Quand on est vieux on a beaucoup de temps à consacrer aux questions essentielles (je ne suis pas représentatif de ma classe !), et parmi celles-ci, celle qui taraude chaque génération à son tour : « Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui sont-ils à ce point différents de nous autrefois à leur âge ? »
Pensez aux blue jeans. De notre temps, les blue jeans, de la marque Levi-Strauss de préférence, c’était du solide : la toile de Nîmes, c’est robuste.
Même la teinture indigo tenait pas mal la distance : pour que des jeans se délavent, il fallait qu’une bonne année se passe.
Les jeans ne se perçaient pas aux genoux avant trois ou quatre années d’usage quotidien. Et avant qu’ils ne ressemblent à ceux que portent les jeunes aujourd’hui, il aurait fallu dix ans pour un Levi’s. Mais là, nous aurions eu honte avant.
Ce dont nous étions capables, nous les jeunes de la fin des années 50, c’était de porter des jeans ayant l’air neuf pendant une année entière. Il y avait même parmi nous des masos qui s’efforcaient de fixer la couleur en les trempant dans de l’eau vinaigrée !
Un an de patience pour le délavé ; trois, voire quatre années de patience pour les trous ; dix ans pour avoir vraiment l’air d’un clodo. Voilà ce que nous avions et que les jeunes n’ont plus : de la patience !
Les jeunes d’aujourd’hui, ils veulent avoir l’air d’un clodo tout de suite Madame Michu, c’est ça qui ne va pas ! Et après, on s’étonne que les choses aillent si mal !
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