Billet invité.
Le livre « La transition fulgurante » de Pierre Giorgini nous livre une réflexion sur ce qu’il appelle le « bouleversement systémique du monde ».
Pour illustrer son propos, l’auteur nous livre deux fables, l’une décrivant les difficiles relations, face aux menaces des ennemis d’un village, entre le lieu du pouvoir guerrier situé sur une colline et les habitants-guerriers intervenant au pied de celle-ci. La distribution d’une carte commune mobile remplaçant la carte sacrée consultable uniquement par le Pouvoir les amènera à passer d’une société hiérarchisée dans ses fonctions à une société de coopération, ainsi qu’à une simplification de leur stratégie de défense.
L’autre récit nous plonge au cœur d’une île prospère dont le bonheur des habitants grandit de manière inversement proportionnelle à la fabrication de voitures à cheval de plus en plus sophistiquées, jusqu’au jour où la population, sous l’égide d’un roi bienveillant, décide de freiner la croissance afin d’améliorer sa convivialité et son espace de vie.
Coopération et convivialité face à ce que l’auteur nomme fulgurance, par l’« envergure de changements concomitants, leur temporalité, leur caractère radical, leur multiplicité technoscientifique. […] Au niveau des systèmes organisés, chacun se retrouve porteur d’une part d’universel, non par un système réorganisé par les plans et procédures, mais par la co-construction ».
Par rapport à ces changements de civilisation, la notion de responsabilité est à interroger, l’individu devant « revoir l’impact de ses choix sur le destin partagé et réciproquement l’impact des choix communautaires sur sa vie », dans un mouvement que l’auteur appelle « maillé », d’un aller-retour « d’une maille globale à une maille locale interconnectée d’autres mailles locales en réseau ».
Des questions universelles nous poussent à réfléchir et à agir, dans cette première historique où « la guerre est déclarée contre nous-mêmes ».
C’est l’urgence de cette situation qui doit nous pousser à intervenir dans le domaine de la politique de l’État, qui doit se mettre davantage en communication avec le citoyen, mais aussi de la politique mondiale, où une nouvelle charte est à constituer, pour protéger la planète et les plus faibles.
L’emploi ne peut se résumer à une transaction entre un travail et un salaire. Il doit épanouir le travailleur et l’amener, à travers des réseaux organisés, à mettre en œuvre, des services pour le bien de la communauté.
Face aux nouvelles menaces que représente une mauvaise utilisation des technologies, il est nécessaire de mettre en place de grands principes de régulation incontournables accompagnés de sanctions conséquentes.
Défendant les valeurs chrétiennes et la transcendance portée par le Christ, l’auteur s’ouvre également à l’humanisme « basé sur une transcendance issue de l’immanence de l’amour » et dont chacun peut être vecteur.
Rappelant que l’homme a pu évoluer grâce à sa capacité d’abstraction, de réflexion, Pierre Giorgini nous appelle à relever le défi gigantesque qui se pose à nous, par des vertus dont l’émerveillement et l’amour sont des vertus fondatrices.
Un rapprochement s’impose entre « La transition fulgurante » de Pierre Giorgini et « Le dernier qui s’en va éteint la lumière » de Paul Jorion car les deux auteurs partagent le même sentiment d’urgence de la bataille que l’humanité doit mener si elle veut survivre, en montrant que notre incapacité à nous projeter dans un avenir dépassant notre échelle débouche sur une absence de prise de conscience ainsi que de réaction adéquate. Même s’il se montre plus pessimiste que Giorgini et est, quant à lui, athée, Jorion en appelle également à revoir notre système démocratique afin qu’il soit davantage au service de ceux qui risquent d’être littéralement broyés par la machine ultralibérale.
C’est ainsi que les deux livres se font écho, celui de Jorion, publié en 2016, et celui de Giorgini publié en, mettant en exergue l’urgence de la situation afin de mobiliser les citoyens le plus rapidement possible.
Les deux auteurs font confiance aux valeurs qui ont permis à l’humanité de se construire, la réflexion sur soi-même et le désir de partager un destin commun avec l’Autre.
Merci Khanard, de m’avoir envoyé la liste. Que dire ? que dire ? 😀 1 – Il y a peut-être…