Billet invité.
Les mêmes hauts fonctionnaires de la Troïka qui désormais constituent le « groupe des experts de Bruxelles » s’érigent en censeurs pointilleux des propositions de réforme du gouvernement grec. Celles-ci ne seraient pas assez détaillées et crédibles prétendent-ils, ayant poursuivi durant tout le week-end une séance marathon de négociation en annonçant par avance qu’elle n’allait pas aboutir.
Ils ont la mémoire sélective, ayant oublié la fantaisie de leurs propres prévisions, notamment en termes de recettes des privatisations ou d’excédent budgétaire primaire. Mais le prétexte est tout trouvé pour continuer à mettre les dirigeants grecs à court d’expédients financiers sur des charbons ardents et pour les faire davantage reculer. Des informations contradictoires circulent à propos de l’état des négociations en cours, qu’il faut prendre avec des pincettes. On croit savoir que les négociateurs grecs ont reculé sur le chapitre des privatisations et de la taxe d’habitation, qu’ils voulaient supprimer et qu’ils maintiendraient. Mais qu’ils restent ferme à propos des modifications de la loi du travail, des coupes dans les salaires et les pensions, de l’âge du départ à la retraite et de la réforme de la sécurité sociale.
Pour justifier leur demande sur ces différents chapitres, les hauts fonctionnaires en question feraient valoir que les recettes attendues de la lutte contre l’évasion fiscale ou des rentrées des impôts et des cotisations sociales en retard sont difficilement chiffrables, et en tout état de cause vont demander du temps pour se concrétiser, alors que les coupes qu’ils réclament seront à effet immédiat. Sans plus se soucier de l’accentuation du désastre dont ils sont déjà l’origine et qui en sortira accentué.
Une éventuelle décision de déblocage partiel de fonds par l’Eurogroupe est d’ores et déjà repoussée aux lendemains du week-end de Pâques, la semaine même où tombe une grosse échéance du FMI que le gouvernement grec n’aura plus les moyens d’honorer, une fois payés les salaires des fonctionnaires et les pensions. Ce n’est pas prendre un grand risque que de pronostiquer que les « experts de Bruxelles » garderont la main jusqu’au dernier moment pour parvenir à leurs fins : la mission qui leur a été confiée doit être accomplie, le gouvernement Syria doit revenir sur ses promesses électorales afin que soit matée toute résistance populaire et que cela fasse école.
Tous ceux qui sont aux commandes et participent à cette ignominie n’ont pas le nez propre.
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