Billet invité.
On ne connaitra sans doute jamais la proportion exacte des facteurs dans la chute des prix du pétrole. Une demande en berne qui crée un rapport de force favorable aux acheteurs et entraîne une baisse des prix. Des pays de l’OPEP qui espèrent affaiblir, sinon tuer, un certain nombre de concurrents gênants, que ce soient les producteurs de pétrole de schiste ou les pays qui ont fait leur grand retour sur le marché il y a une trentaine d’année, en premier lieu desquels se trouvent la Russie. Les États-Unis qui voient dans cette combinaison une opportunité unique d’affaiblir leur ennemi de toujours et qui ne doivent pas se priver d’attiser le feu. D’un certain point de vue, le résultat est au-delà de toute espérance. La conjonction de la baisse des revenus du pétrole et des sanctions économiques occidentales est en train de créer un chaos économique de grande ampleur en Russie.
Cet ingrédient vient se rajouter à une longue liste, et la recette qui est en train de prendre forme sous nos yeux n’est pas sans en rappeler une autre de sinistre mémoire.
Un pays en train d’être traumatisé par une crise « venue de l’extérieur ». Une inflation galopante aux conséquences importantes dans un pays qui importe une grande partie de ses biens de consommation. Une crise qui va se traduire par un chômage massif, l’industrie de l’énergie étant le premier employeur du pays. Un pays gouverné par un parti ultra nationaliste qui n’a de cesse d’affirmer la grandeur de la nation, en d’autres lieux, on appelle cela un gouvernement d’extrême droite. Un peuple qui a cédé souvent aux tentations nationalistes et xénophobes (le mot pogrom n’est-t-il pas d’origine russe ?). Un pays qui pourchasse ses opposants et contrôle les médias. Un pays qui organise des grands évènements pour la plus grande gloire du pouvoir et l’édification des masses. Un pouvoir politique qui n’hésite pas à désigner des boucs émissaires et autres ennemis extérieurs. Un pays à l’armée puissante et qui se militarise à outrance (budget militaire en hausse de près de 15 % par an). Un pays qui n’hésite pas à en envahir d’autres au nom de la défense de minorités nationales installées dans d’autres territoires. Ça tombe bien (ou mal, c’est selon), il y a de nombreuses minorités nationales implantées un peu partout dans l’est de l’Europe et en Asie centrale. Un monde où les foyers de tension peuvent fournir des prétextes à une conflagration à tout moment.
On dit que l’histoire ne repasse jamais les mêmes plats. Certes, la séquence d’évènements n’est pas la même, l’inflation galopante n’est pas l’hyper inflation, l’opposition n’est pas encore totalement muselée, Poutine n’est pas Hitler… Il n’empêche, sous la pression des évènements, comment les choses peuvent-elles tourner ? L’accumulation des similitudes fait froid dans le dos.
Dans un pays où chacun sait que les lignes téléphoniques sont largement écoutées par le pouvoir, c’est un beau résultat…