Billet invité.
Alors que l’émotion provoquée par l’attaque sanglante de la Rédaction de Charlie Hebdo est à son apogée, la Nation française, touchée dans ses valeurs, son identité et son unité doit faire face à plusieurs risques à court et long terme.
A court terme, les trois risques majeurs sont :
- Le risque « réactionnel » : il semble avoir déjà commencé à se réaliser avec les attaques contre 3 mosquées ou lieux proches identifiés comme « musulmans » (explosion contre un kébab près d’une mosquée à Villefranche sur Saône, grenades à plâtre d’entraînement contre une mosquée au Mans et coups de feu contre une salle de prières à Port la nouvelle), ainsi qu’une agression contre le véhicule d’une famille musulmane (heureusement sans victimes) à Caromb dans le Vaucluse.
- Le risque de « résonance » : la commission de nouvelles attaques pour venger ou rendre hommage aux Djihadistes impliqués dans l’attaque d’hier. Il est trop tôt pour dire si la fusillade de ce matin à Montrouge est un « écho » des actes d’hier (ou le fait d’un troisième homme qui se serait séparé du duo actuellement pourchassé sur les routes de France).
- Le risque classique d’une « récidive » si le commando parvient à s’échapper : il tentera alors de nouvelles attaques, encore plus fortes et plus horribles (école, lieux de culte ou hôpitaux seront alors des cibles potentielles), comme l’avait fait Merah et d’autres.
Face au risque de « réaction » des extrémistes identitaires, qui est peu sérieux à court terme il sera d’autant plus réduit que les réactions citoyennes et républicaines seront fortes et unies. Les manifestations importantes spontanées sont rassurantes de ce point de vue et la grande marche républicaine de dimanche sera un test important.
La meilleure arme contre l’amalgame et la division est de rappeler que c’est exactement ce que recherchent les auteurs, ainsi que tous ceux qui attisent les haines et les peurs, notamment en exagérant la situation (les auteurs de l’attaque d’hier ne sont pas des professionnels mais des amateurs, ils n’ont pas préparé leur action, ils sont isolés et maladroits, etc.)
Les deux autres risques peuvent quant à eux être limités bien sûr par une arrestation rapide des coupables, mais surtout par leur interpellation « vivants ».
Rien ne serait plus terrible pour l’avenir qu’une chasse à l’homme qui se terminerait par la mort des pourchassés, qui passeraient de criminels à martyrs.
Ce passage en martyr qui sera recherché évidemment par les auteurs des actes inqualifiables d’hier, arrangerait tous ceux qui voudront que ces évènements ne soient pas les derniers, qu’ils soient le début d’une escalade alimentée par l’horreur, la peur et la haine.
En les appréhendant vivants, outre le respect de nos valeurs et principes fondamentaux (comme le refus de la peine de mort), serait surtout la réduction des auteurs de ces attaques à ce qu’ils sont : des criminels méritant jugements et condamnations selon nos règles (et croyez-moi quelques décennies de prison ont raison des fanatismes les plus solides).
Or, à l’exception remarquable de Robert Badinter, aucune personnalité publique ne rappelle cette exigence : les appréhender vite mais vivants.
Les déclarations martiales et viriles se multiplient, certaines comme la sortie de Marine Le Pen sur le référendum de la peine de mort (opportunément déterré ce matin, comme un blanc-seing lancé aux forces de l’ordre pour ne surtout pas chercher à les arrêter) dévoilent même une capacité de manipulation qui devrait refroidir tous ceux prêts à lui accorder leur confiance dans sa soudaine reconversion dans la défense des vertus républicaines et laïques si opposées aux idées de l’extrême-droite.
J’aurais aimé une déclaration solennelle de notre Ministre de l’intérieur ou de notre Premier ministre, envoyant un signal fort vers nos forces de l’ordre, lourdement sollicitées par l’émotion et la tension nés de ces drames et de la poursuite qui se déroule en ce moment même.
Il faut qu’ils viennent devant leurs juges, qu’ils assument leurs actes et qu’ils en subissent les conséquences. Les tuer serait leur donner raison, les rendre bien plus dangereux pour l’avenir.
Les arrêter vivants donc.
Pour les besoins de l’enquête, pour ceux du jugement, nécessaire aussi bien aux familles des victimes qu’à l’émotion publique actuelle, pour le respect de nos valeurs et de nos idéaux auxquels nous ne renoncerons pas, pour leur infliger la pire des peines possibles pour leurs esprits tourmentés, celui de se rendre compte au bout de 25 ans de vie passée derrière des barreaux, qu’ils ont eu tort.
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