EL NIÑO 2015-2016(-2017?) vs ATLANTIQUE NORD : un choc se produit au dessus de l’Arctique et du Groenland, et nous vivons à l’heure Cosmopolis de l’indifférence, la luxure, l’orgueil, l’inégalité et l’indignité… Or le temps nous est compté !
Entre janvier et février 2016, et alors qu’il devrait perdre en intensité, l’épisode El Niño 2015-2016 nous montre surtout qu’il n’a pas encore fini de nous surprendre, les dernières prévisions annonçant un prolongement de l’épisode, ce que semblent d’ailleurs confirmer les dernières images de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), La Niña ne semblant pas vouloir s’imposer comme c’est souvent le cas pour les 2/3 des épisodes El Niño connus…
El Niños 1998 vs 2016 – Image publiée par la NASA/JPL-Caltech le 23/01/2015.
El Niños 1998 vs 2016 – Image publiée par la NASA/JPL-Caltech le 22/02/2016 [1].
C’est pourquoi la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) a décidé d’envoyer sur place une mission d’observation [2] afin d’en apprendre un peu plus sur ce phénomène et comprendre notamment comment il interagit avec le changement climatique…
Avons-nous remarqué à quel point ce mois de février 2016 fut à la fois catastrophique, systémique et historique ? Bien évidemment, les médias de masse aux services de lobbies pour le moins affolés/paniqués, tant ces derniers se demandent encore ce qu’ils ont bien pu oublier tout en étant fortement préoccupés par les niveaux de consommation des populations qu’ils croient encore pouvoir contrôler, ne nous ont montré qu’une toute petite partie de la réalité afin de ne pas trop nous éclairer. Rendons-nous compte, comme si par le plus heureux des hasards, nous comprenions enfin qu’il suffirait d’une toute petite pichenette collective de notre part pour tout faire basculer une bonne fois pour toute, et ce serait alors leur empire tout entier, écopé/étayé on ne sait trop comment d’ailleurs, qui s’effondrerait brutalement ! Rendons-nous compte, nous pourrions alors tout réparer et repartir proprement de zéro [3] [4]. Mais bon, nous avons tous le droit de rêver un peu n’est-ce pas après tant d’années d’une crise aux multiples facettes que personne ou presque ne semble vouloir/pouvoir juguler ? Eh puis, l’individualisme et l’égoïsme sont devenus tels en ce monde, que tout cela n’est pas prêt d’arriver par ce biais là… d’autant que la réalité nous rattrape toujours, quoi qu’on fasse !
Le cyclone Winston de catégorie 5 heurte de plein fouet les îles Fidji – image satellite produite par la JMA (Japan Meteorological Agency) le 19 février 2016.
En attendant, nous devons aussi nous rendre compte qu’il existe une similitude troublante entre ce qui se produit sur le marché des devises par exemple, et ce qui se produit au niveau de la cryosphère terrestre. Dans les deux cas, une baisse brutale est toujours suivie d’un sursaut bien avant de reconquérir quelques temps après un nouveau record à la baisse jusqu’à l’effondrement total. Ces processus d’effondrement en cascades telles que celles du Hérisson dans le massif du Jura, sont donc le théâtre évident d’opposition de sources d’énergies distinctes. Nous avions déjà évoqué ce type de comportement au niveau de la cryosphère terrestre en évoquant la question de l’enthalpie de fusion de la glace (coup de froid consécutif à une fonte saisonnière brutale provoquant une réaction endothermique des eaux arctiques) [5]. Puis une fois ce sursaut passé, nous avions notamment prévenu à l’époque que la banquise arctique irait rapidement reconquérir « un nouveau record absolu de fonte sous les 2-3 années à venir » [6]. Eh bien dans le cas du marché des devises, et notamment du yuan depuis janvier 2014, nous pourrions dire qu’une décision de dévaluation brutale d’une monnaie provoque toujours une réaction technique qui tend à s’y opposer au profit des spéculateurs. Voilà, sauf que nous ne devons jamais oublier que ce sont toujours les États qui ont normalement le dernier mot, l’intérêt général devant toujours passer avant l’intérêt individuel. Les prochaines dévaluations du yuan seront donc les bonnes à en croire l’évolution en cours de la cryosphère terrestre, nous allons y revenir, dans un contexte de crise systémique globale où tout devient finalement comparable, le choc de complication/simplification, le sulfureux/fameux hasard, ne faisant plus aucune distinction entre quoique ce soit à l’approche de la singularité [7] !
Dans son film Cosmopolis, sorti en salle le 25 mai 2012, David Cronenberg met en scène avec l’efficacité psychologique qu’on lui connaît, l’incompréhension et la chute d’un golden boy, aveuglé par la haute finance, menacé de mort, face à l’effondrement économique mondial en cours. Cet homme devenu individualiste, égoïste et égocentrique, qui depuis longtemps ne sait même plus écouter son intuition (fruit de sa sensibilité), sa raison (fruit de sa sobriété), ni même son esprit de justice (fruit de son humilité), reçoit tour à tour dans sa luxueuse et démesurée limousine, ou dans ses environs, ses experts, ses ami(e)s, ses gardes du corps, son médecin, sa femme, son coiffeur et son chauffeur, afin d’essayer de comprendre ce qui ne va pas alors même que des émeutes éclatent un peu partout dans les rues de New York. Car le système algorithmique qu’il a développé pour lui permettre de spéculer toujours plus vite tout en gagnant toujours plus d’argent, mais en s’appuyant sur le principe erroné d’une croissance mondiale infinie, est devenu totalement fou, lui renvoyant sans cesse des informations qui n’ont plus aucun sens par rapport à la réalité sur le point d’être vécue. L’économie mondiale s’effondre tout autour de lui, provoquant une réaction en chaîne sur l’ensemble des devises telles que le yuan, un soliton sur le point de tout emporter, au moment même où son système algorithmique se fait insistant, voire lui dicte de toute évidence tout le contraire de ce qu’il faudrait faire. Il lui faudra finalement braver la mort pour prendre enfin conscience de son énorme erreur. Ainsi, c’est en faisant face à celui qui a la ferme intention d’attenter à sa vie pour pouvoir se sentir à nouveau exister, qu’il réalisera à quel point il s’est trompé. Car son assassin, cet homme qu’il ne reconnaît/connaît même pas, n’est autre que l’Analyste des Devises que son système algorithmique, beaucoup plus rapide, a fini par remplacer… validant ainsi la prévision de son Chef de la Théorie quelques heures plus tôt :
« L’idée, c’est le temps. […] Le temps d’horloge a accéléré la montée du capitalisme. […] C’est le cybercapital qui crée le futur. […] cela ne fait que me confirmer l’importance de prendre l’exacte mesure du monde qui nous entoure. […] Parce que le temps est devenu une valeur d’entreprise de nos jours, il appartient au système du libre marché. Le présent est plus dur à trouver. Il est en train d’être aspiré du monde pour faire place à de futurs marchés incontrôlés et à un gigantesque potentiel d’investissement. Le futur devient insistant. Et c’est pourquoi bientôt il se passera quelque chose, aujourd’hui peut-être, afin de corriger l’accélération du temps et ramener plus ou moins la nature à la normale… »
En effet, l’énergie totale d’un système supposé « isolé » se conserve toujours au cours de ses transformations selon le premier principe de la thermodynamique…
Si cette théorie relative à l’économie mondiale peut sembler à la portée de n’importe qui dès lors que l’on fait l’effort de s’y pencher d’un peu plus près, elle semble beaucoup moins évidente à aborder dès lors qu’il s’agit d’analyser les liens entre activité anthropique et réchauffement climatique d’une part, puis réchauffement climatique et emballement climatique d’autre part, l’écosystème en cours d’effondrement et au sein duquel nous évoluons étant de toute évidence bien plus complexe que le système économique mondial actuel, ce qui constitue probablement notre plus grave erreur jamais corrigée depuis la Révolution Industrielle ; un système économique qui ne prend pas en compte la biosphère terrestre dont nous faisons pourtant partie intégrante [8] est tout simplement voué à l’échec. Or, c’était bel et bien de la responsabilité des politiques aidés des scientifiques de corriger le tir beaucoup plus tôt afin de substituer la démocratie à la spéculation tout en mettant en œuvre tous les outils d’ores et déjà à leur disposition [9] [10] [11] ! Mais tout cela était hélas sans compter le jeu pervers des lobbies qui excellent dans l’art à la fois cupide et stupide du lobbying et/ou de la communication d’influence. En attendant le sursaut nécessaire, voire indispensable, de l’Humanité, le constat est cette fois-ci sans appel, et ce mois de février 2016 vient de nous le rappeler sur tous les fronts avec leurs lots de ravages, de crimes, de détresses et de misères. Aussi, nous nous trouvons bel et bien au pied du mur… faisant face à l’évidence même d’un modèle de civilisation incomplet, inefficace, tétanisé et totalement usé non par le temps, mais par ce futur pour le moins insistant et sur le point de tout écraser !
Nous vivons à l’heure Cosmopolis !
Réveillons-nous ! Le rafistoler ne sert à rien ! Nous devons lâcher prise ! C’est la seule issue !
L’hiver en Arctique est globalement beaucoup trop doux, sans doute sous l’effet d’un épisode El Niño 2015-2016 particulièrement extrême, voire pire que l’épisode El Niño 1997-1998, ayant d’ores et déjà contribué à impacter violemment plus de 98 millions de personnes dans le monde rien qu’en 2015 [12], et laissant ainsi présager une aggravation de la situation sanitaire et humanitaire dans les régions les plus fragiles, l’épisode semblant même vouloir se prolonger dans la durée. Du coup, la banquise arctique ne parvient plus à se régénérer normalement comme ce fut le cas jusqu’à présent, laissant ainsi présager une fonte saisonnière à venir qui pourrait être bien pire que celle de septembre 2012. Ce qui est donc à craindre ici, c’est que nous puissions observer dès l’été 2016 une augmentation du réchauffement des eaux de l’océan arctique du fait d’un ensoleillement prolongé d’une surface dépourvue de glace.
Voici le relevé de surface de la banquise arctique que vient de publier le NSIDC (National Snow and Ice Data Center) [13] :
De son côté, la banquise antarctique vient de mettre un terme définitif au principal prédicat faux des climato-sceptiques qui consistait à dire que le réchauffement climatique du fait de nos pollutions des eaux et de nos émissions de gaz à effet de serre [14] n’était en quelque sorte qu’une imposture puisque la banquise antarctique ne faisait que se régénérer depuis ces dernières années et que c’était finalement le soleil qui dictait le climat terrestre… Que pourrions-nous leur conseiller de mieux si ce n’est de prendre un peu plus de recul sur la situation actuelle afin d’améliorer la consistance et la complétude de leurs données de supervision du système complexe observé [5] [7] ?
Voici le relevé de surface de la banquise antarctique :
Le 19 février 2016, la surface de la mer de glace globale (arctique + antarctique) s’effondrait sous le record absolu de 2011 pour s’établir à 16,783 millions de km² contre 18,203 millions de km² pour la moyenne des mesures établie sur la période 1981-2010 courant février. Paradoxalement, la surface de la mer de glace globale est toujours plus importante à l’approche du minimum de la surface de la banquise arctique courant septembre du fait de l’hiver en Antarctique, puisqu’elle s’établissait à 24,701 millions de km² pour la moyenne des mesures établie sur la période 1981-2010 courant septembre. Nous faisons face à une situation bel et bien inédite du fait du franchissement d’un seuil que nous aurions préféré éviter.
En terme de volume de glace arctique, le PSC (Polar Science Center), qui publie les données du PIOMAS (Pan-Arctic Ice Ocean Modeling and Assimilation System), n’a pas encore rendu ses conclusions pour le mois de février 2016 à l’heure où nous écrivons ces lignes (à surveiller [15]), sachant qu’un frémissement en faveur d’un ralentissement de sa croissance était déjà perceptible dès janvier 2016. Toutefois une animation pour février 2016 diffusée par l’US Naval Research Laboratory [16] nous permet d’ores et déjà de nous faire une idée assez précise de la situation. Et celle-ci n’est pas bonne du tout, voire surtout bien pire que celle de février 2012, les épaisseurs de glace au delà de 3,5 m se faisant de plus en plus rares et rendant la banquise arctique de plus en plus vulnérable à la chaleur.
Voici l’animation de l’évolution des épaisseurs de la banquise arctique pour l’ensemble du mois de février 2012 :
Movies and snapshots of the 1/12° Arctic Cap HYCOM/CICE – Courtesy of the US Naval Research Laboratory.
Et voici maintenant l’animation de l’évolution des épaisseurs de la banquise arctique pour l’ensemble du mois de février 2016 :
Movies and snapshots of the 1/12° Arctic Cap HYCOM/CICE – Courtesy of the US Naval Research Laboratory.
Mais comment pouvons-nous expliquer une telle situation cette année ? La puissance considérable de l’épisode El Niño 2015-2016 explique-t-elle à elle seule de telles observations ? Nous allons découvrir ici qu’il existe malheureusement d’autres facteurs qui, pour la plupart, sont hélas d’origine anthropique. Nous allons essayer d’ordonner ces facteurs afin de mettre en évidence certaines relations quasi-évidentes de cause à effet.
Tout d’abord, ce début d’année 2016 est marqué par la formation en hémisphère nord d’un trou dans la couche d’ozone (O3) qui glisse vraisemblablement depuis l’Atlantique Nord pour venir se positionner pile au dessus de l’océan arctique, plus exactement au-dessus des mers de Barents et de Kara, c’est à dire à l’ouest du permafrost sibérien. Nous avons toujours cru depuis 1979 que ce phénomène se produisait uniquement en Antarctique du fait de l’amincissement global de la couche d’ozone sous l’effet de nos émissions de gaz à effet de serre de type CFC (chlorofluorocarbone) dont nous avons tardé à interdire l’utilisation dans le cadre des premiers accords de 1987 à Montréal ? Eh bien non, ce n’est plus le cas depuis quelques années puisqu’en dépit de nos efforts d’interdiction des CFC, l’Arctique lui aussi est maintenant touché par ce phénomène comme nous allons pouvoir en juger. Ce trou est d’abord apparu rapidement début janvier et devait hélas coïncider quelques jours avec l’arrivée de l’éjection de masse coronale en direction de la Terre signalée le soir de la Saint-Sylvestre ici même [17], laissant ainsi probablement passer une quantité beaucoup plus importante que de coutume de rayonnement haute-fréquence de type UV-A, B et C. En conséquence de quoi nous pouvons aisément observer sur le relevé précédent de surface de la banquise arctique, un premier palier visible dès début janvier qui semble bel et bien avoir été provoqué par la coïncidence de ces deux phénomènes, expliquant ainsi le début de ralentissement de la régénération de la banquise arctique en mers de Barents et de Kara durant ce court laps de temps. Ensuite, ce trou est réapparu une seconde fois au même endroit dès le 16 février 2016, puis y est resté durant près de deux semaines. En conséquence de quoi nous pouvons également observer sur le relevé précédent de surface de la banquise arctique, un second palier visible dès la mi-février qui semble bel et bien avoir été provoqué par la présence de ce second trou dans la couche d’ozone qui est située dans la stratosphère, sauf qu’à ce moment là, aucune coïncidence possible avec une quelconque éjection de masse coronale ne peut-être évoquée.
Voici une modélisation de ce trou dans la couche d’ozone à la date du 22 février 2016, au moment où il semblait être le plus prononcé, notamment au-dessus des mers de Barents et de Kara. Cette modélisation est produite par la NASA, par l’intermédiaire de son département Goddard Space Flight Center [18] :
Début mars, le ralentissement de la régénération de la banquise arctique marque enfin une courte pause comme en témoigne le relevé de la NSIDC, du fait d’un renforcement probable/observable de l’épaisseur de la couche d’ozone, notamment au-dessus des mers de Barents et de Kara. Puis le 5 mars 2016, le maximum de la surface de la banquise arctique semble avoir été atteint pour de bon. En effet, dès le 6 mars 2016, la Terre est cette fois-ci frappée par un puissant vent solaire qui provoque de puissants orages magnétiques dont la NOAA, par l’intermédiaire de son département Space Weather Prediction Center, a pu mesurer l’intensité :
Magnitude des orages magnétiques en cours – Source NOAA/SWPC [19].
C’est dire l’extrême sensibilité de la banquise arctique face à de tels phénomènes dans un contexte de protections réduites, puisqu’outre la formation de ce trou dans une couche d’ozone (disons « notre cotte de mailles ») fortement fragilisée du fait de nos émissions de gaz à effet de serre, mais pas seulement, nous allons y revenir, nous devons également déplorer une baisse continue de 10% de l’intensité du champ magnétique terrestre (disons « notre bouclier »), et ceci depuis le début de la Révolution Industrielle, ce que viennent de confirmer des chercheurs de l’Institut de physique du globe de Paris (CNRS/IPGP/Université Paris Diderot) et de l’Institut des sciences de la Terre (CNRS/Univ. Grenoble Alpes et Savoie Mont-Blanc/IRD/Ifsttar) [20], le champ magnétique terrestre interagissant « fortement » avec l’ensemble de nos activités technologiques. Voilà pourquoi l’intensité de celui-ci devrait bel et bien poursuivre sa baisse durant les 100 prochaines années. Il est maintenant évident que si la mer de glace globale (arctique + antarctique) devait un jour ou l’autre se retrouver totalement nue comme un ver face aux rayonnements solaires et/ou cosmiques, notamment les UV-A, B et C, mais aussi les rayons gamma et les rayons X qui ne cessent d’augmenter au fur et à mesure que l’activité solaire faiblit, les éjections de masse coronales contribuant habituellement à repousser ces mauvais rayons, alors elle fondrait totalement !
OK, sauf qu’elle se réduit déjà dans des proportions de plus en plus alarmantes. Rappelons que si l’océan arctique devait se retrouver un jour totalement libre de glace en été, il s’en suivrait un réchauffement anormal de ce dernier aux conséquences que nous ne pouvons même pas imaginer, le niveau des océans ne montant pas uniquement du fait de la fonte de la cryosphère terrestre. Rappelons également que lors de l’été 2012 s’était formé du fait de l’ensoleillement prolongé des eaux arctiques libres de glace, un gigantesque cyclone [21] qui avait littéralement accentué le record absolu de fonte saisonnière, agissant sans doute cette année là telle une gigantesque boucle de rétroaction positive. Nous aurions certainement tort d’ignorer la probabilité d’occurrence d’un tel phénomène en cette saison qui croit forcément au fur et à mesure des tristes conquêtes de nouveaux records de fonte saisonnière.
Or justement, voici quel était la situation pour le moins catastrophique de l’anomalie moyenne de température calculée en région Arctique à +6,61°C le 24 février 2016 par rapport à la moyenne des mesures établies sur la période 1979-2000, avec des pics de l’anomalie de température extrêmement violents en cette saison, puisqu’ils sont compris entre +15 et +20°C, notamment au-dessus des mers de Barents et de Kara, ainsi qu’au dessus du Groenland :
Image obtained using Climate Reanalyzer, Climate Change Institute, University of Maine, USA [22].
Mais il y a encore pire, puisqu’une gigantesque boucle de rétroaction positive est bel et bien en train de se former depuis cette région du monde du fait probablement de la fonte du permafrost entraînant de fait des rejets considérables de méthane (CH4) dans l’atmosphère dont on sait que le potentiel de réchauffement dû à ce gaz à effet de serre (PRG) est de 85 après 20 ans passé dans l’atmosphère, le PRG signifiant ici qu’1 kg de méthane présente le même potentiel de réchauffement climatique que 85 kg de dioxyde de carbone (CO2).
Voici les mesures qui ont été réalisées par la NOAA, par l’intermédiaire de son département Office of Satellite and Product Operations, le 25 février 2016 aux pressions 586 mbar situées entre 4.000 et 4.500 m d’altitude, correspondant à peu de chose près au centre des bulles contenant les plus fortes concentrations de méthane émises dans l’atmosphère. Sur le rendu ci-dessous, des mesures ont bel et bien été établies à 3010 ppb (partie par milliard ou 10-9) [23] :
Une telle concentration se situe très largement au dessus de la moyenne mondiale pour le mois de décembre 2015 qui est de 1843,2 ppb selon les dernières consolidations de mars 2016 réalisées par la NOAA, par l’intermédiaire de son département Earth System Research Laboratory, sachant en outre que cette moyenne se situe elle-même largement au delà de la concentration maximale de ces 420.000 dernières années qui est tout au plus de 700 ppb…
Nous avons littéralement perdu la tête !
Mais ce qui est vraiment plus inquiétant, c’est la tendance exponentielle actuelle de la courbe de concentration moyenne mondiale de méthane que vient justement de publier la NOAA, par l’intermédiaire de son département Earth System Research Laboratory [24] :
Comment imaginons-nous pouvoir faire face à un tel phénomène si nous ne stoppons pas tout maintenant [4] [25] ? Comment ne pas être inquiet en tant que scientifique avisé [26] ?
Les zones à plus forte concentration de méthane sont représentées en rose sur le rendu précédent et sont bel et bien situées au plus proche de la distribution géographique du permafrost mondial, et notamment celle du permafrost est-sibérien dont on estime qu’il représente à lui seul pas moins de 1.700 Gt de méthane dont 50 Gt peuvent s’échapper à tout moment dans l’atmosphère. Peut-être est-ce déjà le cas ? Voici pour mémoire une représentation de la distribution du permafrost mondial réalisée depuis le GTN-P (Global Terrestrial Network for Permafrost) [27] :
Le puits de méthane est forcément insuffisant, voire inopérant… Rappelons-nous en effet, qu’il existe une réaction chimique qui depuis la dissociation photochimique de l’ozone (O3) et de l’eau (H2O) permet d’oxyder le méthane. Sauf que paradoxalement, une augmentation de la masse nuageuse au cours d’un épisode El Niño, conduit à un blocage des flux de photons nécessaires à cette dissociation photochimique, et donc dans le même temps à un mauvais fonctionnement du puits de méthane, ce gaz à effet de serre très puissant restant ainsi plus longtemps dans l’atmosphère…
Mais alors, revenons un instant sur la situation de la couche d’ozone, puisque nous indiquions précédemment que nos émissions de gaz à effet de serre n’étaient pas le seul facteur de fragilisation de cette dernière. Il existe en effet d’autres facteurs et il nous semble important à ce stade d’en dresser une liste plus ou moins exhaustive :
– les gaz à effet de serre de type CFC, d’origine anthropique, sismique, voire volcanique,
– la dissociation photochimique,
– la vapeur d’eau,
– le froid…
Concernant le froid, cela explique notamment pourquoi les trous dans la couche d’ozone se forment uniquement en hiver et non en été. En outre, à l’approche du prochain minimum solaire, puisque le cycle 24 tire bientôt à sa fin, nous le savons [6], les conditions de fragilisation de la couche d’ozone par le froid seront alors totalement réunies.
Concernant la vapeur d’eau par contre, ce sont notamment les cumulonimbus capables de franchir l’altitude de 12.000 m qui posent problème. Aussi, regardons comment sont corrélés les concentrations en ozone et l’index PDO (Pacific Decadal Oscillation), puisqu’en pleine période El Niño, l’index PDO demeure à ce stade positif depuis le début de l’épisode :
Image obtained using Climate Reanalyzer, Climate Change Institute, University of Maine, USA [22].
La « cotte de mailles » de notre monde semble comme coupée en deux lorsque l’index PDO devient positif ? Cette corrélation a été calculée sur la période 1979-2011, ce qui signifie que les données de l’épisode El Niño 2015-2016 ne sont pas prise en compte. Toutefois, si l’on regarde d’un peu plus près ce qui se passe pile au dessus de la mer de Norvège, il semble bien qu’il y ait un début de corrélation que la faible consistance des données de mesure ne parvient pas à révéler totalement (corrélation < à 0,3 en valeur absolue). Aussi, regardons maintenant comment sont corrélés les concentrations en ozone et l’index NAO (North Atlantic Oscillation), puisque contrairement à ce qui s’est produit lors de l’épisode El Niño 1997-1998, l’index NAO demeure cette fois-ci positif depuis le mois de novembre 2015 :
Image obtained using Climate Reanalyzer, Climate Change Institute, University of Maine, USA [22].
Dans le cas de cette corrélation calculée également sur la période 1979-2011, deux zones fragilisées apparaissent très distinctement lorsque l’index NAO devient positif (corrélation < à 0,5 en valeur absolue) : l’une pile au dessus de l’Atlantique Nord, l’autre pile au dessus du permafrost sibérien…
La voilà l’explication logique !
El Niño 2015-2016 d’un côté ! Atlantique Nord de l’autre ! Deux index d’oscillation positifs aux mauvais endroits, au mauvais moment. L’ensemble étant de plus en plus exacerbé par un réchauffement climatique d’origine anthropique du fait de toutes nos émissions de gaz à effet de serre accumulés dans l’atmosphère. « notre cotte de mailles » qui s’effondre. « notre bouclier » qui s’affaiblit depuis la Révolution Industrielle. L’approche d’un minimum solaire laissant passer beaucoup plus de rayonnements cosmiques. Et toutes les conditions sont alors parfaitement réunies pour provoquer un choc de complication/simplification sans précédent et d’une ampleur inégalée, le tout juste au dessus de l’Arctique et du Groenland, tout en provoquant au passage toute sorte de boucles de rétroactions positives, avec notamment la fonte du permafrost sibérien. Et dire qu’il suffisait simplement ici de superposer ces deux analyses de corrélation pour mieux mesurer toute la portée de l’emballement climatique qui est en cours. Encore fallait-il y penser !
Toute la question étant maintenant de savoir ce qu’il va bien pouvoir se passer ensuite, c’est à dire courant juillet pour le Groenland, puis courant septembre pour l’Arctique. A ces moments là seulement, nous saurons et nous pourrons pleinement mesurer l’ampleur du basculement.
Nous vivons à l’heure Cosmopolis !
Réveillons-nous ! Le rafistoler ne sert à rien ! Nous devons lâcher prise ! C’est la seule issue !
Aussi, afin de réhabiliter au plus vite l’analyse systémique en pleine situation d’emballement climatique et remettre la démocratie au service de la biosphère terrestre et donc de l’humain, nous allons devoir, qui que nous soyons, quoi que nous fassions, où que nous allions, nous réapproprier de toute urgence le cœur en friche du débat politique. Pour cela, nous devons être forts et unis tous ensembles, mais aussi plus largement encore, en agissant sur deux leviers non exclusifs d’ores et déjà à notre disposition :
– en signant massivement la pétition initiée par Paul Jorion afin de demander à l’économiste Thomas Piketty de bien vouloir faire front à nos côtés,
– en plébiscitant tout aussi massivement l’économiste Thomas Piketty sur la plate-forme https://laprimaire.org dès qu’elle sera pleinement opérationnelle afin d’y associer le plus grand nombre de citoyens français numériquement « augmentés » grâce à l’Internet, et fortement « désireux » d’un profond renouvellement politique.
Aussi, diffusons le plus largement possible ce message d’information, de vulgarisation, d’interpellation, d’objection et de mobilisation !
Le temps nous est compté !
En ce 1er quart de XXIème siècle, nous faisons face à notre Histoire et tenons dans nos mains son volume le plus inique. Nous devons déplorer tant de souffrance insupportable dans les chairs et les âmes. Le philosophe grec Épicure disait environ 300 ans av. J.-C. que le bonheur, en tant que bien indispensable tout au long de la vie, correspondait à une absence des troubles du corps et de l’âme, et qu’il était vain, voire illusoire, d’aspirer au désir de richesse, de gloire, voire d’immortalité. Or dans les faits aujourd’hui, nous avons littéralement oublié tout cela tant nous nous sommes laissés aveuglés par un ultralibéralisme sans limite, détruisant absolument tout sur notre passage, portant ainsi atteinte à l’intégrité même de la biosphère terrestre qui n’est pas simplement la notre [8]. Ce billet mûrement réfléchi, avant tout destiné à la France et à ses citoyens, vise également à adresser bien au delà de nos frontières que nous allons devoir apprendre à gommer pour notre survie, tant le repli sur soi n’est pas la solution, un message montrant la seule voie possible à suivre pour rétablir l’aponie et l’ataraxie nécessaires à l’épanouissement de l’Humanité, le tout dans un engagement sans faille de recherche d’harmonie avec la Nature à qui nous devons tout et à qui nous avons pourtant tant pris…
Sans cela, sans cette prise de conscience collective, ce sera la fin inéluctable de l’Humanité, quoi qu’on en dise !
***
[1] NASA Jet Propulsion Laboratory, California Institute of Technology, El Niño: 1997-1998 vs. 2015-2016, updated through February 22, 2016.
[2] El Niño 2016, la recherche plonge au cœur du phénomène, Mission pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France aux États-Unis, vendredi 19 février 2016.
[3] Une proposition en vue de remettre la planète en état, par Philippe Soubeyrand.
[4] URGENT : Lettre ouverte à l’attention de Nicolas Hulot, par Philippe Soubeyrand.
[5] STOP : pour en finir avec les prédicats faux des climato-sceptiques, par Philippe Soubeyrand.
[6] 3 – BILAN CLIMATIQUE : température, cryosphère, Gulf Stream, El Niño et malgré cela, nous ne sommes toujours pas prêts !, par Philippe Soubeyrand.
[7] ÉTAT D’URGENCE : crise systémique globale, emballement climatique, Atlantique Nord vs El Niño, COP21 et/ou Loi de Puisseguin… Regardons ce « soliton » en face !, par Philippe Soubeyrand.
[8] 2 – BILAN BIOLOGIQUE : l’Humanité orgueilleuse ignore tout de la biosphère terrestre !, par Philippe Soubeyrand.
[9] Passer de la monnaie spéculative virtuelle à la monnaie réelle de démocratie, par Pierre Sarton du Jonchay.
[10] « Si j’étais élue présidente de la république en 2017 ! », par Marie-Paule Nougaret.
[11] Que faire ? (VII) : Pour conclure, par Michel Leis.
[12] Denis McClean, The human cost of the hottest year on record – Climate change and El Niño drove disasters worldwide in 2015, UNISDR, February 11, 2016-UNISDR 2016/05.
[13] Arctic Sea Ice News & Analysis, NSIDC.
[14] 1 – BILAN CHIMIQUE : des centaines de millions de tonnes de produits toxiques pour quelques pépites !, par Philippe Soubeyrand.
[15] PIOMAS Arctic Sea Ice Volume Reanalysis, PSC.
[16] Real-time 1/12° Arctic Cap HYCOM/CICE/NCODA Nowcast/Forecast System (ACNFS) with NAVGEM (1.2) atmospheric forcing, US Naval Research Laboratory.
[17] AR2473 : lorsque le « Roi Soleil » apporte son petit coup de pouce à « L’enfant Jésus » !, par Philippe Soubeyrand.
[18] Arctic Ozone Watch, NASA/GSFC.
[19] NOAA Space Weather Prediction Center, Planetary K-index, Begin 2016 Mar 06 0000 UTC, published online March 2016, retrieved on March 08, 2016.
[20] Premières prévisions de la météo du noyau terrestre, CNRS, mercredi 27 janvier 2016.
C. Finlay, J. Aubert, N. Gillet: Gyre-driven decay of the geomagnetic dipole, Nature
Communications 7:10422, 27 janvier 2016, doi: 10.1038/ncomms10422
J. Aubert: Geomagnetic forecasts driven by thermal wind dynamics in the Earth’s
core, Geophysical Journal International 203, 1738-1751, 2015.
[21] Great Arctic Cyclone of 2012, Wikipédia, L’encyclopédie libre, 01/08/2015.
[22] Climate Reanalyzer, Climate Change Institut, University of Maine, USA.
[23] IASI Sounding Products, NOAA/OSPO.
[24] Ed Dlugokencky, Trends in Atmospheric Methane, NOAA/ESRL, Last updated: March 7, 2016.
[25] COP21 : un petit coup de marteau pour l’homme, un grand coup de masse sur l’Humanité… des lobbies en liesse… la grande parade des ONG est terminée !, par Philippe Soubeyrand.
[26] Chris Mooney, Scientists are floored by what’s happening in the Arctic right now, The Washington Post, February 18, 2016.
[27] Maps and Graphics, GTN-P.
PSI, chap. X.2 « Petit à petit, le « germe » s’enrobe à la suite des connexions qui s’établissent entre les…