Voici la traduction d’une seconde interview de Douglas Bravo, cette fois en mai 2016. Merci à Laurence M. Fournier pour la traduction et pour les notes. Ouvert aux commentaires.
Douglas Bravo : « Maduro détruit l’économie et la souveraineté »
« La dette n’est pas remboursable, il est immoral de la payer alors que des gens meurent dans les hôpitaux » dit Douglas Bravo ex-guerrillero
le 31 mai 2016
Carlos Díaz pour La Razón
« Nous sommes en train d’appeler à une grève générale qui expulse la totalité du pouvoir en place et forme un pouvoir constituant « originaire* », issu du peuple, affirme Douglas Bravo, ex-guerrillero et membre du mouvement Troisième Voie, lors d’un entretien avec « la Razón »
« Le gouvernement de Maduro a perdu sa légitimité», assure-t-il. « Le peuple s’élève depuis 17 ans face à ce régime dictatorial, militaire et violeur des droits humains, qui emprisonne des journalistes, qui interdit les libertés, qui a militarisé le pays, qui a autorisé la Garde Nationale à tirer avec des armes de guerre lorsque le peuple manifeste. Tout ceci est une violation de la Constitution, c’est un crime », ajoute-t-il.
Le 19 avril 1810, il y eut une grève générale, dit-il. « Ce jour là plus de 60% du peuple de Caracas s’est réuni autour de l’Hôtel de Ville. Ceci fut sans conteste une grève générale » précise-t-il. Un autre exemple, le 21 janvier 1958 contre Pérez Jiménez. « Assurément, à cette grève, il a manqué un détail : le Président devait être le journaliste Fabricio Ojeda ».
« Qui plus est, cette proposition, coupe les ailes au coup d’État, aux ententes des empires russe, chinois et nord américain et aux élections truquées – telles qu’elles l’ont toutes été. La grève générale est la seule possibilité pour que l’expression du peuple se réalise » souligne-t-il.
* sur le sens du terme « originaire » voir l’introduction du Mémoire de Master 2 à Panthéon-Assas soutenu en juin 2014 par l’avocate Rocío del Pilar Trujillo Sosa, traitant des problématiques de la constitution et des révisions constitutionnelles à propos de la Colombie de 1989 à 2012. (NDT)
« La constituante de Chávez ne fut pas appelée par le peuple »
Une grève générale n’est-elle pas inconstitutionnelle ?
Non, car c’est une évolution décidée par le peuple et elle ne diffère pas d’un fait constituant « originaire » qui est admis par la Constitution. La constitution de 1961, comme celle de 1999 admettent le soulèvement populaire.
En quoi se distingue-t-elle du « blocage » général (paro general*) qu’appela l’opposition en 2002 pour faire tomber Chávez ?
Ce blocage ne fut pas appelé par le peuple, mais par les Fedecámaras**. Les États-Unis eux-mêmes ne soutinrent pas ce blocage, car ils étaient en train de préparer leur invasion en Irak et ils avaient besoin du pétrole vénézuélien. Il ne s’agit donc pas de destituer Maduro, mais le pouvoir en place.
* Paro (arrêt) general est une grève illimitée, une paralysie qui s’étend à la totalité du territoire, concerne tous les secteurs d’activité, vise à mobiliser l’ensemble de la société face au pouvoir en place, pour une durée indéfinie. Le Paro Nacional ou paro petrolero contre le gouvernement d’Hugo Chávez a eu lieu du 2 décembre 2002 au 9 février 2003 et a entrainé une perte de 9% du PIB. (NDT)
** Fedecámaras : abréviation de Federación de Cámaras y Asociaciones de Comercio y Producción de Venezuela, organisation principale d’associations d’entreprises regroupant 14 secteurs économiques du pays et 18 organisations étatiques. es.wikipedia.org (NDT)
Le Tribunal Suprême de Justice, l’Assemblée Nationale, l’Exécutif seront évincés ?
Tout. Le nouveau gouvernement devra convoquer une constituante « originaire ». Quand Chávez convoqua la Constituante, il employa la formule électorale n° 8 pour élaborer un ensemble de questions à soumettre au peuple. Le piège se situait dans la troisième question et nous l’avons dénoncé à la télévision : on a demandé au peuple s’il voulait ratifier tous les accords commerciaux et économiques préalablement établis.
Ce fut le traquenard commis par ce gouvernement. La Constituante de Chávez n’émana pas de bases populaires, mais des monopoles pétroliers de la bourgeoisie étatique. C’est pour ça qu’il n’a pas expulsé le pouvoir en place. Alors que le pouvoir constituant « originaire », c’est à dire la grève générale, évince le pouvoir en place. C’est se qui se passa lors de la Révolution Française.
Est-ce immoral de rembourser une dette impossible à rembourser ?
Que pensez-vous des propositions de l’opposition pour sortir du gouvernement ?
Les quatre issues présentées par l’opposition, c’est à dire, la démission de Maduro pour raison de nationalité colombienne*, ce qui est la vérité ; le raccourcissement du mandat présidentiel ; la Constituante et le Referendum Révocatoire enferment les élites dans un compromis, mais pas les travailleurs, ni les étudiants, ni les intellectuels, ni les professeurs, ni les indigènes, ni les paysans et ni les petits et moyens producteurs.
* La mère de Nicolás Maduro, Teresa de Jesús Moros est née en Colombie, son fils est colombien au titre de l’article 96 de la Constitution de ce pays. Il a aussi été dit que N. Maduro, serait né à Cúcuta, ville à la frontière, mais située en Colombie et non à Caracas. Selon l’article 227 de la Constitution du Venezuela pour être élu Président de la République, il faut être vénézuélien et ne pas avoir d’autre nationalité, l’opposition a donc accusé le président M. d’exercer sa charge illégalement, mais le Tribunal Suprême en décembre 2016 a décidé que les citoyens ayant une autre nationalité, en sus de la vénézuélienne, pouvaient briguer la présidence. (NDT)
Quelle est votre analyse de la crise économique dont souffre le citoyen vénézuélien ? Quelles sont les causes des queues, des prix élevés, et de la pénurie d’aliments et de médicaments ?
Le mur de Berlin est tombé parce que ce processus politique n’avait rien à voir avec le socialisme, ni avec le communisme. Ce processus a amené la faim, la destruction des entreprises, la paralysie de l’agriculture et du commerce, les dettes et crises financières en Europe Orientale. Alí Rodríguez Araque, Rafael Ramírez et Chávez, dirent bien sûr que les prix élevés du pétrole allaient persister.
Ils méconnaissaient que l’ère industrielle que nous étions en train de vivre s’épuisait parce que l’énergie fossile, elle aussi s’épuisait, comme Jeremy Rifkin (sociologue et économiste états-unien) l’avait prévu. L’ère pétrolière touchait à sa fin. Avant cela vient la révolte planétaire des foules, ainsi que je l’ai dénommée, et le Venezuela conduira cette révolte en Amérique Latine.
Est-il éthique et moral que le gouvernement continue à servir la dette extérieure quand les gens ne peuvent pas se procurer de nourriture et meurent dans les hôpitaux faute de médicaments ?
Cette dette est une dette impossible à rembourser, il est immoral de la payer alors que des gens sont en train de mourir dans les hôpitaux, par conséquent on ne doit pas continuer à la payer. Qui plus est, un mécanisme international devrait se mettre en place et permettre de savoir dans quels pays sont déposés les fonds des fonctionnaires de ce gouvernement et puis les rapatrier pour qu’ils soient utilisés afin de résoudre les problèmes de faim, de pénurie, de santé et d’éducation.
Il y a un mécontentement dans la FANB
Pourquoi avez-vous exprimé publiquement qu’il y a une agression envers la souveraineté nationale ?
Personne, même pas Juan Vicente Gómez, n’a vendu la souveraineté vénézuélienne dans les termes dans lesquels le gouvernement l’a fait avec les entreprises mixtes dans la Bande pétrolifère de l’Orénoque. On a renoncé à la souveraineté pour presque un siècle, elle a été cédée à des entreprises étrangères pour quarante ans et cent trente ans de prorogation. Personne ne l’avait jamais fait avant. Chávez signa ceci le 31 mars 2006 et aucun des 13 pays intégrant l’OPEP n’a cédé sa souveraineté sous la forme d’entreprises mixtes.
Maduro aussi est en train de compromettre la souveraineté ?
Chávez a livré l’arc pétrolier de l’Orénoque et maintenant Maduro fait la même chose avec l’arc minier en Guayana. Maduro suit les pas de Chávez quant à la vente de la souveraineté. En conséquence, il ne doit pas être jugé pour être colombien, mais pour la destruction de la souveraineté, pour la destruction de l’économie : PdVSA* est à terre, les raffineries de Jose et Punto Fijo produisent moins de 40%, les entreprises de Guayana également sont détruites. On doit le juger pour les dommages qu’il a engendrés.
*La société publique pétrolière vénézuélienne : Petróleos de Venezuela S.A. (NDT)
Dans quel état est la Force Armée Nationale Bolivarienne (FANB) ?
La FANB a été détruite, démantelée et aujourd’hui, ils persécutent les officiers patriotes qui se sont prononcés contre la pratique du narcotrafic, contre la corruption, contre les contrats souscrits avec d’autres pays pour leur donner accès à l’énergie pétrolière, ils se sont aussi prononcés contre le gel du processus de récupération de l’Esequibo*. Sept officiers de Maracay furent accusés de conspiration et peut-être étaient-ils en train de contester des faits internes à la FANB. Nous avons connaissance d’officiers qui disent qu’ils ne peuvent pas tenir tête à des narcotrafiquants. C’est une contestation ferme, un véritable désaveu du Président et du Ministre de la Défense.
Ainsi, récemment de jeunes officiers de la FANB appréhendèrent 150 personnes d’un navire étranger qui étaient en train d’extraire du pétrole dans l’Esequibo. C’est un acte digne de louanges et on doit leur serrer la main, car ils ont pris le risque de passer outre aux instructions auxquelles ils sont soumis afin de préserver la souveraineté vénézuélienne.
* Territoire de 159 000 km2 partie occidentale du Guayana que réclame le Venezuela se fondant sur le traité de Genève du 17 février 1966 et l’article 10 de sa propre constitution. fr.wikipedia.org (NDT)
Le gouvernement a détruit l’industrie pétrolière
L’inquiétude sur la situation critique du pays augmente-t-elle dans les casernes ?
Étant donné que le gouvernement exprime la conception géopolitique des Empires de Russie et de Chine, la MUD* exprime celle des États-Unis. Et dans la FANB le courant qui ne souhaite pas que nous continuions d’être une colonie a progressé et ils savent que le Venezuela est toujours une colonie, hier des États-Unis et aujourd’hui de la Russie et de la Chine. Nous recherchons l’indépendance totale, nous ne pouvons être sous la dépendance d’aucun autre pays. Par exemple, l’accord signé avec la Chine, qui autorise sa participation à l’arc pétrolier de l’Orénoque représente un dommage économique immense.
* MUD Mesa de la Unidad Democrática (coalition de l’opposition) (NDT)
Cette dictature, telle que vous la définissez, va-t-elle continuer à gouverner ?
Nous, nous disons qu’elle va continuer. Le Venezuela a vécu des expériences de lutte sociale pour la défense des droits humains, pour la défense de la souveraineté, de la démocratie et des libertés démocratiques. Cette lutte aura un poids significatif. Ce qu’il y a eu dans tout le pays est une alliance civico-militaro-religieuse. Escomptons qu’il se produise un saut historique, un sursaut de grande envergure qui réunisse une grande alliance
Le gouvernement parle de guerre économique et de coup (d’état) lent* mais pas de crise humanitaire, qu’en pensez-vous ?
Le Venezuela vit une crise qui englobe l’économique, le financier, bancaire, agraire, pétrolier et toutes les entreprises de l’État. Ce n’est pas une crise importée de l’extérieur, par exemple le marché pétrolier a pris soin de satisfaire les demandes. L’Iran s’est engagé pleinement à combler ses clients pétroliers. Pourtant, il s’agit au contraire d’une crise de l’échec total d’un gouvernement qui a détruit l’industrie pétrolière, l’industrie de Guayana et l’agriculture.
Le gouvernement a saisi les principales entreprises agricoles et en ce moment aucune ne produit. Oui, la crise humanitaire existe. Cependant, je suis content car face à cela, le peuple fait les premiers pas pour retourner dans la rue. Je me souviens que dans les années soixante, les jeunes étudiants avaient un slogan : « les rues sont au peuple et non à la police ». Et aujourd’hui on commence à retourner dans la rue, à nouveau, dans les villages, dans les villes et à Caracas, pour les reprendre au gouvernement et à la police.
* Coup d’état doux ou soft : stratégie progressive d’affaiblissement d’un gouvernement, par étapes, visant à son renversement, comme exposée dans Gene Sharp, From Dictatorship to Democracy que Maduro a déclaré être à l’œuvre dans son pays depuis sa prise de fonction, sous l’impulsion de l’opposition de droite, soutenue par les États-Unis. Voir « Un golpe lento en marcha » d’Ignacio Ramonet. (NDT)
Ils violent les droits humains
La bolibourgeoisie* continue à croître et à s’enrichir avec l’argent public ?
Depuis Páez**, au Venezuela la classe moyenne a commandé au nom des empires. Qu’ensuite elle se soit transformée en bourgeoisie, c’est autre chose. Puis vint la bourgeoisie « adeca »***, mais ensuite arriva la plus grande de toutes, la « chavista », la bourgeoisie du gouvernement. Elle surpasse l’aristocratie, la traditionnelle et celle des adecos. Cette bourgeoisie géra une rente pétrolière qui fut à 7 dollars sous Caldera**** et arriva à 125. Une rente de cette nature les rendit fous, les ébranla car ils n’avaient jamais manié quelque chose de similaire. Les vieux guérilleros sont ceux qui avaient conduit la politique pétrolière pendant 14 ans de suite.
* boliburguesía contraction des mots bolivarienne et bourgeoisie néologisme inventé par le journaliste Juan Carlos Zapata es.wikipedia.org (NDT)
** Jose Antonio Páez Herrera (1790-1873) militaire et politique, acteur de l’indépendance vis à vis de l’Espagne et de la séparation du Venezuela de la Grande Colombie, Président à 3 reprises 06.05.1830 au 20.01.1835, 1.02.1839 au 20.01.1843 et 29.08.1861 au 15.06.1863 es.wikipedia.org (NDT)
*** adeca abréviation de « Acción Democrática » parti politique vénézuélien fondé en 1941, initialement membre de l’Internacional Socialista, puis qui a évolué vers une tendance sociale-démocrate centre, centre-gauche et participé à la MUD lors des élections du 6 décembre (6D) en 2015. es.wikipedia.org (NDT)
**** Rafael Caldera (1916-2009) Président du Venezuela à 2 reprises du 11 mars 1969 au 11 mars 1974 et du 2 février 1994 au 2 février 1999 en.wikipedia.org (NDT)
Pourquoi y a-t-il quotidiennement des pillages et des lynchages sur une grande partie du territoire national ?
Le pillage est une réaction à la faim, à la perte de confiance dans le gouvernement et à la pénurie. En ce qui concerne les lynchages, ils ne sont pas une bonne chose car les gouvernements y poussent afin de motiver leur répression. Les OLP* sont contre le peuple pauvre. Pourquoi les OLP assassinent-elle les gens au lieu de les assigner devant les tribunaux ? Ils entrent dans les maisons et il n’y a pas de prisonniers, mais des morts, ceci est une violation des droits humains. Au fond, il y a une guerre contre le peuple. Pourquoi l’Armée a-t-elle des armes comme les AK-47 russes dans les « barrios » (quartiers) ? Pourquoi des grenades font-elles leur apparition ? Le gouvernement, à la recherche de suffrages, a créé des brigades armées et maintenant ces groupes agissent en accord avec ce qu’on appelle une autonomie d’action.
*Les Operaciones de Liberación del Pueblo, est un « plan contre le crime » créé le 13 juillet 2015, qui mène des actions « de sécurité » incluant les forces policières et de renseignement (Policía Nacional Bolivariana (PNB), Guardia Nacional Bolivariana (GNB), Dirección General de Contra Inteligencia Militar (Dgcim) et Cuerpo de Investigaciones Científicas Penales y Criminalísticas (Cicpc) et re-nommées Operaciones Humanista de Liberación del Pueblo (OLHP) en janvier 2017. Leurs actions sont qualifiées d’« exécutions extrajudiciaires », tuant des criminels, mais aussi des innocents, à 99% des hommes de moins de 25 ans. La procureure générale Luisa Ortega, limogée le samedi 5 août 2017 avait dénoncé cette violence en juillet 2016. (bbc.com/mundo/noticias-america-latina et lemonde.fr/ameriques) (NDT)
Maduro doit-il montrer son extrait de naissance ?
Il y a plusieurs thèses sur le thème de la nationalité dont nous avions discuté à l’époque de la guérilla. Ainsi, Simón Rodríguez a dit que la Patrie est l’Amérique. Nous devrions nous demander pourquoi Bolivar fut le président de la Nueva Granada (aujourd’hui, la Colombie) et le président de l’Équateur fut le vénézuélien Juan José Flores. Il y eu dans la guérilla vénézuélienne des guérilleros d’Argentine, Brésil, Portugal, Italie, Mexique, Colombie, Cuba et d’Amérique Centrale. Nous considérions que c’était une seule armée, le projet était de créer une seule force révolutionnaire qui devait s’appeler Force Armée de Libération Continentale, c’est à dire une guérilla pour toute l’Amérique Latine.
Nous maintenons encore aujourd’hui que l’Amérique Latine a besoin d’une armée qui lui soit propre pour sortir du giron nord-américain et russe. Je persiste à penser que nous sommes une seule nation et je considère qu’un homme doit être puni pour ses crimes, délits, manipulations financières et violation des droits humains. Si Maduro passe en jugement pour sa nationalité*, sa destruction du pays et l’attentat commis contre la souveraineté restent, pour autant, sans sanction judiciaire.
*Interview recueillie avant la décision du Tribunal Suprême en décembre 2016.
La MUD ne peut pas remplacer le socialisme du XXIème siècle
Le gouvernement de Maduro est-il de gauche, de droite ou néolibéral ?
Il faudrait le positionner comme le gouvernement de Chávez, c’est à dire un gouvernement antipatriote, antinationaliste, violeur de la souveraineté nationale. Cette vieille gauche qui a gouverné avec Chávez et maintenant avec Maduro est la nouvelle droite d’aujourd’hui.
Quel a été le rôle de l’Assemblée Nationale ?
Au Venezuela, il faut chercher une voie distincte de celle du pacte adeco-copeyano* de Punto Fijo. Nous ne pouvons pas espérer que le Socialisme du XXIème siècle soit remplacé par la MUD, mais par une révolte des foules qui mettra en place des gouvernements patriotiques. La grève générale est le seul pacte populaire, les autres sont des accords de cliques.
* De Copei acronyme de Comité de Organización Política Electoral Independiente, parti politique vénézuélien de tendance humaniste chrétienne, mais a-confessionnel. Le pacte de Punto Fijo est l’accord de gouvernement entre 3 partis AD (Acción Democrática), Copei et URD (Unión Republicana Democrática) signé le 31 octobre 1958 avant les élections. es.wikipedia.org (NDT)
Que se passe-t-il avec la gauche en Amérique Latine quand nous voyons que le « kirchnerisme a perdu le pouvoir en Argentine, quand Evo Morales a perdu le référendum, quand la Présidence a été retirée à Dilma Rousseff et quand le Venezuela connaît une des crises les pires de son histoire ?
En Amérique Latine, il y a une tendance à sortir du Pacte de São Paulo et Porto Alegre qui créa les conditions pour qu’en Amérique Latine s’instaure un socialisme qui n’était pas du socialisme. C’est une influence venue d’Europe. Ignacio Ramonet qui vient de publier une biographie sur Chávez était le président de São Paulo.
DOUGLAS BRAVO
« Chávez ne m’a jamais leurré »
Douglas Bravo a eu 84 ans le 11 mars passé (2016). « On me dit que je ne fais pas mon âge » dit-il. De surcroît, il est en bonne santé, assure-t-il, au regret du gouvernement. « Le médecin m’a recommandé de reprendre la natation, l’exercice physique et de m’alimenter avec plus de protéines pour endiguer quelques douleurs de la colonne vertébrale. »
« Pendant 20 ans j’ai porté 25 kilos : un sac à dos, un fusil de 7 kilos et des munitions et cela m’a usé le dos », explique-t-il.
Il a combattu pendant 10 ans Pérez Jiménez, 40 ans contre AD y Copei – dont 20 dans la guérilla – et maintenant depuis 17 ans contre Chávez et Maduro. « Je suis le premier à avoir dénoncé ce vers quoi tout cela menait » note-t-il. « Les gens ne comprirent pas que l’approche de Chávez était celle d’un capitalisme d’État attardé. Je ne m’y suis jamais trompé », assure-t-il.
« Chávez, qui a milité avec nous pendant dix ans, savait qu’il y avait deux forces hégémoniques sur la planète : le capitalisme d’État russo-chinois et le capitalisme d’État des grands consortiums nord-américains et internationaux », dit-il.
« Un jour, alors qu’il était déjà Président, il m’appela pour que nous ayons une réunion privée. Nous nous accordâmes sur le lieu et l’heure. Ce jour là il avait un meeting et je l’ai attendu. J’ai reçu l’appel d’un général qui m’a demandé de l’attendre. Je l’ai attendu. Ensuite j’ai reçu un autre appel me disant que Chávez n’aurait que le temps de sortir de la voiture et de me saluer. J’ai refusé et leur ai dit que le programme était une réunion privée. Ils me dirent d’attendre et j’ai attendu. Ils m’appelèrent à nouveau, me disant que Chávez allait m’attendre dans la tribune pendant le meeting. Bien sûr, j’ai encore plus refusé. Il voulait que je sois dans la tribune pour lui lever la main. J’ai refusé, il me tendait un piège », se souvient-il.
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