Billet invité.
Nous n’en avons plus longtemps sur Terre (lisez le terrible Requiem de Philippe Soubeyrand) et nous ne sommes plus en démocratie depuis bien longtemps (lisez ce dernier billet de Stephane Gaufres).
Sur ce blog et en bien d’autres endroits de France, et du monde, on discute, on dispute, et l’on combat. Mais rappelez-vous les paroles de Rousseau dans son Contrat Social : « …Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort : il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde… ».
Alors : cela vaut-il la peine de se battre pour des moulins à vent (la démocratie, comme Don Quichotte) ? Alors : que faire ? Que faire ? Car : qui détient vraiment le pouvoir ? Que permet ce pouvoir ? Comment donc le prendre ?
Donc le vrai pouvoir, c’est celui de l’argent, on le sait bien, tout se décide en fonction de celui qui achète des hommes – tout désignés par d’autres – pour aller dans le sens des donneurs d’ordres de l’ombre et et autres fournisseurs de costumes et de mallettes « blindées » de fric. L’argent des ultra-libéraux, qui façonne le monde (je recommande pour en voir toute la dimension, le magnifique ouvrage de Matthieu Auzanneau, L’Or Noir) a submergé toutes les âmes de ce monde. Toutes courent après, et non pour vivre mais pour survivre, car notre vie on nous l’a achetée – elle n’est plus à nous, nous l’avons vendue au plus offrant.
Il n’est plus possible de vivre sa vie sans argent de nos jours, à moins de se retrouver dans la Nature où la vie en fin de compte, n’est donc que cette vie intérieure qui contemple l’extérieur. Tout ce dont nous avons besoin pour vivre….s’achète. C’est ainsi que l’on nous a volé autonomie et indépendance. Or nous sommes confrontés, dans la lutte politique, à la lutte pour la reconnaissance de l’Existence, cette manifestation extérieure de nous-même. Or, « il est plus important de réussir sa vie que de réussir dans la vie ». Que voulons-nous donc ? Vivre ? Survivre ? Peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre ? « Pendant que l’on attend de vivre, la vie passe » disait Sénèque.
Mon enfant grandit « comme un champignon ou comme un bambou !». Ce sont ses mots.
Je suis meurtri de voir comme tout ne fait qu’empirer, que son « avenir » est en jeu, qu’il se joue plus que jamais minute par minute et, souvent, j’ai honte d’être humain. Nous assistons, impuissants (rappelez-vous à ce sujet Jacques Ellul et son livre L’illusion politique), à la chute de notre société, et nous n’avons que nos yeux pour pleurer. Toute cette vie en société, citadine, tout cela s’écroule, emmenant avec elle la planète entière sur laquelle elle vit à crédit.
Et j’ai ma part de responsabilité, comme tout citoyen ! Toute consommation, toute action est un geste politique. Toute inaction devant nos maîtres est une faute. Nous, je, ne devrions pas nous laisser faire. Le vote ? Les manifs ? Nos gesticulations, cela les fait bien rire, ces patrons, ces banquiers, ces politiciens ! Nous entretenons simplement une autre version de la royauté depuis que les rois ont vu leur tête sauter !
Cependant nous sommes des millions à nous accrocher à ce système de servitudes. Or, avec la force du nombre, il serait facile de le mettre à terre. Et pourtant, jamais nous n’enclenchons la cinquième vitesse.
Mais encore : nous aurions peur de vivre sans système, sans organisation, sans administration.
Pourtant, nous avons tant et tant abdiqué devant tout cela que nous sommes incapables de renverser cet état de droit (à plusieurs vitesses) qui nous rigidifie.
Le peuple a été apprivoisé – voilà ce qu’a été la Constitution, la « Démocratie » qui n’en fut jamais une, de belles idées malheureusement inachevées. Nos vies sont insatisfaisantes ? Certes, mais encore trop confortables pour que l’on se sente réellement en danger.
Sincèrement, pense-t-on vraiment que par le vote l’on obtiendra gain de cause ?
Et même, imaginons-nous vraiment – car ceux qui prônent une véritable « révolution des urnes » n’ont pas gagné la présidentielle – qu’une fois au pouvoir, les clés de l’Etat en main, l’on va réellement pouvoir s’opposer au vrai Pouvoir – celui de l’argent ? Celui des banques privées et centrales, celui des financiers de tous bords, celui des multinationales ? Celui qui n’a aucune patrie et aucun visage ?
Ces faux-monnayeurs sont les responsables de cette ère anthropocène et nous avons été ses fidèles et dévoués esclaves. Tout humain est responsable, hormis les désobéissants. Nous creusons tous d’une même main notre fosse commune.
Alors – nous le savons : seul l’argent achète la vie. Nos vies dépendent d’une minorité. Qui s’endette est esclave. Devons-nous donc calculer combien vaut une vie (je crois que cela a déjà été fait) et racheter nos vies – comme ces abolitionnistes qui rachetèrent des esclaves pour les rendre libres ? Mais à qui allons-nous réellement donner cet argent ? A l’Etat ? Aux financiers, banquiers, patrons ? Qui dirigent nos vies ? Qui achète nos votes ? Que diable devons-nous faire – rapidement, instamment, le temps coule comme du sable dans nos mains – afin de prendre le pouvoir ? Et rendre la monnaie de sa pièce à qui de droit ? De quoi avons-nous peur ? « Nos vies valent plus que leurs profits » non ? « C’est comme ça, on ne peut rien y faire » ! ? Jusqu’à quand, jusqu’où devrons-nous supporter cet « enfer des pauvres dont est fait le paradis des riches » ?
La démocratie est morte et enterrée depuis belle lurette, et nous jouons aux fantômes avec elle, espérant que par-là même, nous la ferons ressusciter (toute ressemblance avec une autre histoire est fortuite). Il va donc falloir la créer pour une fois, pour de bon, et ce n’est pas en jouant le jeu du Système – mais en brisant celui-ci – que l’on réussira. Le temps de la révolte, de l’insurrection est venu.
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