Billet invité.
À la rédaction de Science et vie
Aux sieurs Vincent Nouyrigat et Frédéric Pajak
Messieurs,
C’est avec un dégoût mêlé de pitié que j’ai aperçu la une de votre magazine (Accident nucléaire. Comment la France s’y prépare). Afin de connaître plus en détail l’étendue de ce désastre culturel et politique – en attendant la catastrophe radiologique annoncée – je me suis forcé à lire cette chose.
Je sais depuis longtemps que le monde radioactif dans lequel les experts de la question entendent nous faire vivre se déploie inlassablement depuis Los Alamos, en dépit de tout. Je sais aussi que l’État, en France, est actionnaire majoritaire de l’industrie nucléaire, y compris et surtout de l’armement, dont les réacteurs fabriquent, entre autres, le plutonium et autres saletés qui lui sont nécessaires. Je sais aussi que les Français, en dépit de la terreur qu’une industrie de la radioactivité suscite chez tout humain un peu conscient de la vie et des enjeux, sont fiers comme des coqs de leur « savoir-faire » nucléaire et de leur armement. Ils pourront toujours venir pleurnicher, le moment venu, sur leurs cancers et leurs beaux terroirs détruits avec le même savoir-faire.
Quelques mois avant Fukushima, Science et vie (juillet 2010) nous expliquait que « la vie reprend le dessus » à Tchernobyl. On y causait biodiversité et génomique de bazar, on traitait sur le même plan incendies de forêts et irradiation des territoires, la vie humaine et sociale était à peu près absente des doctes réflexions des pacificateurs mis à contribution. Aujourd’hui dans un prétendu « après-Fukushima » – comme si l’affaire était réglée –, les industriels de la radioactivité ont décidé de changer leur missile d’épaule. Depuis le temps que les Verts et autres citoyens avides de transparence et de consommation dans le confort hurlent à la désinformation, à l’omertà, les radieux experts font amende honorable : la catastrophe est non seulement fort probable, imminente mais, surtout, elle est dans l’ordre des choses. Ils ont fini par admettre qu’on ne pouvait plus le cacher. Et, bien sûr, les « acteurs » du nucléaire et la protection dite civile nous garantissent qu’ils sont prêts à gérer au mieux un Fukushima français.
Autre nouveauté, non des moindres, les grands manitous de l’atome ne garantissent plus rien du tout, simplement qu’ils feront, au fond, ce qu’ils pourront. C’est-à-dire pas grand chose sinon nous confiner et organiser notre consentement à la vie en milieu irradié. Ce que tout observateur, même négligent, sait de longue date. Mais cet aveu seul suffirait à l’enterrement du nucléaire.
Ce changement d’attitude dont vous faites état dans votre dossier marque un achèvement dans l’habituation à l’horreur. Plutôt sexy pour une époque placée, paraît-il, sous le signe de la rationalité et de la « science » : vie assistée par ordinateur, OGM, surveillance tous azimuts, guerre spatiale, climatique, pillages hystériques des ressources, etc. Après tout il est logique d’accepter enfin officiellement que l’industrie atomique est contre la vie puisque la majorité semble impuissante face aux armes à déchets « appauvris », au calvaire des mineurs d’uranium au Niger et ailleurs ou au spectacle d’enfants-balises japonais élevés avec des dosimètres.
Vous me rétorquerez que vous ne faites là que votre travail de journalistes et, assurément, votre dossier est exhaustif. Vous jouez même avec quelques petites transgressions nécessaires, comme cette remise en question du modèle prédictif probabiliste officiel qui voulait nous faire croire, à l’aide d’une équation à deux sous, que l’éventualité d’une catastrophe était presque nulle ; ou les questions sinistres et évidemment sans réponse que vous posez ici et là, afin de montrer qu’on ne vous la fait pas. Vous donnez la parole à une horde d’experts et contre-experts, illustres ou non ; personne ne pourra vous accuser de ne pas être objectifs. Vous roulez même un peu les mécaniques en évoquant des « questions que jusqu’ici personne n’avait osé poser ». Comme si avant vous personne ne s’était jamais inquiété de rien, mais la mémoire historique n’est pas ce qui vous étouffe. Des décennies de mouvements antiguerre, antibombe, antinucléaire, une longue série de désastres civils avec leur cortège de médecins et de chercheurs, sans parler de la Guerre froide et de ses centaines de tirs nucléaires qu’il était convenu d’appeler « essais », tout cela n’est rien en regard de votre sotte prétention journalistique à révéler… ce que vos donneurs d’ordre consentent à révéler. Ce qui, au passage, rejette dans les ténèbres toute révélation antérieure, éclipsée par votre génie d’enquêteurs.
Mais la réalité est bien plus sordide : vous êtes salariés, aux ordres, vous n’avez de liberté de parole que celle consentie par vos donneurs d’ordre via votre rédaction. N’ayant pas cette limitation, j’ai ici le mauvais goût de ne parler qu’en mon propre nom et celui de tout humain qui n’en peut plus de ce monde où seule la marchandise conditionne la vie et la mort, où la soumission à tous les diktats morbides de l’économie, aux impératifs de la guerre pour l’énergie, l’organisation de la peur et de la haine sont de règle.
Votre dossier est donc destiné à nous faire accepter l’inacceptable puisque Jacques Repussard de l’IRSN l’a dit : « il faut imaginer l’inimaginable ». Ceux qui posaient encore récemment aux maîtres de l’atome ont enfin compris qu’il leur fallait avouer une bonne fois pour toutes : qu’ils nous tiennent tous en otages, pro comme anti, au nom du « progrès » technique dont on nous rebat les oreilles et qui est désormais le seul horizon qui fasse sens pour une société qui n’en a plus ; que nous avons intérêt à filer doux et à accepter avec reconnaissance notre rôle de victimes consentantes, puisque la majorité a déjà tout accepté au nom de la mythique indépendance énergétique.
Je vous souhaite à tous de beaux cancers.
Un irradié non consentant.
Saclay, le 14 septembre 2014
30 réponses à “À la rédaction de Science et vie, à propos de « Accident nucléaire. Comment la France s’y prépare », par Un irradié non consentant”
Cher « Irradié non consentant »,
C’est très volontiers que j’ai publié votre lettre car si vous n’écriviez pas ce que vous écrivez et si je n’y faisais pas écho ici sur mon blog, qui le ferait ?
Seules deux formules me gênent dans votre lettre : la « sotte prétention journalistique » et les « employés, aux ordres ».
La « sotte prétention » existe dans toutes les professions et ne touche en général en son sein qu’une minorité : c’est, selon moi, vrai en particulier des journalistes. Quant à la qualification d’« employés, aux ordres », je l’aurais évitée : chacun sait en son for intérieur s’il est un « employé aux ordres » mais il s’agit d’une question qu’il convient, me semble-t-il, de laisser chacun résoudre dans un dialogue avec sa propre conscience.
Bonjour M. JORION
Je suis un lecteur régulier de votre blog et, bien sûr, je l’apprécie. Une fois de plus je vous rejoins… Concernant le nucléaire, je me pose depuis longtemps la question : » pourquoi cette peur, cette aversion, ce rejet très fondamental que nous (je veux dire un très grand nombre de personnes) en avons. Quel est son origine? Pourquoi est-il si viscéral? »
En tant qu’anthropologue vous apporterez peut-être quelques éléments de réponse; en effet d’un point de vue « rationnel » le nucléaire a tué sans commune mesure avec l’automobile par exemple… Combien de morts directement causés par l’accident nucléaire de Fukushima? Aucun je crois ! Alors??? !! Dans le même temps pour l’automobile c’est quelques 4000 morts par an en France (et ce jusqu’à 13 000 morts/an dans un passé encore récent…). On peut évoquer les nuisances futures de long terme certes. Elles sont fortes et sur des durées vertigineuses, mais les pollutions actuelles de tous ordres le sont aussi pour de longues durées, très supérieures à celle d’une vie humaine… Donc qu’est-ce qui est touché ou concerné en nous pour que nous ayons ces réactions? Ca mérite un peu d’attention n’est-ce pas? Pour ma part je n’ai pas trouvé de motif qui me convainque définitivement… Je suis donc vivement intéressé par votre éclairage sur ce point.
Bien cordialement
Bruno HAMERY
La réponse à votre question est en réalité extrêmement simple et j’ai le sentiment que vous la connaissez déjà : à moins de réussite spectaculaire dans le domaine du transhumanisme, dans 150 ans, tous les lecteurs du blog seront morts. Qu’importe alors qu’ils soient morts dans leur lit à 100 ans, dans un accident d’automobile, dans une catastrophe nucléaire, militaire ou civile ! Qu’importe qu’ils vivent dans la liberté ou sous la tyrannie ! Qu’importe que la température grimpe de 4° avant la fin du siècle ou de 40° ! Qu’importe que l’espèce survive ou disparaisse !
En fait, votre question nous ouvre la voie à une authentique simplification des questions que nous nous posons ici sur le blog et je suis certain de ne pas être le seul à vous en être extrêmement reconnaissant !
La réponse à vos questions se trouve dans le récit de Michael Ferrier, Fukushima, récit d’un désastre.
L’auteur vit au Japon et rend compte de ce qu’il vit depuis la catastrophe : la généralisation de l’état d’exception propre aux situations de guerre (gestion de l’espace et des populations dans les différents périmètres, organisation du mensonge, emprise bureaucratique, climat diffus d’incertitude et de peur…) Le nucléaire c’est de fait quelque chose avec quoi on ne négocie pas, qui, en cas d’accident, est sans retour en arrière.
C’est curieux cette manière de réduire un problème à un nombre (de morts en l’occurrence). Seriez vous économiste?
Sinon, un accident nucléaire ne fait pas que des morts. Il rend la vie impossible et transforme le vivant, qui est, aux yeux de certains, quelque chose de sacré donc (avez vous réussi à chiffrer ça?). Et c’est peut être pire encore.
@Dominique Gagnot et Jice
Je n’aurais pas pu mieux dire… C’est exactement ça. Comptabiliser en nombre de morts quand une région entière devient no man’s land en quelques heures… que la nature, si généreuse normalement, ne donnera plus avant quelques siècles quelque chose de comestible… que les gens sont parqués dans du « provisoire » dont ils ne sortiront jamais… que des enfants voient la « zone interdite » de la fenêtre de leur école… et se balladent en permanence avec un dosimètre… dont seules les « Autorités » leur fourniront le résultat… que les gens, sous pression, divorcent… etc, etc. La liste est infinie, de toutes les humiliations que ces gens subissent en silence.
Oui Bruno, il y a peut-être peu de morts, mais il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne vivent plus.
J’ai un argument qui reste un peu plus du côté de la technique :
Pas de vrai retour d’expérience pour s’accoutumer à un accident nucléaire, dont on voit bien que la « taille » réelle est imprévisible (comme le déroulement).
C’est le contraire de l’aéronautique, par exemple qui est plutôt plébiscitée avec leur pieds par les gens qui voyagent, et où les accidents sont pourtant des catastrophes qui frappent par 100, 200 ou 300, donc sans mesure avec la plupart des accidents routiers (rares par plus de 20). Mais on a une certitude raisonnable que les mesures de sécurité sont à la hauteur grâce au retour d’expérience.
Dans le cas du nucléaire, aucun retour n’a pu être fait quand on est passé des derniers crash de réacteurs plus ou moins volontaires sur des modèles à 30 ou 70 MW, aux modèles utiles dans les centrales, de 900 à 1300 MW.
Les responsables de ce désastre à venir seront les premiers à se planquer lorsqu’il arrivera. J’espère que leurs victimes qui n’auront plus grand chose à perdre iront les traquer, eux ou leurs familles.
Merci de faire suivre votre billet au plus grand nombre.
Un résumé de 4 lignes suffira pour les politiciens qui ne pourront lire davantage.
Allez, je me lance :
Mesdames, Messieurs les élus,
Vous qui réclamez à cor et à cris une croissance digne de ce nom à laquelle vous n’osez même plus croire en rêve,
Voici enfin que l’occasion vous est donnée de mettre en cohérence vos engagements politiques, vos souhaits d’action et vos décisions législatives.
Proposition de loi :
– la fin de toute activité nucléaire, civil ou militaire, sur le territoire français est programmée pour 2024
(10 ans, c’est déjà pas mal)
– toute activité visant à développer le nucléaire est désormais interdite
– tous les investissements visant à accélérer ce délai de 10 ans sont totalement défiscalisés
– toutes les activités visant à tenir ou accélérer ce délai de 10 ans sont encouragées socialement, subventionnées et bénéficient d’avantages fiscaux attractifs : recherche, dépollution, réhabilitation, transition énergétique, énergie de substitution non carbonée, etc.
– la réhabilitation des sites nucléaires devient priorité nationale avec les mesures suivantes…
Bonjour,
» employés, aux ordres « . Effectivement, il existe un lien de subordination des salariés vis-à-vis de leur employeur. C’est écrit dans le code du travail français. A chacun de veiller à ne pas être « plus royaliste que le roi ». Certains n’ont pas le choix s’ils veulent travailler et donc avoir un revenu qui finance leur vie et accessoirement celle de leurs proches. D’autres sont d’accord avec leur employeur (c’est plus grave) par idéologie, par ignorance ou par bêtise.
Science & Vie est un titre du groupe Mandadori. Tout le monde connaît la crise que traverse la presse et les perpectives d’emploi et de revenu qu’elle offre. C’est un titre qui a toujours été complaisant avec le complexe militaro-industriel (cf. ses n° hors série sur les avions de guerre qui paraissent régulièrement). Il a aussi bercé une partie de ma jeunesse et a conformté mon goût des sciences et plus largement de la connaissance même si je n’en ai pas fait un métier.
Quant aux journalistes, je partage l’avis de Paul Jorion. Il ne faut pas généraliser.
J’ai écrit ce billet sur le site de Mediapart: intitulé « Remplacer la filière nucléaire »
http://blogs.mediapart.fr/blog/atanguy/220914/remplacer-la-filiere-nucleaire
Peut etre certains ici voudront bien le commenter?
En tant que scientifique, la fusion froide me semble être du même tonneau que la mémoire de l’eau et autres avions renifleurs. Certains scientifiques sont prêts à tout pour obtenir des subventions
En revanche, il me semble que la photosynthèse et la conversion de l’énergie solaire en électricité n’a pas dit son dernier mot. Je rappelle que les rendements actuels des panneaux solaires sont de 6 à 24%.
Le rendement quantique de la lumière à 700 nm qui atteint l’antenne collectrice du chloroplaste est proche de l’unité.
Il faudrait vraiment mettre le paquet sur ces recherches
(La surface de la Terre reçoit une quantité d’énergie solaire équivalente à environ 10 000 fois la demande humaine mondiale)
@Merlinll
En tant que scientifique moi même, j’ai eu mes doutes également sur la fusion froide. Ce qui m’a définitivement fait changer d’avis c’est le rapport des scientifiques Suédois et Italien sur le E-Cat d’Andrea Rossi que vous pouvez consulter ici en anglais:
http://www.e-catworld.com/may-2013-3rd-party-test/
Je suis sur que vous partagez mon avis si je dis qu’il y a beaucoup de choses à découvrir notamment dans le domaine de l’énergie qui ne concerne ni le solaire ni la fusion froide ou chaude. Il est donc nécessaire d’avoir l’esprit ouvert a des choses ou mieux des expériences qui semblent contredire ce que nous avons appris
Après avoir passé trois ans aux US;je regarde depuis quelques jours les actualités à la television.française.
Je dois dire que je suis éffaré par le niveau des journalistes et chroniqueurs. Tout semble etre tourné en dérision. C’est du « Charlie Hebdo »
Un cancer peut il être beau? J’aime bien, mais le cynisme a ses limites non?
Cependant, merci pour cette lettre.
@ Lucas
Oui, le cynisme à des limites !
Mais pourquoi le dites-vous du « cynisme de style » qu’affiche l’auteur de la lettre que nous sommes en train de commenter ? Un cynisme de style, salvateur, qui appelle à la prise de conscience.
Ne pensez-vous pas qu’il faudrait plutôt souligner que le cynisme de nos dirigeants, de nos élus, de nos banquiers, des pdg de nos multinationales de l’atome et de l’énergie en général, a dépassé toutes les limites imaginables ?
Ne trouvez-vous pas que leur cynisme à eux est sans borne, à hautes doses, et qu’il faut le condamner ? Et, j’ose le dire, le sanctionner comme un crime contre l’Humanité, imprescriptible ?
@ écodouble
Si s’enrichir à outrance ( = encourager, permettre cet enrichissement) quand 2 milliards d’êtres humains ‘n’ont même plus de quoi s’appauvrir’ ou, mettre les populations en grand danger est du cynisme, alors condamnons-le, mais je ne crois pas. C’est cynique mais surtout injuste et ces actions se suffisent à elles mêmes pour être condamnables.
En revanche, même si je comprends l’aigreur de l’ « Irradié non consentant », souhaitez à quelqu’un (qui que ce soit) « de beaux cancers », n’augure rien de bon. Salvateur dîtes-vous?
« En vous souhaitant des cancers pas trop douloureux » m’aurait plus touché. 🙂
Mais vous avez raison.. c’est un style !
Il faut que des lettres comme cela se multiplient oui, aux stylos, aux mails, et advienne que pourra. Si rien, la rue ou les catastrophes parlerons.
Waw! C’est écrit comme du rap.
Quant au fond… Il y a de quoi être en colère en effet, parce que pour commencer, symboliquement, en tant que père, il m’est demandé de protéger mes enfants. Mais le jour où un « accident » survient, ce ne me sera plus possible. Je serai – comme tous mes contemporains à 100 kms à la ronde, au moins – pris dans une double contrainte : être dans l’obligation de protéger mes enfants et être en même temps dans l’impossibilité de le faire. Déjà rien que ça devrait faire comprendre n’importe quel être humain normalement constitué que le nucléaire, c’est INTERDIT par une loi non-écrite.
Mais il y a plus. Comme je l’ai, je pense, démontré dans un précédent billet, un « accident » nucléaire, en France, en Belgique (qui parle de prolonger ses deux plus vieux réacteurs de 10 ans encore, jusqu’en 2025, alors qu’ils devaient fermer l’année prochaine), c’est beaucoup plus probable qu’on le dit. A cause de la rentabilité. Parce que c’est juteux !
Et enfin, pour avoir lu dans son entièreté le dossier dont il est question, une évidence en ressort, quelles que soient les critiques fondées ou non que vous pouvez adresser à leurs rédacteurs. Cette évidence, c’est la réponse à la question. « Accident nucléaire. Comment la France s’y prépare ? » La réponse est : la France ne s’y prépare pas. Elle fait juste semblant. Comme, je suppose, tous les autres pays nucléarisés. Préparez-vous les gars ! Se préparer à quoi ? Ça va juste être le boxon, exodes massifs dans tous les sens, la peur, les familles explosées, le déni de l’évidence par les autorités. Des « responsables » derrière lesquels les gens courent (physiquement !) avec des échantillons d’urines de leurs enfants, en leur demandant, « pourquoi vous ne voulez pas le faire analyser ? » Comme au Japon, quoi.
Un accident nucléaire, ça ne se gère pas, ça ne se prépare pas, ça se subit. Ça se subit dans la douleur. Il n’y a qu’à voir ce qu’ils inventent au Japon au jour le jour, comme François Leclerc nous l’a encore rappelé récemment. Ou bien, dans le reportage « Fukushima, une population sacrifiée », dans lequel il est par exemple précisé (47ème minute) : « les enfants eux-mêmes portent chaque jour un dosimètre qui enregistre l’accumulation des radiations, un appareil qui leur rappelle sans cesse qu’ils mènent une vie anormale ». Ou encore la petite fille (9 ans) qui demande aux « responsables » politiques : « Si j’ai un enfant, est-ce qu’il sera normal ? »
Le dossier de Science et Vie a fait l’objet d’un article dans l’hebdomadaire le Canard Enchaîné début septembre. Le Canard denoncait le flou, la langue de bois, et l’absence de réponses précises sur des points particuliers (périmètre de protection, evacuation et protection des populations, protocole de distribution d’iode etc ) des réponses des autorités dans le dossier. Des extraits y etaient cités ne faisaint pas de doute sur le manque de préparation des autorités et l’incapacité à faire face à un « Fukushima français ».
Je n’ai pas lu l’article de Science et vie, mais il me semble possible qu’ »un irradié non consentant » ne se rende pas compte que Science et Vie dévoile les trous béants des réponses face à un tel enjeu, et donc en creux le risque sociétal de la technologie. L’agressivité n’est peut être pas le seul outil à utiliser si on veut remettre en cause le nucléaire ou montrer que le roi est nu.
Question à 540 milliards d’euros: les 540 MD€ correspondant que chiffrage par l’ASN du coût d’un accident nucléaire majeur sont ils dejà provisionnés par l’industrie et ou l’état? Question n2: a t’on provisionné le coût des energies carbonnées? question n3: à quoi sert il de provisionner puisque la terre ne sera plus habitable pour la majorité des 11 milliards d’humain que les modèles prévoient? quelqu’un a t’il une autre question?
Je suis assez d’accord avec l’article du Canard Enchaîné (que je n’ai pas lu mais je vous fais confiance ! 😉 ). Beaucoup de bonnes questions dans ce dossier mais peu de bonnes réponses. Ou plutôt, pour qui sait lire, les réponses n’existent pour ainsi dire pas, et si tentative il y a, c’est à travers la technologie, encore et toujours… (Exemple : des plantes OGM « décontaminatrices »).
Quant à savoir si les 540 MD€ sont provisionnés…
Je n’ai rien à ajouter… si ce n’est que je suis moins sévère qu’ « un irradié non consentant » sur le travail effectué…
Pour la route un aperçu de la brochure publicitaire du même magazine à destination des élèves de science cette année (personne ne le distribue, on préfère en rigoler) :
L’UNIVERS A UN JUMEAU VIRTUEL!
UN PILOTE A REUSSI A DIRIGER SON AVION PAR LA PENSEE!
9 MILLIARDS DE PLANETES HABITABLES!
ADN : IL TRANSMET AUSSI NOS SOUVENIRS!
L’année dernière nous avions eu droit (de mémoire) :
L’AU-DELA : ENFIN PROUVE PAR LA SCIENCE!
et :
LA SEMOULE : ON SAIT COMMENT LA PEDALER ! (non ça c’est de moi)
(certes ce sont seulement des titres, mais c’est dur de ramer après ça)
@ un irradié non consentant : je trouve votre initiative excellente (aux réserves mentionnés par PJ près).
Je suis persuadé que, nous tous, ne devons jamais hésiter à dire aux « gardiens » que nous ne sommes plus dupes. Que leurs écrits biaisés ne nous illusionnent plus… que nous avons des sources d’ informations alternatives
Je pense que ce serait démocratique et salutaire de faire des lettres chaque fois que nécessaire, aux journaux, à nos élus et à tout émetteur de dogmes…
Aux plumes, citoyens!
@ Jacques Seignan
Les « puissants » vous ignorent. Ils ne répondent jamais aux lettres qui leur mettent le nez dans leurs KK, croyez-moi.
J’en ai écrites toute une collection, orphelines de réponse, la dernière sous ce lien :
http://ecodouble.farmserv.org/index.php?post/2014/08/22/Lettre-ouverte-%C3%A0-l-Acad%C3%A9mie-fran%C3%A7aise%2C-%C3%A0-la-m%C3%A9moire-des-27000-soldats-de-France-mort-le-22-ao%C3%BBt-1914
Une autre, relayée ici même, sous cet autre lien :
http://www.pauljorion.com/blog/2013/07/31/lettre-ouverte-a-monsieur-hollande-affaire-evo-morales-et-lanceurs-dalerte-par-alain-gely/
Même sans réponse, pour le moment, je continue avec ma plume.
Un jour, peut-être, je changerai d’instrument pour leur faire humer la réalité de leurs KK.
Non, le cynisme n’a pas de limites – c’est une philosophie non violente qu’il convient de réaliser, quitte à coucher dans un tonneau – le « tout nucléaire » est vanté par des mickeys apprentis sorciers infantilisés ici par la médiocratie – ils sont très exactement les métastases de la méconnaissance –
« L’un des pires démons de la civilisation technologique est la soif de croissance. »
René Dubos
« Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé » Albert Einstein
Seulement voilà :
Comment se prémunir de cela ?
Comment faire le tri, entre la bonne complexité, celle qui sauve votre enfant sur une table
d’opération, de la mauvaise, celle qui joue la vie de régions entières à la loterie ?
Bah oui, c’est la règle:
* En économie: il n’y a pas d’autres alternatives
* En écologie: quand le réchauffement climatique n’est pas nié, on nous dit qu’il va bien falloir s’y habituer (un palmier dans votre jardin, ça vous dit ?)
* En politique on aura le choix qu’entre le pire et le très pire (mettez les noms au choix)
* En matière de chômage, on fait le maximum, on a tout essayé, et ça ne marche pas (c’est ballot hien ?)
* En matière de lutte contre les paradis fiscaux – même remarque que ci-dessus, et puis, vous savez pour y arriver il faudrait une gouvernance mondiale (et pourquoi pas offrir une robe de mariée à Lisbeth Salender !)
* L’industrie, la pêche et l’agriculture se désintègrent; quoi ? vous voudriez qu’on vive en autarcie ? Il faut être compétitif..
… etc, etc….
« …qu’ils nous tiennent tous en otages, pro comme anti, au nom du « progrès » technique dont on nous rebat les oreilles et qui est désormais le seul horizon qui fasse sens pour une société qui n’en a plus… »
Au même titre que la ‘spéculation financière’, une prise d’otage bien plus vaste et réelle qu’une grève des transports…!
En plus du risque lors du fonctionnement, on oublie souvent le risque lors du démantèlement…
Ou en est super phénix, par exemple…?
Merci à l’auteur. Mais j’avais surtout perçu que les journalistes de Sciences et Vie mettaient en évidence l’impréparation des gouvernements français, donc leur mauvaise foi et leur collusion avec le lobby militaro-nucléaire.
L’Autriche a renoncé au nucléaire. La Suisse a renoncé. L’Allemagne se désengage du nucléaire. On y voit partout des éoliennes, à coté de prairies photovoltaïques (exemple : la région de Leipzig, les abords de la Mer du Nord). Et que voit-on en France ? Des égologistes (oui : égo, on comprend l’allusion) qui s’appuient sur « la pollution visuelle » qu’apporteraient les éoliennes à notre « belle ligne bleue des Vosges ». Depuis plus de dix ans, des groupuscules dans de petits villages, à la limite des départements des Vosges, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin parviennent à bloquer la construction de l’alternative éolienne au nucléaire. Fessenheim n’est pas loin : ils se croient à l’abri d’une pollution nucléaire ?
Ce ne sont pas quelques éoliennes qui dissuaderont les touristes de venir dans la région. Mais en cas d’accident, combien de touristes vosgiens restera-t-il ?
Parfois je crois que certains activistes ne sont pas étrangers au lobby nucléaire. Mais c’est une pure supposition, avec pour seul fondement l’opposition aux énergies alternatives.
Nous n’avons pas eu le choix du nucléaire : pourquoi pas une loi, en France, pour imposer des quotas d’énergies alternatives dans chaque commune ? Il y a des communes d’Alsace qui financent des projets photovoltaïques dans le sud du pays, par conviction écologique. Les communes de montagne pourraient faire un effort …
Bonsoir à tous radieux irradiés.
Au début il y a un groupe d’ingénieurs des grands corps de l’état dont la mission unique est d’assurer l’indépendance énergétique de la france. Viennent se greffer les intérêts du complexe militaire puis interviennent les comptables enfin la privatisation partielle apporte la question des dividendes au pied du berceau de notre Blanche Centrale qui nous tiendra chaud pour pas cher quand nous serons vieux…..
Au final, je vous conseille de vous repasser la fin de Dr. Folamour de S. Kubrick: en france, tout se termine en chansons!
En fait la question du confinement dans vos containers individualisés, avec eau , électricité et console de jeu dans un coin, alimentés par l’allocation universelle de solidarité peut nourrir des paris susceptibles de rapporter du pognon: est ce que nous y serons fourrés d’abord à cause du terrorisme, et donc des mesures sécuritaires implémentées dans le cadre du plan de sauvetage des libertés individuelles et du respect d ela vie privée, ou bien de la pollution de l’air, ou des UV cancérigènes ou du nucléaire?
Les mise pourraient être investies dans un hedge fund destiné à alimenter ce blog!
Comme l’affirme si bien ce vieux dicton tourangeau que je transcris un peu phonétiquement:
» Poul sûl, nous f’rons hamais tant lîle qu’y nous font hchier! »
En français classique bientôt langue morte: Pour sur , ils ne nous feront jamais tant rire qu’ils nous font chier.
Cordialement.
Steve
Hélas, on fait en Belgique (qui serait privée encore dans quelques mois de 30 % de sa capacité nucléaire) l’expérience de la couardise de l’homme devant le changement : la perspective d’une « coupure électrique organisée » seulement quelques heures dans seulement quelques zones équitablement choisies, aux jours les plus froids de l’hiver, bref très éventuelle, fait hurler le bon peuple contre la privation de TV. Une panique outrancière. L’opinion rejoint ainsi le lobby et les médias ‘faiseurs d’opinion’ : on se prépare pour ne rien faire de sérieux, et ce sera déjà trop.
Rappelons aussi la catastrophe de Seveso (première émanation de dioxine : en deux heures, tous les animaux de proximité – lapins, poulets – sont morts. Devons-nous avorter ? demandent les femmes (et beaucoup le feront). Les populations sont déplacées, parquées dans des salles publiques, et après bien des jours, regagneront leurs pénates devant le manque de sérieux des autorités pour contrôler la zone et répondre aux questions. Et on les a laissé faire.
Bref, les gens ne sont pas dupes ; et pourquoi seraient-ils plus courageux, plus exigeants que les dirigeants et les journalistes ? Alors, rien que de la TV et des jeux, merci pour eux.