Dans la journée d’hier, la compagnie American Home Mortgage a licencié la plupart de ses 7.000 employés, ne conservant que les 750 qui continueront de collecter les paiements mensuels des bénéficiaires de ses prêts hypothécaires. L’émoi dans Landerneau est dû au fait qu’il s’agissait d’un « honnête » prêteur n’ayant jamais touché de près ni de loin au secteur « sous–prime » (subprime). Mes lecteurs ne partagent cependant pas la stupéfaction générale, eux qui savent qu’il n’y pas aux États–Unis de crise subprime mais bien une débâcle du prêt immobilier dans son ensemble.
Avant–hier, les dirigeants d’MBIA, une compagnie d’assurance dont la spécialité est la garantie des obligations adossées à des prêts hypothécaires (MBS = Mortgage–Backed Securities pour le secteur immobilier prime et ABS = Asset–Backed Securities pour le secteur « sous–prime ») ont juré leur grands dieux devant leurs investisseurs que « Oui, nos avoirs sont bien composés de quantités phénoménales de prêts « sous–prime » » mais « Non, cela ne nous expose pas à un risque particulier ». Ceux qui étaient là ont haussé les épaules et se sont demandés s’il était Dieu possible que MBIA soit lui–même dupe de son petit jeu.
Hier aussi, la perspective à long terme de Bear Stearns a été dégradée de « Stable » à « Négative » par l’agence de rating Standard & Poor’s. C’est la première grande firme de Wall Street à subir ce sort ignominieux depuis la déchéance en 1991 de Salomon Brothers – l’inventeur de la Mortgage–Backed Security. Bear Stearns réagissait en annonçant une série de mesures réduisant la vulnérabilité de sa dette à court terme. Le marché boursier ne s’estima pas rassuré et entama aussitôt une plongée de plus de 2 %. En fin de séance, les actions de Bear Stearns avaient perdu 8 % de leur valeur.
Un autre établissement prestigieux sur la place de Wall Street, Lehman Brothers, subissait un sort similaire : une perte de sa valeur boursière de près de 8 %, mais pour une raison différente : sur un marché des capitaux entré en hibernation, la firme s’est retrouvée récemment avec sur les bras quantités de placements qui en des temps plus cléments auraient été engloutis rapidement par une multitude d’investisseurs avides.
Chacun de ces événements aurait bien entendu mérité un blog à lui tout seul mais c’est désormais l’abondance. Ce qu’ils ont en commun, c’est le tarissement du marché des capitaux : une pléthore de vendeurs et une absence totale d’acheteurs potentiels et du coup, « Pas de prix ! ».
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