Sur la « création de monnaie ex nihilo », on m’oppose souvent que sa constatation relève du « simple bon sens » et on ajoute parfois que la dématérialisation de la monnaie implique que de la monnaie est nécessairement créée « ex nihilo », je suppose que l’on veut dire par là la constatation que dans les différentes évaluations de la masse monétaire,
M2 > M1 > M0.
Voici où je me situe aujourd’hui – à la lumière de notre débat :
1. Le « simple bon sens » est de peu de secours en finance. Mieux, comme en mécanique quantique, il constitue souvent un obstacle à la compréhension.
2. La dématérialisation de la monnaie n’a aucune implication sur la conservation des quantités ; la dématérialisation porte sur la qualité du support, la conservation des quantités est un principe (comme l’entropie, par exemple).
3. Les apparentes « créations ex nihilo », de même que les « disparitions ex nihilo » sont communes en finance : le calcul de la « valeur actuelle » d’un produit financier (somme des valeurs escomptées de ses flux futurs) semble impliquer une « disparition ex nihilo ». A l’analyse, aucun des processus où ces créations et disparitions apparentes ont lieu n’enfreint la conservation des quantités.
4. La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales. La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central.
5. Le niveau des réserves fractionnaires déterminera une démultiplication comptable des sommes déposées dans les banques ; cette démultiplication n’enfreint pas le principe de conservation des quantités : le montant mobilisable instantanément demeure égal à celui des sommes déposées.
6. La création / destruction de monnaie par des opérations scripturales respecte également la conservation des quantités : les intérêts exigés sont prélevés sur des flux extérieurs au processus en-soi.
Ce que je dis là n’invalide en rien les revendications que je vous vois exprimer en rapport avec la création de monnaie, et auxquelles je souscris en général. Ceci dit, je suis dans l’impossibilité de les fonder comme vous le proposez alors, à savoir à partir d’une critique de l’intermédiation opérée par les banques commerciales : j’inscris mon projet, sous tous ses aspects, à l’intérieur d’un cadre unique que je caractériserais comme « épistémologique » et que j’applique de manière universelle pour donner à l’ensemble la forme d’un « système ».
19 réponses à “La monnaie : le point de notre débat (II)”
[…] Original post by Blog de Paul Jorion […]
La monnaie ne représente pas la richesse à un instant donné mais bien la valorisation de certaines richesses à des échéances différentes et futures. Faire l’addition de cette monnaie à un moment et ce qu’elle représenterait ne correspondra jamais à quelque chose de comptablement correct ! Après on peut toujours spéculer sur la création de monnaie puisqu’il suffit de créer un marché à une échéance qui n’existait pas auparavant et de faire la différence avec une échéance existante pour créer la différence en monnaie.
Bonjour,
mes connaissances limitées me font penser que le point 4 est à la fois incorrect et dangereux. J’avoue que je suis surpris par le fait que malgré les débats sur ce sujet vous persistiez dans cette voie.
1) Les banques commerciales (banques de second rang) créent de la monnaie scripturale ex-nihilo par de simples jeux d’écritures.
2) Déterminer les besoins en monnaie de l’économie est très compliqué comme le montre les débats qui occupent les économistes depuis plusieurs siècles et il est faux de dire que « La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central. » Si cela était le cas, je pense que cela se saurait et de nombreux débats (notamment entre monétaristes et Keynésiens) n’auraient plus lieu d’être.
C’est le point 5 qui retient mon attention :
– En fait, je le trouve intéressant, car il montre en effet qu’on est dans un débat avant tout épistémologique, comme vous le dites fort bien. J’aime assez le terme « démultiplication » (je me souviens avoir utilisé la comparaison ici-même avec Jésus-Christ et les pains). Ceci dit, est-ce que les gens présents avaient mangé du pain ou une démultiplication de pain, je dois avouer ne pas savoir trancher. Manifestement, si l’on en croit les évangiles, ils furent rassasiés ! Cela m’amène à la réflexion suivante : est-il si important de trancher cette question ? Et s’il est possible de mieux se faire comprendre par les économistes, les banquiers centraux et les gouvernements, peut-être qu’il est en effet préférable de parler de démultiplication.
– Maintenant, dans les deux cas, il y a des détenteurs de moyens de paiement, qui sont convaincus d’être bien détenteurs de monnaie et qui ne font pas la différence entre la monnaie centrale et la monnaie scripturale. La question est donc de savoir s’ils en « auront pour leur argent ». En somme, comment leur sera garanti leur pouvoir d’achat. Manifestement, c’est l’économie, la production de biens et de services qui sert en définitive de contrepartie à la création/démultiplication monétaire. De l’attitude des banques centrales, on croit pouvoir déduire qu’elles sont décidées à reconnaître au fur et à mesure la réalité de ces créances « monétaires » et qu’elles vont donc créer la liquidité centrale nécessaire. Nous anticiperions donc sur nos comptes bancaires une monnaie « à venir »… ?
Moi je n’y comprends plus rien à tout ce système monétaire, entre les différentes formes de banques, centrales, commerciales, d’affaire, d’investissement, les ministères des finances. Je ne comprends pas qui fait quoi, qui crée la monnaie, dans quelle condition. C’est tellement obscur, mystérieux. Franchement j’ai moins de peine à comprendre, à trouver du sens dans des textes religieux, philosophiques, voire même spirituels. Mais alors franchement en ce qui concerne la monnaie, c’est le MYSTERE le plus total…. Comme s’il n’y avait rien à comprendre. Parfois je me demande même si les acteurs financiers, monétaires comprennent ce qu’ils font ou ce qui se passe. Un jour on va se rendre compte que toute cette monnaie, cette richesse n’est que virtuelle, la confiance va être perdue et tout ceci va s’évaporer, se dissoudre.
l’aspect psychologique reste très important concernant la valorisation d’un actif. Pour une monnaie, les taux de change et leurs variations sont le reflet des anticipations et de la confiance envers les multiples acteurs, conjonctures et potentiels divers. Les périodes de crise sont le reflet de craintes plus ou moins bien fondées, l’euphorie peut aussi signifier un aveuglement collectif, mais pas forcément… c’est la nature de l’esprit et du jugement, voire des préjugés qui conditionnent souvent la valorisation, car les scénarios envisagés se produisent rarement.
bonne journée (ou bonne nuit)
Nous avons toute liberté d’accepter ou de refuser le système proposé par Paul. Voyons les avantages et désavantages. Refuser c’est repartir pour un tour de débats théologiques ; l’autre « système » n’attend que ça, j’y reviendrai. Accepter une « norme », c’est pour le moins disposer d’un instrument de mesure, Paul nous propose un modèle proportionnel, ne remettant pas en cause la propriété privée. Après c’est le théorème de Thales ou le pantographe de la finance. Il a des défauts, mais ce sont justement ses défauts qui font ses qualités. Supposons que l’accroissement de richesse soit de dix pour cent, si vous avez mille euros sur votre compte en banque, et bien vous avez une nouvelle paire de chaussure, si vous en avez un million, vous pouvez vous offrir une nouvelle Mercedes, on voit tout de suite ou le bas blesse. L’avantage c’est que l’on peut discuter assez rationnellement de comment modifier le rapport d’homothétie quand politiquement le modèle ne correspond plus a rien.
L’autre « système » n’attend que ça « que nous le laissions faire ». Depuis deux trois mois, le vent tourne à 180° les décideurs décident qu’il faut maintenant mettre de l’ordre dans la finance, les mêmes qui ont tout laissé faire au nom de l’efficacité du privé, adieux postes, chemins de fer, téléphone, retraites et nos petites économies bouffées par l’inflation. L’écoeurement c’est ça, la reprise en mains par le haut ! Et pourtant sur la toile ça fourmille par le bas, mais la mayonnaise ne prend pas.
Aurais-je mal compris l’intention ici ?
Ce texte de P. Jorion n’est pas un constat mais un ensemble de propositions ?
Y a-t-il quelque chose que je n’ai pas compris dans l’expression » conservation des quantités » ?
A-J Holbecq
Paul Jorion ci-dessus : 2) La dématérialisation de la monnaie n’a aucune implication sur la conservation des quantités ; la dématérialisation porte sur la qualité du support, la conservation des quantités est un principe (comme l’entropie, par exemple).
Je crains qu’il y ait une confusion dans ce paragraphe. Que je sache, l’entropie n’est pas une conservation des quantités, ou alors, il faudrait préciser ici : conservation dans le même état.
Partie de la physique (je ne suis cependant pas spécialement physicien) l’entropie est, à mon avis, un « concept » analogique exrêmement fécond, universel et puissant pour la compréhension des phénomènes les plus variés. L’entropie est l’évaluation de la dégradation d’un système. D’autre part l’entropie témoigne de l’incompréhension progressive de l’exactitude d’un message ou d’une information, prise à partir de l’information immédiatement précédente (l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme, etc, etc).
Au sujet de la création monétaire ex-nihilo. Le problème numéro 1 est qu’au bilan il faudra retourner à la banque davantage d’argent que celle-ci en a créé. Le temps ne fait rien à l’affaire, au contraire. Les banques ne prêtent jamais l’argent des intérêts à leur payer, si ce n’est de nouveaux prêts, jusqu’à l’insolvabilité et la saisie des biens pour une bouchée de pain. Le reste est du verbiage. Les faits parlent d’eux-même, de plus en plus.
Lorsqu’un projet est à entreprendre (dans le privé ou le public, cela revient au même), la vraie question qu’il faut poser est : Est-ce réalisable physiquement ? Si oui, on peut réaliser ce projet. Sinon, on verra plus tard selon les circonstances. Mais, dans les faits, la (fausse) question « obligatoire » est toujours :
Peut-on payer ? Il faudra demander du crédit… Le parcours du combattant commence là. C’est bien le crédit, ou son absence, qui détermine la réalisation du dit projet, et tant et tant de choses et de destins… Tant que nous ne remettrons pas les finances à leur vraie place, il est vain d’espérer une quelconque amélioration se développer durablement.
À propos d’entropie, si l’on procédait en physique comme on procède en finance soit : la création ex-nihilo, premièrement, et jusqu’à plus ample informé, ce serait de la magie, deuxièmement, l’on serait déjà depuis longtemps anéantis par les tentatives de l’opération. L’entropie témoigne du fonctionnement (actuellement connu) de la loi de conservation de l’énergie. Il est bien évident que de demander des intérêts à payer sur de l’argent créé ex-nihilo est une pure aberration, d’ailleurs mortelle.
Seuls peuvent se discuter des intérêts à payer sur de l’argent épargné, un argent ayant déjà son « visa » de contrepartie en production de biens ou service. Un couverture monétaire de 100%-monnaie (je parle au moins dans M1) permettrait (dans une certaine mesure importante) le versement d’intérêts sans dommages ni modification de la masse monétaires en circulation.
Ce n’est pas tant à Paul que je réponds (car il est au courant de tous nos arguments), mais aux lecteurs de ce blog .
Paul écrit » Sur la « création de monnaie ex nihilo », on m’oppose souvent que sa constatation relève du « simple bon sens » et on ajoute parfois que la dématérialisation de la monnaie implique que de la monnaie est nécessairement créée « ex nihilo », je suppose que l’on veut dire par là la constatation que dans les différentes évaluations de la masse monétaire, M2 > M1 > M0. »
Comment pourrait-il en être autrement puisqu’il s’agit d’agrégats ? De ce fait M2 est toujours supérieur à M1 et M3 est, lui, toujours supérieur à M2 …
L’augmentation permanente de la quantité de monnaie (M1) est bien une preuve de la création monétaire (il n’y a pas de conservation des quantités) et il en serait de même si la monnaie était « matérielle » (si la monnaie était de l’or, ou représentant une contrepartie en or, et que son augmentation dans une zone soit la conséquence de l’ orpaillage ou du vol) .
La dématérialisation est la transformation en traitements numériques et dire que » l’argent moderne est totalement dématérialisé » veut dire que la monnaie n’est plus « métallique » (c’est-à-dire définie par rapport à l’or et/ou à l’argent-métal), mais qu’elle est devenue fiduciaire. C’est vrai qu’on devrait utiliser un mot qui n’existe pas : « démétallisé » (sic).
Et la conséquence est tout à fait logique : cela implique que la monnaie n’existe pas à moins de la faire exister. LA CREATION ex nihilo (Je rajoute : « par une simple écriture ») monnaie est ainsi rendue incontournable. La seule question reste de savoir par quel mécanisme cette création s’effectue. Nous avons essayé de répondre sur http://www.pauljorion.com/blog/?p=545#comment-4498
Je voudrais reprendre maintenant les 6 points un par un.
Point 1 : Le simple bon sens est effectivement de peu de secours en finance … mais ici nous parlons de monnaie, et néanmoins c’est pareil. Le bon sens fait par exemple penser que pour que les banques prêtent de l’argent, il faut qu’elles aient d’abord cet argent déposé chez elles par un épargnant : c’est faux…
Point 2 : Je suis d’accord sur « la dématérialisation porte sur la qualité du support » … le reste, je ne suis pas assez certain de comprendre ce que veut dire Paul pour porter un avis…
Point 3 : Encore une fois, la finance et la monnaie, ce n’est pas pareil. La masse monétaire – constituée essentiellement de monnaie scripturale (85%) – s’accroît lorsque les flux de remboursements sont inférieurs aux flux de crédits nouveaux.
Point 4 : Cela dépend de ce que l’on met derrière le terme « ex-nihilo »… mais pas plus la Banque Centrale que la banque commerciale n’émet de monnaie sans contrepartie (garantie de remboursement futur augmenté des intérêts) … bon, je sais que les garanties demandées actuellement aux US par la FED sont un peu « limite » 😉
Et ce n’est pas la création de richesse par le travail qui détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central, mais, suivant les avis ( effet multiplicateur ou effet diviseur ), la décision de la Banque Centrale ou la demande des banques commerciales.
Point 5 : je suis d’accord avec la seconde partie du commentaire de Dani sur ce point … et je rajoute que le montant mobilisable instantanément demeure égal à celui des sommes comptabilisées (existantes) dans l’agrégat M1 ( monnaie fiduciaire, issue du crédit aux établissements bancaires par la Banque Centrale + dépôts à vue, lui-même issu du crédit des banques commerciales envers les agents non bancaires )
Point 6 : Je ne vois pas comment les intérêts exigés peuvent être prélevés sur des flux extérieurs (au système bancaire), puisqu’il faut bien que cette monnaie (celle des intérêts) soit elle même créée par le système bancaire pour simplement exister. (cf Rumbo)
A-J Holbecq
@ Rumbo,
Merci pour la simplicité – qui n’est aucunement simplification – et la clarté de cette présentation. Cette situation est tellement stupéfiante – crée de la stupeur – quand on en prend réellement conscience, que c’est peut-être l’explication du fait que ce soit si difficile à admettre par ceux qui semblent ne pas encore l’avoir bien comprise.
Il resterait ensuite – et c’est cela qui serait utile et passionnant – à imaginer ensemble, et avec tous ceux qui dans le monde s’en préoccupent, comment l’humanité pourrait se sortir du piège dans lequel elle s’est prise.
Hello Jean,
Quelques propositions
http://www.monetary.org/ et http://www.socialcurrency.be
NOTRE PROPOSITION :
« REFORME MONETAIRE POUR L’AGE de l’INFORMATIQUE »
Cette proposition mettra fin au système d’opérations bancaires à « réserves fractionnelles ».
Permettre aux banques privées de créer la monnaie à partir de rien, prive le gouvernement d’un bénéfice spécifique. Ce bénéfice spécifique s’appelle le « seigneuriage » et, selon nous, appartient au peuple.
Cependant, il est important de souligner que, bien que les banques perdent la possibilité de créer des dépôts à vue à partir de rien dans des comptes courants, la rentabilité normale du trafic bancaire demeurera intacte. Les banques pourront sans aucune restriction continuer à effectuer le même type d’affaires qu’elles font en ce moment : recevoir les dépôts et gérer les transferts de leurs clients, accorder des prêts à tous ceux qu’elles considèrent solvables, investir dans les actifs financiers tels que des obligations ou des actions pour leurs clients et pour elles-mêmes et offrir une grande variété de produits et services financiers.
Causes profondes pour la proposition d’une réforme de seigneuriage : (*1 p 2-4)
1. Les problèmes chroniques de financement de l’administration publique.
2. La création commerciale d’argent hors de contrôle
3. Les instabilités monétaires et financières de diverses sortes.
Méthode d’émission de nouveaux moyens de payement
1. Les banques centrales devraient créer le montant d’un nouvel argent non-monétaire (aussi bien que l’argent liquide) qu’ils jugent nécessaire pour augmenter la masse monétaire, en la créditant à leur gouvernement en tant que revenu public. Les gouvernements devraient alors la mettre en circulation en la dépensant.
2. Il devrait devenir pratiquement impossible et même illégal à qui que ce soit, de créer du nouveau crédit dénommé comme une devise officielle. Les banques commerciales seront ainsi exclues de la création des nouveaux crédits comme elles le font maintenant et seront limitées à la fonction de courtier de crédits en tant qu’intermédiaires financiers.
Ce seront les banques centrales qui jugeront, à des intervalles réguliers, la quantité de nouveau crédit est à émettre. Elles prendront leurs décisions selon les objectifs de politique monétaire précédemment établis et édités, et elles seront responsables de leurs prestations.
Mais elles auront un degré élevé d’indépendance vis–à–vis du gouvernement, ne laissant aux gouvernements aucun pouvoir d’intervenir dans les décisions quant à la masse de crédit à créer.
Le système monétaire devrait être organisé comme quatrième branche de gouvernement, d’égal à égal avec les branches exécutive, juridique et législative.
Quatre changements comparativement francs seront nécessaires, comme suit.
LE BUDGET de l’UE
Le budget d’EU se chiffrait à € 83 milliards en 1998 et € 86 milliards en 1999, y compris les pays opt-out. L’augmentation en stock d’argent dans la zone Euro, sans les pays opt-out, dépassait € 185-190 milliards en 1999 (bulletins de BCE, tableaux mensuels 2.4).
(*M1 Eurozone 1997-2003 p24)
Ceci signifie que le budget de l’UE aurait pu être financé sans problème par le seigneuriage de l’UE.
Sur la base de ces chiffres, les gouvernements nationaux des états de la zone Euro pourraient cesser complètement de payer des contributions au budget de l’UE, et – par-dessus le marché – recevoir davantage que les montants qu’ils devaient précédemment payer à Bruxelles.
La proposition législative :
Déclaration des dépôts à vue en tant que moyen de paiement légal :
L’établissement de la prérogative publique de créer l’argent officiel exigera un changement simple mais fondamental de la loi
Ceci est illustré le plus clairement par le changement requis dans le statut du système européen des banques centrales et de la banque centrale européenne.
L’article 16 du statut européen est intitulé « Billets ». Il contient le texte suivant :
La version modifiée pourrait être intitulée “Monnaie légale”. Elle pourrait contenir les lignes suivantes :
Paul
@ Paul Nollen
Votre proposition m’est en effet connue. C’est à elle et quelques autres que je faisais allusion en écrivant “… et avec tous ceux qui dans le monde s’en préoccupent”. Sur le fond, je ne peux qu’être globalement d’accord. J’y reconnais la proposition de James Robertson et Joseph Huber que je mets, moi aussi, bien souvent en avant. Il existe toutefois, à mon avis, certaines difficultés qu’il ne faut pas se cacher.
L’une est, par exemple, l’organisation de l’indépendance de la Banque Centrale, qui devrait néanmoins obligatoirement “oeuvrer dans le cadre de la démocratie” comme je tenais à ce que ce soit retenu dans le texte de propositions qui a déjà été élaboré sur ce blog. Je ne suis pas certain que cette indépendance soit si indispensable à notre réforme.
Une autre est la question du revenu des banques qui, malgré l’affirmation de votre texte, (la rentabilité normale du trafic bancaire demeurera intacte) verraient certainement leurs revenus tirés vers le bas. Les activités financières en seraient immédiatement très bridées. Mais n’est-ce pas un peu ce que nous recherchons.
Bref, ce n’est pas une mince affaire. Soyons reconnaissant à l’auteur de ce blog de nous donner l’opportunité d’élargir le débat.
J.J.
Réponses (dans l’ordre d’arrivée)
@ Emir
Quand je dis « 4. La seule « création ex nihilo » de monnaie est celle qu’opèrent les banques centrales. La création de richesse par le travail détermine la quantité de monnaie qui doit être créée au niveau central », je ne fais pas une recommandation, j’énonce le principe auquel souscrivent les systèmes monétaires. S’ils y arrivent ou non est une autre affaire. Ce principe a le mérite de la simplicité, il me semble aussi « conceptuellement sain ». Je ne vois pas du tout pourquoi il serait « dangereux ».
@ Dani
Oui, j’ai emprunté « démultiplication » à l’un de vos commentaires. C’est ce genre de petits signes qui me donnent le sentiment d’avancer. Dans le cas de la « multiplication des pains », si l’on avait cherché à les nourrir tous en même temps, il y aurait eu pénurie (comme dans une panique bancaire) mais en les rangeant par groupe de cinquante (dixit les évangélistes), il a été possible à Jésus et ses disciples de résoudre le problème séquentiellement.
Oui, il est important de trancher ces questions si l’on veut les résoudre théoriquement, oui, il est important de se faire comprendre, si l’on veut déboucher sur des solutions pratiques. Je comprends les frustrations des uns et des autres quand je remets en questions des certitudes (contradictoires) mais je suis convaincu maintenant qu’une théorie juste de la monnaie n’existe pas encore et qu’il est crucial d’y parvenir. Mais je suis d’accord : l’enfantement est douloureux !
« Nous anticiperions donc sur nos comptes bancaires une monnaie « à venir » ? » – ne vous étonnez pas de voir cette idée-là aussi recyclée !
@ Leduc
C’est virtuel… mais ça n’empêche pas d’exister. Dissipons le mystère une fois pour toutes !
@ JLM
Oui : faire prendre la mayonnaise avant qu’on ne nous fasse repartir pour un tour… avec les mêmes – dont les écailles seraient tombées des yeux ! « Ga geluv da ! » (pour ceux qui comprennent le bruxellois).
(à suivre…)
Je me pose la question de la manière dont les uns et les autres comprenons l’impossibilité, en cas de « panique bancaire », d’avoir accès à la totalité des dépôts à vue (vos « comptes bancaires »), sous forme de billets.
Pour prendre l’exemple de l’Europe, cette masse monétaire M1 (les dépôts à vue plus la monnaie fiduciaire déjà circulante pour sa grande majorité) était, à fin septembre 2007, de 3819 Md€ , dont 611 Md€ de billets. En cas de panique dans laquelle chacun aurait plus confiance dans des bouts de papier que dans des livres de compte, soit les premiers arrivés raflent tous les bouts de papier qui restent dans les distributeurs ou au guichet, sans doute globalement assez peu, soit il est décidé un partage équitable… dans les deux cas, sauf à imprimer très vite des tonnes de papier, les réclamants ne pourront disposer que d’une toute petite partie de leurs avoirs en monnaie, et, au plus, globalement avec ceux qui sont déjà dans les poches, sous les matelas ou dans les coffres, 15%… et c’est bien le problème qui créera une panique bancaire si on pense (a tort dans la logique actuelle) que la seule « vraie » monnaie c’est justement ces bouts de papiers…
L’intérêt d’une monnaie 100% centrale, qu’elle soit fiduciaire ou scripturale (ou électronique) est qu’elle serait totalement garantie par la Banque Centrale. Mais, en attendant cette réforme, je préfère penser que toute la monnaie en circulation et placée (je veux parler de M3 qui représente 8400 Md€ ) l’est de même … à ce que je sache les déposants chez Northern Rock on bien gardé leurs livres sterlings… ^
A-J Holbecq
@Stilgar : le problème est que la puissance publique ne garantit ce M3 qu’a hauteur d’un plafond réglementé, je pense en relation avec le rapport M1/M3 sinon pire M0/M3. A mon sentiment, une grande partie de ce M3 est dans des actifs cotés « sur le marché ». Leur liquidation a un effet sur leur valeur. La « panique bancaire » est la demande concomittante de beaucoup d'(tous les ?) acteurs de liquider leur position pour avoir la contrepartie sous forme possèdant 100% de confiance. On voit là que la monnaie ne repose aujourd’hui que sur la confiance. Si jamais elle a reposé sur autre chose !!
La sphère financière a fait tout ce qu’elle pouvait par son opacité et par son comportement pour saper cette confiance des acteurs de l’économie « physique », celle des biens matériels, des services d’usage concret, dans ce qui est le sang du système. Et maintenant on s’étonne de la crise !!!
Les déposants de Northern Rock ont vu leurs dépôts garantis par la BoE, la Banque Centrale. Donc si on ne peut avoir confiance en elle, autant revenir au troc. Pensez plutôt aux Argentins de la fin des années 90 début 2000. Leurs avoirs placés dans le système national sont partis en fumée. Et ce n’est que le retour à une économie basique et une coupure brutale avec le système financier qui a permis de redresser la tête !!
@egdltp
En fait oui, vous avez raison, je me suis mal exprimé dans mon dernier paragraphe…
La question qu’il faut se poser est : En cas de panique bancaire, M3-M2 (OPCVM monétaires et titres de créances) et M2-M1 (dépôts à termes et dépôts remboursables) seront-ils transférables en M1 ?
Car je pense que, au moins M1, sera garanti par la BCE, qui néanmoins ne pourra rien faire contre un risque d’inflation galopante en cas de « panique » généralisée. Comme vous le dites très justement, la monnaie ne repose aujourd’hui que sur la confiance.
Je ne connais pas bien les causes de la crise argentine. Ont-elles été celles d’une demande de liquidité que n’ont pu assurer les banques (qui auraient trop prêté) ou plutôt celle d’une perte de confiance dans la monnaie et fuite des devises ?
AJ Holbecq
Wikipedia.fr comporte un article sur cette crise. Il ne reste plus qu’à le lire et suivre les liens pour se faire une idée sur ce qui c’est passé. Il semblerait que la médecine financière et « libérale » du FMI soit en cause dans la situation. Médecine qui a multiplié les malades « mort guéri »…