunéré positivement au détriment du travail, il n’y a absolument aucune possibilité de réduire le montant de la dette, parfaitement symétrique aux créances en cours.
Car dette veut bien dire une somme due à un autre, gros malin!
Alors, en arrêtant des subventions ou les prestations sociales, les dettes publiques diminueraient peut-être, mais les dettes privées et les insolvabilités et faillites individuelles gonflent d’autant. Ce sont des vases communicants.
Cela ne changerait que si la monnaie pouvait mieux circuler, car, comme vous le remarquez, il vaut mieux apprendre à pêcher que de simplement recevoir un don, autrement dit, il vaut mieux « aller à la pêche » d’un revenu en échange d’un travail, car ce travail effectué signifie un enrichissement et un mieux-être pour tous.
Le secret d’une économie sans chômage serait précisément une économie où le travail est rémunéré sans delai et où le revenu généré serait aussitôt échangé contre d’autres biens et services ou un dépôt d’épargne sans intérêts (pour des prêts sans intérêts).
Le problème pourquoi nous n’avons pas une telle situation vient du fait que les signes monétaires sont maîtres du temps, au sens où leur mise à disposition « sans delai » implique un intérêt versé à l’épargnant. En substance, l’épargnant se fait rémunérer le fait de ne pas entraver la circulation monétaire. La circulation monétaire, service public, génère, avec la monnaie actuelle, le capitalisme instantanément, c’est-à-dire la rente du capital.
C’est comme gratifier le fauteur d’un bouchon sur la route pour avoir la « gentillesse » de circuler. Dans l’administration de la monnaie par les banques centrales nous en sommes exactement à ce point où ceux qui gênent les autres (les mettent dans la gêne) sont gratifiés précisément pour cela et ce d’autant plus qu’ils se montrent plus avides et voraces.
Ce système d’extorsion et de chantage, ce seigneuriage, est bien la cause comme telle pourquoi les richesses monétaires se concentrent en si peu de mains. C’est le capitalisme.
Et il est naïf et/ou d’une parfaite mauvaise foi que de croire et de faire croire que l’Etat actuel aurait les moyens de corriger cela. Il ne les a pas, car la disposition de la monnaie liquide relève de l’initiative privée.
Nous avons ainsi un système monétaire qui nous asservit au lieu de nous « servir ».
C’est pourquoi je propose le « signe monétaire marqué par le temps » (le SMT) qui en finirait avec la perversité capitaliste aisément et rapidement.
Merci, en tout cas, d’avoir réagi à mon intervention.
Merci pour les calrifications…mais sans insulter svp…je ne suis pas un gros malin !
désolé pour ce terme trop familier, je vous présente toutes mes excuses.
mon impatience me perdra sans doute…
Parce que j’ai déjà mille fois xposé ce que je vous ai répété là, je finis par me « lâcher » un peu trop parfois.
Toujours est-il que, pour préciser le terme de « richesse » en économie, il me semble qu’il devrait faire consensus pour tous que la source, la seule, de la « richesse » est bien le travail.
Maintenant, en régime capitaliste, le fruit du travail est confisqué pour plus de 40% du PIB par la rente du capital.
Cela suffit pour expliquer pourquoi beaucoup de travail ne peut plus se faire, car trop mal rémunéré, d’où le chômage d’un côté et les invendus de l’autre.
Je vous l’annonce, je peux bien sur me tromper je ne suis pas non plus un voyant.
Lorsque la situation de changement se présentera de nouveau pour les foules sentimentales, ils mettont certainement beaucoup de gens de coté en prétendant même mieux parler au nom de tous les pauvres damnés de la terre dans l’idée même de vouloir davantage privilégier la seule approche scientifique des choses selon leur préférences de penser et de fonctionner.
Mais le petit prophète à la semaine aura au moins tout essayé de son vivant, on arrête pas comme ça le progrès du monde, comme celui d’une plus grand foule de gens mécontents ayant très longtemps vécus aussi dans les seules valeurs matérielles à 100%.
Les foules, je leur conseillerais de s’inviter toutes seules au banquet! C’est plus sûr…
Et de laisser au porte-manteau leurs sentiments, avec le chapeau de leur naïveté, au dessus des charentaises de leur soumission!
En n’omettant pas de venir affamées et blindées d’inflexibilité revancharde…
@babyrouf, bien sûr
Des banques californiennes vont accorder des prêts à taux zéro aux fonctionnaires qui se retrouvent dans une impasse financière suite à la mise au régime sec (smic local à 7,25$ de l’heure) par Schwarzenneger. 200 000 personnes potentiellement concernées.
Voir bloomberg.
Quand on est au fond, on peut toujours creuser encore.
» Quand on est au fond, on peut toujours creuser encore. »
Quand on creuse aussi toujours plus profondément pour la richesse et le vain succès à l’image, on s’approche davantage de la lave en fusion et des enfers aussi pour un plus grand mélange explosif.
@ tous,
Je me demande si on ne confond pas la cause et l’effet de nos problèmes actuels.
La cause est la déviance financière du capitalisme, assortie de la corruption généralisée des zélites qui ont mis en place et légalisé ce « système dérivé ».
L’effet est la mise en cause du capitalisme…
Il me semble que la seule chose que l’on puisse reprocher au capitalisme est qu’il prend pour postulat le caractère infini des ressources terrestres et même de la vie sur Terre. Ce phénomène est en soi très problématique… Plus problématique pour demain que pour hier, où la douceur de vivre allait de paire avec l’inconscience du « fini ».
Un pas plus loin : toutes les recherches sur l’humain, moyennant monnaie sonnante et trébuchante, ont pour objectif de proroger la durée de la vie humaine : mais jusqu’où et jusqu’à quand ? Chacun est-il personnellement prêt à vivre jusqu’à 150, voire même 200 ans ?
Ne devrions nous pas accepter de regarder la réalité de la vie sur Terre en face : la vie n’est possible que parce que fin il y a.
Ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas tout faire pour améliorer la vie de chacun sur cette Terre : mais la vraie question est affaire de limite : où et quand devons nous limiter nos prétentions ? Comment placer le curseur entre le « mieux vivre » et le « toujours vivre »…
Vaste débat, dans les méandres duquel seule la spiritualité pourrait nous servir de guide.
Cordialement,
La cause de la crise n’est pas la « déviance financière du capitalisme », c’est la crise de surproduction par rapport à la demande solvable, surmontée pendant des années par l’expansion du capital financier, jusqu’à l’explosion en cours.
Ces crises du capitalisme, fort bien comprise depuis Marx, sont classiques et récurrentes. La crise actuelle, comme les précédentes, a de plus les attributs passionants du contexte historique: mondialisation des marchés, hégémonie déclinante des Etats-Unis, début des désastres irrémédiables infligés à l’environnementpar la logique du capitalisme .
Le diaporama suivant, de APEX, démontre que la cause de la crise, c’est le fonctionnement même du capitalisme, et qu’elle est loin de ce fait d’être finie
Ou va la crise, par APEX
http://gesd.free.fr/apexph2.pdf
@ Charles A
Je comprends votre propos,
Mais ce n’est pas non plus parce qu’on diagnostique continuellement le même genre de conduite pulsionnel chez les autres et dans leur consultation, que l’on permet mieux à ces personnes de passer à autre chose de moins surproductif et spirituel en société, oui le contexte historique en montre souvent l’exemple, à savoir que les autres crises cosmiques qui se passent dans l’univers ne sont pas uniquement du qu’à 100% au capitalisme, ha si seulement le fait de répéter continuellement au malade son mal pouvait lui permettre de l’oublier, ha si seulement nous qui « voyons » beaucoup mieux la poutre chez les autres, pouvions également mieux voir la paille qui est en nous.
Evidemment lorsqu’on parle continuellement des méfaits du capitalisme on ne prend guère le temps de se pencher à enquéter sur l’origine d’autres causes possibles. J’aimerais tant qu’un jour davantage de gens puisse comprendre cela.
@ Charles A,
« La cause de la crise n’est pas la « déviance financière du capitalisme », c’est la crise de surproduction par rapport à la demande solvable, surmontée pendant des années par l’expansion du capital financier, jusqu’à l’explosion en cours. »
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La dérive financière du capitalisme est précisément le résultat de ce que vous mentionnez : surproduction par rapport à la demande solvable, agrémenté d’un pillage méthodique des ressources terrestres.
Ce que vous dites ne contredit en aucune façon mes propos. Mais merci quand même pour votre lien, que je n’ai pas encore consulté.
Cordialement,
@Charles A
Je crois que si les prédateurs du capital n’ont comme passionaria humanisante pour défendre et réformer le capitalisme que des juristes écolo-malthusiennes, l’affaire est vraiment dans le sac…
Oui, mais la mécanique des intérêts et des intérêts des intérêts est la mécanique de la monnaie elle-même comme elle est émise.
Le capitalisme est cosubstantiel de cette monnaie qui fonctionne selon une construction interne d’une croissance exponentielle pointant vers l’infini de la croissance des avoirs monétaires avec, symétriquement, la croissance exponentielle de la dette. Somme des deux: nulle.
Cette mécanique de cette monnaie mal conçu a pour corollaire une pousse-à-la croissance de la production, sauf que, pour des raisons physiques, cette courbe n’est pas exponentielle mais, au mieux, linéaire et même plutôt asymptotique vers une ligne horizontale, indiquant que la croissance, conformément à la baisse de l’efficacité marginale de capital en fonction du temps, finit par se stabiliser autour de zéro à un moment donné sans croissance démographique.
Dès lors, bien avant d’atteindre cette zone de croissance nulle, la croissance exponentielle des fortunes monétaires aura croisé puis échappé vers le haut la croissance du PIB.
Dès lors, les revenus du travail baissent inexorablement, car la rente du capital finit par accaparer l’essentiel des richesses. A préciser: le revenu du capital est la confication du revenu du travail par la minorité capitaliste.
La solution: construire une monnaie marquée par le temps qui annulle la rente du capital.