La Libre Belgique : « Le moment serait-il venu d’être socialistes ? ».
Nous pourrions nous demander si, au gré des événements actuels (renforcement de l’état policier, érosion des droits acquis par les travailleurs par la lutte, tel le droit de grève, libéralisation des échanges débouchant sur l’arbitraire, telle que prévue par le TTIP), le socialisme serait le mouvement constructeur d’un autre monde, pour nous-mêmes et pour nos enfants.
Le moment est venu d’en retrouver le sens originel en concrétisant des principes de solidarité malheureusement devenus pour nous trop lointains.
Trois axes sont envisageables pour reconstruire une société plus égalitaire et moins inflexible envers ses malchanceux : une répartition nouvelle des richesses prodiguées par la terre, faisant de la gratuité son fer de lance, une taxation universelle du travail fourni par les machines remplaçant les humains dans l’emploi, un retour à une économie saine, libérée du parasitisme exercé sur elle aujourd’hui par la spéculation.
Le premier axe est celui de la gratuité. Nous avons été privés de manière injuste au fil des siècles des bienfaits que notre planète prodigue en réalité à chacun en tant que citoyen universel, tandis que cette phase de spoliation générale s’achève à l’évidence aujourd’hui par une détérioration sans doute irréversible de notre habitat terrestre. Certains proposent, dans ce contexte, d’attribuer une allocation universelle, dont le danger serait de mettre à mal ce qui subsiste parmi nous de la solidarité.
Ne conviendrait-il pas, à la place, de rendre à chacun ce qui lui est dû, à savoir la possibilité de se nourrir, de se vêtir, de se loger gratuitement ? Robespierre déclarait dans son Opinion sur les subsistances : « Il n’est pas nécessaire que je puisse acheter de brillantes étoffes, mais il faut que je sois assez riche pour acheter du pain pour moi et pour mes enfants. […] Les aliments nécessaires à l’homme sont aussi sacrés que la vie elle-même. Tout ce qui est indispensable pour la conserver est une propriété commune à la société entière. Il n’y a que l’excédent qui soit une propriété individuelle et qui soit abandonné à l’industrie des commerçants. » Qu’ajouter à cela ? Le marché absorbe en un rien de temps toute allocation, toute prime, en augmentant les prix d’autant, alors que la gratuité est elle à l’abri d’une telle ponction.
Le deuxième axe s’ouvrant à nous pour renouer avec le socialisme est de répartir dans la communauté les bénéfices du progrès technologique, en taxant le travail des robots et des logiciels au même titre que celui des êtres humains. La machine remplace la femme et l’homme au travail comme nous l’espérions, mais nous souhaitions que ce soit au bénéfice de tous. Or que voyons-nous aujourd’hui ? Celle ou celui remplacé par la machine est jeté sans armes sur un marché de l’emploi chaque jour plus exigu, alors que celle-ci génère par ailleurs les dividendes plantureux des actionnaires et les bonus extravagants des dirigeants des plus grosses entreprises. Comme à l’aube de la Révolution industrielle, les promesses de cette nouvelle ère de libération ne se réalisent que pour un petit groupe se qualifiant lui-même d’« élite » et laissent la grande masse de la population plus démunie qu’avant, par manque non plus cette fois de pain mais bien souvent, d’éducation.
Le troisième axe est de mettre la spéculation hors d’état de nuire, non pas en la taxant mais en l’interdisant comme c’était le cas autrefois – paradoxalement peut-être – à l’âge d’Or du capitalisme. Au grand malheur des travailleurs qui ont fondé notre société, la spéculation qui gangrène celle-ci depuis 150 ans (depuis l’abrogation des lois raisonnables qui interdisaient jusque-là « les paris à la hausse ou à la baisse des titres financiers ») les prive des fruits de leur labeur, en les soumettant au joug des spéculateurs, augmentant les inégalités de richesses devenues maintenant scandaleuses.
Les citoyens d’aujourd’hui et leurs descendants sont asservis à une dette dont ils ne sont majoritairement pas responsables. La recherche exclusive du profit personnel conduit notre espèce à l’abîme, l’entraide engendre au contraire l’espoir de son salut.
Les trois axes décrits sont réalistes et dignes de l’esprit socialiste, qui est de rendre à chacun sa dignité dans une société non pas fondée sur des rivalités exacerbées seulement par le lucre, mais authentiquement solidaire.
87 réponses à “La Libre Belgique, Le moment serait-il venu d’être socialistes ?, le 7 septembre 2016”
Très intéressante réflexion de Paul Jorion sur l’application de l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme :
« Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »
La question qui se pose alors est de savoir si ce minimum vital est assuré par la gratuité ou par l’attribution d’un revenu d’existence.
Pour ma part, je penche plus volontiers pour le revenu d’existence, c’est l’idée que je développerai dans le volet 3 (sur 7) de mon programme du Yéti 2017 (parution de ce volet 3 le 9 septembre). Et il y est prévu des mesures coercitives pour pallier à toute récupération par « les marchés ».
Je pense en effet que le second axe développé par Paul — le retour au socialisme — suppose précisément de mettre un terme une fois pour toutes à l’hégémonie sans contrôle des marchés.
Enfin, entièrement d’accord avec la proposition de Paul concernant la mise hors d’état de nuire de la spéculation (ce problème sera traité dans le volet 5 de mon programme, « la reprise en main du système financier », à paraître le 14 septembre).
Un programme inspiré par Poutine ?
Plutôt Chavez que Putin.
Pallier est un verbe TRANSITIF.
Je reste , bien que minimexé de 64 printemps , totalement opposé a l’allocation universelle bien entendu !
Allocation qui ne fera que créer une classe d’intouchables comme en Inde !
Je suis stupéfait que des gens qui se prennent pour des intellos n’arrivent pas a comprendre cet inéluctable destin du sans dent le jour ou cette horreur sera appliquée !
1 ) le travail va disparaître !
2) ( et découlant du 1 ) celui qui touchera cette allocation est donc condamné a en survivre tout le long de sa lamentable existence !
3) Ca permet dés lors aux libéraux , car c’est une idée néo libérale , de se laver les mains du chômage de masse !
De plus , et découlant du fait que cette allocation sera universelle , il n’y aura plus de travailleurs pauvres ,mais uniquement des allocataires pauvres , des citoyens de seconde zone , des INTOUCHABLES !
CAR LE PLUS PAUVRE DES TRAVAILLEURS AURA UN REVENU QUI SERA LE DOUBLE DE CE SOUS CITOYEN !!!
Une seule solution ,la réduction DRASTIQUE du temps de travail !
Oui mais quel socialisme ? Le socialisme de Hollande, de Di Rupo ou le socialisme de Lenine. L’un s’alimente du capitalisme, l’autre la combattu à ses dépens.
Ben celui qu’énonce Paul Jorion dans ce billet .
Ça ne vous dit rien ?
Lucide, le socialisme en trois axes pour parer à l’extinction des espèces en entrevoyant la multiplicité de l’Un et la complexité des choses. Le consentement au prélèvement obligatoire est à remanier, la fiscalité à mettre à plat, l’alimentation pour les plus démunis n’est pas un service public, les associations humanitaires exploitent des salariés précaires, les bailleurs sociaux, la formation professionnelle, beaucoup beaucoup énormément de sujets pratiques à éclaircir qui auraient des hourras d’approbation sans besoin de grandes messes médiatiques, juste une limite au droit de propriété pourtant au socle de notre constitution alors que la dette n’est toujours pas mutualisée.
Non à l’imposition des revenus du travail, si certains spéculent compulsivement fixons des barrières sur les matières premières. Le socialisme devra alléger notre empreinte écologique, le pouvoir d’achat et l’inflation ne pourront constituer les seuls points de fixation
Une autre histoire de la Sécurité sociale
Depuis sa création en 1945, le régime général de la Sécurité sociale subit le feu des « réformateurs » de tout poil. Comment expliquer cet acharnement contre un système que l’on réduit souvent à une simple couverture des risques de la vie ? C’est qu’au-delà de l’assurance sociale, les pionniers de la « Sécu » forgeaient un outil d’émancipation du salariat géré par les travailleurs.
(Bernard Friot & Christine Jakse)
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/FRIOT/54395
Salve Jorion, Gaufrès de rentrée politique…
On a eu le néolibéralisme, le néonazisme, le néoconservatisme, le néocommunisme, le néonationalisme, le néopopulisme, le néosouverainisme, le néolaïcisme, etc, voici le néosocialisme.
Il fallait s’attendre aux « gaufrettes » servies gratuitement
par un « néo-comique » fidèle du Blog de Paul.
L’un de mes réels prénoms est René ( né deux fois : de la vie naturelle et de la vie surnaturelle ) . Bien que tourné laïc et loin des pratiques religieuses dès l’obtention de ma majorité à l’âge de dix ans , j’ai toujours inconsciemment su gré à mes parents de m’avoir laissé cette « double -chance » pour ne pas rester en rade ( et au passage de me donner un lien avec mon oncle préféré qui m’avait transmis son prénom à distance) .
Re-naître , c’est l’occasion de revenir à la source , si possible sans la trahir ou la polluer .
PS : de ce point de vue , le changement de titre de dernière heure du billet ,semble laisser place à interrogation .
Il y a t il une presse française de gauche pour reprendre cette proposition et la soumettre au débat d’une campagne électorale qui pourrait enfin être digne d’une République?
Si tu veux que tes idées se voient, expose les au centre, pas à gauche.
Ben ouais, c’est le bon sens. Le centre a plus d’avenir que la gauche, que le socialisme. J’ai mis un coup de barre au centre par opportunisme.
Bonjour et merci,
Sur la gratuité, et sur le fait que les prix s’adaptent aux allocations versées, cela me rappelle la décision d’accorder, en France, l’APL (allocation logement) aux étudiants.
Dès cette décision annoncée, les prix des logements ont augmentés d’autant. Cela a eu deux conséquences : les logements n’étaient pas moins chers pour les étudiants et devenaient hors de portée pour les personnes ayant de petits revenus et qui devaient se résoudre à s’éloigner encore du centre ville.
J’étais boursier et j’ai pu bénéficier d’un logement dans une cité universitaire soit l’ option solidaire et collective d’une politique d’aide à la poursuite des études.
J’espère que cette idée de gratuité des besoins essentiels va faire son chemin, et pourra se confronter à celle du revenu de base, idée généreuse à l’origine, mais qui au fil de temps se présente comme un véritable piège.
Je connaissais surtout des exemples américains de ponction immédiate d’une allocation généreuse par « les marchés », voici en effet un bon exemple français : l’allocation logement des étudiants.
Quant aux « mesures coercitives pour pallier toute récupération par « les marchés » » du Yéti, je voudrais d’abord voir à quoi elles ressemblent. La finance doit être mise au pas, mais pas à la machette.
Ce jeu d’aides de l’état et de récupération immédiates par le marchand se retrouve partout, et dans tout, l’aide au logement en Espagne à entrainé une augmentation identique des loyers, les aides aux travaux en vue d’économie d’énergie entrainent de facto une augmentation des prix (justifiée par une demande plus grande). Le problème suivant induit est que quand les aides sont supprimées les prix eux, généralement, ne baissent pas !
Oui des solutions existent – en puissance.
En pratique ce sont les rapports de forces politiques / d’argent / de domination culturelle, qui impose la musique qui payent l’orchestre et qui jouent la partition.
Je crains qu’aucun des 3 axes précisés ci-dessus ne soit
« validé » par le jeune Macron.Sans doute,à ses yeux,ces
orientations ne font pas partie de L’INTERET GENERAL…
Du moins celui qu’il croit connaître (certes avant de
rencontrer la « vraie vie » et les « vrais gens »…..).Il semblerait que les français aiment ce qu’on pourrait
appeler les comiques.
Joli programme qui nécessitera d’après mon doigt mouillé une guerre car la passion inavouable des capitalistes n’est pas seulement d’accumuler les richesses mais aussi de les retirer aux autres. Sacré souci car ces gens là sont propriétaires des machines mais aussi des canons..
Un moyen plus doux pour combattre le mal serait de leur envoyer une armée de psychiatres.. mais c’est pas gagné.
Bof les canons, le tyran canonnier Napoléon lui-même l’a avoué, « je redoute trois journaux plus que cent mille baïonnettes ».
S’il vivait aujourd’hui le Napo ,outre qu’il n’a pas toujours été victorieux contre 100 000 baïonnettes , il n’aurait rien à craindre des journaux puisqu’il les posséderait .
Eh bien voilà : le nombre d’abonnés de tous les grands quotidiens baisse, alors que celui de (P)ièces-(J)ointes n’arrête pas de grimper, il est aujourd’hui de … 228 !
(Abonnez-vous !)
Le débat entre gratuité et allocation universelle est crucial.
Le meilleur argument de type général que j’ai entendu en faveur de l’allocation universelle est celui de Philippe Van Parijs. Nos sociétés modernes ne sont plus homogènes. De manière générale la conception de ce qu’est une vie bonne est très variée d’un individu à l’autre. En particulier les besoins de base en terme d’alimentation, de transport, de logement, etc… ne sont plus homogènes. Dès lors le système de la gratuité tel que proposé par Paul Jorion, où l’offre organisée par l’état ne sera pas très vairée, n’est plus une option et est dérivée d’une vision d’une société très homogène qui ne correspond pas ou plus à la réalité.
En appui à cet objection, je vais prendre l’exemple de l’éducation, qui en France et en Belgique est organisée selon le principe de la gratuité. En tant que parent je suis ces derniers jours très frustré du caractère complètement homogène de « l’offre d’éducation ». Les écoles, pour être subventionnées, doivent suivre scrupuleusement un programme qui est:
– hyper détaillé (j’ai appris hier soir à la réunion de parents de la classe de ma fille ainée, qu’à partir de cette année, on ne verrait plus les tables de multiplication de 7, 8 et 9, qui sont maintenant vues en 2ème année primaire (CE1 en France), mais en 3ème année primaire (CE2)). Si cela ce n’est pas du micro-management…
– strictement identique pour tous les élèves. Mon fils qui entre en première année primaire, sait déjà calculer jusque 20, mais ne sait pas encore lire et écrire (et est donc bien à sa place en 1ère année primaire – CP). Donc il va s’ennuyer toute l’année aux activités de mathématiques. Ce qui est absolument débile, puisqu’il a envie d’apprendre. Mais voilà, c’est comme ça…
Alors il y a des écoles à pédagogie alternative, mais il y en a très peu (et il est quasi impossible d’en créer de nouvelles – l’argument de l’administration est qu’il y a déjà assez d’école, l’offre en termes stricts de « places » est suffisante) ou elles sont non subventionnées (=impayables).
Bref je suis assez ambivalent sur ce débat entre gratuité et allocation universelle…Je vois bien des avantages et des inconvénients aux deux, et j’ai du mal à me faire une idée claire.
Il me semble que l’identité que vous établissez entre
gratuité = dogmatisme, rigidité d’esprit, nivellement par le bas
est arbitraire.
Jamais mois d’août n’avait été aussi chaud que le mois d’août 2016. Et avant lui jamais mois de juillet… Et mois de juin, mois de mai, d’avril … Jamais la Terre n’avait éprouvé autant de difficultés à se régénérer. Jamais nous n’avions consommé aussi tôt ses ressources, gratuites, et les services, gratuits, qu’elle nous propose ( cette année le 13 août)…
Cela ne me gêne guère que l’on dispute de gratuité mais dans quel cadre faut-il envisager le débat ?
Je propose de formuler intelligiblement la complexité à laquelle nous sommes confrontés afin de nous mettre bien en tête la nécessité de raisonner autrement.
« » Pour une économie au service des humains et du vivant, dans le respect absolu de la planète, de ses ressources et de ses capacités à se régénérer. » »
Un revenu egalitaire universel devrait tenir compte de cet aspect de surconsommation des resources. Si le PIB mondial de 78000 milliards de $ était réparti uniformément au 7,4 milliards de terriens on aurait environ 10 000 $ par an par personne (enfants compris) soit 833 $ par mois. Celà ne laisserait pas de place aux autres revenus (salaires, rente, dividende, loyers…)
Mais ce revenu de 833 $/mois ne devrait être distribué que jusqu’au 13 aout pour respecter notre écosystème !
Le raisonnement est un peu simpliste et s’appuie sur des éléments qui méritent autopsie ( PIB , Monnaie ) , mais il a l’avantage de poser la question de l’équilibre entre ressources physiques et ressources financières . PSDJ a la parole !
D’autres , tout aussi simplistes , pourraient dire que le problème est simple à résoudre . A la manière nazie : il suffit de zigouiller 140/365,25=38,33 % de la population mondiale . Ils avaient même perfectionné le système en recyclant les biens , les effets et les corps eux même des « supprimés » pour soulager les frais d’investissements nécessaires .
Du danger ( c’est peu dire …) des raisonnements trop simples .
Nickel, ça fait sensiblement un RsA par terrien, mais en dollars, soit un mi-temps français au salaire minimum horaire US, 520 $ par mois.
Qu’est ce qu’on fait pour l’impôt sur le revenu ?
Tout à fait d’accord pour ces 3 dernières lignes essentielles.
Je parlais bien sûr de la note de M.Pasquet.Du 8 septembre.
« formuler intelligiblement la complexité à laquelle nous sommes confrontés afin de nous mettre bien en tête la nécessité de raisonner autrement »
C’est quand même ce que nous faisons sur ce blog depuis 9 ans. C’est l’objectif aussi de « Le dernier qui s’en va éteint la lumière ».
Si on considère le « Soliton » de Monsieur Jorion, je pense que malheureusement la différenciation entre individus a atteint un niveau critique (pour la planète ET la société).
Du coup le choix entre gratuité et allocation universelle, n’en est plus un ! face aux défis écologiques, nous devons ré homogénéiser la société (de manière équilibrée bien entendu) d’une manière ou d’une autre.
L’absence de choix (avec ses conséquences) en tant qu’espèce est, d’après moi, une des causes de l’effondrement actuel
« allocation universelle »
Je viens de revoir mon point de vue à ce sujet. Cette allocation, telle que présentée ces derniers jours dans les médias, je pense que c’est une fumisterie et une arnaque de première pour inféoder et non émanciper les individus, ça m’a l’air m^me franchement malsain contrairement aux apparences. Où est l’échange ?
Hors de question de se laisser légumer et inféoder avec une alloc !
Un revenu universel semble séduisant mais il ne changera probablement rien au rapports de forces existant et il sera donc rapidement capté par le systéme par l’augmentation des prix des choses ou les alocataires sont en concurence particulièrement les loyers ou l’immobilier. Cela serait sans doute un moyen de créer de l’inflation (argent hélicoptère) et d’acheter temporairement une paix sociale.
Je plussoie.
« et il sera donc rapidement capté par le systéme par l’augmentation des prix des choses ou les alocataires sont en concurence particulièrement les loyers ou l’immobilier. »
comme c’est déjà le cas……les propriétaires de meublés miteux voire limite insalubres , avec des bouis-bouis loués à des individus dans le besoin « aiment » surtout 2 choses : la misère dont ils profitent sur le de dos des sds et l’argent public via le département qui paient leurs logements. Les propriétaires de logements plus ou moins salubres n’auront aucune hésitation à augmenter les loyers si les prestations sociales liées au logement ou bien les revenus « helicopter money » augmentent, ce seront les premiers à « dégainer » , c’est évident !
Bonjour,
Je voudrais dire un mot uniquement sur la taxation du travail des machines. Il me semble que ce serait se contenter de trop peu. Sans doute, la mesure ainsi formulée parait plus applicable mais on a l’impression que Paul Jorion abandonne quelque chose qu’il a l’habitude de défendre et qui est selon moi plus fondamental et plus simple : une juste répartition des fruits du travail entre l’investisseur, l’entrepreneur et le salarié ! Pourquoi n’êtes-vous pas allé jusque-là cette fois-ci ?
Accessoirement, s’il faut trouver un nom pour le système auquel nous mèneraient l’ensemble des propositions de Paul Jorion (puisque le socialisme est devenu ‘has been’, m’enfin il parait), pourquoi ne pas essayer le millénarisme (rien à voir avec le chialisme religieux), un système durable avec lequel l’individu pourrait vivre des des millénaires !
ce qui devrait permettre de re-titrer : le moment serait-il venu de virer millénariste?
Néo-millénarisme ?…
Sur le « juste » , on a la balance avec le niveau de la taxe Sismondi . Tomber d’accord sur ce niveau est une autre bataille .
J’aurais dû ajouter sans doute une chose que je dis souvent et que j’avais développée systématiquement dans « Misère de la pensée économique » :
Que les avances en travail, capital et supervision / coordination de l’effort collectif (patrons) soient traitées de la même manière sur le plan comptable, et non d’un côté le travail comme coût à diminuer à tout prix, et de l’autre, la rémunération du capital et de la supervision / coordination de l’effort collectif comme parts de bénéfice à faire gonfler le plus possible.
rectif , oups : le département et les ct qui paient les locations .
Et donc il y a quarante ans mourrait Mao.
Merci pour l’info.
J’ai mis une bouteille de Champagne Hello Kitty au frais.
Si môsieur le producteur de pinard avait suivi un peu il aurait pu noter que c’est une réponse désinvolte comme celle-ci qui a donné lieu à l’article de Paul Jorion.
Mais peu importe le sujet, pourvu que l’on ait l’ivresse du post !
T’Chine T’Chine !
Une caisse de Hello Kitty pour jenesauraisvoir !
40 ans d’âge .
Je ne sais pas si Mao en serait fan, mais une chose est sure, Kitty la chatte rose kawaï au petit noeud ruban rouge sur l’oreille a conquis la Chine. Kawaï itou le Cabernet Sauvignon, bigre ! J’en ai les papilles qui frémissent….
http://www.marketing-chine.com/chine/chine-hello-kitty
Je fais mon Champagne moi-même : du vin blanc, plus un coup de soda stream. Servir frais, dans une bouteille de champagne. Sauf l’opérateur, tout le monde trouvera ça bon. Pas de sucre svp, une peu de souffre seulement pour faire vrai.
Les gens n’ aiment pas le mot » gratuité » , ils ( se ?) voient tout de suite le pique -assiette qui s’ empiffre au buffet pourvu par les autres .
« Dé-marchandiser » serait mieux . Même si c’ est beaucoup moins beau que » gratuité » .
Vrai !
Puisque nous vivons a une époque ou on ne peut plus appeller un chat, un chat…
De-marchandiser est pas mal
Et pour répondre a un post plus haut,
Et en grand défenseur de la Vie !!! (), et partager équitablement dans les limites de la planète et de son écosystème actuel
Je crois aussi que « gratuité » a le charme des évidences qui n’en sont pas , et que rien n’est gratuit au sens où le plus grand nombre le perçoit . Seul ce que nous pillons à la nature ( le fameux effet d’aubaine ) est « gratuit »…mais pas sans risque final .
Une société humaine peut alors imaginer , de cœur et de raison ,
– 1ère catégorie : ce qu’elle met à disposition collective de ses membres sans condition, donc « gratuit » mais nécessitant une ressource qu’il faut bien mobiliser ( et à ce jour on n’a rien d’autres que les impôts et taxes ,si l’on veut rester vertueux),
– deuxième catégorie : ce qu’elle « donne » éventuellement en revenu libre d’emploi à ceux de ses membres le plus en difficulté ( et là aussi, il faut bien une ressource pour alimenter ce « don » individué qui a l’avantage partiel de revenir assez vite en TVA ). En gros le RUS actuellement plus ou moins déjà existant au travers des aides ciblées de gestion de plus en plus complexe .
Dans la première catégorie , qui au moins par chez nous existe déjà en partie , l’imagination est au pouvoir, mais on devrait a minima trouver : hospitalité , santé, éducation , forces de souveraineté , culture , sécurité , justice , facilité de libre circulation ,génome , eau , air…
Mais, services gratuits ou RUS , il faut assurer la ressource dans les mains de la puissance publique , et donc la fiscalité dans un système d’économie de marché . Et pour ça lutter à mort contre le troc , l’ubérisation , la main mise générale du capital sur les services , les maffias , les paradis fiscaux , les opacités comptables , la spéculation….
Le curseur du niveau de la « tonte » fiscale est alors donné par la détermination démocratique des désirs à l’aune des ressources réellement possibles ( et réciproquement) .
Mais , vous avez raison , à défaut de gratuité et même de « dé marchandisation » , il serait plus efficace et clair pour avancer de parler de services et de rôle de la puissance publique dans un système capitaliste ( ou autre isme ,quand le capitalisme aura fini d’agonir ou de nous pomper le sang ) , et de la place à consentir ou pas au « marché ».
Et si l’on gratte jusqu’au bout , remettre sur la table d’opération la clef de voûte du Libéralisme ( toujours présente dans les Constitutions ) : la propriété .
( on va vérifier si Jducac est mort )
Oublié de signaler que je prends ainsi position pour un système binaire articulé en une part « collectif » et une part « individualisée » , par lequel on tente d’assurer ,par la première, les conditions du présent et de l’avenir du groupe , et dans la seconde les conditions nécessaires à l’existence des plus démunis .
Ce qui me parait plus proche du terrain , et plus facile à faire évoluer ,en cas de besoin, dans le cadre d’une mesure permanente des effets et situations réelles et du constant ajustement des ressources affectées ou distribuées qui n’ont pas toutes le même « rendement » . Les deux catégories ne sont pas étanches l’une à l’autre , et la démocratie responsable a aussi pour raison d’être d’opérer cette mesure . Continument .
Je suis inquiet pour Jducac .
Ou « à prix d’achat zéro » (?).Car il convient de distinguer
deux sortes de « gratuit ».Le gratuit qui ne coûte rien à
personne et le gratuit qui comporte un coût (assumé par
ailleurs).
C’est quoi le gratuit qui ne coûte rien à personne ?
Démarchandiser suggère une marche-arrière. Alors que le mouvement vers l’avant – du gratuit vers le marchand – n’aurait jamais dû avoir lieu.
Je suis toujours très étonné, dans ces débats économico-socio-politiques, qu’il ne soit fait presque jamais référence à Bernard Friot. Je sais que Paul Jorion n’estime pas la bureaucratie que la mise en pratique de ses idées engendrerait peut-être. Mais quand même … Bernard Friot est apprécié par Frédéric Lordon -n’est-ce pas une référence ça ?- et vous pouvez suivre un échange d’idées entre les deux penseurs sur http://www.youtube.com/watch?v=E6-x5lJD8K4.
Ceci dit, relevons ici quelques idées maîtresses du sociologue français qui mettent le doigt sur ce qui lui apparaît comme le coeur du réacteur capitaliste. La première est la distinction qu’il opère entre la propriété lucrative et la propriété d’usage. Il ne retient, il n’ »autorise » que la seconde. Par la deuxième idée, il dénonce avec force la subordination actuelle du travailleur soumis aux ukases des capitalistes propriétaires des outils de production. Il parle d’une réelle violence « contre l’humanité de l’homme » -cette constatation-là n’effleure jamais, ou presque, dans tous les commentaires que je lis- et prêche pour un salaire à vie qui serait déterminé en fonction, non plus de l’emploi occupé, mais de la qualification professionnelle de chacun. La troisième idée prend naissance dans le système de la sécurité sociale actuelle dont il rappelle qu’elle est financée par la « mutuélisation » d’une partie importante de la richesse créée et il propose d’étendre cette pratique à tous les secteurs de la vie individuelle et collective : toute la richesse créée serait répartie dans une caisse de salaire, une caisse d’investissement, une caisse d’infrastructures, une caisse de recherche, une caisse de culture, etc. etc. Sa vision est percutante : il nous faut poursuivre le combat du Conseil National de la Résistance qui a montré que le chemin du bien commun était ouvert et qu’il nous appartenait de le poursuivre.
Ces quelques idées sont suffisamment révolutionnaires -mais pas moins, pas plus utopiques que la gratuité par exemple-, pour mériter une attention, une réflexion critique sur ce blog.
Avec ou sans références d’autorité , il est effectivement patent qu’il y a un lien entre gratuité et propriété , ainsi qu’un lien entre gratuité et pouvoir, et donc un lien entre propriété et pouvoir.
Entre marché et démocratie .
Et pour donner suite à BHL l’entarté , comme l’on parle de ressources, qui sont à ce jour massivement de façon directe ou indirecte assises sur le travail , il y a une interrogation directe du travail comme source directe de revenus personnels . D’où le poids de la proposition Sismondi , ouvrant aussi la question de la réinvention de liens et d’activités dans une société « orpheline » du travail comme on l’entend généralement .
PS : la taxe Sismondi ne doit pas forcément être la seule taxe « nouvelle ».
Ecoutez Friot prendre une leçon d’anticapitalisme par Anselm Jappe…
https://soundcloud.com/festival_des_libertes/economie-de-march
Même qu’il est créationniste, le Friot (6 min 23 s.) : « Ce sont les banques qui créent la monnaie ». Un créationnisme dans l’analyse puisque (1 h 7 min 30 s.) il veut « en finir » avec cette création, mais tout en disant « la monnaie est une invention [un peu plus tard « une réalisation »] progressiste ». Quant à son « institution de gestion de la violence sociale » dans le cadre de son apologie du « qualificationnisme », il sent bel et bien le vieux PCF. Lorsque Jappe évoque les relances keynésiennes 2008, le saving étatique des banques, « complètement financés par les crédits des banques », il prend l’exemple de la Chine. Étrangement, le mot « État » n’apparaît jamais pendant ces deux heures de discussion.
Oui, Friot, c’est une des variétés du néo-communisme. Tout n’y est pas inintéressant. Ma critique c’est 1° le bureaucratisme qui vient inévitablement avec ; 2° l’égalitarisme à la masse de cette rémunération à vie en fonction du diplôme obtenu, qui ressemble fort à un enkystement délibéré des inégalités de départ : les pas futés n’ont pas eu de chance, point-barre, c’est pour la vie !
La qualification dont parle Bernard Friot n’est pas liée à la certification, au diplôme, même si celui-ci peut intervenir dans l’évolution de la qualification. Elle est liée aux capacités, reconnues dans chacune des branches de l’activité par un groupe expérimenté et démocratique qui statue, capacités améliorables durant l’existence par chacun : tout individu part à 18 ans de la qualification niveau 1, puis par l’expérience et d’autres critères, dont les études éventuellement par ce qu’elles permettent concrètement, peut passer à des niveaux supérieurs dans une échelle « décomposable », allant de 1 à 6 maximum par exemple -le plus haut salaire ne dépassant pas six fois le salaire lié à la qualification de base. Et ce salaire est payé à vie -le travail du pensionné étant reconnu comme travail justifiant une rémunération-, il est net d’impôt, car la richesse créée est dans sa totalité affectée à la rencontre des besoins individuels et collectifs. Un des grands avantages, à mon sens, de cette réflexion c’est qu’elle permet de déconnecter le salaire de l’emploi et du marché du travail. Elle élimine aussi les salaires exorbitants et les bonus en tous genres, tout en permettant à chacun de pouvoir progresser dans la hiérarchie des qualifications hors études. Ce ne sont là que quelques exemples.
@Charles Petit jean :
Un échelle , qu’est ce d’autre qu’une certification « diplômante » dont les distributeurs ont simplement changer de mains ?
En accord avec les trois axes, reste la question de la propriété privée (par opposition à une propriété d’usage et aux communs), mais peut-être est-elle sous-jacente au premier axe et à la gratuité ?
La notion de propriété privée, en plus des inégalités perpétuées, entraîne de profondes incivilités à mon sens. Si ce n’est pas à moi, alors c’est à quelqu’un d’autre et je ne suis pas responsable de son entretien, voir, je peux le dégrader tant que je ne suis pas puni. (ex : le nombre incroyable de déchets que les gens jettent ou ne ramassent pas dans tout environnement autre que leur propriété privée.
Dis moi comment tu considères l’espace public et je te dirai qui tu es .
La difficulté quand j’essaie de faire court en disant : « Voilà, pour faire bref ! Dit en trois points ! », c’est qu’on m’objecte : oui mais il manque les 11 points que vous mentionnez quand vous dites : « Puisqu’on a un peu de temps devant soi, voici en 14 points… ».
« Le troisième axe est de mettre la spéculation hors d’état de nuire »
Comment met on au pas Mr Tout Le Monde qui est ravi de voir le prix de sa maison augmenter ?
Good luck Mr Jorion… Vous allez vous faire bcp d’amis
Yves, on parle ici de la véritable spéculation, c’est-à-dire les paris sur des titres financiers. Acheter une maison en espérant voir son prix grimper, c’est un pari que l’on fait avec soi-même, il n’y a personne en face qui perd ayant parié sur la baisse du prix de la maison.
D’autant que la taxe sur les plus value immobilières ( au moins des résidences secondaires ) permet à la puissance publique d’avoir la maîtrise du robinet .
Si elle le souhaite .
Les banques espagnoles ont fait le pari qu’elles seraient remboursées d’où une belle bulle. Le particulier acquéreur d’un logement est imbriqué dans un système financier complet.
Merci Julien ! C’est avec une très grande lassitude que j’aurais répété cela pour la 675.093.345 ème fois.
@ Julien Alexandre
La spéculation sur le prix de sa maison peut parfois être nauséabonde. Par exemple, il y a des gens à Nantes qui ont acheté leur baraque dans l’axe de la piste de l’aéroport existant, pas chère, en toute connaissance de cause, et ceux là sont parmi les plus fous-furieux pro Notre-Dame-des-Landes. Si le projet se faisait, eux gagneraient tandis que les habitants et les paysans de NDDL perdraient.
@ écodouble
Si je partage volontiers le sentiment pour NDDL, je maintiens que cela n’a rien à voir avec la spéculation dont on parle ici.
Acheter un terrain ou une maison qui va prendre de la valeur, c’est simplement faire « un bon coup ». Un acte notarié n’est pas un outil spéculatif !
Au cas cité de NDDL, qui est effectivement un classique de la spéculation immobilière ( pas trop le fait de petits particuliers cependant) , c’est la procédure utilisée pour les acquisitions foncières dans le cadre de la DUP qui ouvrira ou pas le marché au bonnes affaires , ainsi que la pugnacité des inspecteurs des domaines ( s’ils existent encore ) .
Car dans le cas d’une acquisition « amiable » ,ils avaient pour méthode de confronter le prix d’achat initial ( ils ont toutes les informations pour ça ) , avec l’estimation moyenne qu’on pouvait faire du bien à l’instant de la procédure en fonction des règles d’urbanisme en vigueur , pour des biens comparables . Je passe sur l’appréciation de l’état et de l’abattement pour vétusté .
Ça donnait en général un prix asse honnête, avec iune marge de négociation de 5 à 10 % . En cas de blocage , on peut passer à la procédure d’expropriation , par laquelle c’est le juge d’expro qui fixera le prix .
Et là il y a un réel problème , car si , dans des temps anciens les juges en question avaient assez le sens des intérêts de la collectivité , pour comprendre et corriger à la marge le boulot des inspecteurs des domaines , la pollution des esprits par la fameuse main invisible du marché , les a conduit assez systématiquement à déterminer le prix d’expro en fonction « du marché au moment de la procédure » .
Cette dérive societo corporatiste a découragé pas mal d’inspecteurs des domaines , qui se sont mis à ne plus faire du zèle et a accompagner , eux aussi , le marché .
Mais une procédure d’expro permet d’éviter par son principe les tentations spéculatives ( car , à défaut de quelqu’un en face qui « perd » , il y a bel et bien une collectivité qui est escroquée d’une plus value abusive).
Mais on a la parade …si on le souhaite et si on s’en sert .
« Le marché absorbe en un rien de temps toute allocation, toute prime, en augmentant les prix d’autant »
Je suis pas sûr que cela soit correct dans le cas d’une allocation universelle.
Il est clair que la phrase est correcte lorsqu’on donne une prime pour l’achat d’un bien ou service particulier. On peut trouver facilement beaucoup d’exemples de cela (prime pour des panneaux photovoltaïques qui donne lieu à une augmentation du prix d’installation pour le consommateur par ex).
Mais je ne pense pas que cela soit correct dans le cas d’une allocation universelle. Celle-ci serait essentiellement un transfert des plus riches vers les plus pauvres et/ou ceux qui travaillent peu (puisqu’il faudrait bien financer cette allocation par la taxation). Mais on ne voit pas très bien en quoi ce transfert mènerait à une hausse généralisée des prix de tous les biens et services. De manière générale, une politique fiscale redistributive n’est pas inflationniste.
Si mon analyse est correcte, l’argument de Paul Jorion pour préférer la gratuité à l’allocation universelle dans le texte ci-dessus est invalidé.
Il me semble que Paul Jorion écrit explicitement qu’il n’est pas partisan d’une allocation universelle .
Il me semble aussi qu’universelle signifie pour lui ( et pour moi) : pour tous et chacun sans condition de statut social .
J’ai cru comprendre enfin que sa proposition consiste à valoriser un package « nourriture , habillement , logement » , pour que la société le prenne en charge directement afin de le mettre à disposition (« gratuite » de façon universelle ( Ça me rappelle le régiment de « mon temps » ), et ainsi le soustraire au marché ( et pour le coup c’est réussi ou presque , car il devrait bien subsister un moment où la puissance publique se fournit sur le marché).
J’avoue (même pas sous la torture) que je vois plus de risques que d’avantages à ce type de dispositif , si c’est bien ainsi qu’il faut traduire l’axe 1 décrit dans le billet .
Et je préfère , de loin , le système binaire que j’ai moi même énoncé ci dessus, qui garde à la démocratie son rôle , et au marché sa souplesse et créativité dans l’espace qui lui est consenti .
Le vrai sujet n’étant pas la gratuité pour la gratuité ( éventuellement utilisée inconsciemment comme un moyen expéditif de se débarrasser d’un problème , comme des parents peuvent se débarrasser de l’éducation de leurs enfants avec une « dotation » libre d’emploi), mais comment la démocratie peut se rendre maitresse des ressources nécessaires et suffisantes pour assurer le bien être et la liberté actuelle et future de ses membres, et la vie décente immédiate des plus démunis.
En sachant pourquoi elle le fait et en mesurant si ça marche .
L’alimentation est le premier médicament et l’assurance-repas n’est pas garantie par l’État.
Les revenus du travail ne devraient pas être imposables, l’impôt doit permettre une meilleure redistribution sociale, les cotisations salariales ne permettront plus de payer les retraites et les soins, le capital et la consommation doivent être bien plus sollicitées pour le social et l’environnement…parler de sécurité dans ce contexte est toujours pertinent, en agissant sur les causes on agit sur les conséquences, c’est dans ce sens là qu’on doit agir et non en niant ce qui dérange.
@Juannessy
Ben oui, je sais lire, Paul Jorion est en faveur de l’extension du principe de gratuité. Mais il parle bien de l’allocation universelle dans le même texte comme une alternative à ce principe de gratuité, et il explicite un argument en faveur du principe de gratuité contre l’allocation universelle.
Mon post ci-dessus est une critique de cet argument: je suis assez convaincu que cet argument est non-fondé.
N’avez-vous jamais changé d’opinion sur un sujet quelconque en réfléchissant en profondeur aux arguments présentés?
Si si , mais mon commentaire qui a pris sa place en réponse au vôtre , se suffisait en fait à lui même en direction de Paul Jorion .
Je ne me serais pas hasardé avec des arguments aussi peu profonds en vous répondant .
Le socialisme digne de ce nom fut suspendu le temps de nos guerres et du déploiement de l’ultralibéralisme. C’est notre parenthèse à nous qui colle encore au train. Chacun la sienne.
La gratuité concernant le coucher et le couvert est une évidence… jusqu’au transport vers la dernière demeure qu’il convient de ne pas oublier.
à Juannessy:le gratuit qui ne coûte rien à personne,c’est
par exemple le soleil,le vent ,les marées,l’air,et toutes les
connaissances scientifiques et techniques déjà élaborées
par les humains,les romans et essais du monde entier,les sources d’eau vives,les idées telles que la liberté,l’égalité
(des droits),la fraternité,les sagesses disponibles dans toutes les sociétés humaines;la solidarité,la politesse,
l’humilité,le respect d’autrui et l’empathie,la tendresse,
ETC vous complèterez Mr.Juannessy.(LES ARTS,musique,
peinture etc,la philosophie,les mathématiques et
la LOGIQUE.,le théatre et la danse dans le monde entier
les paysages;)…et les « religions » qui ont compris la laïcité!J’en passe….
N’a pas de valeur que ce qui coûte à quiconque. !!!!
Je ne suis pas sur que la culture n’ait pas un coût , et d’ailleurs je l’avais mis ,de mon côté , dans le panier des biens « gratuits mais qui coûtent » de la gratuité collective offerte par une démocratie continue ou pas , à ses membres .
Sur les ressources « naturelles » on pourrait être d’accord , remarque faite cependant que des eaux vives ,il n’y en a plus et qu’il faut payer pour retrouver une état de presque nature apte à nous aider à survivre . Pour l’air , ça sera bientôt le cas . Pour les marées , la géothermie , le soleil et le vent , ça peut encore le faire , en attendant de voir ce qu’ITER peut faire de la fusion nucléaire.
Pour les idées et la convivialité , faut y regarder de plus près et reprendre le vieux débat sur l’acte gratuit , ou le tout dernier billet de Paul Jorion ( qu’est ce qui fait de nous qui nous sommes) , auquel je réponds en ce qui me concerne de façon très ramassée par :
Les lois de la physique et les processus biologiques , qui imposent en même temps qu’ils autorisent le hasard de bifurcation . L’univers est finalement la démocratie aboutie !
Tiens , puisqu’il le croise bientôt , il devrait demander à Hubert Reeves ce qu’il en pense .
Le mot « socialisme » est certainement le mot qui aujourd’hui est le plus chargé de mensonges, de tromperies, de trahison. Mot à bannir pour moi.
Je considère que l’allocation universelle et la gratuité ne respectent pas la dignité de celui qui en bénéficierait. J’ai conservé le souvenir d’une mère de famille très pauvre refusant le don de vêtements et d’objets de première nécessité que ma mère lui proposait. Elle a dit à ma mère ces mots qui m’ont marqués : » nous sommes peut être pauvres mais nous ne sommes pas des mendiants ». Donner sans réciprocité peut être considéré comme humiliant. C’est pourquoi quand je veux donner quelque chose à une personne assise par terre sur un trottoir, je lui demande toujours si elle peut me donner quelque chose en échange, ne fusse qu’un sourire ou un mot gentil.
Pourquoi ne pas remettre à l’honneur la déclaration de Philadelphie et par le fait même l’Organisation internationale du Travail (OIT) à travers le monde. Tout y est dit.
« Déclaration concernant les buts et objectifs de l’Organisation Internationale du Travail (Déclaration de Philadelphie)
La Conférence générale de l’Organisation Internationale du Travail, réunie à Philadelphie en sa vingt-sixième session, adopte, ce dixième jour de mai 1944, la présente Déclaration des buts et objectifs de l’Organisation internationale du Travail, ainsi que des principes dont devrait s’inspirer la politique de ses Membres.
I
La Conférence affirme à nouveau les principes fondamentaux sur lesquels est fondée l’Organisation, à savoir notamment:
(a) le travail n’est pas une marchandise;
(b) la liberté d’expression et d’association est une condition indispensable d’un progrès soutenu;
(c) la pauvreté, où qu’elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous;
(d) la lutte contre le besoin doit être menée avec une inlassable énergie au sein de chaque nation et par un effort international continu et concerté dans lequel les représentants des travailleurs et des employeurs, coopérant sur un pied d’égalité avec ceux des gouvernements, participent à de libres discussions et à des décisions de caractère démocratique en vue de promouvoir le bien commun.
II
Convaincue que l’expérience a pleinement démontré le bien-fondé de la déclaration contenue dans la Constitution de l’Organisation internationale du Travail, et d’après laquelle une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale, la Conférence affirme que:
(a) tous les êtres humains, quels que soit leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales;
(b) la réalisation des conditions permettant d’aboutir à ce résultat doit constituer le but central de toute politique nationale et internationale;
(c) tous les programmes d’action et mesures prises sur le plan national et international, notamment dans le domaine économique et financier, doivent être appréciés de ce point de vue et acceptés seulement dans la mesure où ils apparaissent de nature à favoriser, et non à entraver, l’accomplissement de cet objectif fondamental;
(d) il incombe à l’Organisation Internationale du Travail d’examiner et de considérer à la lumière de cet objectif fondamental, dans le domaine international, tous les programmes d’action et mesures d’ordre économique et financier;
(e) en s’acquittant des tâches qui lui sont confiées, l’Organisation internationale du Travail, après avoir tenu compte de tous les facteurs économiques et financiers pertinents, a qualité pour inclure dans ses décisions et recommandations toutes dispositions qu’elle juge appropriées.
III
La Conférence reconnaît l’obligation solennelle pour l’Organisation internationale du Travail de seconder la mise en oeuvre, parmi les différentes nations du monde, de programmes propres à réaliser:
(a) la plénitude de l’emploi et l’élévation des niveaux de vie;
(b) l’emploi des travailleurs à des occupations où ils aient la satisfaction de donner toute la mesure de leur habileté et de leurs connaissances et de contribuer le mieux au bien-être commun;
(c) pour atteindre ce but, la mise en oeuvre, moyennant garanties adéquates pour tous les intéressés, de possibilités de formation et de moyens propres à faciliter les transferts de travailleurs, y compris les migrations de main-d’oeuvre et de colons;
(d) la possibilité pour tous d’une participation équitable aux fruits du progrès en matière de salaires et de gains, de durée du travail et autres conditions de travail, et un salaire minimum vital pour tous ceux qui ont un emploi et ont besoin d’une telle protection;
(e) la reconnaissance effective du droit de négociation collective et la coopération des employeurs et de la main-d’oeuvre pour l’amélioration continue de l’organisation de la production, ainsi que la collaboration des travailleurs et des employeurs à l’élaboration et à l’application de la politique sociale et économique;
(f) l’extension des mesures de sécurité sociale en vue d’assurer un revenu de base à tous ceux qui ont besoin d’une telle protection ainsi que des soins médicaux complets;
(g) une protection adéquate de la vie et de la santé des travailleurs dans toutes les occupations;
(h) la protection de l’enfance et de la maternité;
(i) un niveau adéquat d’alimentation, de logement et de moyens de récréation et de culture;
(j) la garantie de chances égales dans le domaine éducatif et professionnel.
IV
Convaincue qu’une utilisation plus complète et plus large des ressources productives du monde, nécessaire à l’accomplissement des objectifs énumérés dans la présente Déclaration, peut être assurée par une action efficace sur le plan international et national, et notamment par des mesures tendant à promouvoir l’expansion de la production et de la consommation, à éviter des fluctuations économiques graves, à réaliser l’avancement économique et social des régions dont la mise en valeur est peu avancée, à assurer une plus grande stabilité des prix mondiaux des matières premières et denrées, et à promouvoir un commerce international de volume élevé et constant, la Conférence promet l’entière collaboration de l’Organisation internationale du Travail avec tous les organismes internationaux auxquels pourra être confiée une part de responsabilité dans cette grande tâche, ainsi que dans l’amélioration de la santé, de l’éducation et du bien-être de tous les peuples.
V
La Conférence affirme que les principes énoncés dans la présente Déclaration sont pleinement applicables à tous les peuples du monde, et que, si, dans les modalités de leur application, il doit être dûment tenu compte du degré de développement social et économique de chaque peuple, leur application progressive aux peuples qui sont encore dépendants aussi bien qu’à ceux qui ont atteint le stade où ils se gouvernent eux-mêmes, intéresse l’ensemble du monde civilisé.
l’OIT mérite le respect et nombreux sont ceux qui la considère comme une des rares organisations internationales qui parle juste .
Par contre , dans un couplet sur l’histoire du libéralisme , j’avais déjà relevé comment non seulement le travail était devenu une marchandise ( cf Ia) , mais les travailleurs aussi .
OIT , OMC , il faut choisir .
J’ai plus de mal à vous suivre dans vos exemples d’aumône souriante.